21/02/2023
"L’axe entre Meloni et la Pologne sur l’Ukraine et les migrants, "la défense des frontières européennes"."
Italie. Revue de presse.
La visite du Président américain à Kiev est largement couverte en une des médias. La visite en Ukraine de la Présidente italienne du Conseil, prévue aujourd’hui, est également citée. « Biden se rend à Kiev, ‘’ [vous êtes des] héros, Poutine échouera’’ ; l’accolade avec Zelensky. Meloni arrivera aujourd’hui, elle était hier en Pologne, elle assure ‘’un soutien à 360°’’» (Corriere della Sera), « [Biden] défie Poutine », « Meloni sera à Kiev aujourd’hui ‘’l’Italie est déterminée à fournir un soutien militaire’’» (La Repubblica), « L’ami américain ; le coup de force du leader des Etats-Unis fait enrager Poutine ‘’il est comme Hitler’’», « Meloni-Zelensky, le pacte de fer » (La Stampa), « Biden exprime son soutien à l’Ukraine et Meloni rencontre Zelensky aujourd’hui » (Il Messaggero), « Biden, une visite historique à Kiev, la promesses des nouvelles armes et aides ; Meloni arrivera aujourd’hui » (Sole 24 Ore).
Plusieurs quotidiens mentionnent l’affaire des postes de direction d’importantes entreprises italiennes brigués par la Ligue. « La compétition entre les alliés, sur les nominations la Ligue passe à l’attaque : du changement pour ENI et ENEL»(Corriere della Sera), « La Ligue à l’attaque sur les nominations : ‘’La Présidente du Conseil doit nous écouter’’» (La Repubblica), « ENI, ENEL et RAI : la Ligue passe à l’attaque » (La Stampa), « Nominations : la Ligue lance l’offensive et demande des changements pour ENI, ENEL et la RAI » (Sole 24 Ore).
La poursuite du débat sur la suppression du Superbonus pour la rénovation des logements apparaît toujours en une. « Tentative d’accord sur le superbonus, une piste identifiée pour débloquer les crédits» (Corriere della Sera), « Le gouvernement prépare un mécanisme pour aider les entreprises et les ménages en difficulté » (La Stampa), « Superbonus, feu vert pour le déblocage des crédits » (Il Messaggero), « Superbonus, des primes bloquées pour 20 milliards d’euros, les banques pourraient compenser le manque » (Sole 24 Ore).
Les JT couvrent essentiellement le déplacement de la Présidente du Conseil à Varsovie et à Kiev où elle rencontrera aujourd’hui le Président Volodymyr Zelensky, la visite surprise du président américain Joe Biden hier en Ukraine, les consultations menées par le gouvernement avec les différents partenaires suite à l’annonce de la suppression du fonds d’aide à la rénovation des logements et l’alerte sécheresse dans le Nord de l’Italie.
Giorgia Meloni à Kiev
Sur Twitter, le hashtag #Putin domine suite au discours du Président russe, ce matin.
ARTICLE, Il Sole 24 Ore, M. Mobili, G. Trovati : « 19, 9 milliards de crédits bloqués. Le gouvernement réfléchit à des compensations. » : « Des rencontres sont en cours avec les banques, les constructeurs, et les propriétaires pour débloquer rapidement les ‘bonus’ bloqués. ‘’ Nous cherchons une solution pour l’ensemble des crédits ‘ a expliqué le ministre de l’Economie, Giancarlo Giorgetti. Le dernier mot sur les solutions possibles sera laissé au Parlement, mais le gouvernement estime que quelques corrections pourraient être apportées au décret qui a bloqué les aides à la rénovation des bâtiments, pour les situations les plus compliquées comme celle des reconstructions suite à des tremblements de terre. La possibilité d’introduire des compensations semble aussi calmer les tensions dans la majorité de gouvernement, tandis que l’opposition continue d’attaquer le gouvernement sur ce thème.»
COULISSES, Corriere della Sera, F. Verderami : « Septième envoi d’armes de l’Italie. Des drones dans le nouveau décret » : « ‘’ Le septième décret pour la fourniture d’armes à l’Ukraine est en cours d’élaboration, suite aux nouvelles demandes de Kiev. Quel sera le matériel militaire dépendra des entretiens avec les partenaires occidentaux. Et c’est en assurant cet engagement que Meloni se rend chez Zelensky, après avoir parlé de l’envoi de nouveaux armements avec le Premier ministre polonais Morawiecki. Il y a une raison si le système de défense antimissile Samp-T qui a été promis à Kiev arrivera à destination seulement ‘’ au cours des prochaines semaines ‘’, comme l’a annoncé Tajani : il faut résoudre un problème d’alignement technique des composants italiens et français de l’arme. Mais il est évident que les fournitures militaires sont plus importantes : ‘’il s’agira d’une autre typologie d’armes ‘’, confirment des représentants du gouvernement italien. S’il est improbable que Rome puisse envoyer des avions de chasse, il est possible que l’Italie envoie des drones et, il n’est pas exclu, des missiles à longue portée. Cela marquerait une nouvelle étape. Car jusque-là, les pays de l’Otan avaient imposé des limites sur certains armements pour éviter un engagement dans le conflit. Au sein du gouvernement une partie du centre droit, en complicité avec une partie de l’opposition, ne soutient pas l’envoi d’armes à l’Ukraine. Rome, comme l’a affirmé le président Zelensky, fournit aussi des aides ‘’ qui ne sont pas visibles ‘’, comme la formation des militaires ukrainiens en Italie sur certains systèmes d’armes. Cela semble suffisant pour déduire que le conflit est destiné à durer dans le temps, on attend de voir comment ira la ‘campagne de printemps’ de Moscou, si des négociations seront possibles. Dans cette guerre du siècle dernier, Poutine, selon les militaires italiens ‘’ semble vouloir vérifier jusqu’à quel point l’Occident veut résister aux côtés de Kiev ‘’. Hier, avec sa visite à Zelensky, Biden lui a répondu. »
PREMIER PLAN, Sole 24 Ore, de B. Fiammeri, « La visite de Meloni : ‘’Kiev peut compter sur l’Italie’’ » : « La Présidente italienne du Conseil ne croisera que de loin le Président américain Joe Biden lors du déplacement à Varsovie et à Kiev. Meloni réaffirmera, encore une fois, les engagements pris par l’Italie, notamment sur la livraison d’armes - à commencer par le système anti-missiles et anti-aérien Samp-T réalisé avec la France -, mais aussi sur la reconstruction. ‘’Nous venons d’évoquer de nouvelles livraisons d’armes à Kiev’’ confirme le Premier ministre polonais à l’issue du face à face avec Meloni, or on connait le plaidoyer de la Pologne pour un soutien aérien à Zelensky. Meloni répète inlassablement son soutien. Son dernier échange de quelques minutes avec Zelensky, à Bruxelles, était probablement voué à compenser au moins en partie son exclusion lors du dîner à l’Elysée du leader ukrainien avec le Président Emmanuel Macron et le chancelier Olaf Scholz. Les rapports avec la France restent tendus et avec l’Allemagne aussi il y a un certain froid. La Présidente du Conseil italien minimise et souligne au contraire la proximité de sa vision de l’Europe avec celle de la Pologne, aussi bien sur le plan économique (on pense aux critiques sur l’assouplissement de la réglementation européenne en matière d’aides d’Etat) que sur l’immigration (‘’nous ne pouvons pas accepter que ce soient des bandes d’esclavagistes qui décident qui entre [en Europe]’’ ont-ils déclaré). L’appui ‘’inconditionnel’’ à l’Ukraine n’est en revanche pas remis en question. Elle avait soutenu dès le début, alors qu’elle était à l’opposition, son prédécesseur Mario Draghi sur la question. Toutefois c’est sûr, le déplacement de Meloni a lieu dans un contexte bien différent de celui de son prédécesseur en juin dernier. Il était alors entouré précisément d’Emmanuel Macron et d’Olaf Scholz. La photo des trois leaders est devenue le symbole du soutien de l’Europe à l’Ukraine. Aujourd’hui, Meloni sera seule dans ce train. »
PREMIER PLAN, Sole 24 Ore, de B. Romano, « UE, l’appel de Josep Borrell : il faut donner des munitions [à l’Ukraine] en puisant dans les réserves » : « Le Haut Représentant pour la politique étrangère et la Sécurité Josep Borrell a lancé hier un appel pour augmenter fortement la production d’armes et de munitions de façon à soutenir l’Ukraine contre la Russie. Au début du mois, le Président ukrainien avait demandé de nouvelles aides, dans un contexte marqué par une opinion publique divisée. Borrell annonce qu’il présentera des propositions concrètes les 7 et 8 mars prochains aux ministres de la Défense à Stockholm. ‘’Nous devons lancer des procédures pour augmenter la capacité de production de l’industrie européenne, si possible à travers des appels d’offres conjoints au sein de l’UE. Mais avant cela nous devons puiser dès maintenant dans nos réserves déjà existantes’’ dit Borrell. A Bruxelles, le travail préparatoire aurait déjà été lancé. Un sondage IFOP paru hier dans Le Figaro montre les différences de sensibilité des différents pays membres sur ces sujets. La popularité de l’Ukraine est particulièrement élevée au Royaume-Uni (82%), en Pologne (79%) ou encore en Espagne (74%). Elle est plus basse en France (64%), en Italie (62%) et en Allemagne (61%). Il est intéressant de noter que cette popularité recule en Europe occidentale un an après le début de la guerre : elle était de 82% en France, 86% en Allemagne et 80% en Italie au début du conflit. La même étude montre que sur les sanctions les pays européens partagent plutôt le même avis alors qu’il y a davantage de discordances sur de nouveaux envois d’armes. La France, l’Allemagne et l’Italie sont parmi les pays les plus réticents avec respectivement 54%, 52% et 49% d’avis favorable. Et ce alors que Moscou prépare une nouvelle offensive et envoie de nouvelles troupes au front. Les 27 préparent un nouveau train de sanctions attendu d’ici vendredi prochain et l’on travaille également pour contrer le contournement de ces sanctions. Enfin, concernant les relations avec la Chine, le Haut Représentant pour la politique étrangère et la Sécurité dit avoir reçu de Pékin l’assurance que la ‘’ligne rouge’’ de la livraison d’armes à la Russie ne serait pas franchie mais affirme que nous ‘’resterons vigilants’’. »
PREMIER PLAN, Il Messaggero, « L’axe entre Meloni et la Pologne sur l’Ukraine et les migrants, ‘’la défense des frontières européennes’’ » : « ‘’La Pologne est la frontière matérielle et morale de l’Occident’’. Giorgia Meloni et Joe Biden se croisent à peine à l’aéroport militaire de Varsovie mais leur présence à tous les deux témoigne de l’importance du pays dirigé par Mateusz Morawiecki, devenu le carrefour pour l’avenir, aussi bien de l’OTAN que de l’Europe. L’étape de la Présidente du Conseil dans le cadre de son déplacement à Kiev était donc inévitable. Les deux pays ‘’parlent à l’unisson’’ insistent les dirigeants italiens et polonais. Ils font le point sur l’envoi d’armes à l’Ukraine, ‘’l’Ukraine et la Pologne peuvent continuer à compter sur l’Italie’’ insiste la Présidente du Conseil. Mais l’entente avec Varsovie va au-delà du conflit déclenché par Vladimir Poutine : elle est politique, économique, et surtout fondée sur des valeurs communes. Dans la conférence de presse conjointe, sur le volet économique, l’axe italo-polonais semble se teinter de nuances anti-allemandes. La rencontre bilatérale est en effet l’occasion de rappeler que si ‘’l’UE a besoin de mesures très concrètes pour défendre ses entreprises’’ en réponse au plan Inflation Reduction Act, il n’est pas possible de ‘’favoriser certains pays au détriment d’autres’’. ‘’Cela fait des années que nous avons une idée très semblable de ce que l’Europe doit être aujourd’hui en tant qu’acteur international’’ dit Meloni pour qui l’Europe doit être ‘’un colosse politique et pas bureaucratique’’, une Europe ‘’basée sur le principe de subsidiarité, où l’on ne fasse pas à Bruxelles ce que Rome ou Varsovie peuvent faire seules’’. Les deux amis s’étaient déjà rencontrés il y a dix jours, précisément en marge du brûlant Conseil européen qui avait acté la fracture entre Meloni et Emmanuel Macron. La Présidente italienne du Conseil évoque enfin une ‘’Europe des patries’’ basée sur le partage des valeurs chrétiennes. Entre les deux, l’affinité semble totale, pas seulement pour ce qui est de la défense identitaire des produits qui caractérisent le plus leurs tissus productifs respectifs, mais également sur la question des migrants qui sera au centre du prochain Conseil européen. ‘’Nous devons d’abord discuter des flux primaires, en amont, sinon il est inutile de discuter uniquement des flux secondaires’’ explique Meloni avant que Morawiecki saisisse la balle au bond et lui assure, encore une fois, son soutien à Bruxelles ‘’Nous, nous savons qu’il y a d’autres moyens de faire la guerre, Loukachenko avait par exemple attaqué la Pologne bien avant l’invasion russe de l’Ukraine, en utilisant la pression migratoire’’. »
Giorgia Meloni et le président polonais Andrzej Duda
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco : « L’atlantisme qui limite l’incertitude sur les alliés » : « Il s’agit seulement d’une coïncidence, mais importante. La visite du Président Biden et celle de Giorgia Meloni confirment le fait que l’Europe et l’Otan semblent aujourd’hui se superposer. Le fait que le gouvernement italien veuille se montrer en première ligne représente, probablement, la stratégie la plus importante vis-à-vis des alliés et des chancelleries européennes. Mais il n’est pas sûr que cette attitude atlantiste de Meloni soit suffisante à rassurer l’Europe. Affirmer, comme l’a fait hier la Présidente du Conseil, que l’Italie et la Pologne ‘’ ont la même idée de l’Europe ‘’ provoque la méfiance de pays comme la France et l’Allemagne. »
COMMENTAIRE, Repubblica, B. Guetta : « Ukraine, l’option chinoise » : « La Chine pourrait obtenir trois bénéfices, si le plan de paix qu’elle veut présenter à la fin de la semaine devait réellement mener à la possibilité d’une solution en Ukraine. Pékin éviterait de cette façon un brusque freinage des échanges économiques internationaux, qui entraînerait des graves conséquences tant sur son économie que sur la stabilité politique interne du pays. Si la Chine parvenait à arrêter la guerre en Europe, elle deviendrait une puissance non seulement économique et militaire, mais aussi politique. Troisièmement, son influence internationale en serait tellement renforcée qu’elle pourrait se situer au même niveau des Etats-Unis. Le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, a commencé un nouveau parcours, en allant d’abord à Paris, puis à la Conférence de Munich, et aujourd’hui à Moscou. Que peut faire la Chine ? Elle peut exercer une influence cruciale sur Poutine, en menaçant d’isoler la Russie au niveau international, si elle condamne l’agression en Ukraine, et elle peut endommager son économie, si elle arrête d’acheter le pétrole russe. Le président russe ne peut donc pas ignorer le seul allié qu’il lui reste au Conseil de sécurité de l’Onu, il est obligé de considérer le plan de paix chinois. D’un côté, les Chinois veulent souligner les principes de l’Onu et donc l’intégrité territoriale des Etats. Cela voudrait dire qu’ils sont favorables à un retrait de la Russie de tout le territoire ukrainien, y compris la Crimée. De l’autre côté, elle défend les ‘intérêts de sécurité de la Russie ‘, qui auraient poussé Poutine à entrer en guerre. L’Ukraine pourrait renoncer à faire partie de l’Otan et se déclarer neutre, tout en sachant que les puissances militaires occidentales la défendraient. Quelque chose se prépare, mais rien ne pourra se concrétiser sans un accord de paix, sans une intervention de haut niveau qui assure des garanties et des obligations égales. Comme la France, les Chinois l’ont compris également. Mais ce n’est pas encore le moment. »
COMMENTAIRE, Sole 24 Ore, de L. Palmerini, « Au sein de la coalition de droite et en matière de relations étrangères, Meloni se positionne et occupe le terrain au centre » : « Le chassé-croisé de Meloni et Biden entre Varsovie et Kiev place la Présidente du Conseil au centre d’un revirement sur le plan international. Elle est devenue le point de référence de l’Italie pour les alliances sur la scène mondiale. C’est le fruit du travail qu’elle a mené en ce sens mais également le résultat d’un vide à combler suite aux prises de position de Berlusconi sur l’Ukraine. Il est vrai que les propos de l’ancien Président du Conseil portent davantage préjudice à lui et à son parti qu’à Giorgia Meloni. Il a provoqué la prise de distance du PPE et généré un court-circuit au sein de Forza Italia dont une partie a réaffirmé le soutien à la ligne du gouvernement. Mais surtout, l’harmonie totale entre Meloni et Zelensky qui répond à Berlusconi par une plaisanterie témoigne d’un échange des rôles à droite. Avant, c’était la droite de Meloni qui avait besoin de l’appui de Forza Italia comme garant pour être admise dans le giron des alliances euro-atlantiques, du PPE à l’administration américaine, et c’est désormais le contraire. Aujourd’hui, c’est Meloni qui rassure les partenaires de l’Italie qu’elle maintiendra le contrôle sur Berlusconi et les siens. Et de fait, peu à peu, l’apport de ce qui était considéré comme l’aile modéré devient de plus en plus marginal parce qu’elle est phagocytée par Fratelli d’Italia. Berlusconi a fait à Meloni un cadeau politique que le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani ou les délcarations des autres dirigeants de Forza Italia pourront difficilement rattraper. C’est Silvio Berlsuconi qui pose problème car sans lui le parti n’existerait pas et de fait Forza Italia est en train de céder du terrain à son aile droite. Le parti poursuit ses batailles à destination d’une certaine tranche d’électeurs (bataille sur les concessions balnéaires) ou sur des mesures parfois au détriment des comptes publics comme sur les aides de l’Etat pour la rénovation des logements. En somme, ce profil construit pour être le pendant plus modéré de la coalition de droite est en train de se dissiper du fait de sa perte de crédibilité en matière de politique étrangère. Et Salvini n’a pas su occuper l’espace vacant. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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