09/05/2023
"Réformes, Meloni préfère la solution d’un premier ministre élu directement."
Italie. Revue de presse.
Le débat politique sur la réforme constitutionnelle proposée par l’exécutif autour d’un système semi-présidentiel, alors que les consultations commenceront ce matin entre G. Meloni et les partis d’opposition, fait toujours les gros titres : « Réformes, une négociation à obstacles » (Corriere della Sera), « Des réformes faites à tâtons » (La Repubblica), « Réformes, Meloni préfère la solution d’un premier ministre élu directement » (La Stampa), « Réformes, [voici] les conditions du gouvernement : pas d’obstructionnisme ou nous avancerons sans vous » (Il Messaggero). « Célébrations du 9 mai à Moscou : Zelensky défie Poutine : je fêterai l’Europe » (Corriere, Repubblica), « Création d’un nouveau bon du Trésor pour les épargnants » (Sole 24 Ore), « Un bon du Trésor format famille pour ralentir les effets des [décisions] de la BCE » (La Repubblica).
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco « Un dialogue entre sourds qui oublie les priorités (et se laisse avoir par des mirages) » : « L’impression, c’est que l’on souhaite une réforme constitutionnelle non pas fondée sur une adhésion claire à un modèle d’Etat bien précis mais plutôt comme un troc. Une sorte de monnaie d’échange entre le projet d’autonomie régionale cher à la Ligue et l’élection directe du Président du Conseil voulue par Fratelli d’Italia. Cela ne fait qu’ajouter des doutes. On ne comprend pas l’urgence de soulever le sujet dans le débat public alors que les problèmes économiques, sociaux et les relations avec l’Europe, outre les effets des 14 mois d’invasion russe en Ukraine, planent sur nous. L’enlisement de ces derniers jours, notamment sur les nominations, a montré une majorité essoufflée avec des frictions évidentes et peu compréhensibles, voire une improvisation et de l’inexpérience. La faute de tout cela ne relève certainement pas de la Constitution. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli « L’affaire Cottarelli et les réformes » : « Si peu de gens estiment que l’on aille sérieusement vers une énième tentative de réforme de la Constitution, l’initiative de G. Meloni ne doit pas pour autant être sous-estimée, car elle a un sens politique très clair. Le gouvernement a décidé de jouer sa carte et, du point de vue tactique, se met dans une position confortable. Meloni reçoit au Palais Chigi, l’un après l’autre, chaque parti d’opposition. Ces partis devront ainsi dévoiler leur jeu, dévoiler leurs idées à la lumière du jour, ou bien tout simplement afficher leur « non » à l’initiative de Meloni. Nous avons ainsi des interlocuteurs disposés au dialogue (Renzi et Calenda), ceux qui ne feront pas de concessions (le M5S de Conte) et ceux qui ne souhaitent pas ‘’offrir d’alibi’’ au centre droit, comme l’a dit la dirigeante du PD Elly Schlein. Le PD comprend qu’il ne peut pas refuser une discussion, pas à ce stade en tout cas. Le Parti démocrate s’oppose à toute réforme pouvant modifier les pouvoirs du Quirinal. Ce qui aurait lieu si le futur Président du Conseil devait être élu directement. Entretemps le parlementaire Carlo Cottarelli, élu du PD sous la direction d’Enrico Letta, quitte le parti en l’accusant de vouloir imprimer un tournant qui renonce à l’âme réformiste libérale. Cet adieu, ainsi que le départ de personnalités comme Fioroni et Borghi, est un message pour dire que la ligne radicale voulue par Schlein afin d’élargir son bassin électoral ne serait pas la bonne pour un parti qui se veut à vocation majoritaire. Ainsi, le PD peut très bien refuser les propositions de Meloni, mais il devrait se présenter aux prochaines réunions institutionnelles avec une série de propositions pouvant moderniser l’Italie. »
Giorgia Meloni
ARTICLE, La Repubblica, de P. Mastrolilli, « Les cinq Italiens de la Ligue et de Fratelli d’Italia au sommet des pro-Trump contre les aides à l’Ukraine » : « Le rassemblement international des conservateurs les plus proches de Trump, certains ouvertement pro-russes, s’est tenu à Budapest et l’Italie était représentée par au moins cinq participants annoncés au programme parmi lesquels Francesco Giubilei, le conseiller du ministre de la Culture, et des députés européens de Fratelli d’Italia et de la Ligue, dont Vincenzo Sofo, le mari de Marion Maréchal. Une participation qui risque d’embarrasser le gouvernement de Giorgia Meloni, pas tant sur le plan idéologique que sur le plan diplomatique puisque l’événement se voulait ouvertement hostile à l’aide à l’Ukraine pour faire face à l’agression russe. L’agenda se déclinait en trois points : ‘’non à l’immigration, non aux politiques inclusives sur le genre, non à la guerre’’. Tous les leaders d’extrême-droite européens étaient présents, y compris Jordan Bardella. Trump est intervenu en vidéo. Pour Meloni, la question se pose surtout sur le plan politique alors qu’elle prépare sa visite à la Maison Blanche. La Présidente du Conseil et le ministre de la Culture Sangiuliano étaient-ils informés de la participation de ces proches du parti et de la coalition ? Leur participation était-elle officielle ou à titre personnel ? »
ARTICLE, Messaggero, « Ex-brigades rouges réfugiés en France. Les parents des victimes annoncent un recours devant la CEDH » par Valeria Di Corrado.
ARTICLE, La Stampa, A. Barbera « PNRR, les inspecteurs européens sont arrivés à Rome pour vérifier les réformes réalisées » - Le feu vert pour la troisième tranche à hauteur de 20 milliards n’est pas encore arrivé depuis Bruxelles : « Le « oui » formel à la troisième tranche du PNRR n’a pas encore été donné alors que les fonctionnaires européens sont arrivés à Rome pour évaluer l’avancée des projets et réformes. Le PNRR est avant tout un problème d’administration : plus le gouvernement italien a de difficultés à respecter les échéances, plus la pression de Bruxelles augmente. Après avoir consacré des mois (trop de mois) à la gouvernance, le ministre Fitto (Frères d’Italie) doit maintenant accélérer. La nouvelle structure sous son contrôle politique doit maintenant se coordonner avec le ministère du Trésor, qui jusque-là entretenait le dialogue direct avec Bruxelles. Fitto doit surtout accélérer sur la révision du PNRR, quitte à ce que la quatrième tranche prévue pour le 30 juin soit elle aussi repoussée. Fitto a déjà reconnu qu’il ne parviendra pas à atteindre à 100% certains objectifs. La Commission ayant besoin de temps pour évaluer les nouveaux documents, le gouvernement devra présenter sa proposition de modification bien avant la fin du mois d’août. Le cas échéant, il y a de fortes chances que l’Italie ne reçoive pas un seul euro en 2023. ‘’C’est un scénario auquel le gouvernement risque de ne pas survivre’’, fait savoir un ministre voulant garder l’anonymat. »
PREMIER PLAN, La Repubblica, de C. Tito, « ‘’Rome doit clarifier ses intentions sur le MES’’, l’irritation de Giorgetti (Ligue) face aux pressions de l’Europe » : « Le Mécanisme de Stabilité provoque l’énième confrontation entre Rome et Bruxelles, ‘’nous n’acceptons aucune provocation’’ répond Giorgetti lorsque l’UE relance l’Italie sur la ratification du MES. L’Italie est en effet le seul pays n’ayant pas encore approuvé la réforme au Parlement, bloquant de fait tout le processus. Une situation que de nombreux partenaires, à commencer par l’Allemagne, réprouvent. Les difficultés qui se manifestent depuis quelques temps dans le secteur bancaire suscitent l’inquiétude générale et on craint une ‘’contagion’’ vers l’Europe. Certaines dynamiques observées aux Etats-Unis rappellent la grande crise d’il y a quinze ans. C’est pourquoi la pression sur Rome est de plus en plus forte : ‘’l’engagement pris par le pays est valable pour un gouvernement et pour ceux qui lui succèdent’’ rappelle-t-on. Le ministre italien de l’Economie répond avec irritation, dénonçant l’instauration d’un climat hostile en vue de la réunion avec ses homologues européens prévue lundi prochain. Giorgetti estime que suite au vote (très largement contraire) du Parlement italien sur les modifications apportées au MES, il n’est pas possible de présenter à nouveau la motion sans en tenir compte. Et le gouvernement italien s’en tient à cette position. Au fond, c’est un élément de nouveauté qui est demandé, pas sur le MES en lui-même qui ne peut plus être modifié, mais sur certaines mesures directement en lien comme l’union bancaire et les garanties devant protéger les dépôts bancaires qui exposent les petites et moyennes banques italiennes à un effort excessif. Le ministre léghiste demande en somme une forme de rupture. Il entend réitérer sa demande lors de la réunion des ministres des finances du G7 le week-end prochain au Japon et étudier une ‘’exit strategy’’ avec ses homologues français et allemands. La discussion sera forcément élargie à d’autres sujets, à commencer par la réforme du Pacte de Stabilité et le Plan de Relance. L’Italie entend les placer dans le même lot de négociations. Par exemple en donnant son accord sur le MES contre la possibilité d’examiner avec magnanimité les objectifs italiens du NextGenerationEU et leur révision. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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