19/07/2023
"L’hommage à Paolo Borsellino et son escorte, avec le déplacement de Giorgia Meloni en Sicile."
Italie. Revue de presse.
La condamnation à trois ans de prison du chercheur égyptien Patrick Zaki fait les gros titres de la presse italienne, « Zaki, une condamnation choc, l’espoir d’une grâce » (Corriere della Sera), « Zaki retourne en cellule, l’Italie prépare la demande de grâce en vue du sommet avec l’Egypte » (La Repubblica), « Le cauchemar de Zaki » (La Stampa), « Médiation de l’Italie pour obtenir la grâce » (Messaggero), « Zaki utilisé pour frapper le gouvernement » (Libero). La participation de Giorgia Meloni aux commémorations de l’assassinat du juge anti-mafia Paolo Borsellino à Palerme (« Borsellino, mémoire et tensions » Corriere della Sera, La Repubblica, « Meloni, hommage à Borsellino, sans procession et sans journalistes » La Stampa), le débat sur le salaire minimum et la vague de chaleur sur l’Italie sont également cités.
Les JT couvrent essentiellement l’hommage à Paolo Borsellino et son escorte, avec le déplacement de Giorgia Meloni en Sicile, la vague de chaleur historique qui touche l’Italie avec les premiers incendies dans les Pouilles, la condamnation de Patrick Zaki et les forts vents qui ont frappé la province de Belluno en Vénétie.
Sur Twitter, le hashtag #PaoloBorsellino domine en ce jour anniversaire de l’attentat de la rue d’Amelio dans lequel le juge anti-mafia avait trouvé la mort.
"En mémoire de Paolo Borsellino et de son escorte."
LETTRE, Corriere della Sera, de Giorgia Meloni, Présidente du Conseil, « Voici pourquoi je n’irai pas à la procession» : « Cher directeur, le 19 juin [1992], il y a 31 ans, la mafia a tué le juge Paolo Borsellino et cinq agents de son escorte. Comme chaque année, je serai aujourd’hui encore à Palerme pour rendre hommage à leur mémoire et réaffirmer mon engagement personnel et celui de tout le gouvernement contre les mafias. Je présiderai le Comité pour l’ordre public et la sécurité afin de faire le point sur le travail accompli en matière de lutte contre la criminalité organisée que les institutions mènent à tous les niveaux. Ces derniers jours, des commentaires en tout genre ont été faits à propos de ma présence à Palerme. Il a même été écrit que je déserterai les commémorations car je serais ‘’en crise avec le mythe Borsellino’’. Cela est, naturellement, faux. De même qu’il est écœurant de tenter d’instrumentaliser mon impossibilité – due à d’autres engagements – de participer également à la traditionnelle procession à Palerme, organisée par la ‘’comunità ‘92’’ et le ‘’Forum XIX luglio’’, devenue au fil du temps une manifestation appréciée et suivie. Et à laquelle j’ai toujours fièrement participé. Je me souviens, comme si cela datait d’hier, du profond et viscéral refus de la mafia que j’éprouvai, alors jeune fille, face aux images de l’attentat de la rue d’Amelio. De ce refus naquit le long et convaincu engagement politique qui m’a amené jusqu’ici, de simple militante d’un mouvement de jeunesse à la Présidence du Conseil des ministres. C’est pourquoi je ne peux être que profondément fière du fait que le gouvernement que je préside aujourd’hui ait eu, dès son premier jour, la détermination et le courage nécessaires pour affronter le cancer mafieux la tête haute. Les faits le démontrent. Nous avons garanti des acquis fondamentaux comme la restriction des aménagements de peine, et si aujourd’hui des chefs mafieux du calibre de Matteo Messina Denaro sont emprisonnés [sous le régime le plus strict dit] ‘’41 bis’’, nous le devons précisément à cet engagement. Nous avons débloqué les recrutements dans les forces de l’ordre, nous nous sommes mobilisés aux côtés des magistrats et de ceux qui, chaque jour sur le territoire, mènent la bataille contre la mafia, nous travaillons à une mesure qui permette une interprétation authentique de ce qu’il faut entendre par ‘’délit de crime organisé’’ et qui conjure le risque que de graves délits restent impunis suite à une récente sentence de la Cour de Cassation. Il reste encore beaucoup à faire mais notre engagement ne s’épuisera jamais. Tout simplement parce que la lutte contre la mafia fait partie de nous, c’est un pan central de notre identité, c’est la question morale qui oriente notre action quotidienne. Nous le devons à Paolo Borsellino et à tous ceux qui ont sacrifié leur vie pour la justice et fait honneur à l’Italie. »
ENTRETIEN, Corriere della Sera, d’Elly Schlein, secrétaire du Parti démocrate, par M. Guerzoni, « Un salaire minimum en dessous de 9 euros c’est de l’exploitation. Je veux maintenant donner une identité claire au Pd » : « Nous avons fait en sorte que le Pd redevienne la première force d'opposition, en dépassant nettement les 20 %, et nous pouvons regagner la confiance de nombreuses personnes qui s'étaient éloignées du parti. Nous nous présentons pour gagner les élections européennes et nous sommes la seule force politique qui n'a jamais été ambiguë sur l'UE. Je me souviens que lorsque Giorgia Meloni a fondé son parti il y a des années, elle a appelé à une sortie de l'euro. Concernant le salaire minimum, il s’agit d’une mesure sur laquelle les oppositions se sont unies pour exiger qu'on ne descende pas en dessous de 9 euros de l'heure, autrement c'est de l'exploitation et cela ne peut pas être légal. L'amendement de suppression signifie que l'on piétine les droits de trois millions et demi de travailleurs qui, selon les données de l'Istat, sont pauvres même s'ils travaillent. Si la mesure est rejetée, nous continuerons à nous battre au Parlement, mais nous devrions recueillir des signatures dans tout le pays. 75 % des Italiens y sont favorables. Je cherche maintenant à relancer le Pd. Ensuite, nous continuerons à rechercher la convergence avec les autres forces intéressées par la construction d'une alternative à la droite, dont le M5S. Le gouvernement est d’ailleurs en retard sur le Pnrr, cela fait neuf mois qu'il parle de changements et neuf mois qu'il est incapable de les présenter au Parlement et au pays. Ils ont déjà mis noir sur blanc que la quatrième tranche, si elle arrive, ne nous parviendra qu’en 2024. Par ailleurs, le 26 juillet, nous voterons la motion de censure du M5S contre Santanchè. En Italie et en Europe, d'autres ministres ont démissionné pour des faits beaucoup moins graves. Dans l'hémicycle, elle a fait de fausses déclarations, c’est inacceptable. Nous nous battrons aussi pour modifier le projet de loi sur la réforme de la justice. Il me semble difficile que cette réforme puisse résoudre les problèmes critiques du fonctionnement de la justice. Le gouvernement a ouvert un conflit institutionnel très dangereux avec le pouvoir judiciaire. Je pense que la séparation des carrières des magistrats comporte des risques dans un système comme le nôtre. Sur la question des divergences au sein du Pd, je ne crois pas que Stefano Bonaccini créera un courant d’opposition. Il est normal que des sensibilités différentes coexistent dans un parti pluriel comme le nôtre. Il est de ma responsabilité de maintenir l'unité du parti en valorisant le pluralisme, mais sans faillir à la ligne politique qui a gagné au congrès. Il me semble que le Pd fait une bonne démonstration d’unité. Le parti est compact sur les questions de la santé, de la famille, du travail, des politiques industrielles, du climat, du Pnrr et de l’autonomie différenciée des Régions. Je respecte le choix de ceux qui ont préféré quitter le parti mais je m’intéresse plutôt aux nouveaux arrivants du Pd.
COMMENTAIRE, La Stampa, M. Sorgi : « Justice, une réforme qui avance dans la confusion » : « Finalement, Meloni a choisi la prudence. Les controverses déclenchées par le ministre Nordio (Frères d’Italie) après ses déclarations laissant entrevoir l'hypothèse d'une réforme du délit de complicité externe d'association mafieuse, au centre de nombreuses enquêtes au cours des 31 ans qui se sont écoulés depuis les attentats de Capaci et de via D'Amelio, sont trop récentes. On commémore aujourd’hui ce second attentat durant lequel, moins de deux mois après l'assassinat de Falcone, Borsellino avait été tué au moyen d'une voiture piégée. Meloni a raconté à plusieurs reprises que c'est cette saison de violence mafieuse qui l'a poussée à se lancer dans la politique. En particulier, la mort de Borsellino, qui avait toujours été considéré comme un homme proche de la droite. Cela a dû beaucoup lui coûter, donc, d’accepter les recommandations de la sécurité, qui en prévoyant des contestations des franges les plus dures de l’Antimafia a conseillé un parcours solitaire pour la Première ministre à Palerme. Un passage à la préfecture, en mémoire des victimes de l’escorte. Et puis une visite sur la tombe du magistrat, le tout dans la matinée et avant le début, avec la minute de silence à 16h58, heure du massacre, des manifestations auxquelles participera la leader du Pd Elly Schlein. L’affaire de la réforme possible, puis niée, du délit de complicité externe en association mafieuse est indicative de la confusion du gouvernement en matière de justice. Le programme initial de Nordio, à commencer par la séparation des carrières entre les procureurs et les juges, a été sensiblement réduit et a pour point central l’abolition du délit de l’abus de pouvoir. Il est évident que la solidarité de la majorité et de la base même de Fratelli d’Italia a disparu. Les affaires judiciaires visant Santanché, Delmastro et La Russa ont fait le reste, menant la présidente du Conseil vers un affrontement frontal avec les juges, accusés, au moins pour les plus radicaux, de vouloir faire ‘opposition’ au gouvernement par leurs moyens. Puis, suite à l’intervention du chef de l’État, un changement de ton évident de Meloni. C’est dans ce contexte que s’est inséré le faux pas de Nordio. Corrigé, encore une fois, par Meloni, mais dans des délais si brefs qu’il lui est maintenant conseillé de faire preuve de la plus grande prudence lors de son déplacement à Palerme en l’honneur de Borsellino. »
ANALYSE, Corriere della Sera, de F. Fubini, « La difficile négociation avec la Tunisie » : « Aucun manuel n’explique comment négocier avec un pays fragile, perméable aux interférences extérieures et capable de générer de l’instabilité. Encore moins le FMI, qui répond à des critères bien précis. Mais le cas de la Tunisie a montré jusqu’à présent que ces règles sont adaptées aux crises financières traditionnelles mais par l’enchevêtrement de facteurs réunis en Afrique du Nord pour une situation explosive. La Tunisie a besoin d’un prêt de 1,5 milliards de dollars du FMI qui encouragerait l’UE à débloquer d’autres crédits pour 900 millions d’euros et d’autres investisseurs privés. Le gouvernement [tunisien] peut peut-être tenir encore quelques mois, pas plus. Mais le FMI, pas seulement parce qu’il est poussé par les Etats-Unis, pose ses conditions : Tunisie devrait progressivement réduire un système d’aides publiques vouées à contenir les prix de l’énergie et de l’alimentation. Les aides pour les hydrocarbures dévorent à elles seules un quart du budget national (et profitent en grande partie aux plus riches). Kaïs Saïed, le président tunisien qui a fait arrêter la plupart des leaders d’opposition, n’a même pas répondu au FMI. Il craint les révoltes que déclencherait une hausse du prix du pain ou de l’essence. Il se demande pourquoi en Turquie Erdogan a reçu six milliards de l’Europe pour freiner les flux migratoires alors que pour lui tout est aussi compliqué. Il rappelle, entre constatation et menace, les chiffres des dizaines de milliers de personnes arrêtées dans les ports. Il sait que Pékin et Moscou peuvent lui faire crédit sans poser trop de questions (pour l’instant). Giorgia Meloni en discutera à la Maison Blanche le 27 juillet. Mais même Joe Biden ne peut pas donner à l’Europe la vision politique qu’elle n’a pas. »
PREMIER PLAN, La Stampa, A. Barbera, M. Bresolin : « PNRR, la révision renvoyée à l’automne. L’UE insiste : ‘ Rome ne doit pas perdre de temps ‘ » : « Raffaele Fitto (Frères d’Italie) déclare ‘‘ne pas être pressé’. Pour avoir un cadre complet des modifications du PNRR ‘’deux ou trois mois’‘ seront nécessaires. Dans les bureaux de la Commission européenne, les fonctionnaires se sont demandés si cette déclaration du ministre des Affaires européennes signifie que l’Italie a déjà décidé de ne pas respecter le délai du 31 août pour les demandes de révision du Plan de Relance. Le problème entre Rome et Bruxelles sur le maxi-financement de 200 milliards est en cause : le versement de la troisième tranche est encore en suspens et, suite à la demande de révision de la quatrième, les institutions européennes commencent à s’interroger sur les réelles intentions du gouvernement italien, à moins d’un an des élections européennes. Hier, en s’adressant à plusieurs médias européens, le commissaire Johannes Hans a fait passer un message qui ressemble à un avertissement : ‘’Les Etats devraient se concentrer sur la mise en œuvre de leurs Plans de Relance, et non pas trop sur leur révision complète ; le risque est de perdre les fonds. Je ne soutiens pas l’idée de renvoyer les échéances à 2026 ; mon conseil est de ne pas discuter en 2023 d’un éventuel renvoi de l’échéance de 2026 et de ne pas vouloir négocier chaque aspect. ’’ Cet hiver marquera le début de la campagne électorale pour les élections de juin 2024 et il est très peu probable que la Commission sortante ait la force de négocier une révision du Plan si complexe. L’impression est qu’au Palais Chigi l’inquiétude et les actions stratégiques s’alternent. Mardi, le secrétaire d’Etat Fazzolari attaquait frontalement, dans une interview à Libero, le commissaire UE Gentiloni. C’est peut-être pour l’ensemble de ces raisons que le gouvernement a une attitude plus ouverte sur le sujet avec le Parlement et avec tous les sujets qui sont concernés par le Plan. Fitto a promis qu’il se présentera le 1er aout à la Chambre et au Sénat pour discuter les modifications au PNRR.»
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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