20/02/2024
"Tout le monde sur la place [du Capitole] pour le dissident, mais la présence de la Ligue est contestée."
Italie. Revue de presse.
La mort de l’opposant politique russe Alexeï Navalny fait encore les gros titres de la presse : « Yulia Navalny : « ils l’ont empoisonné » » (Corriere della Sera), « Yulia défie Poutine » (Repubblica, Messaggero), « « Je suis Navalny » » (Stampa), « Navalny, le témoin passe à Yulia : « je veux une Russie libre » (Avvenire). L’alerte lancée par l’agence régionale pour l’environnement sur la pollution de l’air en Lombardie est aussi citée « Alerte pollution en Lombardie » (Sole 24 Ore), « Pollution, voici les premières mesures de restrictions » (Corriere). Enfin, l’enquête sur l’effondrement d’un chantier à Florence ayant fait plusieurs victimes fait la Une du quotidien turinois « Voici comment le chantier a enseveli les ouvriers » (Stampa).
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de V. Costantini, « Tout le monde sur la place [du Capitole] pour le dissident, mais la présence de la Ligue est contestée » : « Espoir et émotion, désir de liberté et deuil, il y avait des sentiments contrastés hier sur la place du Capitole pour le rassemblement en hommage au principal opposant à Vladimir Poutine, mort en prison en Sibérie à 47 ans, Alexeï Navalany. Une manifestation à laquelle ont participé toutes les forces politiques mais pas tous les leaders. Les travaux au Parlement auraient même été suspendus pour permettre aux députés de participer. L’initiative avait été lancée par Carlo Calenda, le leader d’Azione, qui s’est dit satisfait de cette large présence politique. Pourtant, les divisions n’ont pas manqué. A son arrivée, le chef de groupe de la Ligue au Sénat, Massimiliano Romeo, a été sifflé par des manifestants qui l’ont apostrophé quant aux positions pro-russes de son parti. ‘’Le passé est le passé, nous sommes ici pour la liberté’’ répond Romeo qui ajoute : ‘’nous ne savons pas ce qu’il s’est passé, évidemment on pense à quelque chose de très négatif, nous avons des soupçons mais pas de certitude, nous demandons à ce que la lumière soit faite’’. Riccardo Magi de +Europa a dénoncé les liens et la ‘’complicité’’ de la Ligue avec V. Poutine. Italia Viva s’en prend également au Mouvement 5 Etoiles : ‘’ils demandent l’arrêt des livraisons d’armes à l’Ukraine, ce qui amènerait à une victoire de Poutine’’ attaque E. Borghi. Le M5S répond que ‘’demander la paix n’est en rien contradictoire avec la condamnation de l’homicide de Navalny’’. Le leader 5 Etoiles Giuseppe Conte n’est pas présent mais dit reconnaitre les combats de l’activiste russe ‘’tout en ne partageant pas toutes ses positions politiques’’. A 19 heures hier un millier de lanternes brillaient en hommage à Navalny, des dizaines de bouquets de fleurs ont été déposés devant la photo de celui que beaucoup qualifient de ‘’héros’’. Les Radicaux ont déjà déposé une demande pour rebaptiser Alexeï Navalny la rue où se trouve l’Ambassade de Russie à Rome. Le maire de Rome, Roberto Gualtieri, s’est exprimé de même que de jeunes dissidents russes en exil rappelant que ‘’le courage et l’espoir qu’il nous a donné ne mourront jamais’’. La secrétaire du Parti démocrate Elly Schlein était présente sur la place et a appelé à ‘’élever la voix contre un régime qui assassine l’opposition’’ dénonçant ‘’un seul responsable, Vladimir Poutine‘’. La chef de groupe Fratelli d’Italia à la Chambre Tommaso Foti rappelle que ‘’nous devons beaucoup à cet homme qui ne s’est pas plié et qui a continué à se battre’’.
ARTICLE, Corriere della Sera, de M. Cremonesi, « Les [participants] identifiés lors d’un rassemblement [en hommage à Navalny], les oppositions protestent ; ‘’il n’y a pas eu d’abus’’ dit le ministre Piantedosi (Indépendant) » : « ‘’Cela m’est arrivé à moi aussi que la police relève mon identité, cela ne prive en rien d’une quelconque liberté personnelle’’ répond le ministre de l’Intérieur Matteo Piantedosi lorsqu’on lui demande pourquoi la police a contrôlé l’identité d’une vingtaine de personnes déposant des fleurs en hommage à Alexeï Navalny dimanche dans un jardin public de Milan. Le ministre a expliqué qu’il s’agissait de contrôles normaux et habituels, et que les agents n’avaient pas eu pleinement et immédiatement conscience du type d’événement en cours. Parmi les identités relevées, il y avait l’ancien brigadiste Alberto Franceschini, qui accompagnait probablement une des militantes présentes. Le sénateur démocrate Filippo Sensi observe toutefois ‘’si pour Piantedosi mener un contrôle de police sur des personnes qui déposent des fleurs pour Navalny est normal, si contrôler les papiers et relever l’identité ne porte pas atteinte à la liberté personnelle, alors le problème ne vient pas des agents ou de l’abus de pouvoir dans un Etat de droit, le problème est Piantedosi’’. Les critiques sont dures également de la part de députés comme Alessandro Zan, Angelo Bonellin Nicola Fratoianni. Pour Carlo Calenda c’est ‘’tout simplement répugnant’’. Le vice-président du Conseil Antonio Tajani rappelle que ‘’le ministre Piantedosi est une personne sérieuse, crédible’’ et qu’il ‘’ne faut pas instrumentaliser une normale opération de contrôle’’. Pour le maire de Milan Giuseppe Sala, l’explication du ministre ‘’se tient’’ même si ‘’en ce moment il serait bon d’apaiser les tensions’’. Un nouveau rassemblement a eu lieu hier soir au même endroit. La porte-parole de l’association Annaviva pour la promotion de la démocratie et la protection des droits de l’homme en Europe de l’Est a déploré une action qui a ‘’fait peur aux manifestants, en particulier d’origine russe, qui ne sont pas revenus ce soir, malgré eux’’ et a apostrophé les autorités ‘’nous sommes à Milan ou à Moscou ?’’. La préfecture informe par le biais d’un communiqué que les contrôles d’identité ont été effectué car le rassemblement avait été déclaré de manière partielle, sans fournir de document d’identité de la personne à l’origine de l’initiative. Le communiqué admet un ‘’excès de zèle’’ dans l’initiative des agents de contrôler l’identité de toutes les personnes présentes, mais sans volonté de limiter leurs libertés personnelles. Le secrétaire de l’organisation de gauche des juges italiens souligne que ‘’d’un côté le ministre de la Justice affirme que la mise sous scellé d’un smartphone dans une enquête pénale porte atteinte au droit à la vie privée, de l’autre le ministre de l’Intérieur affirme qu’il n’y a rien de mal à mener des contrôles d’identité sur des citoyens pacifiques. »
ARTICLE, Il Foglio, D. Carretta « Le ‘’centre large’’ de von der Leyen et la priorité à la Défense Européenne » : « En annonçant hier sa candidature pour briguer un second mandat à la Commission Européenne, von der Leyen a employé le mot « centre » pour définir le périmètre de la majorité avec laquelle elle souhaite gouverner l’UE. Un centre également ouvert aux ‘’souverainistes pragmatiques’’, comme Giorgia Meloni. Il s’agirait donc d’une majorité plus à droite que la majorité sortante. U. von der Leyen a aussi tracé une ligne des partis avec qui elle ne veut pas collaborer et qu’elle veut battre : les « amis » de Poutine, qu’il s’agisse de L’AfD allemande, du RN de Marine Le Pen ou du Geert de Wilders ‘’qui veulent détruire l’Europe’’ a-t-elle dit. La CDU a préparé le terrain depuis des semaines. La décision définitive a été prise la semaine passée, après une rencontre avec Emmanuel Macron à L’Elysée. Le Président a conclu un accord informel avec von der Leyen. La prochaine Commission doit être franco-allemande et avoir comme priorité non pas le Green Deal, mais la Défense Européenne. Ce qui implique l’industrie européenne de la Défense et la préférence communautaire pour les achats d’armements. Pour le PPE, donc, la prochaine majorité européenne peut être élargie aux souverainistes pragmatiques comme Meloni. Cette stratégie n’est toutefois pas sans risques. Les Verts n’accepteront jamais de faire partie d’une majorité aux côtés des souverainistes ou uniquement avec une partie des Conservateurs européens. Et si les Socialistes devaient eux aussi déserter, les voix au Parlement européen pour assurer un second mandat à von der Leyen ne seraient pas suffisantes. »
ARTICLE, Il Messaggero, F. Bechis « Fratelli d’Italia n’exclut pas de soutenir Ursula » : « Giorgia Meloni n’a pas de préjugés sur Ursula von der Leyen. Il y a désormais une entente personnelle nourrie par les différentes visites de la Présidente de la Commission en Italie, ainsi qu’un accord politique avec la dirigeante italienne qui est ample et transversal, allant de la question migratoire aux comptes publics. C’est le co-président des Conservateurs européens Nicola Procaccini, le « colonel » de Fratelli d’Italia en Europe, qui s’exprime ‘’nous pouvons soutenir la candidature de von der Leyen à condition qu’elle présente un programme qui soit de centre-droit’’. Ce qui veut dire mettre fin au « Green deal » européen, soit les lois sur l’environnement et la transition énergétique qui sont dans la liste noire des Conservateurs. Les priorités devront être l’industrie, la lutte contre les passeurs, le blocage des flux migratoires, la défense et les investissements militaires européens. Ce n’est pas un hasard si hier Ursula a évoqué ces thématiques, offrant une main tendue aux conservateurs avec son appel à une écologie pragmatique et sa promesse d’investir ‘’davantage et mieux’’ sur la défense commune européenne. Ses propos ont été appréciés par les ‘’patriotes’’ à Rome. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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