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06/10/2023

"Le changement de scénario, du dossier migratoire à l’économie."

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Italie. Revue de presse. 

La réunion de la Communauté politique européenne à Grenade, « Armes à Kiev, les doutes de l’UE » (Corriere della Sera), et sa réunion migrations en marge ; « Un pacte contre les passeurs » (Avvenire), « Meloni sur les migrants : « nous ne sommes pas isolés en Europe » » (La Nazione) fait la Une. Par ailleurs, la polémique autour du Parquet de Trapani ayant qualifié d’inconstitutionnelles les nouvelles règles sur les migrants irréguliers est aussi en Une : « La querelle entre le monde politique et les magistrats » (Corriere della Sera).  Les sujets économiques restent présents : « Le Spread dépasse la barre des 200 points mais pour Giorgetti l’Italie est « solide » » (Stampa) « Retraites, les craintes sur leur coût à partir de 2030 » (Sole 24 Ore). 

Les JT couvrent essentiellement les suites de l'enquête sur l'accident de bus à Mestre, le Sommet européen de Grenade, avec notamment les déclarations de Georgia Meloni et la réunion bilatérale avec le Chancelier allemand O. Scholz, la polémique autour du Parquet de Trapani ayant jugé inconstitutionnelles les nouvelles normes sur les migrants clandestins et enfin le début des tests d'évacuation dans les hôpitaux à Naples et l'approbation du décret du plan d'urgence pour les Champs Phlégréens. 

Sur X, le hashtag #Apostolico (en référence à la juge Iolanda Apostolico) domine, suite à la polémique lancée contre la juge par le ministre Salvini. 

ARTICLE, Repubblica, T. Ciriaco & E. Lauria, « Meloni, face à son allié Zelensky, confirme l’envoi d’armes d’ici la fin de l’année. Mais les stocks sont limités » : « Lors d'une rencontre bilatérale avec son homologue ukrainien, et malgré l'opposition croissante à l'envoi d'armes à l'Ukraine, Georgia Meloni a confirmé le huitième paquet d'aides à Kiev d’ici la fin de l'année. Washington a convaincu Rome de ne pas aggraver les dissensions. "C'est un soutien à 360 degrés" a juré Meloni, même si des incertitudes demeurent sur le contenu exact de cet envoi. Il devrait comprendre des missiles Aster 30 qui alimentent la batterie Samp-T, et des pièces de rechange nécessaires, mais pas autant que le réclamait Kiev. Quant aux missiles de longue portée Storm Shadow, la question est particulièrement délicate : ils pourraient frapper la Crimée et l’exécutif italien ne souhaite pas s’exposer comme l’ont fait les Français, les Britanniques, les Américains et les Allemands. En réalité, la Présidence du Conseil n’exclut pas le principe d’un don symbolique de quelques unités de missiles Storm Shadow sur les 200 que possède l’Armée de l’air italienne – même si cette décision, classée top-secret, ne sera pas rendue publique et ne suffira pas à répondre à la demande ukrainienne. Le sujet est à la fois technique et politique : Meloni a confirmé que l’Italie soutiendrait la défense ukrainienne “aussi longtemps que nécessaire”. Rome défendra donc, autant que faire se peut, le ciel ukrainien avec des systèmes anti-drones, même si le ministère de la défense ne dispose que de très peu de ces systèmes. Cependant, la présidente du conseil craint de payer cher cette décision auprès de l’opinion publique. Elle a rappelé à ses alliés européens et américains que la guerre avait des conséquences en termes d’inflation, de baisse de la croissance et d’immigration, et que ses conséquences devaient être traitées, sous peine de perdre le soutien de l’opinion sur l’envoi d’aides militaires à l’Ukraine – dans un contexte où moins de 50% des Italiens prennent le parti de Kiev. Hier, le M5S a demandé au ministre de la défense Crosetto de rendre compte devant le Parlement des rumeurs sur le 8ème paquet d’aides militaires – et pour confirmer la présence de missiles longue portée dans ce nouvel envoi. Giuseppe Conte a dénoncé une “stratégique belliciste”. Si le Ministre a déclaré qu’il se rendrait volontiers devant la Chambre des députés, ce passage s’annonce difficile pour le gouvernement qui devra sonder les intentions de la Ligue – et vérifier le soutien quant à ces nouveaux envois d’armes. » 

COMMENTAIRE, Il Foglio, D. Carretta « Une Communauté européenne divisée » : « il aura fallu la présence du président ukrainien pour donner un sens à cette réunion de la Communauté Politique européenne (CPE) où toutes les faiblesses aux frontières de l’Union ont fait surface. Après seulement une année d’existence, la CPE est déjà en crise. Elle aurait dû contribuer à résoudre les grands défis géopolitiques. Or, à Grenade, les Européens se retrouvent face à leur impuissance au sein même de leur continent : du Haut-Karabakh au Nord du Kossovo en passant par l’enlisement de l’adhésion de la Suède à l’OTAN. Malgré ses efforts, le président du Conseil Européen Charles Michel n’a pas réussi à s’imposer comme médiateur entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. […] L’autre grand absent au rendez-vous était le président turc Erdogan. Personne n’a pu lui rappeler sa promesse solennelle de ratifier l’entrée de la Suède dans l’Alliance Atlantique. » 

TRIBUNE CONJOINTE, Corriere della Sera, de Giorgia Meloni, Présidente du Conseil de la République italienne, et Rishi Sunak, Premier ministre du Royaume-Uni, « Pourquoi les arrivées clandestines doivent être endiguées » : « En tant que chefs des gouvernements italien et britannique, nous travaillons ensemble pour freiner les flux migratoires traversant la Méditerranée et la Manche, et nous demandons à tous d’agir avec la même conscience de l’urgence. Il s’agit d’une crise éthique, avec des réseaux de criminels qui exploitent la misère des plus vulnérables. D’une crise humanitaire, avec le naufrage d’embarcations dangereuses et déjà plus de 2 000 victimes cette année. Mais aussi d’une crise européenne. Nous avons une position commune et le moment est venu d’agir. Il n’y a qu’en interrompant le flux de migrants clandestins que nous retrouverons la confiance des citoyens britanniques et italiens, et ce également en matière de coopération européenne et internationale. Il n’y qu’ainsi que nous pourrons protéger le rôle historique de nos deux Nations comme terres d’asile et de refuge, et prendre soin de ceux qui ont vraiment besoin de notre aide. Notre détermination a déjà commencé à porter ses fruits. Le débat européen a pris une nouvelle tournure et l’inefficacité de l’approche actuelle a été reconnue. La nécessité d’une coopération plus étroite et de mesures plus sévères contre les passeurs est une opinion de plus en plus répandue. Nous sommes donc ouverts à discuter, avec nos partenaires européens et pays voisins, de nouvelles ententes afin de bloquer les départs. Le ‘’Processus de Rome’’, portant sur le développement et l’immigration, sera crucial afin de promouvoir de nouveaux partenariats au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Nous saluons le plan en 10 points récemment présenté par Ursula von der Leyen. Nous devons aussi améliorer notre capacité de coordination sur le terrain et de partage de l’information. Les partenariats du Royaume-Uni en matière d’immigration avec des pays comme la France ou l’Albanie portent déjà leurs fruits. Nous travaillons intensément à de nouvelles initiatives bilatérales avec des partenaires-clef comme la Belgique, la Turquie ou l’Agence Frontex. Hier, en marge du sommet de Grenade, nous avons échangé avec nos homologues de toute l’Europe sur comment combattre la criminalité organisée liée à l’immigration. Les passeurs s’adaptent et mettent en place de nouvelles stratégies, nous devons opérer un tournant dans notre action pour détruire leurs chaînes d’approvisionnement. Au cours de la rencontre, organisée conjointement, avec la Commission européenne et les pays européens les plus touchés par le phénomène migratoire, il a été convenu de se soutenir réciproquement pour faire face aux défis soulevés par l’immigration illégale. Nous sommes fiers que l’Italie et le Royaume-Uni travaillent main dans la main dans ce domaine car, comme dans de nombreux autres domaines, nos perspectives et nos objectifs sont les mêmes. Nous sommes aujourd’hui parmi les Nations les plus proches en Europe. Ensemble, nous avons notamment donné l’exemple sur l’Ukraine. En tant que membres de l’OTAN, nous continuerons à travailler ensemble pour renforcer la sécurité de l’Europe contre les menaces d’instabilité. Le Royaume-Uni, l’Italie et le Japon ont récemment lancé un partenariat sans précédent pour la construction de la prochaine génération d’avions de chasse de combat, afin de renforcer notre défense collective et générer de l’emploi et de la croissance pour nos économies. Mais notre coopération ne s’arrête pas là : à l’automne prochain nous nous rencontrerons à nouveau lors du Premier sommet mondial sur la sécurité de l’Intelligence artificielle qui se tiendra au Royaume-Uni, puis en 2024 sous la présidence italienne du G7 et lors du prochain Sommet de la Communauté politique européenne qui aura lieu au Royaume-Uni. Nous placerons donc ces sujets à fort enjeu - Ukraine, immigration, intelligence artificielle – en haut de l’agenda international. Ensemble, le Royaume-Uni et l’Italie cherchent à apporter des solutions structurelles et de long terme aux plus grands enjeux globaux. En matière d’immigration illégale, nous sommes déterminés à faire tout le nécessaire pour lutter contre les réseaux criminels, à mettre une fois pour toute un terme à cette crise éthique et humanitaire et à rétablir le droit en matière d’immigration. »

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Le Premier ministre britannique Rishi Sunak et Giorgia Meloni

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, de M. Galluzzo, “L’axe Meloni-Sunak pour le ‘’pacte’’ en 8 points avec l’UE et Macron » : « Mettre en commun des données, des informations, des images satellites, mettre en place un service de renseignement à l’échelle d’un groupe de pays européens (pas forcément toute l’UE) afin de canaliser les efforts pour lutter contre les réseaux de passeurs. C’est l’idée qui a émergé d’une réunion opérationnelle qui s’est tenue hier en marge du Sommet de Grenade et à laquelle ont participé le Royaume-Uni, l’Italie, l’Albanie, la France, les Pays-Bas ainsi que la présidence de l’UE. Une réunion coordonnée et voulue par le Premier ministre britannique Rishi Sunak et durant laquelle tous les participants, à commencer par Giorgia Meloni et Emmanuel Macron, se sont accordés sur 8 points et un principe : au-delà des actions politiques et des accords bilatéraux avec les pays de provenance de l’immigration illégale, il faut passer à une phase 2 faite d’actions concrètes. Ils ont par exemple évoqué les usines où sont fabriquées les embarcations, en Tunisie et en Libye, qui sont ensuite utilisées par les passeurs. De même qu’une cartographie de toutes les embarcations existantes à ce jour, grâce à des technologies satellitaires, et un screening en temps réel des flux de migrants d’un pays à un autre. S’ensuivrait une série d’actions ciblées afin de démanteler la logistique des trafiquants et ce, dans le cas de la Tunisie et de la Libye, d’un commun accord avec les autorités locales. Le chancelier allemand Olaf Scholz n’était pas présent, ni même l’hôte espagnol, Pedro Sanchez. Des sources italiennes assurent toutefois que ‘’les Espagnols étaient naturellement informés et invités’’ et que ‘’le format était ouvert à quiconque souhaitait participer’’. La rencontre a été décrite comme le ‘’passage du diagnostique au traitement’’ par les mêmes sources. Le thème sera traité aujourd’hui dans le cadre du Conseil informel et les discussions s’annoncent tendues. Le Premier ministre polonais a répété sa ferme opposition au nouveau Pacte sur l’immigration et l’asile, qui s’est pourtant débloqué après l’opposition entre Rome et Berlin sur les ONG. En arrivant à Grenade hier Meloni s’est dite ‘’satisfaite’’ du texte qui ‘’tient de plus en plus compte des exigences de l’Italie’’ même s’il faut ‘’encore accélérer’’ sur la dimension extérieure qui intéresse particulièrement l’Italie. C’est justement ce sur quoi portait la réunion avec le Royaume-Uni et la France. Le polonais Morawiecki a demandé une rencontre bilatérale aujourd’hui avec Giorgia Meloni et le hongrois Orban aurait formulé la même demande. La tenue d’une rencontre entre Giorgia Meloni et Olaf Scholz a en revanche été confirmée par la Présidente du Conseil elle-même. »

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COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco « Un pas en avant [a été accompli] mais le vrai défi reste économique » : « La satisfaction de la Présidente du Conseil est à la fois explicite et contenue. Meloni semble surtout soulagée car elle a évité de se retrouver isolée au niveau européen. Sa persévérance montre qu’elle a conscience de devoir négocier avec les autres pays de l’UE et qu’elle ne souhaite pas d’affrontement direct. L’accord arraché à l’Union sur la gestion des crises la pousse à dire que ‘’la perception et les intentions de l’Europe sur l’immigration sont en train d’évoluer vers une ligne plus pragmatique’. C’est toutefois un pari compliqué et destiné à générer d’autres tensions car il se heurte inévitablement à la campagne électorale pour les européennes de 2024. Mais aussi car, sur les migrants, la Présidence du Conseil sera mise à rude épreuve non seulement par l’UE mais aussi par ses alliés. Ce que nous avons vu ces jours-ci montre l’impossibilité d’agir au-delà des canaux diplomatiques et sans l’implication des institutions européennes. Attaquer l’Europe « qui nous abandonne » comme le dit souvent le dirigeant léghiste Salvini, ne semble pas donner de grands résultats. Se concentrer sur ce sujet avec de fortes composantes électorales pourrait faire passer en second plan une situation économique et sociale qui se détériore rapidement. Pourtant, c’est bien le véritable défi, qui nécessitera de la fermeté et une grande capacité de médiation. » 

COMMENTAIRE, Sole 24 Ore, L. Palmerini « Le changement de scénario, du dossier migratoire à l’économie » : « La réunion de Grenade, marquée par l’effort diplomatique de Meloni afin de placer au premier plan le dossier migratoire, fait la Une mais cela ne durera pas longtemps. Si l’immigration reste une priorité, le calendrier même impose d’autres thématiques difficiles à gérer. A commencer par la loi de finances : d’ici une dizaine de jours, elle sera envoyée à Bruxelles pour passer le test et sera également examinée de près par les marchés. Il faut alors s’attendre un changement de scénario dont on a déjà pu observer les prémisses avec le Spread qui a à nouveau dépassé le seuil des 200 points ou avec les parts de la dette publique qui ont bondi à 5%. Le tableau général n’est pas du tout rassurant. Au sujet des migrants, il est possible de verser dans la propagande avec des messages politiques d’alerte adressé à l’opinion publique, mais sur la gestion des finances le terrain est beaucoup plus glissant. Il suffirait d’une déclaration déplacée ou d’une inquiétude mal exprimée pour créer des turbulences, puisque l’Italie est un pays fortement endetté. Mais dans ce cas, ce sont les Italiens qui en payeraient le prix fort. Ce serait la double-peine : en tant que contribuables et en tant qu’épargnants, puisque beaucoup ont acquis les bons du trésor. » 

ARTICLE, Corriere della Sera, A. Panebianco, « Nos dangereuses fragilités » : « Le véritable point faible de ce gouvernement, son talon d'Achille, ainsi que des gouvernements qui l'ont précédé (à une exception près) est l'absence d'un accord fondamental, parmi ses principales composantes, sur ce que doit être la position internationale de l'Italie. Un désaccord qui apparaît avec d’autant plus de force à l'approche des prochaines élections. Par conséquent, le conflit au sein de la coalition gouvernementale s'intensifie. C'est la situation exactement inverse de celle de l'époque de la Guerre froide : à l'époque, personne ne pouvait faire partie de l'exécutif s'il ne partageait pas ses choix fondamentaux sur le terrain (atlantisme, européanisme). Mais aujourd'hui, tout le monde est libre : atlantistes et pro-poutinistes, partisans convaincus du soutien à l'Ukraine, pro-européens (bien que critiques) et anti-européens, le diable et l'eau bénite se partagent les responsabilités gouvernementales. Notons que si l'exécutif était aux mains de l'opposition actuelle, les choses ne seraient pas tellement différentes : là encore, le diable et l'eau bénite gouverneraient ensemble. Il n'y a qu'un seul exemple récent de gouvernement ayant eu une position cohérente, acceptée par tous les partenaires de la coalition, sur la position internationale de l'Italie : le premier gouvernement de Giuseppe Conte, l'alliance entre le Mouvement 5 étoiles et la Ligue. À l'époque, et tant que ce gouvernement a duré, il existait une véritable "affinité élective" entre les membres de la coalition sous la bannière de l'anti-occidentalisme. Au moment où Giorgia Meloni se trouvait à Lampedusa avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le vice-Président du Conseil Matteo Salvini était occupé à confirmer son alliance avec l'anti-européenne et pro-Poutine Marine Le Pen. Aujourd'hui, la coexistence des contraires est une chose normale et acceptée. Giorgia Meloni semble déterminée à défendre les positions atlantistes et à maintenir le cap concernant l'Ukraine, tout comme sa décision d’adopter en Europe exactement la même posture que tous les autres gouvernements européens : en défendant de temps en temps ce qu'elle considère, à tort ou à raison, comme l'intérêt national et en essayant d'arracher des compromis satisfaisants. Du résultat électoral en Slovaquie à la force des trumpistes au Congrès américain qui se répercute sur la politique de l'administration Biden, la cohésion des démocraties occidentales est en danger. Le soutien à Kiev est menacé. Dans ces conditions, les ennemis du soutien occidental, présents dans de nombreux pays et notamment en Italie où ils sont très forts et peuvent compter sur une partie de l'opposition mais aussi sur de nombreux amis dans les rangs de la majorité, pourraient bientôt relever la tête. Déstabiliser les gouvernements. Avec toutes ses fragilités, l'Italie est, parmi les démocraties occidentales, particulièrement exposée aux risques générés par une forte augmentation des turbulences internationales. Dans les années 1920 et 1930, dans un climat international défavorable à la démocratie, de nombreuses démocraties européennes se sont effondrées (l'Italie la première). Dans le climat politique qui règne aujourd'hui dans le pays, il ne semble pas possible de faire ce qui serait pourtant hautement souhaitable : que les différentes têtes pensantes de la politique (présentes tant dans la majorité que dans l'opposition) mais aussi de l'économie et des autres secteurs de la classe dirigeante, s'assoient autour d'une table, sans confondre les rôles, afin de comprendre comment minimiser les dégâts et protéger notre fragile démocratie. » 

COMMENTAIRE, La Stampa, M. Sorgi : « Le ‘’Capitaine’’ Salvini sur les traces de Berlusconi » : « Berlusconi avait commencé, en son temps, par des attaques personnelles contre les magistrats, basées sur des observations superficielles de leur vie privée. Mais cela ne lui a pas servi à grand-chose. Ainsi, son obstination à faire passer une magistrate pour une sorte d'agitatrice sociale pourrait bien se retourner contre Salvini. Il a posté une vidéo [d’une manifestation contre la politique du gouvernement sur les migrants, à l’époque où Salvini était Ministre de l’Intérieur, ndr] où l'on voit clairement le visage de la juge Apostolico qui a signé l'ordonnance refusant de détenir trois migrants tunisiens dans un centre de rapatriement, n'appliquant donc pas les nouvelles règles en matière d'immigration. Son expression n'est manifestement pas celle d'une militante, et elle pourrait aussi justifier sa présence pour des raisons familiales, car son mari y participait. Pourtant, la polémique a servi à créer une division, tant au Parlement qu'au sein du Conseil Supérieur de la Magistrature, et entre le gouvernement et l'ANM, le syndicat des magistrats, qui observe que le statut de tiers d'un juge doit être établi sur la base de ses décisions qui font, de plus, l’objet d’appel. Qu'est-ce qui a poussé Salvini à s’en prendre frontalement à la juge Apostolico ? Sans doute la volonté de reprendre la main sur le sujet des immigrés clandestins, au moment où toute l'attention se porte sur Meloni, qui en discute au niveau européen. Mais il y a probablement plus. Comme il ne se lasse pas de le répéter, Salvini est jugé à Palerme pour les décisions qu'il a prises lorsqu'il était ministre de l'Intérieur (2018-2019), notamment le bras de fer avec les navires des ONG chargés de migrants bloqués au large. Ses avocats lui conseillent d'éviter les conflits avec la magistrature, qui tôt ou tard, devra se prononcer. Si Salvini fait le contraire, ce n'est pas seulement à cause de son tempérament. C'est probablement parce qu'il veut créer un climat politique dans lequel une éventuelle condamnation, qui n'est pas du tout probable mais pas non plus à exclure, peut être utilisée comme une nouvelle démonstration d'une justice politisée. Dans ce cas aussi, l’expérience de Berlusconi devrait donner une leçon : une condamnation, quand elle arrive, ne peut pas être effacée avec de la propagande. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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