07/09/2023
"Les gangs de mineurs, la nouvelle croisade de Salvini."
Italie. Revue de presse.
La réunion des chefs de parti de la majorité autour de la loi de finances ainsi que l’annonce d’un décret contre les violences commises par des mineurs font les gros titres : « Loi de finances : le tour de vis sur les comptes » (Corriere della Sera), « La majorité est d’accord sur un budget sobre » (Avvenire), « Les gangs de mineurs, la nouvelle croisade de Salvini » (La Repubblica), « Des peines plus sévères pour les délits commis par les mineurs » (La Stampa), « Les mineurs violents seront privés de téléphone » (Il Messaggero).
Sur X, le hashtag #Gentiloni domine, du nom du Commissaire européen à l’Economie, Paolo Gentiloni, suite aux propos de Salvini qui l’a accusé de ne pas aider l’Italie.
COULISSES, Corriere della Sera, M. Franco : « Un gouvernement fort, mais avec une marge d’action plus étroite » : « Plutôt que d'envisager une loi de finances par soustraction, en supprimant une grande partie des promesses électorales, la question est de savoir comment la majorité va combler le vide. Derrière le mot d'ordre de Giorgia Meloni de vouloir "resserrer les rangs" et d'empêcher une "attaque à l'Etat", on devine que le gouvernement est conscient d'avoir des marges très étroites ; mais aussi le désir de ne pas les élargir démesurément, pour éviter de provoquer une réaction européenne face à une augmentation des dépenses publiques. La solidité parlementaire de la droite a prouvé plus d'une fois, comme hier, qu'elle est loin d’être à toute épreuve. Les difficultés naissent presque exclusivement au sein de la coalition. Le choix de la Présidente du Conseil de ne pas vouloir ignorer les contraintes européennes semble encourager ses alliés, notamment la Ligue de Matteo Salvini, à se montrer intolérants à toute contrainte budgétaire. Et l'alliance de droite agira en fonction de cet objectif : avec unité et collaboration, selon la version officielle ; avec une concurrence acharnée en coulisses, selon les aveux officieux. Ce défi a une trame déjà esquissée : il s'agira de la capacité de Meloni à s'affranchir du populisme de ses alliés et à se présenter en juin avec un visage modéré. Ce ne sera pas un combat facile, et il sera fortement conditionné par les sondages qui assurent encore à la Présidente du Conseil une avance solide, bien qu'avec une légère baisse des consensus électoraux. Par ailleurs, le seul épilogue que tout le monde exclut, y compris ceux qui, à droite, veulent la mettre en difficulté, est une crise du gouvernement Meloni. Les hésitations des Centristes, avec les attaques sur les seuils de 3 ou 4 %, confirment des manœuvres à court terme. Le véritable enjeu se jouera à l'échelle européenne, dans un contexte transformé par rapport au passé. Mario Draghi, ancien président du Conseil et de la BCE, s’est exprimé à ce sujet lors d’un entretien à l'hebdomadaire britannique The Economist : pour dire que les stratégies du passé sont désormais mortes, et que vouloir reproposer pour les politiques budgétaires "les vieilles règles suspendues pendant la pandémie serait la pire des issues". Ce que ce scénario sans précédent implique pour l'Italie sera plus clair dans les prochains mois. Il ne reste plus qu'à espérer que, face à un maigre paquet de concessions économiques, la majorité ne cherchera pas à se détourner vers des réformes constitutionnelles. »
COMMENTAIRE, Repubblica, I. Sales « Violence des mineurs, la réponse qui ne résout pas le problème » : « Dans aucun pays démocratique occidental, l’augmentation d’une peine n’a diminué le nombre de délits graves. Dans aucun pays démocratique occidental, l’abaissement de l’âge pour pouvoir procéder à une arrestation n’a fait reculer le nombre de délits commis par des mineurs. Ces phénomènes ont des temps d’incubation longs et il serait ridicule de les affronter avec quelques coups de filet, des sanctions ou la prison. L’Italie demeure l’un des pays européens avec l’écart le plus élevé entre riches et pauvres, entre hommes et femmes, entre le Nord et le Sud. Et cela est vrai surtout dans les banlieues du Sud. Il faut que l’Etat empêche que le chômage ne se transforme en désespoir. La classe dirigeante doit aussi s’interroger sur les choix d’urbanisme de ces derniers 50 ans. Or, la droite au gouvernement est en train d’affirmer une logique de guerre qui se heurte à notre tradition politique et civile. Pour trouver une réponse à ces problèmes, il faut du temps, des sanctions alternatives, des ressources économiques, culturelles et professionnelles importantes. Sans cela, la main de fer montrera toute sa fragilité et se transformera en main d’étain. »
COMMENTAIRE, Sole 24 Ore, L. Palmerini « La première loi de finances de Meloni mais aussi de Schlein » : « Certes, vu du côté de l’opposition, tout apparait plus simple, il n’y a pas de calculs casse-tête à résoudre entre le déficit, le PIB et la dette. Il n’y a pas l’angoisse de trouver des ressources pour des mesures avec lesquelles faire aussi de la campagne électorale. Surtout, il n’y a pas de bras-de-fer entre les alliés pour ses répartir des promesses de campagne souvent coûteuses. Toutefois, la règle reste la même : il s’agit d’un petit manifeste politique avec lequel les partis tentent d’établir un lien social avec leur électorat réel (et potentiel). Le choix que Schlein semble vouloir faire avec Conte (M5S) et Calenda (Azione) sur le salaire minimum et sur la santé publique apparait intéressant. En effet, il y a bien une urgence, cela est évident, puisque plusieurs périmètres de la santé sont désormais relevés par des privés et puisque faire de la prévention dans le secteur public est devenu impossible en raison des temps d’attente. La cible des oppositions ne se focalise plus sur les classes les plus démunies mais sur la classe moyenne, déjà mise à dure épreuve par deux ans d’inflation à laquelle s’ajoute l’incertitude des coûts sur la santé. Bref, le PD, le M5S et Azione ont repéré un bassin social plutôt large sur lequel travailler. Il y aura prochainement une réunion pour avancer des propositions communes dans le but de faire de la santé publique ce qu’a très bien marché avec le salaire minimum : soulever le débat pour qu’on en parle. Ce sujet concerne aussi un aspect financier délicat : les Régions ne parviennent plus à soutenir le poids des coûts demandés par les nouvelles technologies médicales. Pour qu’ils soient crédibles, Schlein, Conte et Calenda devront faire une proposition exposant en détail avec quelles recettes elle sera financée, surtout maintenant que la réforme de l’autonomie régionale met en exergue les écarts déjà énormes entre le Nord et le Sud. C’est peut-être aussi un escamotage pour faire couler le projet de la Ligue dans une campagne électorale qui s’annonce dure. »
ENTRETIEN de Roberta Metsola, présidente du Parlement UE, Corriere della Sera, F. Basso : « ‘’ Le pacte entre le PPE et la gauche est solide sur l’Etat de droit et social. Les conservateurs sont différents. Les eurosceptiques ? Ils sont sous-estimés ‘’ » : « " Les tendances nationales du vote montrent que si nous disons que nous appartenons au centre constructif, nous ne répondons pas aux vrais problèmes. S'il y a une ligne de fracture, ce sera sur ce point : si nous pouvons ou pas créer un parlement efficace avec un processus décisionnel efficace. Nous devons faire en sorte de protéger l'industrie, ne pas abandonner nos ambitions climatiques et garder les citoyens au centre de nos décisions. " La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, s'entretient avec un groupe de médias européens, dont le Corriere, quelques jours avant le discours sur l'état de l'Union que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, prononcera la semaine prochaine à Strasbourg, avant la session plénière, qui sera le dernier de cette législature. ‘’ C’est le moment pour l'Europe de se réformer et de redémarrer après des années très difficiles. Nous attendons des objectifs concrets, la mise en œuvre de ce qui a été promis, peut-être moins de nouvelles lois et plus de vision. Ainsi qu'un soutien continu à l'Ukraine". " L'erreur du passé a été de faire croître l'euroscepticisme parce que les partis du centre ont considéré leurs électeurs comme acquis", "il est plus inquiétant que les gens ne votent pas plutôt qu'ils votent pour les extrêmes". ‘’ C'est grâce aux grandes majorités, avec le centre comme point ferme, que nous avons réussi à gérer en un peu plus d'un an la réglementation des géants du numérique, les dossiers sur l'intelligence artificielle, la migration, le climat, la Cbam (taxe carbone aux frontières, ndlr), le fonds social pour le climat. Oui, il y a parfois des divisions. Nous sommes un parlement et c'est l'expression de la démocratie". "Dans certains pays, l'attention autour du QatarGate a été plus importante que dans d'autres. Ce que je crains, c'est qu'il ne soit utilisé par les eurosceptiques, par ceux qui veulent attaquer le Parlement européen pour son travail en matière d'état de droit. " Le thème d’une diminution de l’activité législative n’a pas été soulevé seulement par un groupe politique, mais aussi par le président français. Nous devons comprendre ce que nos citoyens attendent de nous. J'aimerais voir un peu plus de propositions, un meilleur chiffrage des propositions et une plus grande application des règles, plutôt qu'une nouvelle réglementation là où elle n'est pas jugée nécessaire ou là où elle est perçue comme nécessaire, mais ne l'est pas. Où que j'aille, une certaine flexibilité est nécessaire et un argument utilisé par les premiers ministres est celui de comment battre une population eurosceptique qui ne cesse d’augmenter. Q : Voulez-vous devenir présidente de la Commission européenne ? R : "Pas de spéculation. Ursula fait un excellent travail. Je me concentre sur ma candidature à la réélection dans mon pays pour gagner mon siège. ‘’ »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
17:22 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.