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14/12/2023

"Migrants, la Cour constitutionnelle albanaise suspend le protocole d’entente avec Rome."

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Italie. Revue de presse. 

Plusieurs sujets se partagent les Unes ce matin : « Migrants, la Cour constitutionnelle albanaise suspend le protocole d’entente avec Rome » (Corriere della Sera), « Conseil Européen, Meloni menace mettre son véto [au nouveau Pacte de Stabilité] » (Repubblica, Stampa), « Loi de finances, des mesures facilitant l’accès au crédit foncier » (Messaggero, Sole), « COP28, un accord historique pour le climat » (Sole 24 Ore, Corriere), « L’ère de la transition commence » (Avvenire). 

ARTICLE, Sole 24 Ore, L. Palmerini « Meloni choisit le duel avec Conte et la trêve avec Draghi » : « Le débat autour du MES doit être lu dans le contexte de la campagne électorale. Meloni doit désigner un responsable pour justifier le fait qu’elle doit prendre des décisions difficiles et revenir sur des positions que l’on croyait inébranlables. Ce n’est donc pas un hasard si Giuseppe Conte est devenu son adversaire principal, puisqu’il a dirigé deux exécutifs avant elle, sur lesquels faire retomber les responsabilités. En revanche Giorgia Meloni ne s’en prend pas à Elly Schlein, cheffe du Parti démocrate, car elle est exempte de toute expérience gouvernementale. Contrairement au passé, Meloni ne peut plus s’en prendre à l’Europe avec des slogans souverainistes car elle sait que dès le lendemain des élections de juin, des négociations politiques s’ouvriront à Bruxelles. Elle pourrait faire partie du groupe de ceux qui seront aux manettes. Dans ce contexte, Meloni a évoqué la photo de Draghi dans le train avec Macron et Scholz, avant de revenir sur ses pas car elle s’était trompée de contexte politique (le soutien à Kiev) mais aussi de cible (Draghi ayant encore du poids dans les milieux européens). C’est le sempiternel double discours de Meloni vis-à-vis de l’UE. Aujourd’hui, par exemple, elle négociera sur le Pacte de Stabilité avec Macron et Scholz alors que son parti Fratelli d’Italia ouvre son meeting à Rome en invitant le dirigeant de Vox. Ce double registre vaut aussi pour le MES : la majorité pourra difficilement éviter sa ratification car le premier à en pâtir serait le ministre de l’Economie, Giorgietti, qui s’est beaucoup investi lors des réunions européennes pour rassurer ses partenaires. » 

EDITORIAL, Corriere della Sera, de G. Giavazzi et L. Reichlin, « Règles (et cynisme) sur les comptes publics » : « Il semblerait qu’un accord ait été trouvé sur le Pacte de Stabilité. En réalité, bien que l’Allemagne et la France aient trouvé un compromis et que l’Italie ait décidé au dernier moment de leur emboiter le pas, il n’est pas certain que la proposition passe. S’il est encore tôt pour crier victoire, on peut se demander si ce nouveau Pacte constituerait un réel progrès par rapport à l’ancien. La proposition de la Commission européenne de novembre 2022 était courageuse, prévoyant d’abandonner l’application de règles uniformes à tous les pays et imposées par Bruxelles pour introduire une méthode plus flexible sur la base d’un plan à moyen terme présenté par chaque pays. Un procédé conciliant soutenabilité des comptes et spécificités propres aux différents pays. Toutefois l’Allemagne, et surtout le ministre de l’Economie Lindner, a jugé peu crédible cette proposition, manquant de confiance en la fermeté de la Commission pour faire respecter les règles, et a demandé les fameuses ‘’garanties’’, qui imposeraient un rythme plus soutenu dans le rééquilibrage des comptes et reproduiraient le risque le plus grave lié à l’ancien Pacte de Stabilité : celui de contraindre à réduire les dépenses publiques ou à augmenter les impôts lorsque l’économie est faible. On se serait attendu à ce que la France et l’Italie mènent la bataille pour éliminer ou au moins modifier ces ‘’garanties’’ mais cela n’a pas été le cas. Les négociations ont plutôt porté sur la procédure en cas de ‘’déficit excessif’’, sans surprises puisque la plupart des pays, y compris la France et l’Italie, y seront soumis dès janvier et ce pour les trois ou quatre prochaines années. C’est ainsi, les gouvernements en place se soucient de ce qui se passera à court terme. Voilà pourquoi on est passé d’une proposition courageuse de la Commission à un compromis politique de faible portée. La France a passé un marché avec l’Allemagne : accepter les nouvelles règles avec les ‘’garanties’’ sur la réduction de la dette et en échange pouvoir réduire le déficit plus lentement au cours des quatre prochaines années (ce qui concerne directement la France et l’Italie), non plus d’un demi-point par an mais d’environ la moitié. Cela laissera un peu plus de marge budgétaire à la France d’ici les élections de 2027, mais l’occasion d’une bataille sur les principes de la politique fiscale européenne a été perdue. La même critique vaut pour l’Italie qui a privilégié le court terme. Mais une fois sortis de la procédure d’infraction nous nous retrouverons avec un mauvais accord, complexe et peu transparent, et face au risque d’effets procycliques. Cette réforme semble toutefois meilleure que l’ancien Pacte qui serait très coûteux s’il était rétabli en janvier. On croise donc les doigts pour que l’accord franco-allemand passe, mais non sans une certaine amertume face au cynisme de la France, à la vision erronée de l’Allemagne et au silence de l’Italie. » 

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de F. Fubini, « A condition de mener certaines réformes, les intérêts de la dette ne seront pas comptabilisés dans le calcul du déficit » : « Une suspension des taux d’intérêts sur la dette (mais seulement pour 2025 et 2026) en échange de réformes : voici la principale concession que l’Italie semble avoir obtenue en vue de l’accord sur les nouvelles règles budgétaires européennes. L’accord qui se profile semble encore plus que complexe que les anciennes règles alors qu’il aurait justement dû les simplifier et ce pour une raison : chacun des trois principaux pays de la zone euro -Allemagne, France et Italie- avait un problème de politique intérieure à résoudre. Cet arrangement bricolé à partir d’exigences divergentes aidera (peut-être) quelques gouvernements à surmonter les prochaines étapes mais cela au prix de ne rien faire ou presque pour résoudre les problèmes de l’Europe dans un contexte international qui n’attendra certainement pas le Vieux contient avec ses retards technologiques et en matière de défense. L’Allemagne veut faire preuve d’austérité et d’inflexibilité alors que l’Italie et la France ont le même problème, celui de la procédure pour déficit excessif. Pour l’Italie cela impliquerait une forte contraction budgétaire d’environ 10 milliards d’euros pour la prochaine Loi de Finances puis pour les suivantes, jusqu’à ramener le déficit sous les 3%. Quel que soit les règles qui vaudront après 2027, Paris et Rome ont voulu s’assurer des conditions plus arrangeantes pour elles au cours de ces prochaines années, jusqu’aux élections de 2027 en France et un probable référendum constitutionnel en Italie (peut-être en 2026). Pour la suite, pour les contraintes et les difficultés d’investissement qu’impliquent les demandes allemandes après 2027, ce sera à d’autres de s’en occuper. L’Italie et la France ont obtenu que l’on tienne compte de la conjoncture économique pour les exigences de réduction du déficit : l’économie étant plus faible actuellement, l’austérité sera moindre. Mais elles ont surtout obtenu que les intérêts ne soient pas comptabilisés, or pour l’Italie ils augmenteront de 10 milliards en 2024 (pour 89 milliards au total), de 5,5 milliards en 2025 et de 9 milliards en 2026. Il aurait donc été très difficile de mettre sur pied les deux prochaines lois de finances. Mais les pays qui bénéficieront de ce calcul avantageux devront en retour suivre un ‘’programme ambitieux de réformes’’. Bruxelles demandera probablement une mise en œuvre réelle des engagements pris dans le cadre du Plan national de relance : lutte contre la fraude fiscale, ouverture de certains secteurs à la concurrence, efficacité de l’administration et de la justice civile. » 

ARTICLE, La Repubblica, T. Ciriaco et E. Lauria « Les négociations nocturnes : Meloni rencontre Scholz et Macron après la menace de Rome de mettre son véto sur le nouveau Pacte de Stabilité » : « Hier soir à l’Hôtel Amigo de Bruxelles, Meloni, Scholz et Macron se sont retrouvés autour d’une même table à la veille du Conseil européen. Une rencontre pour des négociations délicates, portant sur le Pacte de Stabilité, le budget pluriannuel et l’adhésion de l’Ukraine à l’UE. Le président français joue les négociateurs : ce n’est pas la première fois que l’Italie et l’Allemagne ont des positions distantes, notamment sur les règles budgétaires. Il faut surmonter un problème qui risque sinon d’enliser l’Europe. Meloni est claire sur un point : l’Italie ne veut pas signer un texte sur le Pacte de Stabilité qu’elle ne pourra pas respecter. Devant le Sénat, hier, Meloni a dit ouvertement ‘’je n’exclus rien’’, y compris la possibilité de mettre son véto. En Italie, Meloni s’apprête à faire adopter une loi de finances bien maigre et une correction budgétaire est déjà probable en juillet en 2024, lorsque l’Eurostat aura publié ses chiffres. C’est alors que la Commission pourrait demander à l’Italie et à d’autres pays de réduire leur déficit excessif. C’est la raison pour laquelle la négociation sur le Pacte de Stabilité est importante, car il déterminera le contexte dans lequel il faudra élaborer les nouvelles mesures budgétaires. Pour Meloni, s’il faut vraiment revenir à la rigueur, autant le faire avec des règles plus flexibles. Sans quoi l’exécutif se retrouverait sans marge de manœuvre en politique économique, avec des retombées sur la popularité de Meloni. La Présidence du Conseil préférerait un retour aux anciennes règles plutôt que l’entrée en vigueur d’un nouveau régime inédit pénalisant les économies endettées. Il s’agit là d’une stratégie afin de trouver un compromis avec l’Allemagne qui représente le véritable frein à la flexibilité demandée par l’Italie. Un régime transitoire allant jusqu’à 2027 permettrait d’amortir les politiques d’austérité que le gouvernement Meloni devra de toute manière adopter tôt ou tard. »

ANALYSE, Sole 24 Ore, A. Cerretelli « Un rendez-vous qui a une valeur historique pour faire valoir l’ordre européen » : « Avec l’agression russe en Ukraine et le Proche Orient en ébullition, il serait absurde de penser que les menaces extérieures à l’UE soient moins importantes. Pourtant, le Conseil Européen de jeudi et vendredi risque d’aboutir à un match nul maquillé en report. Non seulement à cause du barrage de la Hongrie et des décisions à prendre à l’unanimité. Derrière l’alibi hongrois se cachent les mécanismes pré-Brexit : les anciennes et nouvelles divisions au sein de l’Union. Mais aussi une métamorphose de ses démocraties. Cette fois-ci, toutefois, l’Union est appelée à des décisions historiques allant des aides à l’Ukraine à l’élargissement à Est, en passant par la révision du budget pluriannuel pour financier les transitions énergétiques. Et, bien sûr, la réforme du Pacte de Stabilité. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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