08/03/2023
"Piantedosi se défend à la Chambre des Députés."
Italie. Revue de presse.
L’audition du ministre de l’Intérieur devant la Chambre des députés sur le drame du naufrage de migrants à Crotone, et le projet de fonds européen pour des corridors humanitaires font les gros titres « Piantedosi s’absout » (La Repubblica), « Meloni met fin à l’affaire Piantedosi » (La Stampa), « Migrants, l’Europe bouge » (Corriere della Sera), « Les morts ont maintenant une importance pour Rome et l'Europe » (Avvenire). « Collision d’avions militaires : le drame a été évité mais les deux pilotes sont décédés » (Il Messaggero, Corriere, Repubblica). « Journée internationale des droits des femmes : « il est temps qu'elles soient nommées à la tête des grandes entreprises publiques », affirme G. Meloni » (Il Messaggero).
Les JT couvrent essentiellement la Journée internationale des droits des femmes, la lettre de la Présidente de la Commission Européenne U. von der Leyen adressée au gouvernement italien et annonçant un nouveau plan prévoyant des corridors humanitaires pour les migrants, l’audition du ministre de l’Intérieur devant la Chambre des députés au sujet du drame de Cutro, et enfin la décision de Kiev sur l’évacuation des civils de la ville de Bakhmout.
ARTICLE, Corriere della Sera, M. Cremonesi « Piantedosi (Indépendant) se défend à la Chambre des Députés » : « Une fois son rapport terminé, le ministre de l’Intérieur Piantedosi se libère du poids qu’il a sur le cœur ‘’le cadre normatif, par ailleurs soumis aux engagements internationaux, n’a pas du tout été modifié par ce gouvernement. Les modalités techniques et opérationnelles des sauvetages ne peuvent pas être soumises à des considérations politiques. Affirmer que les secours auraient été conditionnés voire empêchés par ce gouvernement représente un mensonge grave, qui offense l’honneur et le caractère professionnel de nos agents’’. Le ministre fait ensuite une liste des naufrages tragiques sur les côtes italiennes depuis 1997, pour faire passer le message qu’aucun gouvernement n’a pu s’y soustraire. Le mérite de cet exécutif, selon Piantedosi, serait d’‘’avoir placé la thématique migratoire en centre de l’agenda politique’’. L’enquête en cours fera la lumière sur les responsabilités mais le point principal est le suivant : la tragédie découle ‘’directement de la gestion criminelle par des passeurs sans scrupules’’. Le discours du titulaire de l’Intérieur est applaudi par la majorité. Mais les oppositions haussent le ton. Giuseppe Provenzano (PD) critique : ‘’le gouvernement devrait être accusé de responsabilité par négligence de ce massacre’’, le M5S souligne pour sa part l’absence du ministre des transports Matteo Salvini, alors que Matteo Renzi (Italia Viva) demande à son tour ‘’pourquoi la garde-côtière n’est-elle pas intervenue ?’’ »
COMMENTAIRE, La Stampa, A. Cuzzocrea « Un ministre réticent » : « D’après Piantedosi, la responsabilité retombe entièrement sur les passeurs qui auraient trompé les migrants puis abandonné le navire en provoquant les morts en mer. Le bateau aurait viré de bord brusquement par crainte de voir la police sur la plage. Mais ce récit nous éloigne de la vérité. Le titulaire de l’Intérieur ne nous dit pas pourquoi la garde-côtière n’est pas intervenue, ne cite pas l’absence des secours ni les graves carences de politiques d’accueil en Italie. On n’explique pas pourquoi, à la place des patrouilleurs, on n’a pas utilisé des navires plus puissants. Enfin, le ministre ne cite pas une seule fois les conditions météo de cette nuit-là ni le rapport que l’Aéronautique militaire avait adressé aux autorités et qui évoquait clairement une mer démontée allant jusqu’à une force 7. Si quelque chose n’a pas fonctionné dans la chaine des secours, la responsabilité retombe sur le ministère de l’Intérieur (Piantedosi) et sur le ministère des transports (Matteo Salvini). Les deux ministres ne peuvent pas éviter de répondre à une question simple : pourquoi la garde-côtière n’est-elle pas sortie en mer cette nuit-là ? »
COMMENTAIRE, La Stampa, M. Sorgi « Bruxelles et la différence [du discours] sur les secours » : « Il faudra vérifier si les promesses de von der Leyen (cinq-cents millions d’euros et cinquante mille migrants qui seront redistribués en Europe grâce aux corridors humanitaires) se traduiront en engagements concrets ou si, au moment de prendre les décisions, les réticences habituelles des pays membres émergeront. Toutefois, la réponse que Giorgia Meloni a reçue de la présidente de la Commission Européenne représente un résultat important pour le gouvernement, au moment où le ministre référait à la Chambre sur le déroulement des faits de la nuit du 25 février. Jusqu’ici, Meloni pourra dire que ses requêtes ont obtenu une réponse. Mais dans la lettre de von der Leyen, l’attitude envers les ONG est bien distante de celle de Meloni. Il n’y a aucune posture de condamnation. »
COMMENTAIRE, Il Foglio, C. Cerasa « L’audition médiocre du ministre Piantedosi place Meloni face à un choix » : « L’audition du ministre Piantedosi pour informer les Chambres n’a pas réussi à répondre à la question cruciale : pourquoi l’arrivée d’un navire chargé de migrants en mer dans des conditions météo dégradées a été gérée selon la logique de la protection des frontières et pas selon celle de la protection de vies humaines ? Cela confirme qu’un choix crucial se présente à Giorgia Meloni : face au phénomène migratoire, faut-il continuer à suivre la ligne populiste et cynique de la Ligue ? Ou bien faut-il suivre celle qui a été timidement entamée par la Présidente du Conseil, à savoir réécrire une nouvelle page en tentant de dicter l’agenda en Europe ? L’avenir du gouvernement Meloni passe aussi par la recherche de réponses qui soient moins médiocres que celles du ministre Piantedosi. »
ENTRETIEN, Il Giornale, de Francesco Lollobrigida, ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire, membre de Fratelli d’Italia, « C’est seulement en réduisant les départs illégaux que nous pourrons éviter les drames en mer » : « Le Président Meloni a le mérite d’avoir été la première à soulever avec détermination la question migratoire en Europe. Pour éviter que d’autres personnes ne meurent, il faut empêcher les départs illégaux. Nous cherchons une solution, notamment à travers une discussion constante avec les autres dirigeants européens. [Journaliste : ‘’plusieurs journaux étrangers comme The Times, Le Figaro ou The Economist ont fait l’éloge du gouvernement Meloni’’]. Le spread reste bas et nos rapports avec Bruxelles sont meilleurs que ce que prévoyaient les scénarios catastrophe à notre égard. Elly Schlein a l’occasion d’être l’expression d’une nouvelle gauche mais pour l’instant elle semble plutôt tournée vers le passé et adhère à des manifestations, des slogans et des idées qui renvoient dangereusement aux périodes sombres du siècle dernier. Le report du nutriscore est seulement la première bataille remportée contre un système d’étiquetage qui induit en erreur. Nous voulons travailler au contraire sur des étiquettes qui apportent une information juste. Nous n’acceptons pas les modèles qui font des citoyens de purs ‘’consommateurs’’ passifs. Enfin, la sècheresse n’est plus une urgence ponctuelle mais un phénomène cyclique auquel il faut apporter des réponses structurelles et de moyen et long terme. La déperdition hydrique est de 40% en Italie, c’est très élevé. Un comité technique a été mis en place. Nous pensons à adapter les cultures pour réduire le besoin en eau. Nous travaillerons en synergie avec les régions. »
ARTICLE, La Stampa, de F. Bertolino, « La tentation nucléaire du gouvernement qui avance l’idée d’intégrer des réacteurs au plan énergétique » : « Le gouvernement italien rouvre la piste du nucléaire et envisage l’introduction de réacteurs dans son plan énergétique de long terme. Le pacte industriel sur le nucléaire annoncé lundi par Edison, EDF et Ansaldo a fait réagir la sphère politique. ‘’Sur le nucléaire, l’Italie a une grande expérience, de la compétence et une histoire’’ a souligné le ministre de l’Environnement et de la sécurité énergétique, Gilberto Pichetto Fratin, ‘’il ne s’agit pas de rouvrir une centrale dès demain, mais nous devons suivre le rythme du reste du monde’’. Le débat est donc relancé en Italie et devra rapidement arriver à une conclusion, positive ou négative. Le 30 juin prochain, l’Italie devra présenter son plan intégré sur l’énergie et le climat à la Commission européenne : ce pourrait être une échéance. Les milieux financiers sont plutôt convaincus que le nucléaire intégrera ce programme, aux côtés des énergies renouvelables, pour assurer une source d’énergie continue et flexible. La droite a toujours dit sa volonté de revenir sur les référendums de 1987 et 2011 qui avaient fermé la porte du nucléaire. Pour la nouvelle secrétaire du PD à l’inverse ‘’ce n’est pas le chemin à suivre’’. La majorité semble toutefois bien décidée et son unité sur la question passera un premier test à la Chambre lors d’une motion de Forza Italia sur la recherche et l’adoption du nucléaire au niveau européen et national. Ansaldo et Edison ne sont pas les seules entreprises nationales prêtes à participer à la relance du nucléaire : ENI investit et travaille depuis longtemps sur la fusion et le confinement magnétique, et Leonardo participe, avec Ansaldo, au projet international ITER pour la construction de la plus grande machine de fusion nucléaire au monde. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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