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25/05/2023

Chiara Colosimo, présidente de la Commission anti-mafia : "Certes, c’est une photo peu institutionnelle, mais Luigi Ciavardini n’est pas un ami."

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Italie. Revue de presse.

Les recommandations de la Commission européenne à l’Italie sur le budget et sur le Plan de relance national font la Une de plusieurs quotidiens : « L’Europe presse l’Italie de faire vite sur son PNRR » (Corriere della Sera), « Les retards du PNRR dans le viseur de Bruxelles » (Sole 24 Ore), « L’Europe retoque la réforme de l’autonomie régionale et demande de connaitre les modifications du PNRR d’ici juin » (Messaggero). « Inondations en Emilie-Romagne : d’autres aides seront adoptées aujourd’hui » (Sole), « Meloni trahit Bonaccini [et ne le nommera pas commissaire à l’urgence] » (Repubblica). Le décès de Tina Turner est aussi largement cité.

Les JT couvrent notamment la visite de la Présidente de la Commission U. von der Leyen en Emilie-Romagne, le Conseil des ministres devant adopter de nouvelles aides pour la région sinistrée, et le coup d’envoi des primaires du parti républicain américain avec la candidature de Ron De Santis.

ARTICLE, Corriere della Sera, F. Basso, « L’UE presse Rome d’accélérer sur son PNRR » : « Parmi les principaux points évoqués dans les recommandations de l’UE à l’Italie pour l’année 2023, figurent : la réduction du déficit en éliminant les mesures de soutien à l’énergie jusqu’à la fin de l’année, assurer une politique fiscale prudente en limitant l’augmentation nominale de la dépense primaire nette financée au niveau national en 2024 sans dépasser la barre de 1,3%, réduire les charges sur l’emploi et rendre plus efficace le système des impôts. Et aussi ‘’assurer une gouvernance efficace et renforcer ses capacités administratives ‘’ pour permettre ‘’la mise en œuvre rapide et constante du Plan de Relance’’. Enfin, ‘’compléter rapidement le chapitre du RePowerEU pour entamer rapidement sa mise en œuvre’’. Dans son document, la Commission explique que le coût du soutien direct à l’urgence des inondations qui ont frappé l’Emilie-Romagne, sera considéré comme ‘’une mesure ponctuelle et temporaire’’, et ne sera pas pris en compte dans le calcul sur les finances publiques italiennes au niveau européen. Le Commissaire P. Gentiloni a expliqué aussi que ‘l’Italie a douze semaines pour accéder au Fonds de solidarité’’ qui met à disposition des aides pour l’urgence. Dans le rapport sur l’Italie, la Commission s’exprime sur la réforme de l’autonomie différenciée régionale, qui présenterait ‘’un risque d’augmenter la complexité du système fiscal’’ et de mettre ‘’en danger la capacité de dépense publique du gouvernement et pourrait avoir un impact négatif sur la santé des finances publiques italiennes et sur les disparités régionales’’. »

COULISSES, Corriere della Sera, E. Marro « La réponse du Gouvernement : nous sommes en ligne avec Bruxelles et sur le cadastre nous faisons mieux que la France et l’Allemagne » : « Depuis le Palais Chigi, on fait savoir informellement que ‘’nous tiendrons compte des recommandations de Bruxelles, mais nos politiques sont déjà en ligne avec le document de la Commission Européenne. La politique budgétaire est prudente et notre économie croît plus vite que d’autres pays européens’’. Quant au cadastre, le vice-ministre de l’Economie Maurizio Leo explique que ‘’cette recommandation devrait être adressée également à plusieurs autres pays, y compris la France et l’Allemagne, qui ont des cadastres plus anciens que les nôtres’’. Concernant la possibilité d’une procédure d’infraction pour déficit excessif en 2024, depuis le Palais Chigi on tient à faire savoir que ‘’la partie doit encore se jouer’’ car les négociations sur la réforme du Pacte de Stabilité sont encore en cours.  Sur le PNRR, le ministre Fitto (Frères d’Italie) a fait diffuser un communiqué, hier soir, pour expliquer que les positions de Bruxelles, caractérisées par une forte préoccupation sur les retards dans la mise en œuvre du Plan ‘’sont en ligne avec la vision et les priorités du gouvernement Meloni et du travail que l’on poursuit’’. Dans un contexte fait de nombreuses inconnues, le gouvernement mise sur une croissance de l’économie supérieure aux attentes, ce qui augmenterait les recettes et offrirait plus de marges pour la loi de finances de 2024. »

EDITORIAL, Stampa, M. Sorgi, « Douche froide avant les élections de 2024 » : « Les relations avec la Commission européenne n'étaient pas faciles ces jours-ci, nous le savions, en raison d'une série de questions qui ont été reportées ou laissées en suspens parce qu'elles étaient en conflit avec les objectifs du gouvernement. Mais on ne s'attendait pas à ce qu'une évaluation arrive de Bruxelles avec de nombreux doutes explicites sur l'ensemble du programme de la droite et du centre, du moins dans les termes où les deux commissaires Gentiloni et Dombrovskis l'ont présenté hier. D'autant qu'un an avant les élections européennes de 2024, cela ne facilite pas les relations entre Rome et Bruxelles, auxquelles Mme Meloni a tenté de se consacrer au cours de ses premiers mois au Palais Chigi. Cela va du ‘’non’’  à l'autonomie différenciée, à la flat tax et aux préretraites, trois objectifs incontournables pour la Ligue, au ‘’non’’ à la loi d'habilitation sur la réforme fiscale, au rejet des politiques d'immigration (plus d'accueil pour contrer la baisse de la démographie, suggère la Commission), en passant par l'appel sur l'urgence de la réforme des concessions balnéaires et du cadastre. Des sujets sur lesquels il est quasiment impossible pour le gouvernement d'offrir une ouverture à court terme, soit parce qu'ils représentent des pierres angulaires du programme sur lequel il a gagné les élections et a déjà pris des initiatives au Parlement, soit parce qu'ils sont liés (concessions balnéaires, logements) à des promesses électorales. Si l'on ajoute à cela les retards sur le PNRR, que le ministre Fitto  (Frères d’Italie) a tenté de minimiser hier en répondant à la Chambre des députés, et la non-ratification du MES (l'Italie est restée le seul pays membre de l'UE à ne pas avoir approuvé la réforme du mécanisme), on obtient un tableau tout à fait négatif. Et même si Bruxelles a habitué l'Italie à une alternance permanente entre des réprimandes sévères et des offres de flexibilité, plus ou moins comme c'est le cas avec d'autres partenaires ‘’défaillants’’, il est difficile de voir où Mme Meloni peut commencer à répondre à la longue liste de griefs de la Commission sans mettre la pression sur les relations avec ses alliés majoritaires. En particulier avec M. Salvini, qui se range du côté des eurosceptiques, dont elle a l'intention de s'éloigner pour la longue campagne électorale du super test européen de l'année prochaine. »

ENTRETIEN, La Repubblica, de Federico Freni, secrétaire d’Etat à l’économie « ‘Nous sommes dans les temps, d’ici le mois de juillet nous aurons le nouveau PNRR »

ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission Européenne « L’Italie peut encore y arriver, il faut qu’elle continue ses réformes. Nous demandons plus d’efforts pour la troisième tranche » « ‘’Nous constatons des risques dans certains États membres et c'est pourquoi nous demandons l'accélération de la mise en œuvre des plans nationaux de relance et de résilience. Il est important de s'engager et de s'assurer que les PNRR sont mis en œuvre correctement parce qu'il y a la date limite de fin 2026. Il est très peu probable que cette échéance soit repoussée, parce que cela nécessiterait alors une décision unanime des États membres impliquant, dans la plupart des cas, une procédure parlementaire. Par conséquent, notre message aux États membres est de se concentrer sur la mise en œuvre des plans et non sur une quelconque extension des délais. L'Italie a déjà reçu deux paiements et nous sommes en train de vérifier la demande de troisième tranche. Il est important que la mise en œuvre se poursuive et qu'il n'y ait pas de retard. Dans nos recommandations, nous expliquons qu'il est important de renforcer la capacité administrative, en particulier au niveau infranational, pour permettre une mise en œuvre continue, rapide et ponctuelle du plan. Il est important que l'Italie présente le plan révisé avec le chapitre RePowerEu pour assurer sa mise en œuvre, sans réduire l'ambition globale du plan et sans ralentir sa mise en œuvre. Concernant les inondations en Émilie-Romagne, le mécanisme européen de protection civile a déjà été activé et plusieurs pays offrent leur soutien sur le terrain. En outre, le Centre de coordination des interventions d'urgence est en contact permanent avec les autorités italiennes. D'un point de vue financier, il y a le Fonds de solidarité européen qui peut aider l'Italie si elle le demande et il y a des fonds importants disponibles pour l'adaptation des pays au changement climatique et pour la réduction des risques géologiques dans le cadre de la politique de cohésion et du PNRR". »

ARTICLE, La Stampa, M.Tamburrino, « La Rai sans une seule femme » : « Les membres du Conseil d’administration de la Rai se réunissent aujourd’hui pour approuver les nominations à la direction des JT proposées par le nouveau directeur général Roberto Sergio et les rendre ainsi opérationnelles. La présidente du Conseil d’administration, Marinella Soldi, avait cependant exprimé son inquiétude quant au respect de la parité pour la nomination des prochains directeurs du groupe audiovisuel. Riccardo Laganà, indépendant, pourrait sortir de la pièce en signe de protestation au moment du vote pour montrer que les nominations se font en réalité en dehors du CA de la Rai. Au TG1, on devrait retrouver le directeur d’AdnKronos Gian Marco Chiocci, soutenu par Giorgia Meloni et remplaçant Monica Maggioni ; au Tg2, Antonio Preziosi, proche de Forza Italia mais sûrement proposé grâce à la force de conviction de Gianni Letta ;  tandis que Mario Orfeo, proche du PD, devrait être au TG3. Giuseppe Carboni , proche des M5S, irait à Rai Parlamento ou encore Alessandro Casarin (proche de la Ligue) au Tgr. Le vote n’étant pas contraignant, le suspense semble faible (seul un rejet à majorité qualifiée du Conseil d’administration pourrait faire échouer la procédure de nomination) ».

ENTRETIEN, La Repubblica, d’A. Giuli, Président de la Fondation Maxxi « La droite a besoin d'un Fazio conservateur {ndr : présentateur star ayant quitté la RAI]», Repubblica : « Alessandro Giuli est président de la fondation Maxxi, le musée d'art contemporain de Rome. Giuli a pris la place de Giovanna Melandri, un changement de saison symbolique ; il est l'un des intellectuels de droite les plus estimés. L'impression qui se dégage actuellement est que le souci de la droite au pouvoir, plutôt que l'inclusion, est d'occuper toutes les cases possibles. Il répond ainsi à Repubblica. ‘’Il peut être tentant de gagner des positions en occupant des cases, mais ce serait à la fois erroné et inutile. L'hégémonie ne se conquiert pas avec les canons de l'après-guerre, avec des intellectuels organiques à un parti ou à un gouvernement. Il ne fait aucun doute que, d'un point de vue quantitatif, que la nomenklatura qui dirige les institutions culturelles du pays est en grande partie de gauche, mais cela est dû au fait qu'il n'y a pas eu de profils académiques importants à droite. Nous avons eu des exemples d'intellectuels brillants, mais il y a eu un manque de cadres, si nous voulons les appeler ainsi. Des écrivains, des scénaristes, de cinéma et de télévision’’. ‘’Pasolini est à nous, mettez-le entre guillemets, au moins avec le poème Salute e augurio. Et une lecture de droite de Gramsci a été faite par Alain de Benoist il y a plus de trente ans. Mais il faut cesser de raisonner ainsi. Maintenant qu'il n'y a plus de récit cohérent de la réalité de la part de la gauche, on s'aperçoit que même à droite il n'y a plus de références. Mieux vaut que la liberté de mouvement culturel, l'élargissement des horizons, l'emporte’’. “Au salon du Livre de Turin, la tentative libérale du directeur du Salon de faire parler la Ministre Roccella n’a pas été suivie. Et, avec la ministre, l'autre victime est l'excellent Lagioia, dont le programme culturel a été éclipsé par le bavardage autour de cet incident’’. ‘’ Le jugement {de Meloni} sur le fascisme est ferme et sans équivoque, une condamnation inconditionnelle et sans réserve. Ensuite, l'autobiographie de la nation nous sera racontée par les historiens, toujours avec des prémices insurmontables : la Constitution de 1948 et la répudiation de toutes les formes de totalitarisme, en premier lieu celui que nous avons connu en Italie’’ ».

PREMIER PLAN, La Stampa, de M. Berlinguer, « L’Anti-mafia sans répit » : « Le frère du journaliste et militant politique anti-mafia, Peppino Impastato, assassiné par Cosa Nostra en 1978, exprime aujourd’hui toute son inquiétude pour l’avenir de la Commission anti-mafia. ‘’C’est un malheureux pas en arrière, un triste message pour ceux qui combattent encore, sur le territoire, chaque jour. Chiara Colosimo est très inquiétante, du fait de son passé et de ses fréquentations avec d’anciens terroristes’’ dit-il. 24 heures après le coup de force de la majorité de droite pour imposer la fidèle de Giorgia Meloni à la tête de l’anti-mafia, les parents de victimes s’expriment pour contester cette nomination. ‘’Pour nous, proches des victimes, c’est un problème et ne savons pas si nous répondrons aux convocations, nous respectons les institutions mais pas Chiara Colosimo qui ne mérite pas cette fonction’’. Il y a eu une pétition contre sa nomination et une lettre au gouvernement compte tenu des fréquentations notoires de Colosimo, notamment ses liens avec un militant d’extrême-droite condamné des ‘’Noyaux armés révolutionnaires’’ néo-fascistes. ‘’Nous avons à faire à des terroristes et même à des fascistes’’ souligne le président de l’association des familles de victimes craignant que ‘’dans les enquêtes sur les tueries impliquant des fascistes, plus rien ne soit fait’’. La nouvelle présidente a téléphoné à plusieurs d’entre eux, dont le frère du juge Paolo Borsellino lui proposant de se rencontrer mais il dit ne ‘’pas se sentir prêt pour le moment’’. Le syndicat ouvrier CGIL évoque une ‘’page noire de la lutte anti-mafia’’ et ‘’une insulte à toutes les victimes’’. Le ministre des Relations avec le Parlement, Luca Ciriani, issu de Fratelli d’Italia, a défendu Chiara Colosimo parlant de polémiques ‘’apparemment infondées, de prétextes inventés’’ et appelant à ‘’lui laisser le temps de faire ses preuves’’. La Ligue a également exprimé sa solidarité ‘’je ne comprends pas les polémiques basées sur des photos’’ a déclaré le chef du groupe de la Ligue à la Chambre, Riccardo Molinari. » 

ENTRETIEN, La Stampa, de Chiara Colosimo, présidente de la Commission anti-mafia, « Certes, c’est une photo peu institutionnelle, mais Luigi Ciavardini n’est pas un ami » : « Non, je ne suis pas amie avec l’ancien membre des NAR (« Noyaux armés révolutionnaires », ndr), Luigi Ciavardini. Je l’ai connu par le biais de sa femme au sein de son association pour la réinsertion des détenus, alors que j’étais conseillère régionale pour le Latium. Quant à la photo où je suis à côté de lui en prison, il est vrai que la pose est peu institutionnelle, je ne me souviens plus de l’occasion mais je suis sûre qu’il s’agissait d’une occasion publique. Il ne me semble pas avoir effacé certaines photos ou publications sur mes réseaux sociaux, mais en tous cas je n’ai rien à me reprocher. Je m’attendais aux polémiques de la gauche mais pas à celles des familles de victimes pour qui j’ai beaucoup de respect. J’espère les rencontrer prochainement. Concernant l’anniversaire de l’attentat à la gare de Bologne, le 2 août, ma nouvelle fonction implique que j’y sois mais il est vrai que je ne veux pas les heurter. Je veux apporter des réponses aux familles des victimes. Je répondrai aux critiques en remplissant ma fonction au mieux. En tous cas, je n’ai pas été nommée par Giorgia Meloni mais par le Parlement. »

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La photo en question

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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