13/07/2023
"La Justice" et "La Maison Blanche fait savoir que Meloni se rendra à Washington le 27 juillet."
Italie. Revue de presse.
Le débat sur la justice, alors que plusieurs enquêtes visent des membres du gouvernement Meloni, fait les gros titres « Justice, les lignes rouges de Meloni » (Corriere della Sera), « Meloni enflamme la polémique « certains juges font de la politique » » (La Stampa), « Justice, Meloni demande la fin des tensions » (Il Messaggero), « La ministre Santanchè a occulté [au parlement] l’information judiciaire » (Fatto Quotidiano). Les unes mentionnent aussi le texte sur la préservation des écosystèmes voté hier au Parlement Européen « Climat, les partis de droite ont été battus » (Repubblica) et la disparition de l’écrivain Milan Kundera.
COULISSES, Corriere della Sera, de M. Guerzoni, « La Présidente du Conseil tente de calmer le jeu et Sergio Mattarella reçoit les juges à la Présidence de la République » : « La prise de distance vis-à-vis d’Ignazio La Russa (Frères d'Italie), qui occupe la deuxième fonction de l’Etat en tant que Président du Sénat, est nette et témoigne de l’inquiétude de Giorgia Meloni suite aux enquêtes judiciaires qui déstabilisent le gouvernement et visent des membres de son parti, Fratelli d’Italia. La tempête qui s’est abattue sur la Présidence du Conseil révèle la faiblesse de l’exécutif et a montré aux oppositions que la justice peut être son talon d’Achille. Et personne ne peut dire avec certitude que cela s’arrêtera là. La Présidente du Conseil a bien compris que cette guerre entre l’exécutif et la magistrature comme à l’époque de Berlusconi porterait préjudice d’abord à son gouvernement. Elle ne renonce certainement pas à la réforme de la justice mais elle veut la mener avec les juges et non contre eux. Si l’association nationale de la magistrature devait lancer de nouvelles provocations, le gouvernement ne devra pas tomber dans ce piège : c’est ce que suggère depuis plusieurs jours Alfredo Mantovano (indépendant, autrefois Alliance Nationale) secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil. Hier le Président de la République Sergio Mattarella a invité les juges de la Cour de Cassation pour une rencontre symbolique alors que les juges se sentent attaqués. La volonté de Meloni de calmer le jeu est appréciée par le Quirinal. Elle a dit publiquement ce que pense aussi la Présidence de la République, à savoir qu’Ignazio La Russa (Frères d'Italie) a eu tort à prendre ainsi la défense de son fils en attaquant la jeune femme qui l’a accusé de viol. Le Président du Sénat a lui-même reconnu ‘’une réaction à chaud au ton inadapté’’. La majorité est également très agitée par l’affaire qui vise la ministre du Tourisme Daniela Santanchè (Frères d'Italie). Au sein de la Ligue et beaucoup d’autres y compris au sein de Fratelli d’Italia lui tournent le dos mais la ministre et chef d’entreprises exclue toute démission. »
ARTICLE, la Repubblica, T. Ciriaco et L. Milella : « Le signal de Mattarella représente un bouclier pour les magistrats. Le chef de l’Etat verra Meloni aujourd’hui » : « A son retour de Vilnius, dans le cadre du Conseil supérieur de défense qui servira à informer Sergio Mattarella des résultats du sommet de l'OTAN, Giorgia Meloni aura l’occasion de s’entretenir avec le Président de la République sur le dossier le plus brûlant du moment, celui de la justice. Hier, Mattarella a rencontré au Quirinal la présidente et le procureur général de la Cour de cassation, Margherita Cassano et Luigi Salvato. Cette rencontre pourrait être interprétée comme un signal au Palais Chigi, qui emploie toujours une approche conflictuelle avec le pouvoir judiciaire alors qu’il devrait prendre la mesure de l’ampleur des critiques soulevées par les juristes et les experts en droit européen à l’encontre du projet de loi Nordio sur la réforme de la justice pénale. Lors d’une conférence de presse donnée en marge du Sommet de l’OTAN, Meloni a défendu la position de son gouvernement : il n’y a pas de conflit avec les juges, seulement une volonté de mettre en œuvre le programme sans mauvaises intentions à l'égard de la magistrature. Cette intervention pourrait être vue comme une nécessité politique de défendre les intérêts de son gouvernement et de redorer son image auprès des Italiens. Pourtant, avant de plancher sur la réforme en question, Meloni doit tenir compte des critiques à l’encontre du projet de loi. Même s’il est rare que celui-ci soit rejeté par le collège (composé par Mattarella) à ce stade du processus législatif, les doutes du Quirinal - en particulier ceux concernant la suppression du délit d’abus de pouvoir - devront être levés au Parlement. Interrogé sur l’issue du texte, le ministre Nordio a déclaré : "Je m'incline devant les directives du Quirinal. Puisqu'il s'agit d'un projet de loi, le passage au collège est un acte commun’’. En rajoutant : "La suppression du délit d'abus de pouvoir était la seule solution possible" ».
ARTICLE, la Repubblica, C. Tito : « La large défaite de Weber freine le projet d'alliance populaire-droite de Meloni » : « ‘’C'est la plus grande défaite de Manfred Weber". Cette phrase n'a cessé d'être répétée hier à Strasbourg, lorsque le Parlement européen a donné son feu vert à la Loi européenne pour la Restauration de la Nature au grand désarroi du président du Ppe et de l’alliance de droite que soutient Meloni. C’est donc un échec pour les conservateurs du PPE qui avaient dénoncé un texte nuisible à la production agricole et à l'activité économique. L’issue de ce vote pourrait avoir des conséquences majeures sur l’avenir du parti. D’abord, cet échec électoral fragilise encore un peu plus l'hypothèse d'une future majorité entre les Populaires et les Conservateurs, sachant qu’une partie importante du Ppe refuse déjà de s’allier avec l'aile droite du groupe conservateur de Meloni (Ecr). ’Le couple Von der Leyen-Timmermans a en fait battu celui composé de Weber et Meloni’’. Ensuite, alors que M. Weber pousse depuis longtemps pour prendre les rênes de la présidence de la Commission européenne, ce vote conforte von der Leyen à la tête de la branche exécutive de l'Union, et ce à un an des élections européennes. Enfin, le feu vert du Parlement entérine le glissement à droite du Ppe qui s'est progressivement intensifié depuis la victoire de Meloni en Italie, laquelle a aligné toute sa majorité contre le texte de loi. Cependant, l’ambition initiale du texte a été nettement revue à la baisse et de nombreux amendements déposés par les libéraux de Renew ont été acceptés. Le pacte entre le leader de Renew E. Macron et le social-démocrate Olaf Scholz sort intact de cette bataille parlementaire. Il est enfin à noter que cette ‘’victoire pour la nature’’ jette les bases du futur leadership institutionnel de l'Union européenne. À commencer par la nomination du chef de la Commission, car c'est le Conseil européen qui désignera le candidat. La défaite de Weber entraîne a fortiori la confirmation de la "majorité Ursula" et de Von der Leyen elle-même ».
ENTRETIEN, Corriere della Sera, d’Adolfo Urso (Frères d’Italie), « Non aux points de vue dépassés et déconnectés de la réalité : nous ne sommes pas isolés en Europe » : « Le vote de la Nature restauration law au Parlement européen appartient au passé, il découle d’une vision idéologique qui ne tient pas compte de la réalité. On n’y tient pas compte de la pandémie et du manque de matières premières, de l’invasion russe en Ukraine. Dans ce contexte ou même le blé est devenu un élément de la guerre hybride menée contre l’Occident, les mesures significatives me semblent différentes. Le Sénat italien a reconnu la figure de l’agriculteur comme gardien de l’environnement et du territoire, a fortiori dans un pays qui a été touché par des catastrophes liées en partie à l’incurie du territoire, comme lors des inondations en Emilie-Romagne. Quant aux désaccords sur le nutriscore, nous sommes le pays de la bonne alimentation saine que le monde entier nous envie. Ce n’est certainement pas un algorithme qui déterminera ce qui doit faire partie ou non de notre diète. Ce sont les touristes qui témoignent de notre succès. Q : Mais c’est toujours la France et l’Allemagne qui décident. Non, l’Italie a retrouvé un rôle de premier plan, aussi bien dans le cadre de l’OTAN que de l’UE. Du reste la préoccupation porte plutôt sur la récession en Allemagne et l’agitation sociale en France. Nous devons travailler ensemble. »
ENTRETIEN, La Repubblica, de Francesco Lollobrigida, ministre de l’Agriculture et cofondateur de Fratelli d’Italia « Au contraire, maintenant l’entente entre les centristes et les conservateurs sera plus facile » : « ‘’L’alliance entre conservateur et le PPE est loin d’être archivée et est maintenant plus facile. Sur le sujet de la sauvegarde des écosystèmes, la plus grande partie du PPE et tous les conservateurs ont voté de manière homogène contre ce projet, me semble-t-il. Et puis, le texte est passé avec très peu de voix d’avance. Il faut le dire clairement : ce texte représente un problème et c’est la raison pour laquelle nous avons voté contre. Disons que la bonne nouvelle est que le texte a été amendé, en éliminant deux articles qui auraient été nuisibles pour nos agriculteurs. Je remercie tous les élus italiens, y compris ceux dans les rangs du PD, qui ont voté ces modifications, en ligne avec ce que souhaitaient les représentants des agriculteurs et du gouvernement. Nous continuerons à travailler, au Trilogue comme en Commission, dans le but d’améliorer ce texte qui garde certaines caractéristiques idéologiques pouvant apporter plus de dommages que de bénéfices. Le gouvernement respecte les décisions prises démocratiquement mais continuera de soutenir les positions pour sauvegarder l’économie européenne et bien entendu italienne’’. »
ARTICLE, Il Sole 24 Ore, M. Rogari, « Le difficile rattrapage de l’Italie sur les 2 % du PIB destinés à la défense » : « Il faudrait que l’Italie récupère plus de 10 milliards d’euros pour atteindre l’objectif fixé par l’Otan de 2 % du PIB consacrés à la défense. Un rapport indique que 1,51 % du PIB italien a été dépensé dans des postes militaires en 2022 – contre 1,58 % en 2021 – ajoutant que cette part monterait à 1,54 % cette année avec l’objectif d’une hausse de 1,65 % en 2024. Selon un dossier du bureau des études de la Chambre des députés, la dépense militaire italienne est passée de 25,9 milliards d’euros en 2022 à 27,7 milliards d’euros cette année. Avec l’intention de satisfaire les exigences de l’Otan et de renforcer le budget de la défense, le gouvernement Meloni a demandé à Bruxelles d’exclure les dépenses militaires des critères du Pacte de stabilité et de croissance de l’Union. L’Otan demande pour chaque nation alliée de tendre d’ici 2024 à la réalisation de trois objectifs : 2 % du PIB national consacrés aux dépenses militaires ; 20 % du budget de défense destinés aux investissements en matière de défense et la contribution à des missions, opérations et autres activités. Un récent dossier du bureau des études de la Chambre montre qu’en 2022, seuls sept pays auraient atteint l’objectif des 2 % du PIB : les Etats-Unis, la Grèce, la Lituanie, la Pologne, le Royaume-Uni, l’Estonie et la Lettonie. »
ENCADRE, Corriere della Sera « La Maison Blanche fait savoir que Meloni se rendra à Washington le 27 juillet prochain » : « Giorgia Meloni se rendra à la Maison Blanche pour rencontrer le Président Biden le 27 juillet. C’est la porte-parole Karine Jean-Pierre qui l’a annoncé par le biais d’un communiqué officiel, confirmant ce qu’avait annoncé la présidente du Conseil elle-même lors de la conférence de presse à l’issue du sommet de l’Otan à Vilnius. Le communiqué précise que lors de cette rencontre, seront évoqués ‘’les intérêts stratégiques en commun, parmi lesquels l’engagement partagé à continuer de soutenir l’Ukraine face à l’agression russe, les sujets relatifs à l’Afrique du Nord et une collaboration transatlantique plus étroite en ce qui concerne la Chine’’. La présidente du Conseil et le Président américain évoqueront aussi la prochaine présidence tournante italienne du G7 en 2024. Ce sera la première fois que Mme Meloni effectuera une visite à Washington en tant que Présidente du Conseil. »
ENTRETIEN, Corriere della Sera, d’Adolfo Urso (Frères d’Italie), « Je me suis entretenu avec le ministre Bruno Le Maire sur le secteur automobile » : « Hier j’ai eu un échange très important et bénéfique avec mon homologue français Bruno Le Maire sur le secteur automobile, stratégique pour la France et l’Italie. Nous nous rejoignons sur plusieurs points, comme sur les standards d’émissions Euro 7 qui ne nous semblent pas réalistes. En tous cas, l’Italie est loin d’être isolée, au contraire nous indiquons la voie en Europe pour concilier développement durable et exigences sociales et de production. Nous devons construire une politique commerciale qui protège le travail et la production en Europe de la concurrence déloyale des pays qui ne respectent pas les mêmes standards que l’UE. Sur Stellantis, il faut suivre le dossier avec mon collègue transalpin. Sur la question des matières premières, nous nous réunirons à nouveau avec Paris et Berlin en octobre, ici à Rome, pour discuter de transition numérique. Nous partageons avec la France la plus grande usine multinationale d’Europe dans le secteur numérique : STmicroelectronics. Nos trois pays, les premières industries d’Europe, inaugure un nouveau format trilatéral qui s’impose comme un modèle à l’échelle mondiale ».
ARTICLE, La Stampa « L’accord sur le site de Melfi a été trouvé entre Stellantis et les syndicats. Entretien téléphonique entre les ministres Urso et Le Maire » : « Un accord a été trouvé à Melfi sur l’avenir de l’usine appartenant à Stellantis entre la direction du groupe et les syndicats du secteur Fim, Uilm, Fiscmic et Uglm. Les quatre organisations syndicales affirment que l’accord prévoit ‘’la confirmation de la production des 4 modèles de voitures électriques ainsi que du cinquième annoncé récemment par le Directeur Général Tavares’’. Par ailleurs, ‘’cet accord représente la base pour sauver tout l’induit de Melfi’’ et prévoit ‘’les instruments pour gérer l’année de transition 2024. Nous avons mis en sécurité le salaire des salariés en assurant un contrat de solidarité défensif qui ne prévoit pas de licenciements structurels’’. Nous avons aussi défini un accord pour la gestion des déplacements vers le site de Pomigliano d’Arco’’. Le ministre des Entreprises Adolfo Urso s’est entretenu téléphoniquement avec le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, pour voir ‘’ce qu’il est possible de faire ensemble pour soutenir le secteur automobile en Europe’’ ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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