09/02/2024
"La Ligue critique le bilan d’Ursula von der Leyen ; Tajani (Forza Italia) se démarque de Zemmour."
Italie. Revue de presse.
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de R. Frignani et C. Voltattorni, « Les manifestations et l’ « IRPEF agricola » : fortes tensions entre la Ligue et Fratelli d’Italia » : « Il n’y aura finalement pas de manifestation d’agriculteurs à Rome, du moins pas pour l’instant. C’est un revirement assez inattendu : il n’y aura qu’une délégation de quatre tracteurs ce matin sur la place Saint-Jean de Latran, qui se rendra jusqu’au Colisée. Une partie des manifestants ont également l’intention de défiler sur le périphérique ce soir. La protestation continue en tous cas d’alimenter la tension entre alliés de la majorité, en particulier Fratelli d’Italia et la Ligue. L’exemption de l’IRPEF agricola (impôt sur le revenu fondé sur un calcul comprenant notamment les surfaces agricoles), qui avait été mise en place en 2016 puis supprimée avec la dernière Loi de Finances, est au cœur du débat. La Ligue demande depuis des jours son prolongement au moins pour 2024 et a présenté un amendement spécifique à la Chambre en ce sens - comme l’ont fait également le M5S et Italia Viva -, déplorant une ‘’grave erreur du gouvernement’’. Ces propos ont eu le don d’irriter Fratelli d’Italia : ‘’il ne me semble pas que lors de l’examen de la Loi de Finances et de son approbation au Sénat des groupes de la majorité aient émis des réserves concernant l’exemption de l’IRPEF agricola que nous avons décidé de ne pas reconduire ici-même ; cela relève des choix budgétaires que nous avons dû faire face au manque de ressources financières, comme l’a souligné à plusieurs reprises le ministre Giancarlo Giorgetti’’ a répondu durement Tommaso Foti, chef de groupe Fratelli d’Italia à la Chambre. ‘’Je ne vois pas pour quelle raison on accuserait le gouvernement, alors que toutes les décisions ont été prises par la majorité toute entière’’ a-t-il conclu. Le secrétaire adjoint de la Ligue, Andrea Crippa, lui répond que ‘’les fonds doivent être trouvés’’. Lors des questions au gouvernement au Sénat, Giancarlo Giorgetti a confirmé qu’il ‘’étudiait bien une intervention sur l’exemption de l’IRPEF pour les entrepreneurs agricoles ayant réellement besoin d’une aide financière, éventuellement par le biais d’un système spécifique d’exonérations.’’ On s’attend à une mesure concernant les revenus issus de la propriété de terres agricoles lorsqu’ils sont inférieurs à 10 000. En attendant, Matteo Salvini a rencontré hier à l’Aquila une délégation d’agriculteurs et a affirmé : ‘’il faut mettre fin à la folie européenne, et au niveau italien aussi, on peut faire plus’’. Le leader du ‘’CRA agriculteurs trahis’’ a lancé un ultimatum au ministre de l’Agriculture F. Lollobrigida en lui demandant de démissionner d’ici mardi. Le ministre a déjà rencontré les délégations de plusieurs associations et dit ‘’ne pas avoir de difficultés à les recevoir lorsque leurs intentions sont bonnes, mais certains sont utilisés pour relayer des positions qui n’ont rien à voir avec le dialogue social’’. Hier le mouvement ‘’riscatto agricolo’’, autre groupe en première ligne des manifestations, s’est dit optimiste sur l’ouverture de discussions techniques avec Giorgia Meloni et le ministre Lollobrigida. En attendant, les tracteurs continuent d’affluer en direction de Rome alors qu’aucune intervention n’est prévue sur le plateau de Sanremo, seulement un communiqué que lira le présentateur star Amadeus. »
PREMIER PLAN, Repubblica, C. Zunino : « La Rai craint les tracteurs au Festival de Sanremo : " Si nous ne pouvons pas monter sur scène, nous envahirons Sanremo" » : « La dix-neuvième journée qu’ils passent sur la route a été décevante pour les agriculteurs italiens. Le Festival de Sanremo, avec une RAI prudente tant pour elle-même que pour le gouvernement qui l'influence, a refusé la scène du Théâtre Ariston aux agriculteurs du groupe ‘Riscatto Agricolo’ : "[le présentateur] Amadeus ne lira qu'un communiqué". Au cours de la soirée, les leaders des manifestations à la périphérie de Rome n’ont obtenu de la Préfecture qu’une autorisation minimale pour la journée d'aujourd'hui : quatre tracteurs sur la Piazza San Giovanni, pas de blocage du périphérique de Rome ou d'’invasion’ du centre-ville. La rencontre avec Giorgia Meloni et le ministre de l'Agriculture, Francesco Lollobrigida, n'a pas encore été fixée. La lutte n'est certainement pas terminée. Les agriculteurs ont traversé les rues de Turin et de Bergame, des colonnes de tracteurs ont paralysé le port de Cagliari : quinze manifestations ont rappelé hier le sentiment de colère des producteurs du pays, surtout dans le Sud. Les manifestations peinent, cependant, à trouver le sursaut que pourrait leur donner un événement, comme le festival de la chanson, ou une démonstration de force nationale. Vingt tracteurs se trouvent actuellement à Sanremo. Soixante-dix autres sont attendus aujourd'hui en provenance de la province d'Alessandria. C'est l'arme que les agriculteurs entendent utiliser pour aller au-delà du communiqué qui sera lu ce soir à l'Ariston : "Si nous ne pouvons pas monter sur scène, nous sommes contraints de concentrer à Sanremo tous les tracteurs en provenance de Lombardie, du Piémont et de Ligurie", menace le dernier texte du groupe. Nous n'acceptons pas le message lu par Amadeus". Déjà dans l'après-midi, des éleveurs ont franchi le cordon de police et ont amené la vache Ercolina sur le "tapis vert" de l'Ariston. Le mouvement des tracteurs reste hétérogène et contradictoire, avec d’autres représentants qui affirment que le meilleur choix serait de faire un duplex avec les groupes qui protestent et non pas de monter sur la scène du Festival. Les quatre coordinateurs du Centre-Sud ont annulé la manifestation prévue aujourd'hui sur la place San Giovanni, à Rome : il n'y aura que quatre tracteurs. " Nous ne voulons pas gâcher le grand soutien que nous avons obtenu jusqu'à présent de la part des citoyens italiens ". 70 autres véhicules sont arrivés aux portes de la capitale, sur via Salaria. "Nous demandons l'autorisation pour un défilé de véhicules le long du périphérique, le soir, et en occupant une seule voie". Et d'ici samedi, la ministre Lollobrigida doit nous répondre". »
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de M. Cremonesi, « Fratelli d’Italia se veut rassurant [après l’entrée du parti de Zemmour dans le groupe ECR] ; mais Tajani (Forza Italia) souligne qu’il ne partage aucun de ses propos » : « ‘’Nous avons obtenu des garanties à plusieurs reprises de la part de Marion Maréchal : la position de Reconquête correspond aujourd’hui à celle du groupe des Conservateurs et réformistes européens’’, à savoir l’alignement avec l’OTAN et aucune complaisance vis-à-vis de la Russie. Ce sont en tous cas les propos de Carlo Fidenza, chef de la délégation Fratelli d’Italia au Parlement européen. Mais l’entrée de Reconquête dans le groupe dirigé par Giorgia Meloni divise et rend moins simple un possible accord avec le PPE en vue de la nomination de la future Commission et la réélection d’U. von der Leyen. Cela complique aussi le projet de parti unique du centre-droit européen sur lequel Matteo Salvini a tout misé. La Ligue a déclaré sèchement que ‘’notre allié en France est le Rassemblement national, le parti en tête des sondages de l’autre côté des Alpes’’. L’annonce surprend également compte tenu de son timing : le seul élu européen Reconquête n’atteindrait pas plus de 6% aux élections d’après les projections de politico.eu. Mais au-delà des chiffres, cela signifie tout de même pour le groupe ECR qu’il peut revendiquer une présence française. Reconquête, outre son approche presque féroce vis-à-vis de l’Islam, est considéré comme un parti pro-russe, d’où la volonté de rassurer de FDI : ‘’la plupart de ces propos remontent à l’époque où Zemmour était un éditorialiste et parlait à la télévision, depuis sa campagne pour les présidentielles en 2022, il a assurément changé de registre’’ explique Fidanza. Zemmour a défini l’invasion en Ukraine comme ‘’inqualifiable et condamnable’’. Mais c’est aussi le parti de la nièce de Marine Le Pen, l’alliée de Salvini dans le groupe Identité et démocratie. Pourtant, toujours selon Fidanza, cela ne serait pas contradictoire : ‘’Marion Maréchal représente la charnière entre les gaullistes français et le Rassemblement National, de même qu’ECR constitue la charnière entre les populistes et le PPE, les sondages montrent que Reconquête récupère des voix parmi l’électorat des Républicains, pas de Marine Le Pen’’. Reste que les populaires italiens de Forza Italia restent sur leur réserve. Antonio Tajani a été très clair hier : ‘’Je ne partage pas un mot de ce que dit Zemmour’’. Le Parlement européen a quant à lui approuvé une résolution contre les tentatives russes d’ingérence dans la démocratie européenne, votée avec une large majorité y compris par le PPE et ECR, mais pas par les lepénistes. La Ligue a refusé de voter et dénoncé une ‘’instrumentalisation honteuse de la part de la gauche qui a introduit dans le texte des accusations d’infox et de fausses insinuations contre la Ligue’’. »
ARTICLE, La Repubblica, L. De Cicco « La Ligue critique le bilan d’Ursula von der Leyen ; Tajani (Forza Italia) se démarque de Zemmour » : « Au lendemain de l’entrée du parti d’extrême-droite Reconquête dans les rangs des Conservateurs européens, la Ligue contre-attaque en tentant de fixer des conditions et en demandant à la dirigeante de Fratelli d’Italia de les accepter avant les élections de juin. Le message passé est plutôt clair : il faut que Meloni cesse d’avoir une attitude ambigüe en gardant la possibilité de soutenir la réélection d’Ursula von der Leyen. C’est l’adjoint de Salvini, Andrea Crippa, qui l’explique : ‘’la relation entre Marine le Pen et Salvini est plus étroite que celle entre ce dernier et moi-même. Maintenant, nous devons construire un centre droit européen, sans Ursula von der Leyen’’. Dans le projet de la Ligue, le Premier ministre hongrois – chassé par les Populaires en 2019 et devenu un paria dans les institutions européennes – doit y figurer. En réalité, Orban est en train d’essayer d’entrer dans la famille des Conservateurs européens mais certains ne sont pas du tout d’accord, comme par exemple les Tchèques d’Ods, pour lesquels ‘’nous n’avons pas besoin de quelqu’un qui tient en otage le reste de l’UE sur l’Ukraine’’. Pour Crippa, ‘’une majorité de centre droit à Bruxelles doit inclure Orban’’. Tout comme l’AfD allemande qui doit, selon lui, rester dans la famille d’ID : ‘’peut-on chasser quelqu’un uniquement parce qu’il dit que les immigrés non intégrés doivent s’en aller ? ID ne doit pas se rétrécir mais s’élargir’’. Dans le but de s’unir contre Ursula, bien entendu. Pour la Ligue, malgré les sondages, il est encore possible de trouver une majorité à Bruxelles sans les socialistes : ‘’les chiffres sont là, puis tout dépend de la volonté’’. C’est un message adressé à Meloni pour qu’elle dise adieu à von der Leyen : ‘’la position de la Ligue est très claire : von der Leyen a mal gouverné et elle a fini par faire des compromis avec les socialistes’’. Voici une énième épine dans le pied de la majorité italienne. A cela s’ajoute la déclaration de l’allié Tajani (Forza Italia) : ‘’je ne partage aucune parole prononcée par Zemmour’’. »
ARTICLE, La Repubblica, D. Castellani Perelli « Le Parlement européen vote contre l’ingérence russe mais la Ligue se défile » : « Par un texte dur, le Parlement de Strasbourg a sonné la sonnette d’alarme à quelques mois des élections européennes en adoptant une résolution de condamnation à l’égard de Moscou : ‘’la Russie est en train de nuire et de détruire la démocratie en Europe, en alimentant les divisions entre nos citoyens et en tentant de créer un système de dépendances par l’intermédiaire de partis politiques européens qui agissent ensuite comme des relais de la propagande du Kremlin et servent les intérêts de ce dernier’’. Le texte a été adopté par 433 voix pour, 56 contre et 18 abstentions. Avec les Populaires et les Socialistes, ont voté aussi les Conservateurs européens dirigés par Giorgia Meloni. Dans ce document sont évoqués explicitement des accusations d’‘‘accords commerciaux’’ entre la Ligue et la Russie, qui ont fait surface en juillet 2019 dans l’affaire « Metropol ». C’est un passage que le parti de Salvini n’a pas tenté d’éliminer par amendement, préférant tout simplement ne pas participer au vote. Parmi les autres épisodes d’ingérence russe, on cite aussi le financement à Marine Le Pen, le soutien aux séparatistes catalans, la campagne du Brexit et l’affaire de la députée lettone Tatjiana Zdanoka, accusée d’être une espionne de Moscou. »
ENTRETIEN, La Verità, de Vincenzo Sofo, eurodéputé de Fratelli d’Italia : « Avec Zemmour, les Conservateurs d’Ecr seront la troisième famille politique européenne » : « ‘’Il est évident que les partis de gauche sont très inquiets, pour une raison surtout politique : le groupe Ecr est de plus en plus attrayant pour tous les partis conservateurs et aujourd’hui, on assiste à la possibilité concrète qu’il devienne la troisième force politique du Parlement Européen. Le PD qualifie Zemmour d’antisémite, oubliant qu’il est juif et que ses parents ont été persécutés pendant la Seconde Guerre mondiale. Le Pd l’a aussi qualifié de raciste, alors qu’il est d’origine tunisienne. Le M5S est même allé plus loin en affirmant que Zemmour voulait annexer le Nord de l’Italie au bénéfice de la France, alors qu’il a fait une simple analyse historique et culturelle sur les relations entre les deux pays et les tentatives échouées faites par la France. Son parti Reconquête est crédité de 7% d’intentions de vote. Pour la première fois, les Conservateurs ont un interlocuteur en France. De l’autre côté des Alpes, il n’y avait pas de droite conservatrice pouvant s’approprier des thématiques éthiques. C’est une droite qui critique l’Europe mais qui n’est pas antieuropéenne. Concernant les coulisses de l’entrée de l’eurodéputé de Reconquête dans Ecr, [et le rôle éventuel de Meloni, ndlr] je peux juste dire que c’est Marion Maréchal qui est responsable des affaires européennes du parti. Quant à Zemmour, je le connais bien, c’est un intellectuel brillant et très préparé du point de vue culturel. Le gouvernement Meloni est en train de devenir un modèle de référence européen pour tous les partis de droite. En France, on ne parvient pas à trouver de modèle gagnant car on ne raisonne pas en termes de coalition. C’est dans ce sillage que s’insère Reconquête et cela peut favoriser une victoire en 2027. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
14:53 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.