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28/02/2023

Matteo Piantedosi, ministre de l’Intérieur : "Nous ne sommes pas inhumains, je veux éviter ces désastres, mais la tragédie n’a rien à voir avec les nouvelles règles."

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Italie. Revue de presse.

La presse italienne titre encore largement sur le naufrage de migrants devant les côtes calabraises ayant fait plus de  soixante  victimes ainsi que la polémique autour des propos du ministre de l'Intérieur qui a  parlé "d'irresponsabilité" dans le choix de prendre la mer sur ce bateau. La presse se concentre aussi sur les failles dans les secours en mer malgré le signalement par Frontex :   « Migrants, tollé sur le ministre » - L'opposition le critique, Piantedosi (Indépendant) se défend : je ne suis pas inhumain, je suis contre les passeurs (Corriere della Sera), « Le naufrage de Piantedosi » - Les propos du ministre soulèvent la polémique : le désespoir ne justifie pas ces voyages (La Stampa), « Le ministre débarque » - Frontex signale le bateau, la garde côtière ne bouge pas. Le Parquet ouvre une enquête. Selon le ministre, la faute retombe sur les migrants qui mettraient en danger leurs enfants (Fatto Quotidiano), « Laissés sans aide » - Soixante-quatre cadavres ont été récupérés, dont plusieurs enfants. On s'interroge sur l'absence des secours (Avvenire).

Les débuts politiques de la nouvelle dirigeante du Parti démocrate, Elly Schlein sont aussi cités en Une  « Le manifeste du nouveau PD » - Voici les priorités d'E. Schlein : la parité de genre, la défense des droits civils, la fin du précariat et des CDD et la transition écologique (La Repubblica), « Schlein-Meloni, le défi est lancé » - Meloni félicite la nouvelle dirigeante et s'attend à  « une opposition dure » (La Stampa), « Le Mouvement 5 Schlein » - Le nouveau PD est déjà prêt à s'allier avec le parti de Giuseppe Conte et les modérés plient bagage (Il Giornale).

Les JT couvrent essentiellement le naufrage de migrants devant les côtes calabraises ainsi que l’appel du gouvernement Meloni à ce que « l’UE agisse rapidement pour freiner les flux migratoires », les débuts politiques de la nouvelle dirigeante du PD, Elly Schlein, l’intensification des frappes russes sur la ville de Bakhmut et enfin les intempéries prévues dans le nord de l’Italie en fin de semaine.

PREMIER PLAN, La Repubblica, d’A. Ziniti, “Naufrage : des appels à l’aide envoyés dans le vide et l’embarcation laissée à la dérive, on accuse les secours» : « L’embarcation est restée en mer près de 24 heures après le premier signalement, dans l’attente désespérée de secours qui ne sont jamais arrivés, après avoir été repérée par Frontex et avoir passé plusieurs appels, avant de s’écraser à 100 mètres de la plage. Comment est-il possible que personne n’ait pu secourir ce bateau plus tôt ? Le procureur annonce qu’une enquête est en cours sur le naufrage mais aussi pour reconstituer la chaîne des secours. Il souligne le manque de moyens humains et matériels des forces de l’ordre sur place et en appelle au gouvernement. Malgré les polémiques suscitées par le pire naufrage depuis celui de Lampedusa en 2013, un manquement de la Garde côtière semble exclu (les opérateurs risquent leur vie pour sauver les gens en mer). Mais plusieurs questions demeurent sur la gestion du signalement de Frontex, la mobilisation tardive des patrouilleurs pourtant tout à fait en mesure de naviguer dans des conditions météorologiques difficiles. Comment une embarcation a pu disparaitre des radars après avoir donné l’alerte et être arrivée à 100 mètres des côtes ? Pourquoi les patrouilleurs plus résistants ne sont pas tout de suite sortis en mer après le retour de leurs collègues ? L’ancien porte-parole de l’autorité générale de la capitainerie du port craint qu’une nouvelle pratique veuille que, désormais, lorsque des navires de fortune à la dérive sont signalés, une démarche de contrôle policier soit lancée plutôt que de déployer immédiatement les secours en mer. Cette ‘’distorsion institutionnelle’’ pourrait créer de la confusion dans les opérations quotidiennes de ceux qui sont en première ligne. ‘’Le fait que la garde côtière n’intervienne pas pour expliquer ce qui s’est passé est également une anomalie’’ explique la même source. En effet, depuis plusieurs jours, la garde côtière garde le silence. »

ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Matteo Piantedosi, ministre de l’Intérieur, « Nous ne sommes pas inhumains, je veux éviter ces désastres, mais la tragédie n’a rien à voir avec les nouvelles règles » : « Le message doit être clair : ceux qui fuient la guerre ne doivent pas s’en remettre à des passeurs sans scrupules, ce sont les politiques responsables et solidaires des Etats qui doivent leur offrir une échappatoire au drame qu’ils vivent. Je me suis rendu sur place pour exprimer la douleur de tout le gouvernement. Dès notre investiture, nous avons intensifié les couloirs humanitaires de façon inédite et nous avons adopté le ‘’décret flux’’ qui prévoit l’entrée régulière de 83 000 personnes. Nous entendons agir concrètement pour empêcher les départs et éviter de telles tragédies, et lutter contre le réseau des trafiquants. Je remercie les secours qui sont intervenus à Crotone en faisant tout leur possible, au péril de leur vie, il n’y a eu aucun retard de leur part. Concernant la réponse de l’UE, suite à nos demandes pressantes, on entrevoit les premiers signes de changement sur ces questions. En attendant, nous comptons sur les différents accords bilatéraux que nous avons passés avec les pays de départ et de transit de la rive sud de la Méditerranée. La régulation des flux est nécessaire, les nouvelles règles concernant les ONG n’ont aucun lien avec l’augmentation des morts en mer ni avec cette nouvelle tragédie. [Q : Vous vous trouvez actuellement en France. Vous avez fait la paix avec Paris ?] Entre Paris et Rome, il n’y a jamais eu de guerre, il n’est donc pas besoin de faire la paix. La France est un partenaire naturel car l’histoire et nos valeurs nous rapprochent. La communauté d’intentions avec Paris est fondamentale pour le renforcement de certaines initiatives dans lesquelles nous croyons fortement. La rencontre d’aujourd’hui avec le ministre Darmanin m’a vivement confirmé cela. » 

ARTICLE, Il Sole 24 Ore, M. Peronne « Négociation entre l’Italie et l’UE, des avancées à petit pas sur la révision du Plan National de Relance » : « Hier s’est tenu une réunion à Bruxelles entre Raffaele Fitto (ministre pour les Affaires européennes, les politiques de cohésion et le Plan National de Relance), et Paolo Gentiloni (commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, à la fiscalité et à l’Union Douanière). Cette « très brève » rencontre a été l’occasion d’échanger au sujet des nouveautés prévues par le premier décret PNRR du gouvernement Meloni récemment publié. L’exécutif parie sur une « triangulation complexe entre les trois instruments à sa disposition », à savoir le PNRR, RepowerUE et les fonds de solidarité, ainsi que sur l’usage « flexible » des fonds de l’UE convenus les 9 et 10 février au Conseil européen. Cela devrait permettre un « ajustement » du PNRR, qui repose sur la difficulté de ne pas bouleverser les règles à la base du plan. Si RepowerUE permet de remodeler les investissements qui concernent les politiques énergétiques, il est en revanche plus compliqué d’annuler les projets ou de risquer de dépasser l’échéance de 2026. Les fonds de solidarité devraient justement permettre d’étendre les délais jusqu’en 2029 afin de compenser les éventuels retards, notamment au sujet des investissements au sud pour lesquels les politiques de relance imposent des contraintes strictes. « L’attitude de Bruxelles est plutôt conciliante, au moins sur cet aspect ". Le sujet des concessions balnéaires, considéré comme « un inquiétant développement » par la porte-parole du marché intérieur, n’a pas été abordé durant l’échange entre Fitto et Gentiloni. »

ARTICLE, Corriere della Sera, de M. Guerzoni, « La Présidente du Conseil et son adversaire, deux femmes au sommet divisées par le féminisme » : « Pour la politique italienne, c’est une révolution : pour la première fois à la tête du principal parti de la majorité et du plus grand parti d’opposition, il n’y a pas deux hommes mais bien deux femmes. Après des années à être à la traine par rapport à d’autres pays en matière de parité, l’Italie devient le seule grand pays européen dont les deux principales forces politiques sont dirigées par des femmes, et la deuxième après la Finlande. Il y a eu entre autre un effet d’émulation déclenché par la victoire de Giorgia Meloni. Elly Schlein a remporté les primaires du Parti démocrate notamment grâce aux voix de nombreux jeunes italiens. Le monde politique italien s’interroge sur les différences et les similitudes entre les deux leaders qui ont des idées opposées sur la société. Giorgia Meloni a fondé à 36 ans, en 2002 le parti Fratelli d’Italia qu’elle a porté de 3% à 33%, terrassant du même coup Silvio Berlusconi et Matteo Salvini et ‘’rompant le plafond de verre’’. Elly Schlein a gravi les marches du PD en ‘’étrangère’’, à 37 ans, en quelques semaines, et devra maintenant se démarquer de ses grands prédécesseurs et collègues masculins, déployant toute sa capacité à unir le parti que la logique des courants internes a presque tué. D’ici les européennes puis les prochaines élections législatives, le chemin pour devenir l’anti-Meloni est encore long mais Elly Schlein se sent prête. Alors que la Présidente du Conseil voulait que son titre officiel soit ‘’Monsieur le Président du Conseil des ministres’’ – ‘’monsieur’’ a ensuite disparu mais le masculin est resté -, Elly Schlein disait sa détermination à devenir la secrétaire du PD, prônant l’idée que ‘’le PD n’a pas besoin d’un homme ou d’une femme seule à sa tête’’ et que ‘’nous n’avons que faire d’une Présidente du Conseil femme si elle ne défend pas les autres femmes’’. Deux féminismes bien différents : ‘’je suis Giorgia, je suis une femme, je suis une mère, je suis italienne, je suis chrétienne’’ ce à quoi Schlein répondait ‘’ je suis une femme, j’aime une autre femme, je ne suis pas une mère, mais je n’en suis pas moins une femme’’. Giorgia Meloni parle beaucoup au singulier alors qu’Elly Schlein théorise le ‘’nous’’ et insiste beaucoup sur le collectif. »

COMMENTAIRE, La Stampa, M. Sorgi « L’inconnue sur le vote au parlement pour le prochain envoi d’armes à l’Ukraine »: « Il serait assez incroyable qu’Elly Schlein vienne confirmer tout de suite les craintes des électeurs de son rival Stefano Bonaccini. C’est-à-dire la possibilité qu’elle saisisse la première occasion du scrutin parlementaire sur les nouvelles aides en armes à l’Ukraine, pour se distinguer et choisir le camp du « non » à l’Otan, chamboulant le choix historique du père du PCI Enrico Berlinguer en 1976. Ou qu’elle décide de faire concurrence aux 5 Etoiles sur le refus de l’incinérateur de Rome, ville qui est par ailleurs gouvernée par un représentant du PD. Ou encore qu’elle propose un impôt sur la fortune, faisant un véritable cadeau aux partis de droite. Il est assez improbable que Schlein, laissant de côté une tentation de compromis (qu’elle n’a pas, d’ailleurs) veuille trouver un arrangement avec les courants qui ont enseveli neuf leaders pendant une décennie. Il faut s’attendre plutôt à un effort de communication, avec une voix plus audible comme celle qu’elle a fait entendre pendant sa brève et efficace campagne pour succéder à Letta, en évitant d’assumer des responsabilités qui retombent exclusivement sur Meloni : c’est là l’objectif principal de sa nouvelle opposition. Il faut s’attendre à une sorte de réédition intelligente du leitmotive « mais aussi » du fondateur du PD, Walter Veltroni, qui avait atteint le score de 34% de voix en 2008. »

ARTICLE, La Repubblica, « Les réformistes sont déjà sur le pied de guerre » : « Le lendemain de la victoire d’Elly Schlein ressemble beaucoup au ciel de Rome, qui est chargé de gros nuages noirs. Une bonne moitié du Parti démocrate est sur le pied de guerre, au moment où l’on assiste au premier adieu important, celui de Beppe Fioroni. Ils attendent au tournant la nouvelle dirigeante, qui a basé toute sa campagne sur des mots d’ordre radicaux, misant sur la transformation du PD (né de la fusion entre les cultures socialiste et catholique-démocrate) en un parti virant complètement à gauche. Il s’agit d’une véritable révolution qui pourrait, d’après les modérés, pousser le parti vers une vocation minoritaire. C’est la raison pour laquelle Elly Schlein, au moment de la passation de pouvoir avec Letta au siège du PD, a voulu les rassurer. Elle l’a fait par le biais d’une brève déclaration qui ressemble au programme de ses cent premiers jours. On travaillera tout d’abord pour la nouvelle campagne d’inscription au parti, de manière à ‘’ouvrir la porte au peuple des primaires’’ qui l’a plébiscitée, car ‘’il est juste de les faire enfin entrer dans cette communauté’’. C’est là aussi un geste pour la réconcilier avec les cercles du parti qui lui avaient préféré le rival Bonaccini et qui ont été battus par les primaires ouvertes. Le deuxième message a été l’appel à une plus grande unité afin de ‘’garder ensemble la communauté démocratique’’ en ‘’prenant soin de l’histoire et des valeurs de ce parti pour les projeter vers le futur’’. Il n’y a aucune volonté de mettre à la porte le courant modéré, à condition de ne pas diluer cette radicalité qui a été appréciée par ses électeurs. Désormais, les ténors du parti qui l’on soutenue se divisent en deux groupes : celui qui est conscient que le parti est divisé en deux et qui veut soigner ses plaies (Franceschini, Orlando, Speranza), et le groupe des ‘’gardiens de la révolution’’ dirigé par Francesco Boccia, qui sont décidés à ne pas faire de prisonniers. Il faudra ensuite attendre la désignation des nouveaux chefs de groupe à la Chambre et au Sénat. Tout peut arriver, puisque le scrutin est secret et que Schlein ne dispose pas de la majorité au sein des parlementaires du PD à Montecitorio et au Palais Madama. Un guet-apens, au vu du climat actuel, qui est tout-à-fait possible. » 

ARTICLE, Il Foglio, de S. Cingolani, « L’Italie risque de rater le train du nucléaire » : «Le nucléaire ? Non merci. Par le bais d’un coup de théâtre, le gouvernement Meloni se retire de la proposition d’alliance venant de la France. La ministre de la transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a annoncé hier que Paris aurait dirigé un consortium avec la Finlande, les Pays-Bas, la Slovénie, la République Tchèque, la Slovaquie, la Croatie, la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie et la Suède. D’après des sources françaises, l’Italie aussi aurait adhéré au projet. Or, après que la nouvelle a retenti de Bruxelles à Stockholm, où se tient le conseil informel des ministres de l’énergie, un communiqué du ministre de l’environnement Pichetto Frattin s’empressait de dire qu’‘’aucun représentant italien n’est prévu aux rencontres ayant comme objet la thématique du nucléaire’’. S’agit-il d’une équivoque, d’un excès de zèle de la ministre française ou est-ce là un sujet encore tabou pour Giorgia Meloni ? Certains voient derrière cette décision la main de Matteo Salvini, puisque cette réunion aurait dû impliquer également les ministres des transports. D’autres rumeurs venant du palais du pouvoir expliquent que ‘’ce gouvernement n’a aucune intention de se faire diriger par les Français, encore moins sur le dossier de la politique énergétique’’. D’autres encore font savoir que des choix aussi engageants doivent d’abord être abordées par les partis de la majorité et ne peuvent pas être laissés aux initiatives impromptues. C’est le nouveau gouvernement suédois qui a décidé de rouvrir le dossier du nucléaire en annonçant avoir pris contact avec les gouvernements européens qui y sont favorables, à commencer par la France, à l’occasion d’une rencontre à l’Elysée avec Emmanuel Macron. Paris a saisi immédiatement cette opportunité en liant cette nouvelle collaboration au soutien de l’entrée de la Suède et de la Finlande dans l’Otan, contre les vétos de la Turquie et de la Hongrie. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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