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18/05/2023

"Un fonds souverain [pour les entreprises] du Made in Italy."

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Italie. Revue de presse.

Les intempéries en Emilie-Romagne ayant provoqué d’importantes inondations et fait une dizaine de victimes et des milliers de déplacés, font toujours les gros titres, avec large couverture photographique : « Des morts et des déplacés, comme un séisme » (Corriere della Sera), « Sous l’eau » (La Repubblica), « Notre Romagne » (Stampa, Giornale), « Noyés sous la boue » (Messaggero), « La politique du ciment [fait de l’Emilie-Romagne] une région-record de l’imperméabilité » (Fatto). « Invasion russe en Ukraine, des failles dans le pouvoir de Poutine allant de Prigogine aux oligarques » (Corriere), « Le Pape ignore le « niet » de Kiev et continue les négociations » (L’Unità). « Paris sans retenue : Darmanin insulte encore Meloni, contournant ainsi Macron » (Il Giornale). « Décret sur les migrants : l’ONU adresse une lettre au gouvernement : il faut modifier le texte » (Avvenire).

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, « Le gouvernement est prêt à débloquer 20 millions d'euros d'aide. Trente mille personnes évacuées » par Alessandra Arachi : « 200 millimètres de pluie sont tombés en 24 heures sur l'Émilie-Romagne, soit autant que la moyenne d'un peu plus d'un mois. La région se noie dans le désespoir. Il y a quinze jours, elle avait déjà été frappée par une tempête de nuages, victime d'un événement extrême, du genre de ceux qui font penser aux graves dommages causés par le changement climatique. Giorgia Meloni suit en permanence la situation à distance et annonce la tenue d'un Conseil des ministres mardi prochain. Les mesures à mettre sur la table pour faire face à l'urgence sont prêtes : plus de 30 000 personnes ont été évacuées, dont environ 20 000 dans la seule région de Ravenne. Nello Musumeci, ministre de la Protection civile, a déjà fait savoir qu'il demanderait 20 millions d'euros supplémentaires, en plus de ceux déjà alloués le 4 mai. "Ils seront utilisés pour faire face aux premières dépenses d'urgence nécessaires, pour la remise en état du réseau routier", a-t-il expliqué avant d'ajouter que lors du conseil des ministres de mardi, l'état d'urgence sera étendu à la province de Rimini, en plus de celles de Reggio Emilia, Modène, Bologne, Ferrare, Ravenne et Forlì-Cesena. "Dans quelques jours, le gouvernement fera rapport au Parlement", a déclaré le ministre des relations avec le Parlement, Luca Ciriani. Aucun répit n'est prévu aujourd'hui non plus, l'alerte rouge ayant été déclenchée dans une grande partie de la région. Les trains à destination de l'Émilie-Romagne circulent en dents de scie. Sur l'autoroute A14, l'eau a atteint la chaussée dans de nombreux cas. Les camions et même les voitures ne peuvent pas circuler, sauf sur le tronçon entre Bologne San Lazzaro et l'embranchement pour Ravenne. Ils travaillent d'arrache-pied, 50 véhicules et plus de 100 hommes sont en service sur l'autoroute. Tous les aspects de la tragédie sont pris en compte. Même les aspects économiques : "Les délais de paiement et d'exécution des impôts seront suspendus pour les particuliers et les entreprises", a déclaré le vice-ministre de l'économie Maurizio Leo, annonçant également des mesures pour les hypothèques. Le ministre de la justice, Carlo Nordio, a quant à lui indiqué que les audiences des tribunaux seraient reportées et les obligations suspendues. La situation de l'agriculture est très délicate. Le ministre Francesco Lollobrigida a déclaré que les dommages réels ne seront calculés qu'une fois l'événement terminé. "Nous ouvrirons une discussion avec les catégories concernées, comme nous l'avons déjà fait avec l'Émilie-Romagne, qui sera mise à jour pour essayer de comprendre quelles ressources disponibles peuvent être investies". Marina Calderone, ministre du travail, a déclaré : "Il y aura une reconnaissance des entreprises et des réalités de production concernées. Nous réfléchirons à des amortisseurs sociaux pour des catégories de travailleurs tels que les travailleurs temporaires dans le secteur agricole" ». 

ENTRETIEN, Il Resto del Carlino, de Matteo Salvini, vice-président du Conseil et ministre des Infrastructures, « [Allouons] dès maintenant 100 millions d’euros et finissons-en avec les refus systématiques, nous débloquerons les chantiers » : « Plusieurs acteurs entrent en jeu dans cette crise. Le ministère des Infrastructures et des Transports fait partie du comité national de la Protection civile. Nous pouvons aussi compter sur le professionnalisme de la Garde côtière qui a mis à disposition ses moyens et participé aux missions de secours. Il y a deux grandes questions à affronter aujourd’hui : d’une part la crise hydrique, d’autre part le risque hydrogéologique. Sur la première il faut construire, réparer, améliorer toutes les infrastructures de gestion de l’eau, y compris pour sa réutilisation industrielle ou agricole. Le ministère a mis plus de 100 millions sur la table, ce qui n’est qu’une première tranche dans ce contexte d’urgence. Il faut notamment intervenir sur le Canal d’Emilie-Romagne, cela ne peut plus être repoussé. Nous payons les conséquences de trop nombreux refus qui ont retardé les chantiers et bloqué le pays à tous les niveaux, comme sur le nettoyage du lit des fleuves ou sur les digues pour lesquelles on attend parfois depuis plusieurs années le feu vert de la Cour des Comptes. Nous avons décidé de reprendre la main sur la construction de quatre grandes digues afin de sortir de l’impasse. Les infrastructures en chantier en Emilie-Romagne ne seront pas efficaces seules, sans une nécessaire mise en sécurité des fleuves et cours d’eau. Nous tentons de mettre en place un dialogue direct avec les maires et recueillons les signalements des collectivités locales. Nous espérons recevoir d’autres fonds pour mettre en œuvre le programme d’entretien des fleuves et des berges, et autres structures hydrauliques à risque, de la part des autres ministères mais aussi d’éventuelles aides européennes. Il faut au moins un milliard par an lors des prochaines années pour faire face à la seule crise hydrique. Nous pouvons déjà compter sur les Fonds FSC qui ont été alloués surtout au sud, et certains fonds européens reçus pour financer des projets spécifiques. Mais nous pensons au retard accumulé sur des chantiers décisifs comme le MOSE qui sauve désormais systématiquement Venise après des années de polémiques. La vérité est que lorsque des événements dramatiques comme celui-ci surviennent, tout le pays est bloqué et coupé en deux.» 

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco « Le projet de la Ligue irrite la coalition de droite » : « Le projet de texte sorti du bureau technique du Sénat sur les parties critiques de la réforme sur l’autonomie régionale différentiée, voulue par la Ligue, a ouvert une polémique envenimée. Une polémique non seulement entre le parti de Salvini et les oppositions, comme cela était prévisible, mais au sein même de la majorité. Les accusations peu édulcorées des léguistes à l’égard des alliés, évoquant un « coup » interne avec la publication du texte comme si l’on voulait faire sauter la réforme phare de la Ligue, a surpris tout le monde. En général, ces accusations n’ont pas reçu de réponse. Très peu de représentants de la coalition de droite ont manifesté un geste de solidarité envers la Ligue. L’épisode aurait pu passer aux oubliettes, le Sénat ayant minimisé le tout. Toutefois, cela n’a pas suffi. C’est comme si ces critiques avaient alimenté des doutes déjà existants dans la majorité. Au-delà des positions officielles de soutien à l’autonomie régionale fortement voulue par Salvini et Calderoli, il y a un accueil très froid parmi les alliés. La crainte est qu’en soutenant une réforme jugée dangereuse pour l’unité de l’Italie, la Ligue finisse par faire un cadeau électoral à ses adversaires. Notamment au Sud du pays. Par ailleurs, la Ligue a toujours souligné la complémentarité entre la réforme de l’autonomie et la réforme présidentialiste voulue par Meloni. Si l’une des deux devait tomber à l’eau, tout sauterait. Difficile de faire des prévisions, à ce stade. » 

ENTRETIEN, Corriere della Sera, d’Ignazio La Russia (Frères d’Italie), Président du Sénat « Il n’y a aucun boycott, par ailleurs les rapports des bureaux techniques ne sont jamais élogieux » : « [Concernant la publication sur Internet du rapport des bureaux budgétaires du Sénat] il n’y a eu aucun « coup monté ». Aucun président du Sénat ne ferait une chose pareille, s’exposant à des critiques légitimes. Il n’y a eu aucune pression de ma part. Ces rapports ne passent pas par mon bureau. Il s’agit d’une erreur. Il n’y a aucun élément politiquement important dans cette histoire. Donner un jugement sur cette réforme ne relève pas de mes fonctions. Ces dossiers sont écrits par des experts, pas par des politiciens. A ma connaissance, il n’y a pas de disputes au sein du gouvernement sur les réformes. J’ai même l’impression qu’il y a une large entente au sein du gouvernement en la matière. »

ENTRETIEN, La Stampa, de Luca Zaia, (Ligue) Président de la région Vénétie « Si la réforme de l’autonomie régionale n’est pas adoptée, c’est la raison d’être de la majorité qui serait remise en cause » : « J’aimerais bien connaitre le responsable du Bureau budgétaire du Sénat, dont j’ignore l’identité, ne serait-ce que pour permettre une échange avec nos académiciens qui ont contribué à l’écriture de cette réforme et qui affirment exactement le contraire. Il s’agit là d’un jugement plus politique que technique. L’accord sur l’autonomie est l’un des piliers de cette majorité. Si cette réforme ne devait pas être réalisée, c’est le contrat même sur lequel est fondée cette majorité qui n’aurait plus de sens. La centralité de l’Etat est une culture arriérée, nous sommes pour la renaissance du fédéralisme, ce qui implique un grand changement social et culturel. »

ARTICLE, La Repubblica, de D. Longhin, « Un fonds souverain [pour les entreprises] du Made in Italy, une pluie d’argent pour les labels, les salons et les lycées » : « L’élément clef du projet de loi qui doit être approuvé la semaine prochaine en Conseil des ministres est la création de toute pièce de ce fonds souverain avec une dotation publique qui devrait être de 500 millions à un milliard. Des fonds privés et d’autres institutions pourront toutefois y contribuer. Un fonds qui permettra l’acquisition par l’Etat de parts minoritaires ne lui donnant donc pas un droit de contrôle sur les entreprises ainsi soutenues, et qui ‘’aidera au développement des filières italiennes’’ souligne le ministre des Entreprises et du Made in Italy Adolfo Urso (Frères d’Italie). Le projet de lycées ‘’Made in Italy’’ en lien avec les secteurs industriels a déjà été annoncé. Les nouveautés sont la création de comptes de dépôts avantageux pour soutenir les études des jeunes ; la création de la fondation ‘’Entreprises et compétences’’ pour mettre en réseau les établissements techniques, les formations et les entreprises ; l’introduction d’un label pour valoriser les restaurants italiens partout dans le monde. Le ministère entend aussi durcir les sanctions contre la contrefaçon. La figure du ‘’retraité-tuteur’’ sera introduite, permettant à d’anciens employés de revenir dans l’entreprises pour transmettre leurs compétences aux plus jeunes pour une rémunération maximale de 15 000 euros par an. Une Exposition permanente et une journée du Made in Italy devraient être créées, le 15 avril, jour de la naissance de Léonard de Vinci, symbole du génie italien. Ce sera ‘’la journée de la fierté de nos produits et entreprises, de la culture et du modèle italien dans le monde’’ explique Urso. Le projet entend donc miser sur ‘’le Made in Italy comme moteur de la reprise du pays’’ souligne le ministre des Entreprises. C’est toutefois le ministère de l’Economie et des Finances qui prendra les décisions sur la stratégie et les interventions. Le texte prévoit l’entrée du MEF au capital de certaines entreprises nationales mais toujours pour une part minoritaire. »

ARTICLE, la Repubblica, T. Ciriaco et P. Mastrolilli, « Sur les Routes de la Soie : Biden accorde du temps mais la sortie de l’Italie n'est pas négociable » : « Présente à Hiroshima dans le cadre du Sommet du G7, la présidente du Conseil italien G. Meloni aura vraisemblablement l’occasion d’échanger avec son homologue américain J. Biden sur la sortie italienne du projet des Nouvelles Routes de la Soie en Europe, alors que ce dernier a accepté d’accorder plus de temps à l’Italie pour que celle-ci fasse son choix. Pour rappel, l'Italie est le seul pays du G7 à avoir rejoint en mars 2019 le projet chinois ‘’Belt and Road Initiative‘’, dont le mémorandum signé par Conte a posé le cadre d’une future coopération commerciale et culturelle entre les deux pays. Néanmoins, l’arrivée de Meloni au pouvoir a remis en cause cet accord, (dont la signature non-contraignante ne lui attribue pas la valeur de Traité), en privilégiant le fait de renouer les relations que l’Italie entretenait jusque-là avec ses alliés occidentaux. La présidente du Conseil se trouve ainsi dans une position diplomatique délicate et demande aux États-Unis du temps pour trouver une solution stratégique qui ne suscite pas de ‘’ressentiments’’ à Pékin tout en s’en ‘’tenant à la nécessité d'une relation privilégiée avec Washington’’. Au regard des événements des derniers mois et des positions ‘’atlantistes’’ prises par l’Italie notamment dans le cadre du conflit en Ukraine, J. Biden accorde sa confiance à G. Meloni pour que celle-ci s’essaie à cet exercice diplomatique périlleux qui s’annonce avec Pékin. Preuve du nouveau virage pris par le gouvernement italien, le leader de Forza Italia S. Berlusconi a semble-t-il lui aussi revu ses positions en s’estimant désormais favorable au renouement du dialogue et à la mise en place d’un pourparler entre l’Ukraine et la Russie. L’Italie semble ainsi avoir ‘’parié sur Washington pour compenser son isolement européen relatif’’, à l’image des derniers conflits qui l’opposent à la France, même si le pays doit désormais donner des garanties d’engagement à J. Biden pour éviter une potentielle crise diplomatique avec son allié américain. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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