Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/02/2023

"Berlusconi-Meloni, bras-de-fer sur l’Ukraine."

FI-AN.jpg

Ligue.jpg

M5S.jpg

Italie. Revue de presse.

La presse italienne titre largement sur la polémique autour des propos de S. Berlusconi contre le président ukrainien V. Zelenzky, l’accusant d’avoir « attaqué le Donbass » et affirmant qu'il "ne l’aurai[t] pas rencontré]", suivie d'un communiqué du palais Chigi affirmant son soutien à l'Ukraine : « Berlusconi attaque Zelensky » - « personnellement, je ne lui aurais jamais adressé la parole », affirme le Cavaliere. Le PD demande à Meloni de clarifier sa position. Le Palais Chigi réaffirme son soutien à Kiev (Corriere della Sera), « Berlusconi contre Meloni sur Zelensky comme sur Sanremo » - Le Palais Chigi prend ses distances, le ministre Tajani (Forza Italia) réaffirme un soutien ferme à Kiev (La Repubblica), « Berlusconi parle, Meloni tremble » - Chaos dans la majorité (La Stampa), « Berlusconi bombarde Meloni » (Fatto Quotidiano), « Berlusconi-Meloni, bras-de-fer sur l’Ukraine » (Il Resto del Carlino). La polémique autour de la responsabilité de la RAI dans la ligne éditoriale du festival de Sanremo, après les critiques lancées par certains partis sur cette édition jugée trop transgressive et politisée, est aussi citée « Le festival des records et des polémiques » - La Ligue et le M5S critiquent la présidence de la Rai (Corriere), « La colère du gouvernement sur Sanremo, Salvini demande la démission de la présidence (La Repubblica). Enfin, les élections régionales en Lombardie et dans le Latium, dont les résultats seront diffusés à partir de 15h00, sont aussi citées dans les pages intérieures, les journaux soulignant une participation en très forte baisse (autour de 30% contre 60-70% lors des derniers rendez-vous électoraux).

ARTICLE, La Stampa, « Dans le Latium et en Lombardie, les taux de participation n'ont jamais été aussi bas » : « “C'est une élection importante, j'espère donc que le taux de participation sera suffisant pour un choix comme celui qui doit être fait pour des régions aussi stratégiques pour notre nation. Allez donc voter", lance Giorgia Meloni pour renverser la vapeur. Mais hier soir, nous avons assisté à une baisse nette de la participation. À 23 heures, 26,20 % des électeurs du Latium avaient voté, contre 66,30 % en 2018, alors qu'il n'y avait eu qu'une seule journée de vote. En Lombardie, 31,7 % contre 74 précédemment. Il s'agit des taux de participation les plus bas (bien que provisoires, puisque le vote aura lieu jusqu'à 15 heures aujourd'hui) jamais enregistrés lors d'élections similaires dans les deux régions. À titre de comparaison, la baisse de près de dix points enregistrée lors des élections législatives du 25 septembre pourrait être prolongée lors de ces élections régionales. Une chute brutale était pourtant attendue et redoutée par les partis, mais pas si marquée Les politiques se déchaînent, à commencer par Giorgia Meloni, mais aussi Silvio Berlusconi, Enrico Letta et Giuseppe Conte, pour ne citer que les camps opposés, rappelant le devoir de voter aux élections. Certains sont plus inquiets, comme Vittorio Sgarbi, secrétaire d’Etat à la culture et candidat dans les deux régions : "Si ces élections sont considérées comme des élections de seconde classe, l'électeur, qui est intelligent, décide de ne pas y participer. C'est une façon de dire que les forces politiques se sont concentrées sur des candidats faibles, il faut des personnalités fortes, des noms célèbres. Je suis le seul membre du gouvernement à avoir pris des risques". La sonnette d'alarme dans les bureaux de tous les comités électoraux de ces élections régionales dans le Latium et la Lombardie a retenti dès midi, lorsqu'un chiffre presque effroyable est apparu sur les terminaux du Viminale, 8,96 % de participation moyenne dans les deux régions.  Le centre-gauche espère quelques surprises et attend les données des grandes villes, habituellement plus favorables, même si le faible taux de participation enregistré même dans la capitale n'est pas de bon augure. Le centre-droit, pourtant donné favori dans tous les sondages, craint que cela ne bouscule des prévisions favorables à ses candidats : Attilio Fontana en Lombardie et Francesco Rocca dans le Latium. “Je suis inquiet de la participation, ceux qui ne votent pas ne sont pas de bons Italiens", tente de lancer le Cavaliere aux siens. "Tout le monde vote, en démocratie on vote !" s'exclame Nicola Zingaretti pour motiver les troupes ».

COULISSES, Corriere della Sera, de M. Guerzoni, « L’embarras de Giorgia Meloni : mais le gouvernement poursuit son action et la Présidente du Conseil se rendra en Ukraine ‘’très prochainement’’ » : « Les attaques verbales de Silvio Berlusconi à l’encontre du président ukrainien Volodymyr Zelensky s’abattent sur la Présidence du Conseil dimanche alors que les lumières – mais pas les polémiques – du festival de Sanremo s’éteignent tout juste. "Moi, parler avec Zelensky ? Si j'avais été président du Conseil, je n'y serais jamais allé" a affirmé Berlusconi – un affront difficilement tolérable. Dans un premier temps, la majorité réagit par un silence assourdissant : embarras, tension, crainte que les propos fracassants de l’ancien Président du Conseil puissent avoir des conséquences sur le scrutin en cours en Lombardie et dans le Latium pour les élections régionales, ou pire encore, qu’ils puissent dangereusement miner la stabilité du gouvernement. A chaud, la Présidente du Conseil confie à ses ministres les plus proches tout son embarras quant au leader membre de sa majorité qui semble ‘’victime de la propagande de Moscou et de sa désinformation’’ explique discrètement un membre de premier plan du gouvernement. Une heure après les déclarations, le Palais Chigi publie un bref communiqué réaffirmant le soutien du gouvernement italien à Kiev. S’il ne cite pas Silvio Berlusconi, le communiqué révèle toutefois la distance abyssale entre la position du chef de Forza Italia et celle de la cheffe de l’exécutif. Ce rappel du programme électoral de la majorité semble une manière de dire à Berlusconi que, s’il veut rester au sein de la coalition de gouvernement, il doit suivre la ligne atlantiste de Washington, Bruxelles et Rome et doit cesser de lancer des signaux amicaux à Vladimir Poutine. ‘’Notre position en matière de politique étrangère ne change pas et le gouvernement n’est pas remis en cause’’ rassure Giorgia Meloni. Ce n’est pas le premier incident et le Palais Chigi le sait bien, la première polémique ayant éclaté à la veille des élections politiques et ayant retenti au-delà des frontières de l’Italie. Des sources du gouvernement affirment que cela faisait plusieurs jours que Berlusconi tentait indirectement de dissuader la Présidente du Conseil de se rendre à Kiev. Giorgia Meloni n’y songe pas une seconde. Elle entend respecter sa promesse faite à Zelensky et lui rendre visite ‘’très prochainement’’, si possible avant le 24 février. Les membres de Forza Italia sont également surpris de cette nouvelle attaque de leur leader contre le chef de la résistance ukrainienne et la Présidente du Conseil italien. Après des échanges avec Giorgia Meloni, le ministre des Affaires étrangères et membre de Forza italia, Antonio Tajani, s’active pour obtenir un pas de côté de son leader et obtenir noir sur blanc la déclaration de soutien à l’Ukraine attendue. La décharge électrique est forte au sein de Forza Italia et de la majorité et pour les relations avec l’opposition. Pour le gouvernement, les situations délicates s’accumulent, le festival de Sanremo et la tension avec les dirigeants de la Rai ayant également apporté leur lot. »

COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Messina « L’affaire RAI et la tentation de la censure » : « Le son festif des trompettes annonçant le nouveau record d’audience du festival de chanson italienne de Sanremo n’a pas réussi à étouffer le bruit de fond de plus en plus bruyant et menaçant : la charge de la cavalerie de la coalition de droite contre la RAI de Carlo Fuortes (et le Festival de l’animateur Amadeus). Maintenant que les lumières du théâtre Ariston sont éteintes, mettant fin à la magie de cette liturgie qui a tenu environ 12 millions d’Italiens devant l’écran, on assiste à un film vu et revu, un classique de la politique italienne. Les attaques fusent contre le Viale Mazzini (siège de la direction de la RAI). Elles ont commencé dès lundi dernier, alors que le vice-président du Conseil M. Salvini critiquait l’éloge rendu sur scène à la Constitution par Roberto Benigni et la présence même du Président de la République Sergio Mattarella au festival. Puis ce fut au tour du chef de groupe de Fratelli d’Italia, T. Foti, de s’en prendre à la présidence de la Rai pour avoir donné ‘‘son aval’’ à la transformation du Festival en ce qu’il qualifie de ‘’tribune électorale’’ de la gauche. Ensuite, c’est le secrétaire d’Etat à la Culture, G. Mazzi, qui a déclaré : ‘’nous sommes les défenseurs des valeurs traditionnelles et nous proposerons de nouveaux directeurs’’. Il est vrai que chaque majorité a tenté d’imprimer sa marque sur la télévision publique. Ce qui est préoccupant, toutefois, c’est l’attaque contre ce Festival de Sanremo, reflet de ce qu’est l’Italie d’aujourd’hui, comme le prouve le succès d’audience inédit de ces cinq soirées. Ce n’est pas un Festival sous influence de la gauche ou de la « culture du genre », comme le dénonce Fratelli d’Italia. C’est tout simplement une Italie qui va dans la direction prise par le monde. Car, comme l’a rappelé le directeur qui se retrouve aujourd’hui sur la sellette, Stefano Coletta, ‘’la télévision doit représenter toute la société, dans son intégralité’’. Il est donc légitime de poser une question à la Présidente du Conseil qui, jusque-là, est restée silencieuse mais qui de toute évidence partage les critiques. Quel est le récit que son parti voudrait imposer à la RAI ? Veut-on utiliser le service public pour imposer sa vision de la culture, fondée sur le retour au passé ? Veut-on dicter quel doit être le modèle que doivent suivre les femmes, comme celui évoqué par Meloni lors de son meeting Place San Giovanni, c’est-à-dire « mère-italienne-chrétienne » ? A ce stade, il n’existe qu’une méthode pour obtenir ce résultat : la censure. »

ARTICLE, La Repubblica « Sur Cospito, les doutes du procureur : "Il n'y a pas de preuve qu'il donne des ordres aux anarchistes" par Viola Giannoli et Liana Milella : « Alors que le procureur général de la Cour suprême a rendu un avis sur Alfredo Cospito, qui le sort du régime de détention sévère du 41 bis, il semble que Carlo Nordio ne découvre le fond de cette décision qu’aujourd’hui. Le régime 41 bis auquel Cospito est soumis est devenu une mesure contestée après le coup de grâce de la Cour suprême. La semaine sera aussi difficile après le deuxième épisode Delmastro, car Nordio devra à nouveau défendre à la Chambre le secrétaire d’Etat bien qu’il ait divulgué des documents confidentiels du ministère de la justice.  C'est également le cas de la croisade contre Cospito, que le ministre et ses collaborateurs considèrent toujours comme un chef opérationnel capable d'inciter à la révolte parce qu'il a déclaré que "le corps est son arme". Le parquet général de la Cour suprême ne le pense pas du tout et demande maintenant au tribunal de surveillance de Rome de revoir la décision sur le 41 bis. Le 9 février, Nordio avait redit qu’il souhaitait le maintien de la détention dure pour Cospito. Mais la veille, le procureur adjoint du tribunal, Piero Gaeta, avait déposé l'acte sortant Cospito du 41 bis. Notamment car les faits ne permettent pas d’établir la « connexion » entre Cospito et les actes commis par les anarchistes ces derniers temps. Le lien ne peut être "déduit entièrement et uniquement ni de son rôle faîtier ni du fait qu'il soit devenu un point de référence pour l'anarchisme en raison de ses écrits et de ses convictions". Cospito a peut-être été un leader, mais pour le garder au régime du 41 bis, il faut le prouver par des faits, pas par de simples théories. L'avocat de la défense Flavio Rossi Albertini a eu raison de se pourvoir en cassation et de faire pression sur Nordio pour qu'il assume sa responsabilité politique. Il appartiendra maintenant aux juges de la Cour suprême, le 24 février, de décider si le procureur Gaeta ou le tribunal de surveillance a raison. D’ici là, Cospito reste en 41 bis à l'hôpital de San Paolo. Il y est arrivé sur ses deux pieds, refusant un fauteuil roulant et s'excusant pour le désagrément. Pour les médecins, "son état est stable". Mais Rossi Albertini a mis en garde l'hôpital contre les traitements et l'alimentation forcés. Les temps ne jouent pas pour Cospito et devraient pousser Nordio à considérer la proposition faite par l'ancien ministre Giovanni Maria Flick de suspendre le 41 bis en attendant que la justice, avec ses propres délais, prenne une décision définitive. »

ENTRETIEN, Corriere della Sera, Dimanche 12.02.2023, d’Adolfo Urso (Frères d'Italie), ministre des Entreprises et du Made in Italy, « Nous, isolés en Europe ? Sur Kiev, la France et l’Allemagne ont fait des erreurs depuis des années » : « La presse étrangère (Le Figaro, le Times,…) met de plus en plus en avant le leadership de Giorgia Meloni et donc de l’Italie. Ils émettent des jugements de plus en plus positifs, soulignant comment notre Présidente du Conseil est la plus populaire d’Europe, avec 46 à 49% d’opinions favorables, alors qu’E. Macron est 15 points derrière. Sur la rencontre à Paris et sur les résultats obtenus au Conseil européen aussi, [les médias étrangers] sont plus objectifs. Cela montre la distance entre le jugement que les autres émettent sur nous et ce qui émerge du débat interne. Du reste, la Bourse nous donne raison : elle est en hausse de 16,5% ces trois derniers mois, le spread est resté contenu, la dette est sous contrôle, les résultats du PIB et des exportations sont meilleurs en Italie qu’en France ou en Allemagne. Les investisseurs étrangers s’en rendent compte. La confiance des entreprises augmente. Toutes les prévisions sont revues à la hausse. Quant aux tensions parmi certaines catégories, comme les gérants de pompe à essence, nous échangeons avec eux dans un climat de dialogue constructif. En France, le blocage des raffineries a provoqué de très graves désagréments durant près d’un mois et l’armée a été mobilisée afin de protéger les stations essence. Les nouvelles sanctions sur les produits pétroliers russes n’ont eu aucun impact sur les prix à la pompe qui, au contraire, ont diminué. En Italie, les prix sont plus bas qu’en Espagne, en France ou en Allemagne. Sans parler des manifestations qui paralysent Paris actuellement. Nous, nous avons instauré un dialogue fructueux avec les entreprises et les syndicats. Nous avons réaffirmé le rôle de l’Etat pour orienter les choix stratégiques tout en respectant chacune des parties impliquées. Pour en revenir à Bruxelles, concernant la réglementation sur les aides publiques, il ne s’agit pas de freiner les autres mais d’avancer tous ensemble et dans la même direction. Des simplifications bien précises et une accélération des procédures dans certains domaines stratégiques ont été introduites et les entreprises italiennes dans les filières industrielles européennes en bénéficieront également. Sur la possibilité de réemployer les fonds européens déjà existants, nous en sommes encore au début du parcours mais nous allons dans la bonne direction. Pour une fois, l’Italie a développé une vision stratégique, appréciée par de nombreux partenaires. C’est l’Italie qui, dans un moment particulièrement difficile pour l’UE, perpétue le mieux l’esprit des pères fondateurs qui se concrétisa d’ailleurs – et ce n’est pas un hasard – à Rome en 1957 et non à Paris où l’idée d’Europe de la Défense avait été rejetée cinq ans auparavant. Une erreur flagrante, à la lumière de la situation actuelle. Macron a justifié le fait que l’Italie n’ait pas été conviée à la rencontre avec Zelensky en disant que la France et l’Allemagne travaillent ensemble depuis huit ans sur le dossier ukrainien. On a pu observer le résultat. Peut-être que si l’Italie avait été impliquée depuis le début… Jeudi dernier le ministre Le Maire nous a appelés, Giorgetti et moi-même, pour nous présenter les résultats obtenus suite à la visite franco-allemande aux Etats-Unis. Juste après Biden a réaffirmé un ‘’buy american’’. Seule une Europe unie peut rivaliser avec les Etats-Unis et la Chine. Si l’Italie, qui a des antennes plus fines, était plus écoutée, peut-être pourrions-nous obtenir davantage. Par ailleurs, nous estimons que le nouveau Pacte de stabilité et de croissance doit être cohérent avec l’énorme effort en cours et favoriser un système de règles fiscales communes qui soutiennent les investissements publics. Concernant l’Ukraine, nous sommes en train de préparer avec le ministre des Affaires étrangères le grand événement pour la reconstruction à Rome, avec notamment un corridor logistique et d’infrastructures, et une grande plateforme logistique européenne depuis Vérone et les ports de Venise et Trieste. Nous travaillons également sur des infrastructures électriques et hydriques et sur le soutien à la prochaine saison de semis et de récoltes afin d’éviter une crise alimentaire dramatique. Du concret, en somme. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

Les commentaires sont fermés.