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16/02/2024

"Meloni rappelle à l’ordre ses ministres et appelle à "faire plus sur l’immigration"."

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Italie. Revue de presse. 

Plusieurs sujets se partagent les Unes ce matin : le débat au sein de la majorité sur la possibilité d’autoriser un troisième mandat pour les présidents de région : « Haute tension au sein de la majorité » (Corriere della Sera), la réforme de l’autonomie régionale, avec notamment un entretien de la dirigeante du PD Elly Schlein : « « Meloni, cette patriote qui divise l’Italie » » (Repubblica), et enfin les prévisions de croissance de la Commission Européenne « Le PIB en baisse et un trou à hauteur de dix milliards pour l’Italie » (Stampa), « L’économie européenne ralentit, le PIB de 2024 à 0,8% » (Sole 24 Ore). 

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco : « L’enjeu du Nord qui divise la majorité » : « Les divisions entre Frères d’Italie et la Ligue sur un troisième mandat ne semblent pas avoir de solutions simples, en particulier pour Matteo Salvini qui ne veut pas imposer de limites aux candidatures des gouverneurs régionaux. L'affrontement ne porte pas seulement sur la réélection de Luca Zaia (Ligue) en Vénétie. Le véritable enjeu concerne le rééquilibrage des rapports de force à droite, et l'offensive du FdI dans le Nord, fief historique de la Ligue. L’insistance de Salvini n'effraie pas la Présidente du Conseil, signe que l'épreuve de force est seulement reportée. Elle aura lieu probablement après les élections européennes de juin. Mais il est de plus en plus difficile d’affirmer que les tensions dans la majorité sont seulement une conséquence de la campagne électorale. L'hypothèse selon laquelle la Ligue pourrait obtenir un accord de ses alliés au gouvernement en échange d’un soutien à la réforme pour l’élection directe du Premier ministre, montre à quel point la tension est forte. Les avertissements venant du Palais Chigi sont clairs. "Personne n'est éternel, pas même Zaia", a expliqué le ministre des Relations avec le Parlement, Luca Ciriani. "Nous sommes le premier parti. Et nous demandons à avoir un poids proportionnel à nos voix, en Vénétie et au Piémont ". FDI se sent, en effet, sous-représenté, car il y a cinq ans son pourcentage était de 4 % des voix, alors qu'aujourd'hui, il est d'environ 30 %. Le troisième mandat des gouverneurs de région est un sujet qui divise également le PD. De nombreux maires et gouverneurs ne partagent pas la position contraire de la secrétaire, Elly Schlein, symétrique à celle de Giorgia Meloni. Mais à gauche cela ne risque pas de remettre en cause le gouvernement. » 

ARTICLE, Corriere della Sera, M. Galluzzo, « Meloni rappelle à l’ordre ses ministres et appelle à ‘’faire plus sur l’immigration’’ ; désaccord entre la conférence des évêques italiens et Fratelli d’Italia » : « ‘’Il faut que tout le monde y mette du sien, pas seulement moi’’, le sermon de Giorgia Meloni en Conseil des ministres ne passe pas inaperçu. Le message est clair : ‘’en matière d’immigration tout le monde doit faire plus’’, d’ici quelques mois nous ‘’risquons d’être envahis’’ par les nouveaux flux, et ce malgré les bons résultats obtenus avec la Tunisie. Meloni fait le point sur le dossier, égraine les chiffres, évoque la possibilité de reconstruire des quartiers dégradés et abandonnés en Libye et en Tunisie. Elle pose une sorte d’ultimatum à ses ministres : il faut une avancée concrète, il faut agir. Une équipe spécifique sera mise en place au gouvernement, dirigée par le secrétaire d’Etat Alfredo Mantovano (Indépendant, autrefois Alliance nationale), à qui chaque ministre devra rendre compte des projets qu’il mène. La réponse de la Présidente du Conseil au ministre de l’Agriculture F. Lollobrigida, qui porte des projets actuellement ‘’bloqués’’ en Libye, a été sèche : ‘’vous ne pouvez pas m’en informer de cette façon, il faut me le dire avant’’. Elle a aussi demandé au ministre des Entreprises Adolfo Urso (Frères d‘Italie) d’être ‘’plus concret’’ dans le développement de projets bilatéraux avec des pays africains. Avec le ministre de l’Intérieur Matteo Piantedosi (Indépendant) et le ministre des Affaires étrangères Tajani (Forza Italia), elle a aussi été très directe. Elle rappelle que si la route maritime en provenance de Tunisie parvient à être endiguée, ce sera celle en provenance de Libye qui se réactivera, notamment sous les fortes pressions venant du Soudan et du Niger, et qu’il ne faut pas relâcher les efforts. La veille, l’accord entre l’Italie et l’Albanie pour la création de deux centres d’accueil de migrants clandestins a été approuvé au Sénat. La Conférence italienne des évêques a réagi durement sur l’important investissement que l’Italie s’apprête à faire en Albanie : ‘’673 millions d’euros qui partiront en fumée ces dix prochaines années à cause de l’incapacité à construire un système d’accueil diffus dans notre pays : nous sommes au seizième rang des pays européens pour l’accueil des demandeurs d’asile’’. Tajani a répondu : ‘’ je pense que cet argent est correctement dépensé pour gérer la question migratoire avec un pays candidat à entrer dans l’UE’’. Fratelli d’Italia a répondu en dénonçant le don de 20 000 euros de l’association « Migrantes » à l’association « Mare Jonio », malgré ses liens présumés avec Toni Negri, jugé pour avoir favorisé l’immigration clandestine. » 

ENTRETIEN, La Repubblica, d’Elly Schlein, secrétaire du Parti démocrate, « Le gouvernement récupère de l’argent sur le dos des pauvres ; Meloni est une ‘’patriote’’ qui pénalise le Sud » : « Je suis contente que la majorité ait permis, par son abstention, de faire passer certains points de notre motion sur le conflit au Moyen-Orient. Nous sommes ainsi parvenus, pour le bien du pays, à sortir de la confrontation majorité/opposition et à faire de la politique sérieusement. C’est notre rôle en tant qu’opposition responsable. Il s’agit de préserver la crédibilité de l’Italie sur la scène internationale. Malheureusement cela n’a pas été possible sur d’autres dossiers comme la sécurité au travail, la prévention des violences faites aux femmes, l’égalité salariale. Toutes nos propositions ont été rejetées ou vidées de leur contenu par la majorité. Concernant l’autonomie régionale différenciée, on n’a jamais vue une ‘’patriote’’ divisant l’Italie de la sorte. La réforme du ministre Calderoli, votée par Fratelli d’Italia, a vocation à lacérer le pays qui a au contraire profondément besoin de cohésion, de combler les fractures et les inégalités. L’autonomie régionale différenciée mine l’accès aux services publics fondamentaux que sont la santé, l’éducation et les transports locaux. Pas un centime n’a été alloué pour cette réforme : comment peuvent-ils prétendre réduire les inégalités territoriales qui pèsent déjà énormément sur notre Sud sans aucun investissement ? Les régions riches seront de plus en plus riches et les régions en difficultés régresseront encore. Même Confindustria a alerté sur les risques liés à la réforme, comme la possibilité d’avoir 20 politiques énergétiques différentes au sein d’un même pays, une par région. Dans le sud de l’Italie, compte tenu de l’état du système de santé, de plus en plus de personnes seront contraintes d’émigrer pour se soigner. A l’école, il pourra y avoir des programmes et des cours différents, avec des salaires différents pour les enseignants. C’est un énorme pas en arrière. Nous nous opposerons de toutes nos forces au marchandage en cours entre la Ligue et Fratelli d’Italia. L’une veut faire passer la réforme des régions, l’autre veut en échange faire passer la réforme constitutionnelle pour l’élection directe du Président du Conseil. C’est un accord indigne. Ils ont saboté la loi sur le salaire minimum qui permettait de lutter contre le phénomène des travailleurs pauvres particulièrement diffusé au Sud, ils ont supprimé le revenu de citoyenneté, bloqué les fonds de développement et de cohésion que demandent les communes pour moderniser les zones défavorisées, ils ont supprimé les réformes pour les personnes en situation de handicap et non-autonomes. Les inégalités augmentent, ils se moquent des gens. La réforme de la loi électorale aussi est une farce : ils disent aux gens ‘’c’est vous qui déciderez’’ mais en réalité ce sont eux qui décideront pour les autres. Le ‘’premierato’’ n’existe nulle part ailleurs car il met à mal les équilibres entre les pouvoirs de l’Etat. Il n’y aurait plus un Parlement élu par les citoyens et décidant de la vie du gouvernement, mais un chef du gouvernement qui décide de la vie du Parlement, et tout le monde sait bien que cela marginaliserait aussi le rôle du Président de la République qui ne serait plus autonome. L’Italie a déjà pu voir ce que cela donnait d’attribuer tous les pouvoirs à un seul homme, et on sait comment cela a fini. »  

ARTICLE, Stampa, A. Barbera « Une facture à hauteur de 10 milliards » - Bruxelles ne demandera pas une rallonge budgétaire mais le ralentissement du PIB complique les plans du Trésor italien : « On ne peut pas dire que le ministre Giancarlo Giorgetti ne s’y attendait pas : la sonnette d’alarme avait déjà retenti après l’attentat du 7 octobre au Proche-Orient, avec la confirmation de tous les analystes sur des prévisions économiques revues à la baisse. L’Italie n’est pas un cas à part, car la Commission Européenne prévoit un ralentissement de toute l’économie du Vieux Continent. La mauvaise nouvelle est qu’un demi-point de croissance en moins équivaut à 10 milliards d’euros en moins dans les caisses publiques. La bonne nouvelle est qu’il est assez improbable que cela donne lieu à une demande d’écart budgétaire d’ici l’été. Au printemps – à l’instar d’autres pays comme la France – l’Italie devrait être visée par une procédure d’infraction pour déficit excessif. Toutefois, la commission sortante n’a plus la force politique d’imposer un redressement budgétaire en cours d’année. Néanmoins, ce trou de 10 milliards d’euros est un problème plutôt grave pour la majorité qui s’apprête à entrer en campagne électorale. ‘’La situation est sous contrôle’’, rassure le ministère de l’Economie. Les prévisions de croissance revues à la baisse et l’augmentation du déficit auront des retombées sur le plan de privatisation du gouvernement, qui devra maintenant avancer sans hésitations. Il y aura tout d’abord la cession d’une participation de l’Etat dans Le Poste, puis dans ENI et probablement à l’automne prochain, dans Ferrovie dello Stato (FS). Quant aux nominations de FS et de Cassa Depositi e Prestiti, Meloni pourrait reconduire les présidents sortants Ferraris et Scannapieco, qui avaient été nommés à l’époque par Draghi. Paradoxalement, la fragilité électorale de la Ligue complique les choses pour Meloni et pour le ministre de l’Economie (issu de la Ligue), dont les relations avec Salvini connaissent des hauts et des bas. Le gouvernement italien ne peut qu’espérer que la BCE décide de baisser ses taux directeurs. Or, la Bundesbank s’y oppose, craignant une augmentation des salaires en raison de l’inflation. Le directeur de la Banque d’Italie, Fabio Panetta, tente de soutenir les « colombes » de la BCE en rappelant que l’augmentation des salaires n’est pas en soi un problème et que cela pourrait même favoriser la consommation. La pression des gouvernements européens sur Christine Lagarde pour que Frankfort fasse un pas en arrière est de plus en plus forte. L’hypothèse la plus probable est celle d’une réduction des taux lors de la réunion de la BCE du 6 juin, en pleines élections européennes, voire avant, dès la réunion du 11 avril. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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