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06/02/2024

"La proposition de réforme constitutionnelle conférant davantage de poids à la Présidence du Conseil se précise peu à peu."

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Italie. Revue de presse. 

Plusieurs sujets se partagent les Unes ce matin : « Réforme pour le « premierato » (modification constitutionnelle pour la désignation au suffrage direct du Président du Conseil) : voici les nouvelles modifications » (Corriere della Sera), « Justice, Le ministère de l’Intérieur interdit une conférence sur la Constitution dans une prison » (Repubblica), « Affaire Ilaria Salis : pour le père de la militante antifasciste arrêtée en Hongrie, « le gouvernement a rejeté toutes mes requêtes, entretemps ma fille dépérit en prison » » (Stampa), « Stellantis, les employés de l’usine de Mirafiori encore une fois au chômage technique, l’objectif d’un million de véhicule s’éloigne » (Sole 24 Ore), « Ecoles : le ministre G. Valditara annonce des présences policières dans les banlieues difficiles » (Messaggero).  

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de C. Voltattorni, « Les manifestations de tracteurs [se rapprochent de] Rome, ‘’les taxes sont trop élevées, il faut davantage d’aides’’. » : « […] Pour Fratelli d’Italia, ‘’la protestation des agriculteurs n’est pas contre le gouvernement’’. Mais les oppositions attaquent le gouvernement qui ‘’a pour l’instant ignoré le secteur’’ selon le Parti démocrate, alors que pour le M5S, ‘’l’exécutif détériore la situation des agriculteurs’’ et Carlo Calenda invite à ‘’veiller sur les coûts de production’’. […] » 

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, de M. Franco, « Une réforme à l’épreuve d’un referendum et du temps long » : « La proposition de réforme constitutionnelle conférant davantage de poids à la Présidence du Conseil se précise peu à peu, non sans quelques contrariétés au sein de la majorité. La réforme voulue par Giorgia Meloni progresse, les derniers détails se précisent et on donne des garanties à la Ligue sur l’autonomie régionale différenciée. L’impact sur les équilibres institutionnels sont désormais assumés, en particulier sur la restriction des pouvoirs et du rôle de garant du Président de la République par l’élection au suffrage direct du chef du gouvernement. Sergio Mattarella semble déterminé à ne pas se prononcer avant l’issue du projet. De plus, les raisons invoquées ne semblent pas les plus nobles pour justifier ce changement de la Constitution et du système parlementaire. Par exemple, l’idée d’“éviter la formation de gouvernements techniques ’’ ou “réduire le nombre de sénateurs à vie“ ressemblent un peu à des slogans populistes. On fait abstraction des raisons pour lesquelles la présidence de la République a parfois dû recourir à des exécutifs d’urgence et qu’avec la désignation actuelle du Président du Conseil en lien avec le résultat des urnes, une forme de ‘’premierato’’ existe déjà. L’idée de devoir voter en cas de démission du chef du gouvernement ne tient pas compte d’une réalité dérangeante : ces dernières années les coalitions tombaient par manque de cohésion interne. Le nouveau mécanisme institutionnel pourrait peut-être agir comme une force de dissuasion mais il n’offre aucune garantie de stabilité si les alliances ne sont pas solides. Certains craignent qu’une telle réforme affaiblisse le système au lieu de le renforcer. Le lien établi avec l’autonomie différenciée des régions nourrit la perspective d’une Italie divisée et risque de cristalliser les disparités entre Nord, centre et Sud. On voit à quel point la Ligue est parvenue à s’imposer sur un parti patriotique par essence tel que Fratelli d’Italia. Pour obtenir la bénédiction de la coalition sur le renforcement du rôle du Président du Conseil, une autre mesure qui risque de marquer la mort de l’unité de la nation a été acceptée avec le projet d’autonomie régionale différenciée. La réforme du « premierato » devra être discutée au Parlement, mais la nécessité d’un référendum est très probable. Aujourd’hui, le gouvernement l’emporterait sûrement mais dans quelques mois l’issue pourrait être plus incertaine, d’autant plus que les priorités de l’opinion publique semblent ailleurs. » 

COULISSES, Corriere della Sera, de G. Bianconi, « La ligne dure de Nordio (Frères d’Italie) qui veut ‘’éviter les ingérences avec la justice hongroise’’ » : « Pour justifier le refus de fournir le document que lui demandaient le père d’Ilaria Salis et son avocat, le ministre italien de la justice a, encore une fois, invoqué sa formation de juge. ‘’Les juges hongrois pourraient mal prendre une démarche d’un gouvernement étranger visant à leur expliquer par une note officielle comment fonctionne leur propre législation, ils peuvent très bien étudier les possibilités seuls s’ils le veulent’’. Le père d’Ilaria comme son avocat rétorquent que c’est le défenseur hongrois lui-même qui appuie l’option d’une assignation à résidence en Italie. Ce régime garantirait en outre la surveillance d’Ilaria Salis par bracelet électronique et la réalisation de contrôles de police réguliers ainsi que sa présence au tribunal de Budapest aussi souvent que nécessaire. Mais cela n’a pas convaincu Nordio qui assure que ‘’cela pourrait être contre-productif, croyez-moi’’ et que l’initiative doit venir des juges hongrois et pas de la défense qui ferait mieux, selon le ministre, de ‘’plaider pour une assignation à domicile en Hongrie, après quoi nous pourrons œuvrer pour la mise en application de la décision-cadre du Conseil de l’Europe et demander son transfert en Italie’’. Ilaria Salis doit se prononcer elle aussi mais craint les représailles des groupes pro-nazis qui la menacent. Derrière le refus du ministre Nordio d’appuyer la demande des proches d’Ilaria Salis, il y a aussi la volonté politique de ne pas donner l’impression d’interférer avec les affaires intérieures d’un autre pays. Le ministère de la Justice assure que les liens d’amitié entre Viktor Orban et la Présidente du Conseil italienne n’ont en rien influencé cette position et que le ministre s’en serait tenu à cette même ligne avec un autre pays. Reste que cela s’est produit précisément avec la Hongrie, au nom d’une ‘’souveraineté de la magistrature’’ que même les défenseurs de Salis n’entendaient pas remettre en cause. Ils demandaient seulement un soutien technique qui leur a été refusé par crainte, entre autres, de créer un précédent qui pourrait être invoqué par n’importe quel détenu italien à l’étranger, soit environ 2 000 personnes. Cela risquerait de créer davantage de différends diplomatiques que de solutions judiciaires. Le père et l’avocat de la jeune femme ont également exploré la piste d’une assignation à résidence au sein de l’Ambassade italienne auprès d’Antonio Tajani, proposée par le président du Sénat La Russa, mais l’hypothèse a également été écartée car cela reviendrait à la conduire en territoire italien, comme s’il s’agissait d’une sorte d’extradition. » 

ARTICLE, Sole 24 Ore, B. Fiammeri et C. Fotina « Pour Meloni, c’est non aux subventions destinées à un seul groupe automobile » et les déclarations de Tavarès sont « bizarres » : « La pique adressée hier à Carlos Tavares par Meloni depuis le Japon était claire : ‘’un responsable de ce niveau devrait savoir que les subventions ne peuvent pas être réservées à un seul groupe automobile’’. Quant à l’engagement du gouvernement, Meloni utilise un langage un peu plus diplomatique : ‘’nous apprécions toute sorte d’investissement pouvant créer des emplois mais la relation doit être équilibré. Mais clairement, si on estime en revanche qu’il faut produire dans d’autres pays où le coût de production est moindre, je n’ai rien à dire, mais qu’on ne vienne pas me dire que la voiture que l’on produit est italienne, et on ne doit pas la vendre comme si elle était italienne“. Elle déclare en avoir parlé ‘’aussi à des PDG des grandes entreprises japonaises’’. La tension demeure élevée et l’annonce d’un prolongement de 4 semaines de placement au chômage technique des employés de l’usine Stellantis de Mirafiori n’aide pas. Pourtant, l’ambiance pourrait se détendre progressivement après le démenti par John Elkann concernant les rumeurs d’une fusion entre Stellantis et Renault. Au Ministère des entreprises, les propos d’Elkann confirmant l’engagement de Stellantis à participer à la discussion avec le ministère ‘’pour arriver à atteindre d’importants objectifs sur la transition électrique’’ sont vus comme un bon signal. Paradoxalement, la tempête provoquée par les rumeurs de fusion entre Stellantis et Renault ont plutôt renforcer le souhait de poursuivre le dialogue sur les niveaux de production.  Un sujet sur lequel il n’y pas, en réalité, d’opposition [entre le gouvernement et Stellantis] sur l’objectif de produire en Italie un million de véhicules. La question des délais peut poser problème, mais elle n’est pas insoluble : le gouvernement parle de 2028 quand Stellantis vise plutôt 2030. Ce qui rend l’équation plus compliquée, c’est la prise en compte des niveaux de production pour chaque usine, et les répercussions sur l’emploi. Pour sa part, le ministre Urso a parlé de subventions conditionnées : elles ne seront pas prolongées en 2025 en l’absence d’engagements concrets pendant les négociations. Si cette condition n’est pas respectée dans le planle reliquat n’irait plus au marché mais à des subventions pour la filière productive, donc aux entreprises prêtes à venir en Italie pour y fabriquer des véhicules ou à des équipementiers qui souhaiteraient se reconvertir vers de nouvelles productions  Mais difficile de croire qu’un gouvernement comme celui de Meloni, très attentif au soutien à la demande, finisse par être le premier décidant de fermer le robinet des bonus écologiques pour l’achat de véhicules. Et l’hypothèse de nouveaux fabricants automobiles en Italie est encore très imprécise. IL y a certes des contacts avec des producteurs chinois de véhicules électriques (comme Byd, Cherry, Great Wall Motors), mais rien de très avancé pour le moment. La solution de cet affrontement avec Stellantis sera surtout diplomatique. Les hypothèses de recourir au golden power devraient disparaitre arpès le démenti de Stellantis sur les projets de mariage avec Renault. Le scénario d’une entrée de l’Etat italien dans Stellantis pour contrebalancer la présence de l’Etat français s’avère simplement une provocation passagère, comme le révèlent d’ailleurs les déclarations de Salvini hier « disons que l’Etat est déjà entré 18 fois [dans Fiat, par les subventions] avec l’argent des citoyens »).  Entretemps, pour mettre fin aux polémiques, le gouvernement pourrait mettre en place rapidement le nouveau plan de bonus écologique à l’achat de voitures annoncé le 1er février dernier. » 

ARTICLE, Messaggero, « Alliance entre l’Italie et le Japon sur la technologie et les entreprises, « un soutien à l’économie », par Francesco Malfetano : « On ne peut pas dire que Giorgia Meloni ou son gouvernement parlent désormais japonais, mais on peut dire que l’alliance entre Rome et Tokyo est plus solide. « L’entente est absolue » souligne la première ministre en rappelant les chiffres des échanges de l’année écoulée, « qui ont augmenté de 10% » et dépassent les 15 milliards d’euros. Et ils sont amenés à s’accroitre, non seulement parce que l’Italie travaille pour faire en sorte que plus d’entreprises japonaises investissent dans notre péninsule, ou car Meloni promet « une continuité absolue » avec la présidence japonaise du G7, mais surtout car Rome « cherche à avoir une présence toujours plus importante » dans la zone indo-pacifique. Cette déclaration est à remettre dans le contexte des choix faits pour (quitter) les routes de la soie chinoises, ou du renforcement des relations avec l’Inde, puis la livraison de F-35 ou l’arrivée dans la zone du navire Amerigo Vespucci et du Cavour, le plus important de notre flotte.  Pour la première fois, notre porte-avion prendra part à l’exercice Rim of the Pacific, exercice militaire le plus imposant porté par les Etats-unis. Une prise de position qui reste alignée avec la concertation italo-américaine affaires étrangères-défense qui rapprochera nos deux pays cette année, et cohérente avec le projet de fabrication d’un avion de chasse de 6ème génération sur lequel l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni travaillent de concert. « Il existe une convergence stratégique » a souligné Meloni. Dans l’après-midi, elle a aussi rencontré les dirigeants de huit entreprises japonaises qui ont un rapport plus étroit avec l’Italie, comme Mitsubishi ou Hitachi, l’occasion de rappeler les différentes ententes qui ont permis ces derniers mois d’aboutir à un accord sur les coproductions cinématographiques et un autre « qui permettra aux travailleurs italiens et français de ne plus être soumis à une double imposition ». Les convergences sont fortes sur le G7 et l’intelligence artificielle, notamment sur le principe de « l’algorithméthique », à savoir la possibilité de soumettre les algorithmes à une éthique. A l’agenda, il a aussi été question de la guerre en Ukraine, au sujet de laquelle Meloni a répété à un journal japonais que « le soutien sera inébranlable », et de la stabilité dans l’indo-pacifique, en passant par la stabilisation de la mer Rouge et le futur de l’OTAN. Sur les menaces des houthis, Meloni a rappelé aux journalistes que la participation italienne à la mission en mer Rouge était « utile et un devoir », tandis que sur la question d’un désengagement américain de l’Otan en cas de victoire de Trump, elle estime que pour « mieux fonctionner, il faut un pilier américain et un pilier européen » à l’organisation, tout en invitant Bruxelles à faire plus : « l’Europe a fait des progrès trop lents et je pense qu’il est temps d’accélérer ». Par ailleurs, les craintes américaines sur Taiwan seraient l’une des principales raisons de la présence italienne dans la zone indo-pacifique. » 

ANALYSE, Il Foglio, de Giulia Pompili : « Le mot tabou : Meloni célèbre l'amitié avec Tokyo sans jamais évoquer la Chine. Mais elle envoie le Cavour en Asie » : « Amitié, harmonie, coopération stratégique. Giorgia Meloni est à l'aise à Tokyo, affirmant qu'il y a "une forte convergence de vues" avec le Premier ministre japonais Fumio Kishida, ce qui est "un élément fondamental de notre solide amitié". Elle semble moins à l'aise lorsqu’on lui propose de visiter le jinja le plus important de Tokyo, le sanctuaire Meiji, un lieu de culte de la religion traditionnelle du Japon, le shintoïsme. Meloni y accomplit tout le rituel : elle fait ses ablutions à la main droite puis à la main gauche, s'incline devant l'autel dédié aux kamis et frappe deux fois dans ses mains en signe de respect. Dans la tradition de la droite italienne, il y a eu pendant longtemps une certaine fascination pour le Japon et ses rituels les plus étroitement liés à l'empire : le shintoïsme faisait partie de cette culture, de même que les écrits de Yukio Mishima, tous deux interprétés comme des expressions de nationalisme militant par des fanatiques occidentaux, qui ont souvent négligé, à tort, des éléments fondamentaux de la complexité japonaise. Tout ce monde, cependant, a toujours été très éloigné de Meloni. Même dans sa jeunesse, elle n'a jamais eu le mythe du Japon. Le Premier ministre Kishida, cependant, attentif à certains détails, a offert à sa fille Ginevra un dictionnaire italien-japonais au format Hello Kitty. Kawaii, diraient les Japonais, une opération de soft power mignonne et flatteuse, et aussi très symbolique du renforcement de l'axe entre Rome et Tokyo. En effet, c'est Meloni qui, il y a un an, a élevé les relations avec le Japon au rang de stratégiques - un acte nécessaire, dit-on dans les cercles diplomatiques, pour revitaliser en même temps ce "partenariat stratégique" qui a, en fait, remplacé la Route de la Soie avec Pékin. Et c'est aussi Meloni qui est retournée à Tokyo pour la première visite bilatérale depuis celle de Matteo Renzi en 2015. Mais ni avec la presse, ni aux côtés du premier ministre japonais, Meloni ne prononce publiquement le seul mot qui était peut-être attendu du côté japonais : le mot Chine. Il s'agit d'une omission intentionnelle. La stratégie du Palazzo Chigi est de plaire à ses partenaires du G7 dans le jeu d'équilibre vers l'Indo-Pacifique, la zone qui borde la Méditerranée élargie, sans toutefois provoquer excessivement les réactions de Pékin, en laissant la porte ouverte aux échanges commerciaux. Même dans le secteur de la défense, entre les hélicoptères Leonardo et l'aérospatial. C'est ainsi que le message de Mme Meloni, quelque peu implicite mais rassurant pour les alliés, est arrivé hier, lors de ses déclarations à la presse. Mme Meloni a confirmé que le porte-avions Cavour de la marine italienne, le plus stratégique de notre flotte, se rendra dans la région indo-pacifique au cours de l'été, pour un déploiement d'environ six mois. Viendront ensuite les F-35, également à l’été, a déclaré Meloni, et le navire-école Amerigo Vespucci pour une tournée similaire à celle effectuée l'année dernière par le patrouilleur Morosini. Pour la première fois, l'Italie participera également aux exercices biennaux Rim of the Pacific (Rimpac) 2024 dirigés par les Américains, comme l'a confirmé il y a quelques semaines à Naval News l'attaché militaire de l'ambassade d'Italie à Washington, le capitaine Marco Bagni. Et ce, parce que l'Indo-Pacifique, a déclaré Meloni, "est une zone stratégique d'importance mondiale qui fait face à d'importants problèmes régionaux". Une phrase qui omet diplomatiquement la Chine et la Corée du Nord, qui ont depuis longtemps cessé d'être de simples problèmes régionaux. Hier, tous les journaux japonais ont ouvert sur la cyberattaque subie par le ministère japonais des Affaires étrangères en 2020 par un groupe cybercriminel lié au gouvernement de Pékin, qui aurait rendu accessibles de nombreux messages confidentiels et des communications du bureau du Premier ministre avec les bureaux diplomatiques. Samedi, les garde-côtes chinois ont ordonné aux patrouilleurs aériens japonais de s'éloigner de l'espace aérien des îles Senkaku, revendiquées par Pékin mais administrées par le Japon. La semaine dernière, les exercices militaires conjoints entre le Japon et l'Amérique "Keen Sword" ont commencé, et selon les médias japonais, pour la première fois, l'ennemi fictif avec lequel les Japonais et les Américains vont s'entraîner est la Chine. »

ARTICLE, Repubblica, F. Tonacci : « Yémen, Tajani répond aux menaces : ‘’ s'ils nous attaquent, nous réagirons. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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