15/02/2024
"L'ultimatum de la Ligue : "Si Meloni ne cède pas sur le troisième mandat, nous reviendrons en arrière sur l’élection directe du Premier ministre. En Vénétie, nous nous présenterons contre Frères d’Italie.""
Italie. Revue de presse.
Plusieurs sujets se partagent les Unes ce matin : l’irritation de la Ligue pour le vote à la chambre des députés d’une motion proposée par le PD appelant à un cessez-le-feu à Gaza : « Motion Meloni-Schlein : la Ligue déplore les « combines » entre Frères d’Italie et le PD » (Stampa), le souhait porté par la Ligue d'autoriser un troisième mandat pour les présidents de région ; « La menace de Salvini » (Repubblica), la réaction de l’ambassade d’Israël près le Saint-Siège sur les propos du secrétaire d’Etat évoquant « un carnage à Gaza » : « Frictions entre Israël et le Saint-Siège» (La Repubblica), « Coup de froid entre Israël et le Vatican » (Il Giornale, Messaggero), le rapport de la Commission américaine pour la sécurité sur les menaces russes « L’Otan et les Etats-Unis lancent une double alerte » (Corriere della Sera), et enfin les sujets économiques : « Impôts, crédits fonciers, écoles : voici toutes les mesures prévues par le décret » (Sole 24 Ore), « Le tour de vis sur le télétravail pour les fonctionnaires » (Il Messaggero).
COULISSES, Repubblica, T. Ciriaco : « L'ultimatum de la Ligue : "Si Meloni ne cède pas sur le troisième mandat, nous reviendrons en arrière sur l’élection directe du Premier ministre. En Vénétie, nous nous présenterons contre Frères d’Italie" » : « C'est la stratégie finale de Matteo Salvini et de la Ligue, qui considère comme un enjeu vital de garder la Vénétie. Si nécessaire, le plan sera déclenché dans la minute qui suivra un éventuel rejet définitif de la proposition de la Ligue pour un troisième mandat des gouverneurs. Les dirigeants du parti sont prêts à mener une 'bataille' pour la réélection de Luca Zaia. " Nous ne céderons pas sur la Vénétie, Zaia gouvernera à nouveau. Comment ? S'il le faut, même en se présentant comme simple conseiller sur une liste indépendante ou sur celle de la Ligue. Et en choisissant ensuite le nom d'un proche pour la présidence. On verra alors qui gagnera, à mon avis ça sera lui " affirme Edoardo Rixi, vice-ministre des Infrastructures. C'est une hypothèse qui provoquera un coup de tonnerre, et entrainera une scission de la droite en Vénétie. D'autre part, pour Salvini et le reste du parti, maintenir le pouvoir dans cette région est essentiel. Il s'agit du berceau de la Ligue. La céder à Meloni reviendrait à admettre que le parti est désormais insignifiant. Rixi suggère le terrain sur lequel le duel avec Palais Chigi pourrait se déplacer, si Meloni refusait d'accepter les demandes de la Ligue : " Nous maintenons cette demande d'un troisième mandat, dans le cas contraire, nous déciderons nous aussi de l'attitude à adopter au sujet de l’élection directe du Premier ministre ". C'est dans ce climat que la droite au gouvernement prépare sa campagne pour les élections européennes et devra gérer les dossiers parlementaires les plus sensibles. Forza Italia a déjà annoncé qu'elle voterait contre l'amendement pour l'introduction d'un troisième mandat des gouverneurs de région. Il reste donc le Parti démocrate et le M5S, qui pourraient aider la Ligue à renverser la majorité et profiter de l'éventuelle réélection de De Luca en Campanie et de Michele Emiliano dans les Pouilles. Le parti de Meloni, en difficulté évidente, essaie de repousser le moment du choix et médite sur un blocage de l'amendement de la discorde, en le déclarant irrecevable au Sénat. En attendant, Luca De Carlo se dit prêt à se présenter au poste de gouverneur pour conquérir la Vénétie. »
ENTRETIEN, Il Giornale, de Carlo Nordio (Frères d’Italie), ministre de la Justice : « La justice change et nous en sommes fiers » : « ‘’Il s'agit d'une grande victoire pour les droits des citoyens et pour l'efficacité de l'administration. L'abrogation du délit d'abus de pouvoir rassurera les administrateurs qui, par milliers, ont subi une dégradation de leur image et parfois de leur fonction à la suite d'enquêtes qui se sont révélées peu sérieuses. En effet, la demande d'abrogation a été pressante de la part de tous les maires, y compris ceux du PD. Notre arsenal législatif contre la corruption est le mieux doté d'Europe ; il comprend des infractions allant de l'extorsion par incitation au trafic d'influence, que nous avons remodelées, en caractérisant mieux l'infraction et en augmentant également les sanctions. Mais je voudrais souligner que l'abus en tant que tel est exactement le contraire de la corruption. Si un maire abuse de son pouvoir uniquement pour le plaisir de nuire, son acte est illégitime et doit être annulé par le tribunal administratif, avec l'indemnisation éventuelle de la partie lésée. Mais il n'y a aucune raison qu'il soit sanctionné pénalement, et les résultats le confirment : sur plus de cinq mille enquêtes par an, les condamnations se comptent sur les doigts d'une main. En ce qui concerne les écoutes, notre réforme a jusqu'à présent mis en œuvre la protection des tiers qui ne font pas l'objet d'une enquête et dont le nom ne peut et ne doit plus apparaître.’’ »
ENTRETIEN, La Stampa, de Francesco Lollobrigida (Frères d’Italie), ministre de l’agriculture, « "Les électeurs punissent ceux qui divisent. Un beau défi entre Giorgia et Elly en Europe » par Francesco Olivo : « Sur la taxation des agriculteurs, le vice-ministre Maurizio Leo a trouvé un espace [pour financer la mesure] et je le remercie. Il s'agit également d'une mesure fiscale qui ne pénalise pas notre action en matière de réduction des impôts. J’avais déjà proposé le report de l’exemption IRPEF quand nous avons rédigé le projet de loi de finances, mais par sens des responsabilités, j'ai accepté la ligne du ministre Giancarlo Giorgetti : il n'y avait pas de ressources. [Sur les pressions de la Ligue pour revenir sur cette décision], Giorgetti est un représentant de la Ligue, n'est-ce pas ? Les associations ont demandé un effort supplémentaire et, grâce à Leo et Giorgetti, nous avons réussi à intégrer ces demandes. Je n’ai pas remarqué d’attaques de la Ligue contre moi. Les principaux dirigeants de la Ligue me font part de leur estime, les autres, je ne sais pas. Concernant les manifestations, les cinq principales associations du secteur agricoles et trois autres syndicats ont été reçus et écoutés. Il y a une petite minorité de personnes qui, au lieu de dialoguer, insultent, sans faire de propositions. Mais je le répète, ils sont très peu nombreux, même si on les met sous les feux de la rampe parce qu'ils attaquent le gouvernement. Il y a des manifestations dans toute l'Europe, en Allemagne il y a cent mille tracteurs dans les rues. Demain, nous verrons combien il y en aura ici. L'Irpef n'est certainement pas la principale revendication de ceux qui manifestent, le vrai jeu est européen, il faut notamment revoir la PAC. Ce gouvernement est devenu un modèle pour les agriculteurs de tout le continent pour les réglementations sur la viande synthétique, celles sur les carburants agricoles, et pour les ressources des PNRR que nous avons mis en place. Concernant le dialogue entre Elly Schlein et Giorgia Meloni, c’est une bonne chose qu’il y ait une discussion entre deux femmes chefs de file des deux camps, c'est un signe de modernisation du pays, l'intérêt national l'emporte sur l'intérêt partisan. C’est une preuve de transparence : au lieu d'un accord secret dans les couloirs, nous parlons au grand jour, en préservant nos différences. Sur le troisième mandat (voulu par la Ligue), nous votons à la proportionnelle aux européennes, il est normal que chacun veuille se démarquer. Et je remarque que l'électeur de centre-droit veut l'unité et punit ceux qui travaillent à la division. C'est déjà arrivé dans le passé. Par exemple les attaques de Gianfranco Fini contre Silvio Berlusconi lui ont coûté le leadership de la droite italienne. Sur la demande de la Ligue pour un troisième mandat, nous n'en avons pas discuté. Un accord a été trouvé sur le troisième mandat pour les maires des municipalités jusqu'à 15 000 habitants. Personne n'a proposé d'aller au-delà de ce seuil. Je ne pensais pas que ce chapitre serait rouvert. Et comme il ne s’agit pas des agriculteurs, je préfère ne pas me prononcer à ce sujet. Je dis juste que ce troisième mandat risque d’être un cadeau au Pd, ou à une partie du Pd, puisqu'il s'agit de régions importantes gouvernées par le centre-gauche. La règle des deux mandats a une raison d'être : éviter la création de blocs de pouvoir pendant plus de dix ans, ce qui peut aussi conduire à la désaffection des électeurs. Je ne me présenterai pas aux élections européennes. Je suis un militant discipliné, je fais ce que le parti me dit de faire. Mais nous avons des listes compétitives et mon humble contribution n'est pas nécessaire. Sur l’hypothèse que Meloni se présente, je pense qu'il est légitime d'essayer de vérifier dans les urnes sa popularité auprès des électeurs. Je ne crois pas que Giorgia utilisera son temps pour faire campagne. Si l'on fait le tour de tous les villages de la circonscription, cela prend du temps, mais dans son cas, être candidat signifie surtout mouiller la chemise. Si Schlein se présente, ce serait un bon défi. Elles représentent deux familles politiques concurrentes : les socialistes qui regardent à gauche et les conservateurs qui se rapprochent des populaires. Sur le soutien à un deuxième mandat de Von der Leyen, les socialistes ont dit non pour le moment ».
COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli « L’Italie, le Proche-Orient, un chemin difficile» : « L’accord entre la majorité et l’opposition sur la résolution pour un cessez-le-feu au Proche-Orient attend maintenant l’épreuve des faits. La suite peut s’avérer plus difficile que ce vote. Ce dernier est aussi un pari: si la situation sur le terrain devait s’améliorer, ce serait les optimistes qui l’emporteraient. Pour Schlein cela pourrait signifier de rentrer dans le jeu de la politique étrangère. Meloni, qui mardi était sur la défensive, pourrait revendiquer de s’être réalignée sur la position de Washington, à l’instar des plus importantes capitales européennes. C’est ce que notre pays peut souhaiter, ayant un poids international modeste mais qui est souvent habile à percevoir les mouvements sur la scène mondiale pour s’y adapter rapidement. Puis il y a le scénario le plus pessimiste : une dégradation générale de la crise. Israël pourrait se voir mis au pied du mur sans avoir réussi à pousser le Hamas à renoncer à ses conditions sur les otages. Ce qui veut dire aussi accepter que l’Iran poursuive ses provocations en Mer Rouge et au Liban, voire à utiliser de manière directe sa force militaire. C’est improbable, mais on ne peut pas exclure a priori. Puis il y a le problème d’un Biden en position de faiblesse : en novembre, il aura besoin à la fois des voix des Américains d’origine arabe et de confession juive. Tout le monde le sait au Proche Orient, notamment l’Iran qui est toujours habile à saisir les moments de difficulté de l’adversaire. Sur le plan pratique, la motion sur un cessez-le-feu n’a pas de grande importance. Toutefois, en ce moment, elle a un sens politique bien précis. Au Parlement, l’entente est fragile et pourrait ne pas résister longtemps. Les Européens, et notamment les Italiens, ne sont pas toujours conscients du fait que le combat d’Israël pour sa survie nécessite une garantie américaine permanente et forte. La formule « deux Etats, deux peuples », de laquelle s’inspire depuis des années notre diplomatie, est séduisante mais ne répond pas à la question : qui gouvernera l’Etat Palestinien ? Certainement pas le Hamas, ni le corrompu Mahmoud Abbas. C’est une question qui concerne aussi nos partis politiques, du moment où ils décident de s’impliquer dans le casse-tête du Proche-Orient. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
13:02 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.