29/01/2024
"Les Italiens déçus par les maires et les présidents de régions ; la confiance est au plus bas et ne se maintient qu’au Nord."
Italie. Revue de presse.
L’attaque par drone contre un contingent américain en Jordanie fait les gros titres : « Frappes en Jordanie, des soldats américains tués, l’Iran est soupçonné » (Corriere della Sera), « Attaque sur la base américaine, selon Biden des groupes pro-Iran seraient derrière cette opération » (Repubblica), « Les trois premières victimes américaines en Jordanie, la guerre s’embrase » (Fatto Quotidiano). La Stampa propose un entretien exclusif du Pape François sur le Proche Orient « « Il faut immédiatement une solution à deux peuples et deux Etats » ». Repubblica consacre sa Une à la politique intérieure : « Les cent cas de conflit d’intérêt du gouvernement Meloni ».
ARTICLE, Corriere della Sera, M. Galluzzo « « Ensemble pour aller plus loin » : Mattarella ouvre le sommet Italie-Afrique au Quirinal » : « Le Plan Mattei comprend au moins deux volets. Le premier concerne les relations bilatérales avec les pays africains, avec une nouvelle conférence à Tunis prévue à l'automne, sous l’égide de Rome, pour concrétiser une partie de ce plan. Le deuxième volet est celui qui sera annoncé aujourd'hui par Giorgia Meloni, avec la création d'un Fonds multilatéral auprès de la Banque africaine de développement, dont les membres fondateurs seront l'Italie et les Émirats arabes unis, qui souscriront chacun 100 millions d’euros, mais qui serait prêt à recevoir des contributions de l’Arabie saoudite (prête à donner 200 millions), d’autres pays du Golfe et des Européens qui ont déjà fait part de leur intérêt, comme l’Allemagne et la France. Cette conférence Italie-Afrique, qui a démarré hier soir par un diner au Quirinal, n’est pas simple à expliquer. Aujourd'hui au Sénat, Meloni présentera les premiers détails officiels d'un "projet pour l'Afrique non prédateur, mais d'égal à égal”, sur lequel elle met largement en jeu sa crédibilité, tant sur le plan national qu'international. Pour remporter ce grand défi, Meloni a misé sur les relations avec l'Union européenne, qui, dans le cadre du plan Global Gateway, a déjà prévu de dépenser 150 milliards d'euros pour des projets de développement dans différentes régions du monde. Une porte-parole de la Commission a indiqué que l'UE “accueille favorablement le Plan Mattei, tant qu’il s'inscrira bien dans notre vision commune avec les États africains, ainsi que dans le plan Global Gateway, qui avance avec des projets ambitieux également dans les domaines de l'énergie, du numérique et de la sécurité alimentaire”. Ce plan devra petre développé sur différents secteurs, des migrations à l’électrification de nombreuses zones, de l’énergie, aux infrastructures, en passant par l’éducation. Un projet politique ambitieux pour une puissance moyenne comme l’Italie, mais qui peut réussir s’il est organisé correctement. L’opposition dénonce une « boite vide », mais Chigi répond par des chiffres. Le plan pourrait dépasser, avec les fonds du MEF, de la CDP et les fonds déjà existants, 4 milliards d'euros en 5 ans. Sergio Mattarella a déclaré lors du dîner d'ouverture du sommet que “l'espoir est de pouvoir concrétiser, après les discussions intenses des années précédentes, une relation encore plus forte entre le continent africain et l'Italie”, et a cité un proverbe africain : "Si tu veux aller vite, cours tout seul. Si tu veux aller loin, vas-y avec quelqu’un”. »
Giorgia Meloni et Ignazio La Russa au sommet Iralie-Afrique
EDITORIAL, Il Giornale, de Giovanni Castellaneta, diplomate, président de l’association Diplomatia, « L’Italie peut être au cœur de la relance du continent africain, mais avec l’aide de l’Occident. »
ARTICLE, Il Messaggero, « Le ministre de l’Intérieur annonce 34 expulsions de personnes soupçonnées de liens avec le terrorisme » : « Lors de son intervention dimanche après-midi à l’école de formation politique de la Ligue, le ministre de l’Intérieur Piantedosi (Indépendant) a souligné que l’alerte pour les risques d’attentat restait toujours élevée. ‘’Depuis le 7 octobre 2023 ; il y a eu 34 expulsions de personnes considérées comme dangereuses et soupçonnées d’appartenir à des organisations djihadistes ou en raison de leur radicalisation’’. ‘. ‘’L’Italie est dans le viseur de certains récits pro-djihadistes, elle demeure une cible de ceux qui veulent réaliser des actions hostiles contre l’Occident. Nous avons les compétences et les instruments juridiques qui nous ont jusqu’ici protégés. Nous avons les moyens d’intercepter ces personnes’’. Le ministre a également souligné l’importance des accords signés avec les pays africains. ‘’L’année passée, en considérant à la fois la Tunisie et la Libye, avec les personnes sauvées en mer et les départs déjoués, nous avons compté environ 140 000 migrants. Ce qui veut dire que nous en aurions eu le double sans cela.’’ Le ministre a ensuite exprimé ses craintes pour les nouveaux équilibres : ‘’ au Niger, l’alliance avec la France a été remplacée par l’alliance avec d’autres pays et cela est source de préoccupation en termes géopolitiques’’. ‘’La Libye et la Tunisie nous demandent de collaborer sur leur territoire pour contrer le phénomène important du transit et du séjour de migrants qui arrivent d’’Afrique Subsaharienne, dans la perspective de proposer des transferts avec des projets de rapatriement volontaire assisté’’. »
SONDAGE, La Repubblica, d’I. Diamanti, « Les Italiens déçus par les maires et les présidents de régions ; la confiance est au plus bas et ne se maintient qu’au Nord » : « En 2024, outre les européennes de juin, les Italiens voteront pour les présidents de 5 régions : d’abord en Sardaigne, puis dans les Abruzzes, dans le Piémont, la Basilicate et l’Ombrie. En plus, il y aura des élections dans 3 700 communes, soit près de la moitié des communes d’Italie. Cela marquera notamment l’entrée en vigueur du nouveau règlement mettant fin à la limite de mandats pour les maires des communes de moins de 5 000 habitants, et rendant possible un troisième mandat pour les maires des communes de moins de 15 000 habitants. Le 26ème rapport sur ‘’Les Italiens et l’Etat’’ réalisé par l’Institut LaPolis de l’Université d’Urbino et Demos montre que les régions et les communes ont gagné les faveurs des Italiens ces dernières années, en particulier suite à l’irruption du Covid qui a généré un besoin de ‘’protection’’ de la part des citoyens. Ce rapprochement avec les institutions et le besoin de références communes vaut aussi pour le Président de la République, Sergio Mattarella, populaire auprès de plus de deux tiers des Italiens. Mais avec le recul de la pandémie et l’avènement de nouvelles craintes, notamment avec les guerres plus ou moins lointaines, la confiance vis-à-vis des institutions a reculé. Cela dépend aussi de la taille des communes, la confiance résistant bien dans les communes de moins de 15 000 habitants, et dans le centre et le Nord de la Péninsule, où les collectivités locales ont plus de moyens et de ressources, et une plus grande autonomie administrative. Au Sud en revanche, il y a une plus grande dépendance vis-à-vis de l’Etat et la popularité des administrations locales est plus limitée. L’électorat du Parti démocrate (52%) et de Forza Italia (58%) a tendance à se dire confiants dans leurs communes alors que l’électorat de la Ligue fait davantage confiance à la Région (43%), probablement nourrie par des figures importantes comme Luca Zaia en Vénétie, Massimiliano Fedriga dans le Frioul-Vénétie-Julienne, ou Attilio Fontana en Lombardie. Fratelli d’Italia échappe à ces dynamiques en raison de son succès relativement récent, alors que le déclin du centre-gauche dans ses bastions historiques est notoire, plus souvent du fait de l’abstention que d’un report des voix à droite. Ainsi, on a associé les élections locales aux élections européennes, caractérisées par une forte abstention. Le sondage confirme le sentiment d’une ‘’démocratie incertaine’’ qui se diffuse. »
ARTICLE, Repubblica, C. Zunino : « " L'Europe nous affame" ; les néo-fascistes et les ‘no vax’ s'emparent de la révolte des tracteurs italiens» : « Les cinq dernières manifestations du mouvement des tracteurs ont permis d’enregistrer hier, dans l'ordre : un drapeau de l'Europe brûlé sur la Piazza Castello, à Turin, par l'agitateur ‘no vax’ Marco Liccione, un rassemblement aux portes d'Alessandria, une nuée de tracteurs devant le péage de l'autoroute de Orte, des remorques dans le centre d'Avellino, un cortège sur la route nationale 106, en Basilicate. "Nous sommes à bout", peut-on lire sur une pancarte, "cette politique ne protège pas le travail et la filière agricole nationale". Cela fait neuf jours que notre pays s’est associé aux manifestations européennes des agriculteurs, avec des actions qui touchent toutes les provinces italiennes et qui comptent désormais une centaine de piquets de grève. Les raisons de ces manifestations nationales sont claires : les producteurs de Vénétie auxquels chaque pomme coûte entre 30 et 40 centimes et qui sont contraints de la revendre à moins de 10, la concurrence du blé canadien et des fruits du Nord de l’Afrique, le coût du diesel, la vente des terres et - argument facile à faire passer auprès d'un public réactionnaire - l'Union européenne qui, avec son « Green Deal », impose des mesures pour rendre moins nocifs la production d'énergie et le mode de vie des citoyens du continent. Au cours des six prochaines années, les agriculteurs italiens seront contraints de reconvertir un quart des terres cultivées à l'agriculture biologique, ainsi que de réduire drastiquement l'utilisation des pesticides. Ce sont les mêmes craintes et les mêmes raisons de protestation des agriculteurs allemands, français, espagnols, hollandais, polonais, britanniques et serbes. Ils s’en prennent aussi au syndicat agricole Coldiretti, dont la fonction est perçue comme écrasée par les politiques du gouvernement, et au gouvernement, accusé d’avoir supprimé des déductions d’impôts pour le secteur lors de la dernière loi de finances. Outre les représentants des 400 000 entreprises agricoles italiennes, c’est aussi un monde réactionnaire et anti-système qui est descendu dans la rue, en saisissant l’opportunité offerte par cette nouvelle contestation. Danilo Calvani, un producteur de l'Agro Pontino qui aujourd’hui représente le groupe des ‘Agriculteurs trahis’ est l’ancien leader des ‘Forconi’ qui pendant trois jours, juste avant Noël 2013, avait représenté une grave crise pour le gouvernement Letta. Le ministre de l'Agriculture Francesco Lollobrigida, applaudi lors de son discours devant les tracteurs à Avezzano, affirme qu'en ce qui concerne le "Green Deal", il est en train de « faire changer d'avis » la présidente Ursula von der Leyen. Son discours n’a cependant pas suffi à dissuader les tracteurs de continuer à manifester. "Si le gouvernement ne nous donne pas de signal différent, nous irons à Rome", annonce l'agitateur Calvani. Le ministère de l'Intérieur est déjà en alerte sur le fait que cette manifestation puisse dégénérer en attirant les anti-système de l'ancien mouvement ‘no vax’. Les protestations des agriculteurs apparaissent comme une opportunité incontournable pour l'extrême-droite antisystème, et Forza Nuova est prête à alimenter la rancœur paysanne. »
ENTRETIEN, La Stampa, de Guido Crosetto, ministre de la Défense, par F. Olivo, « Le monde a changé, l’Italie doit se préparer, en cas de danger il faut des réservistes » : « L’Italie enverra un navire en Mer Rouge, qui s’ajoutera aux autres navires déjà présents dans la zone pour d’autres missions. […] Le Plan Mattei est à l’avant-garde, basé sur un périmètre clair, et les efforts politiques et économiques qui s’ensuivront seront très forts. Ce n’est pas du cinéma, le succès pour Meloni a été de faire comprendre aux pays occidentaux que nous sommes entrés dans le siècle de l’Afrique. Il y aura des mesures pour l’éducation, le commerce, la santé, la recherche, les infrastructures. Il y aura d’abord des expérimentations avec certains pays, puis cela sera élargi à d’autres. L’accord avec l’Albanie représente une tentative innovante, nous verrons ensuite quels résultats il donnera. L’article du Fatto Quotidiano m’accusant d’avoir anticipé une victoire de Poutine et l’élargissement du conflit au Moyen-Orient est faux et relève de la guerre hybride, heureusement mes propos avaient été enregistrés. La guerre en Ukraine durera encore longtemps et cela ne dépend pas de nous, car Poutine a encore en tête d’atteindre Kiev. Si nous nous détournons de cette cause, nous pourrions nous retrouver avec les chars de Poutine en bas de chez nous. Concernant la vente partielle des parts de l’Etat dans la Poste, il ne s’agit pas d’une véritable privatisation car l’Etat maintiendra son contrôle. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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