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14/07/2023

"L’Italie reçoit le feu vert de la Commission européenne sur la mise en place d’une zone économique spéciale (ZES) unique pour le Mezzogiorno."

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Italie. Revue de presse.

Le débat sur la réforme de la justice, et notamment la rencontre entre le Chef de l’Etat S. Mattarella et la présidente du Conseil G. Meloni autour du projet qui sera présenté aux Chambres, fait les gros titres « Justice, Nordio (Frères d'Italie) : voici les nouveautés » (Corriere della Sera), « [Réforme du] délit de participation tierce à une association mafieuse, Nordio censuré » (La Repubblica), « Justice, Mattarella tempère Meloni » (La Stampa), « Justice, Meloni rencontre Mattarella : « faisons baisser la tension» » (Il Messaggero). La décision de la Commission Européenne d'approuver la création d'une zone économique spéciale (ZES) pour l’Italie du Sud est aussi citée « L’UE décrète la création d'une zone spéciale pour tout le Sud » (Sole 24 Ore), « ZES, un coup de pouce pour le Mezzogiorno » (Il Messaggero, Il Mattino). Enfin, l’entretien de l’ambassadeur Christian Masset à l’occasion des célébrations du 14 juillet est cité en Une du Corriere « « Paris-Rome : des années intenses. Mais notre relation ne peut que grandir» ». 

Les JT couvrent notamment la grève des transports ferroviaires et aériens prévus respectivement pour aujourd’hui et demain, la rencontre au Quirinal entre le Président de la République et la Présidente du Conseil autour de la réforme de la justice, enfin les inondations dans le Nord de l’Italie et la vague de chaleur s’abattant sur le centre et le sud du pays.

ANALYSE, Corriere della Sera, M. Breda « La ligne du Quirinal pour un climat plus détendu entre la politique et la magistrature » : « Il était assez prévisible que le face-à-face sur la justice entre Meloni et Mattarella n’aurait pas duré uniquement dix minutes. Le sujet était trop délicat et la polémique trop vive entre le gouvernement et la magistrature pour penser que ce rendez-vous aurait pu être minimisé avec la communication de simples recommandations. Le Président, rompu à la culture de la complexité et de la médiation, voulait comprendre jusqu’où la Présidente du Conseil allait poursuivre dans sa démonstration de force : la réforme du ministre Nordio et la défense de ses ministres visés par des enquêtes judiciaires, sans compter l’affaire La Russa. Le chef de l’Etat a demandé à son équipe de garder le silence, et le communiqué diffusé par la Présidence de la République se limite en effet à évoquer un simple ‘’échange cordial et constructif’’. C’est donc à Meloni de devoir expliquer, à sa manière, comment s’est déroulée l’entrevue. Pour le Quirinal, l’approche sur cette « guerre à intermittence » a toujours été la même. Mattarella, qui est aussi Président du Conseil supérieur de la Magistrature, n’a jamais failli dans son soutien aux juges, citant l’article 104 de la Constitution qui reconnait au pouvoir judiciaire ‘’l’autonomie et l’indépendance de tout autre pouvoir’’. Mattarella aura sans doute exprimé cela, outre ses doutes sur l’abrogation du délit d’abus de pouvoir et de trafic d’influence prévus dans le projet de loi et qu’il devra signer d’ici quelques heures. »

COULISSES, Corriere della Sera, G. Bianconi « Le gouvernement tempère le ministre de la Justice » : « Le gouvernement n’a pas l’intention de suivre le ministre de la Justice dans ses déclarations sur une modification du délit de participation tierce à une association mafieuse. ‘’il y a déjà une juridiction consolidée en la matière’’, répond le secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil, Alfredo Mantovano qui, avec Nordio, est l’un des deux magistrats faisant partie de l’exécutif. Avec ses propos, Mantovano laisse entendre que l’on ira plutôt dans la direction opposée. L’idée serait d’adopter un décret-loi pour éviter les possibles retombés d’une récente sentence de la Cour de Cassation qui remettait en doute le caractère mafieux de certains délits. Quoi qu’il en soit, Mantovano laisse comprendre que le sujet n’est pas à l’ordre du jour. Mieux vaut s’occuper d’autre chose, aussi pour donner à l’exécutif l’image d’un gouvernement voulant durcir, au lieu d’affaiblir, la lutte contre les mafias. L’autre préoccupation est d’éviter de bloquer les nombreux procès actuellement en cours »

ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Carlo Nordio, Ministre de la Justice et ancien magistrat, « Je me sens encore magistrat ; voici selon moi les changements à faire sur la complicité avec la mafia » : « En 2006 une Commission pour la réforme du Code pénal que je présidais avait conclu que la complicité sans participation directe devait faire l’objet d’une norme spécifique et non d’une interprétation de la jurisprudence. Mais il y a une grande incertitude sur son application et la Cour de Cassation peine à définir ce chef d’accusation. Pour ce qui est de favoriser la criminalité organisée, je pense que cette interprétation et au contraire encore plus sévère puisque même les personnes n’appartenant pas directement à la mafia, sont considérées comme telles dès lors qu’elles en facilitent les activités. Mais la notion de ‘participation tierce’ telle qu’elle est formulée actuellement dans le code italien, est un oxymore : soit on a concouru à un crime soit on y est extérieur. Suite aux récentes polémiques entre politiques et magistrature, j’ai reçu les représentants de cette dernière. Nous avons des idées différentes sur les réformes à mener mais l’échange a été très cordial et se poursuivra. J’ai été juge pendant 40 ans et je me sens encore juge. Quant à la séparation des carrières, elle va de pair avec le modèle accusatoire voulu par Vassalli et vers lequel nous voulons tendre. Malheureusement il n’a été mis en œuvre qu’à moitié. Il est en vigueur dans le monde anglo-saxon et ne compromet en rien l’indépendance des magistrats instructeurs. Cela requiert toutefois une révision de la Constitution. Cela fait partie du programme du gouvernement et elle sera réalisée. Cette révision permettrait d’éviter au moins 30% des procès qui s’avèrent inutiles et néfastes. »

ARTICLE, Il Messaggero, U. Mancini, « Dans la course aux matières premières rares, le projet du Ministre Adolfo Urso (Frères d'Italie) de rouvrir les sites miniers » : « Dans la course aux matières premières rares, le Ministre des Entreprises et du Made in Italy Adolfo Urso a en tête un projet de relance des mines dispersées sur toute la péninsule afin de réduire la dépendance vis-à-vis de l’étranger, voire d’éviter un chantage de la part des pays fournisseurs, et ce afin de défendre et de soutenir les secteurs industriels stratégiques qui ont besoin d’un approvisionnement sûr de ces minéraux. Le ministre espère une réouverture rapide des sites miniers, un parcours qui est loin d’être simple mais qui reste fondamental dans un contexte de compétition mondialisée. Le lancement du processus nécessite l’accord de la Commission européenne, qui doit identifier la législation adéquate et contourner les obstacles administratifs nationaux allongeant les délais de distribution des autorisations d’extraction. Or, beaucoup de sites se trouvent dans des espaces protégés. Adolfo Urso estime que le Fonds Souverain européen doit insuffler l’impulsion afin d’affranchir l’Europe des fournisseurs étrangers, notamment des pays asiatiques. Il ajoute que ‘’l’Italie possède 16 des 34 matières premières critiques [définies par Bruxelles], qui se trouvent dans des mines fermées depuis trente ans’’. L’Italie dispose en effet de gisements de cobalt, de nickel, de cuivre et d’argent dans le Piémont, de terres rares en Sardaigne, de lithium dans le Latium et possède des déchets miniers équivalents à 70 millions de mètres cubes accumulés durant les dernières décennies et désormais exploitables grâce aux technologies actuelles. La Commission européenne devra certifier les projets des entreprises pour l’autonomie stratégique de l’Europe. Sur ces projets sera imposée une limite maximale de deux ans pour obtenir les autorisations d’extraction et d’un an pour le raffinage. Il faut aujourd’hui quinze ans en Europe pour décrocher une autorisation d’extraction minière contre sept ans aux Etats-Unis, deux ans au Canada et trois mois en Chine. ‘’Nous avons un objectif posé par la Commission – a conclu le ministre – celui d’arriver en 2030 à au moins 10 % de matières premières stratégiques extraites sur notre continent. D’ici 2030, il faudra aussi que 50 % de la transformation et du raffinage de ces matières premières aient lieu en Europe et que 20 % soient recyclés. Sur ce dernier point, nous sommes déjà le premier pays en Europe en matière de recyclage des matières premières critiques, mais nous devons encore faire mieux’’. » 

SONDAGE, La Repubblica, d’I. Diamanti, « Lassés de la guerre, les Italiens se sentent éloignés de la Russie mais aussi de l’Ukraine » : « La guerre en Ukraine se poursuit, la Russie ne semble pas avoir l’intention de s’arrêter mais Vladimir Poutine apparait tout de même en difficulté. Son leadership pourrait être remis en cause, y compris de l’intérieur. D’autre part, le récent sommet de l’OTAN à Vilnius n’a pas satisfait les attentes de V. Zelensky. Le parcours en vue de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN a toutefois été défini, simplifié. Les Etats-Unis et l’Allemagne en particulier restent tout de même prudents. L’enquête menée par Demos souligne la traditionnelle fracture entre l’Occident et le reste du monde, notamment la Russie et la Chine. Dans cette perception, l’Ukraine s’éloigne à nouveau de l’Occident pour se rapprocher de la Russie [dans l’opinion italienne]. Même avec les pays les plus proches, la prudence et la distance prévalent chez les Italiens : 47% disent avoir confiance en l’Allemagne contre 52% qui ont peu ou pas confiance, 40% de confiance pour les Etats-Unis, 35% de confiance pour la France contre 63 qui ont peu ou pas confiance, idem pour le Royaume-Uni. La perception de l’Ukraine et de la Russie est modifiée par la durée de la guerre. Même si la responsabilité de la Russie n’est pas remise en cause, la confiance des Italiens vis-à-vis de Moscou est légèrement remontée de quelques points ces derniers mois atteignant 11% (contre 9% il y a un an). Le soutien à l’Ukraine a sensiblement reculé : à 44% en mars 2022, puis à 40% en avril 2022, la confiance avait reculé à 36% en avril 2023 avant d’atteindre aujourd’hui 29%. La tendance apparait du reste assez ‘’transversale’’ d’un point de vue politique. On note toutefois que la confiance vis-à-vis de l’Ukraine est beaucoup plus forte parmi les européens convaincus, chez qui elle atteint les 43%. Elle chute à 20% parmi les eurosceptiques. L’Italie s’est un peu plus éloignée de l’Est de l’Europe. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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