09/03/2023
"Nouvelles mesures sur l'immigration et la lutte contre les passeurs."
Italie. Revue de presse.
La presse italienne titre largement sur le Conseil des ministres qui va acter de nouvelles mesures sur l'immigration et la lutte contre les passeurs « Migrants : les tensions au sein de la majorité, puis l'entente. Le tour de vis sur les passeurs et une procédure pour les entrées » (Corriere della Sera), « Migrants, le conseil des ministres se tient à Cutro. Le bras-de-fer entre Salvini et Mantovano (Indépendant, autrefois Alliance Nationale) » (La Stampa), « Voici le plan pour les migrants avec les conditions du Quirinal » (Il Giornale). « Enquête sur la gestion de la pandémie. Le chaos des juridictions : Bergame va de l'avant ; non-lieu à Rome pour le gouvernement Conte » (Corriere della Sera). « Taxation des professions libérales, voici les nouveautés (Il Messaggero). « Succès des émissions d'Etat » (Sole 24 Ore). Entretien de Benjamin Nétanyahou à la une de la Repubblica: "la démocratie est solide".
Les JT couvrent essentiellement l’intensification des frappes russes sur les principales villes ukrainiennes, le Conseil des Ministres qui se tiendra exceptionnellement à Cutro, lieu du naufrage de migrants de dimanche dernier, et la cérémonie d’hier au Quirinal pour la Journée internationale des droits des femmes avec la reprise du discours du Chef de l’Etat.
Sur Twitter, le hashtag #unaTARDIVA_gita_aCUTRO, en référence à la polémique sur le délai après lequel les ministres se rendent sur le lieu du naufrage, fait tendance.
COULISSES, Corriere della Sera, de M. Guerzoni, « La Présidence du Conseil ‘’déclasse’’ Piantedosi (Indépendant) ; la création d’un nouveau délit de ‘’tragédie meurtrière en mer’’ » : « Onze jours après le drame de Cutro, la Présidente du Conseil et tous les ministres seront aujourd’hui en Calabre pour un premier déplacement du gouvernement, qui se veut exceptionnel. Le Conseil des ministres se déroulera à Cutro l’après-midi. Giorgia Meloni veut en faire une réunion ‘’très opérationnelle’’ donnant lieu à un sévère tour de vis à l’égard des ‘’trafiquants de vies humaines’’, passeurs et organisations criminelles. Un décret introduirait un nouveau délit de ‘’tragédie meurtrière en mer’’ punissant ‘’très sévèrement’’ ceux qui exploitent le désespoir des migrants, afin d’inciter ces derniers à passer par les voies officielles. Très critiquée par les oppositions pour son absence sur place, Meloni prépare depuis des jours avec ses équipes un ‘’geste symbolique fort’’. Il faudra au moins une belle photo pour réconcilier une partie de l’opinion publique très émue et sous le choc avec ce gouvernement, et que celui-ci affiche sa douleur pour les 72 – au moins – vies perdues. Mais le Palais Chigi craint les réactions de l’opposition. Matteo Salvini n’a certainement pas apprécié que la gestion de la question migratoire ait été transférée à la Présidence du Conseil. Ce sont en effet la Présidente du Conseil et son secrétaire d’Etat Alfredo Mantovano qui ont mis au point le décret, récupérant ainsi des prérogatives du ministre de l’Intérieur Matteo Piantedosi. La décision de ce Conseil des ministres à Cutro, qu’aurait prise Meloni sans consulter ses alliés, a également agacé la Ligue. Mais des sources proches de la majorité parlent pourtant d’unité. ‘’Piantedosi ? Moins il parle, mieux c’est’’ entend-t-on dire à voix basse parmi les proches de Meloni. Dorénavant, toutes les décisions, à commencer par la gestion des secours, devront être prises en accord avec le Palais Chigi. Hier le ministère de l’Intérieur a tenté d’ajouter certaines mesures au décret en préparation (expulsions, suspension de la protection internationale des migrants…) qui ont déplu à Fratelli d’Italia. La médiation, entre la Présidence du Conseil, les affaires étrangères, la Justice et l’Intérieur, a été assurée par le secrétaire de Meloni, Alfredo Mantovano, et après les tensions un accord a été trouvé. La Ligue a obtenu l’introduction d’une mesure durcissant les contrôles de ceux qui reçoivent des fonds publics pour l’accueil des migrants. Mais la tentative de Salvini d’insérer dans ce nouveau décret des pans de ses anciens ‘’décrets sécurité’’ a échoué. Meloni est claire sur la question : si Salvini veut rétablir ses décrets, il devra passer par le Parlement. Ce qu’elle fera et dira aujourd’hui sera également un message à l’Europe. L’Italie fait sa part mais le reste relève de Bruxelles. »
PREMIER PLAN, La Repubblica, de G. Foschini, « L’ascension de Mantovano, l’ « anti-Piantedosi » qui fait le lien avec la Présidence de la République et le Vatican » : « Le secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil, Alfredo Mantovano, est un magistrat très discret et ultra-catholique qui, au cours de ces cinq premiers mois de gouvernement Meloni, a su conquérir le rôle de conseiller privilégié et le plus écouté de la Présidente du Conseil. Extrêmement discret notamment avec la presse, c’est l’un des moments les plus délicats de l’histoire de ce gouvernement, le drame de Cutro, qui le révèle alors que les propos malheureux du ministre Piantedosi avaient notamment mis le gouvernement en difficulté. L’exécutif semblait désorienté et maladroit, lorsque la ligne à suivre a été dictée par Mantovano dans un entretien à La Repubblica. Tout en défendant Piantedosi et les institutions, il semble dire : ‘’sur ce sujet, c’est moi qui parle’’. C’est presque une mise sous tutelle du ministre de l’Intérieur. 24 heures plus tard Giorgia Meloni répondait à une question des journalistes ‘’je pense comme ce qu’a dit Mantovano’’. Il y a quelques jours, le chef de l’Agence pour la cybersécurité a été remplacé, l’un des postes les plus sensibles et les plus stratégiques du département surtout dans le contexte actuel, et la décision a été prise par Mantovano sans consultation d’aucun des ministres qui devraient normalement s’exprimer sur la question. Mantovano, qui a la tutelle sur cette Agence, n’était pas d’accord avec les lignes stratégiques de l’ancien chef et le jugeait trop proche de son prédécesseur. Mantovano estime que son seul interlocuteur doit être la Présidente du Conseil, dont il est un vieil ami. S’il s’exprime très peu publiquement, il cultive les liens principalement sur deux axes : le Vatican, avec qui il a déjà de très solides relations, et la Présidence de la République. Il y est considéré comme l’interlocuteur principal sur les dossiers les plus délicats, dont fait partie celui des migrants. C’est lui qui fait actuellement le pont entre le gouvernement et d’un côté avec Bruxelles, de l’autre avec sphère politique et émotive du pays. Beaucoup attendent de voir quel poids il aura dans les nominations à la tête des grandes entreprises dont l’Etat est actionnaire. »
Alfredo Mantovano
ARTICLE, Il Foglio, S. Canettieri « Meloni et les migrants » : « Salvini, qui fête aujourd’hui ses 50 ans, souhaite jouer les trouble-fêtes et s’offrir comme cadeau le retour des mesures anti-immigration adoptées par lui en 2018. Le Conseil des ministres se tient à Cutro, où la Présidente du Conseil se rend avec un retard considérable, suivie de son convoi de ministres. Le petit village sera bouclé en raison de possibles contestations. Selon le Palais Chigi, il s’agira d’un Conseil des ministres ‘’dense et sur plusieurs niveaux’’. Après la tragédie des migrants, Meloni veut lancer des signaux d’ouvertures à ceux qui fuient pour sauver leur vie. Or, Salvini n’est pas du tout sur cette ligne et tentera d’imprimer jusqu’au bout sa marque sur les décrets, sur lesquels le Quirinal demeure vigilant et inquiet. La Présidence de la République s’attend à une approche bienveillante à l’égard des réfugiés car cela va au-delà d’une thématique partisane. Les services juridiques du Quirinal attendent ainsi de voir s’il s’agira d’un décret-loi justifié par un caractère d’urgence ou pas. Le bras-de-fer avec Salvini a duré longtemps, hier soir. Au Palais Chigi, on s’empresse de dire que ‘’le gouvernement desserre l’étau, c’est cela la nouvelle’’. Meloni mise sur une simplification des procédures pour ceux qui veulent entrer en Italie de manière légale et veut simplifier aussi les rapatriements tout en assurant que ‘’personne ne sera renvoyé dans des pays qui ne sont pas considérés comme sûrs’’. Toujours au Palais Chigi, on espère que Meloni remportera son bras-de-fer contre Salvini ‘’quand elle s’y met, elle est dure à battre’’ ajoute-t-on. Au contraire, au sein de la Ligue, on estime qu’à la fin la Présidente du Conseil déjà trop « institutionnalisée » finira par abandonner la posture bienveillante qui ne paie pas dans son électorat. »
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, M. Franco « La tentative de convaincre l’UE à changer de posture » : « Les mots de félicitations pour l’Italie prononcés hier par le Premier ministre M. Rutte sont surprenants et explicites, notamment quand il a dit ‘’avec Giorgia Meloni nous ne sommes pas d’accord sur tous les sujets’’. Le leader « idéologique » bien plus que politique du groupe des pays frugaux du Nord de l’Europe, prompt pendant des années à critiquer Rome quand elle recherchait des concessions financières auprès de Bruxelles, exprime de manière implicite à quel point la scène européenne a changé et comment l’invasion russe de l’Ukraine a poussé tous les pays membres à changer d’attitude. A commencer par Rutte et par Meloni. Le mot d’ordre est ‘’pragmatisme’’, que l’on pourrait traduire aussi par ‘’état de nécessité’’, derrière lequel les grandes divergences sur l’accueil des migrants prennent un tour plus diplomatique. Cela vaut aussi pour les aides militaires à Kiev et pour la loyauté envers l’Otan : un comportement qui a poussé Rutte à afficher son ‘’admiration pour l’attitude responsable de l’Italie’’. Cela peut s’étendre aussi à une collaboration sur la méthode de s’occuper de la question l’immigration. L’impression est que Meloni, forte du soutien de la lettre de la présidente de la Commission Européenne, a cherché à dépasser le seul drame du naufrage en Calabre. Elle a voulu donner un autre signal et aller au-delà du bras-de-fer avec les oppositions et des tensions au sein de sa majorité, pour demander une collaboration européenne vouée avant tout à freiner le trafic de migrants, monopolisé par les organisations criminelles et par les passeurs. L’hypothèse d’un voyage dans certains pays africains avec Rutte indique une stratégie qu’il faudra entièrement construire afin d’arrêter les départs et pour fournir des aides aux pays qui subissent l’immigration clandestine. C’est là un pari très risqué car certains ont remarqué dans les propos de Rutte un discours semblable à celui qu’il avait déjà tenu, du temps où Mario Draghi était au Palais Chigi. Mais aussi faire du drame de Cutro une opportunité pour pousser l’Europe à revoir sa stratégie au bénéfice de tous. »
PREMIER PLAN, La Stampa, de C. Bertini, « Migrants, l’alliance entre le Parti démocrate et le Troisième Pôle ; Elly Schlein, ‘’nous dépasserons la loi Bossi-Fini [sur l’immigration]’’ » : « Elly Schlein (PD), Carlo Calenda (Azione) et Matteo Renzi (Italia Viva) s’associent pour la première fois en vue d’une initiative commune au Parlement. Giuseppe Conte du M5S ne répond pas à l’appel. La première alliance entre les oppositions se fera sur la question des migrants, le PD et le Troisième pôle répondant ainsi à l’appel du Président de la République d’agir concrètement en matière de politique migratoire. Ensemble, il signe la proposition de +Europa pour l’extension des permis de séjour. Ils entendent donner lieu à une nouvelle loi qui remplacerait la loi dite Bossi-Fini, votée sous Berlusconi en 2002, sur l’immigration, afin d’introduire un cadre juridique permettant un système d’entrées légales pour motifs professionnels et la régularisation des étrangers déjà présents sous certaines conditions (notamment qu’un employeur soit prêt à les embaucher). La loi pourrait bien être examinée au Parlement grâce à l’insistance des oppositions unies. Ensemble, ils veulent notamment créer pour la première fois un permis de séjour pour recherche d’emploi, ce qui serait révolutionnaire dans le contexte actuel (interdiction de régularisation des migrants illégaux outre les quotas prévus par les ‘’décrets-flux’’) et ce malgré la demande des entreprises en main-d’œuvre. D’un point de vue politique, on voit un véritable avant/après suite à l’élection d’Elly Schlein. Le PD n’était jamais parvenu à faire examiner cette proposition. »
Giorgia Meloni
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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