06/02/2023
"La stratégie de Meloni pour mettre en sécurité le gouvernement mais le résultat incertain aux élections régionales impacte la coalition."
Italie. Revue de presse.
La presse italienne titre en Une sur la cyberattaque globale intervenue dimanche et touchant également l’Italie : « Piratage informatique, l’Italie en alerte » - Inquiétude dans le monde entier, la France est le pays le plus touché. L’agence pour la cybersécurité confirme l’attaque sur des milliers de serveurs (Corriere della Sera), « Cyberattaque, l’ombre des Russes » - Moscou met en ligne une liste d’objectifs visant l’Occident. L’alerte aurait été perçue il y a deux jours par la France. En Italie, les hôpitaux, les université et le réseau téléphonique TIM sont en alerte (La Stampa), « Le monde sous attaque informatique, les serveurs sont en danger » (Il Giornale). La polémique autour de l’anarchiste A. Cospito et sur le régime d’isolement strict est encore citée, la presse relevant les premières failles au sein de la majorité sur la ligne dure indiquée par G. Meloni « Berlusconi se démarque » - Meloni invite les alliés à rester unis sur la justice et les élections, mais le dirigeant de FI déplore « un ancrage trop à droite » et soutient la candidate centriste Moratti pour les élections de dimanche prochain dans la région Lombardie. Selon Bonaccini (PD) le régime de détention stricte n’est pas en discussion (La Repubblica), « Meloni : il n’y aura aucune négociation avec Cospito » - La présidente du Conseil souligne qu’il n’est pas possible de négocier face aux menaces (Il Messaggero).
ARTICLE, Corriere della Sera, M. Guerzoni « La stratégie de Meloni pour mettre en sécurité le gouvernement mais le résultat incertain aux élections régionales impacte la coalition » : « Selon Meloni, l’affaire Donzelli-Delmastro (Frères d'Italie) est close. Le vice-président du Copasir et le secrétaire d’Etat à la Justice pourront rester à leur place, forts du soutien exprimé par la Présidente du Conseil par le biais d’une lettre publiée dans le Corriere de dimanche. C’est un concept qui a été répété hier aux ténors de la coalition, réunis dans l’auditorium de la Conciliazione ‘’je ne vois aucune raison pour [demander] leur démission’’. Meloni ne voit non plus ‘’aucun genre de contrecoup sur la majorité’’. Malgré la gêne au sein de Forza Italia, de la Ligue et d’une partie de Fratelli d’Italia, Meloni est persuadée de la nécessité de défendre à outrance les deux « fidèles » pour protéger son exécutif. D’où le discours fortement identitaire prononcé et l’invitation à supporter ‘’les coups bas’’ sans baisser la tête ni se laisser conditionner. Le meeting romain de droite a été l’occasion de tenter de se débarrasser de l’affaire parlementaire soulevée par les deux représentants de FdI et réaffirmer la ligne du Palais Chigi : ‘’l’Etat ne cède pas face aux chantages, nous restons unis en défense du régime de détention stricte et face à l’appel au calme’’. En attente que le jury d’honneur se prononce sur Donzelli et Delmastro, Meloni tente de tourner la page et annonce un 2023 marqué par les réformes, donnant à son exécutif un horizon de 5 ans. Quant aux élections régionales du Latium et de la Lombardie, personne n’hésite à dire, à partir de Tajani, qu’il s’agit ‘’d’un vote de confiance pour le gouvernement’’. Berlusconi exprime ses doutes sur la performance de Donzelli et Delmastro (‘’deux fous’’ selon un parlementaire de FI) mais décide de ne pas s’acharner contre son allié en difficulté, lançant un appel à l’unité de la coalition. Salvini évite de manière agile la polémique et s’en prend au ‘’porteurs de poisse’’ tandis que M. Lupi a lancé son appel à l’unité et à la responsabilité. Toutefois, si Fdi devait faire main basse sur les régions lors des élections aux dépens de la Ligue et de Forza Italia, les tensions entre les dirigeants, jusque-là apaisées, pourraient s’accentuer. Des répercussions pourraient avoir lieu aussi dans l’hémicycle. »
SONDAGES, La Stampa, d’A. Ghisleri, « L’affaire Donzelli divise les électeurs, deux Italiens sur trois défendent le ’41-bis’ [régime de détention strict] » : « 41% des Italiens se disent convaincus que le régime d’emprisonnement le plus sévère fait l’objet d’une loi juste et qu’il doit être maintenu. C’est une opinion qui est assez largement répandue chez les électeurs des partis de la majorité : 56,7% pour Forza Italia, 52,3% pour Fratelli d’Italie et 32% pour la Ligue. Certains seraient même favorables à un durcissement de ce régime et à son extension à d’autres délits (28,8%). Ces deux opinions émergent dans une semblable mesure parmi l’électorat 5 Etoiles. Pour 42,2% des électeurs du PD, le régime dit ‘’41-bis’’ est juste mais, à l’opposition, l’idée d’une réforme pour que ce régime soit limité aux détenus les plus dangereux est également présente : elle concerne entre un quart et un tiers des électeurs en fonction des partis modérés et de gauche. De plus, l’affaire qui a éclaté autour des deux membres Fratelli d’Italia, le député Giovanni Donzelli et le secrétaire d’Etat Delmastro, divise particulièrement les Italiens, entre soutiens des partis de la coalition de droite et soutiens des oppositions. 42,2% des interrogés estiment que les rencontres entre des parlementaires du PD et le détenu anarchiste Alfredo Cospito sont graves, contre 44,1% jugeant bien plus graves l’utilisation et la diffusion de documents et d’informations classifiés dans le discours accusateur prononcé par Giovanni Donzelli à la Chambre contre le PD. 33% des interrogés estiment quoi qu’il en soit qu’une infraction a été commise (diffusion d’éléments confidentiels) contre 31,2% qui pensent le contraire. Pour un électeur sur trois, les députés accusés par Donzelli devraient se démettre de leurs fonctions contre une proportion semblable appelant Donzelli et Delmastro à démissionner. L’électorat de Forza Italia se distingue en ce que la moitié d’entre eux jugent les faits évoqués insignifiants. »
COULISSES, La Repubblica, T. Ciriaco et L. De Cicco , « Berlusconi se démarque déjà ‘’de cette manière on vire trop à droite. J’aurais présenté L. Moratti pour Milan’’ » - « Cette confidence aurait été faite mardi dernier, quelques heures après l’affaire Donzelli, anticipant la rupture qui pourrait avoir lieu dès le 12 février au sein de la coalition de droite. Berlusconi se confie à un collaborateur de longue date et exprime toute son amertume et sa frustration qui l’angoissent ces derniers temps ‘’à cause de Fratelli d’Italia, nous sommes en train de virer un peu trop à droite. Il n’est pas possible de gagner dans les urnes sans un centre modéré. Moi, en Lombardie, j’aurais voté Moratti’’. Le « Cavaliere » ne votera jamais pour la candidate du Troisième pôle et il niera publiquement tout cela. Néanmoins, cette confidence dévoile quelque chose d’autre, qui est pire : la peur que les élections régionales puissent marquer l’effondrement de FI et de la Ligue, soit la cannibalisation des deux partis par Fdi. Meloni pourrait battre largement ses deux alliés dans la région qui a été le berceau de FI et de la Ligue. On parle aussi assez ouvertement d’un possible effondrement du leadership de Salvini, ce qui aurait monopolisé le débat derrière les coulisses du meeting organisé pour le candidat de FDI dans le Latium, Rocca. Le Cavaliere ne pardonnerait pas à Meloni son « ingratitude ». Tout comme le confirme son discours devant le public : ‘’le centre droit existe grâce à moi, Forza Italia est le représentant exclusif du PPE en Italie. Du point de vue numérique, nous sommes un parti indispensable pour garder en vie cette majorité et ce gouvernement’’. Ce sont là des signes qui anticipent une promesse de vengeance. Des sondages réservés circulent secrètement et sont en train d’agiter les directions des partis de majorité. Dans le Latium, FdI serait quatre fois plus fort que la somme des voix de FI et de la Ligue. En Lombardie, FdI multiplierait par trois le score de la Ligue. Du point de vue politique, en dépassant le seuil des 30%, Fdi pourrait vanter une primauté totale au sein de la majorité. Et si la Ligue devait ne pas dépasser le seuil des 10% en terre lombarde, avec FI derrière, les conséquences seraient imprévisibles. »
Giorgia Meloni lors du meeting de Francesco Rocca dans le Latium
Giorgia Meloni et Francesco Rocca
ENTRETIEN, Corriere della Sera, d’Antonio Tajani (Forza Italia), ministre des Affaires Etrangères « C’est une attaque contre les institutions mais nous devons mettre fin à cette polémique » : « ‘’Après celles de samedi à l’ambassade de Bogotà, on me communique qu’il y a des phrases qui ont été écrites sur le mur de l’ambassade italienne en Bulgarie contre le régime de détention stricte [le « 41 bis », ndt.]. Il ne faut ni dramatiser ni sous-estimer les dangers. Il s’agit d’une attaque contre l’Etat. Si c’est même le Président Mattarella qui est indiqué comme ennemi par ces groupes, il est clair qu’il ne s’agit pas d’une attaque à tel ou tel parti mais d’une attaque contre les institutions démocratiques : les forces de l’ordre, les sièges diplomatiques, les sièges politiques en Italie comme à l’étranger. Nous ne nous plierons pas face aux chantages. Nous ne modifierons pas la loi du 41 bis, tout en soutenant l’action du ministre Nordio quand il s’occupe aussi de la santé de ceux qui sont sous ce régime. Je suis d’accord avec Meloni sur l’appel au calme. Les Italiens ont d’autres problèmes et c’est sur ceux-là qu’il faut se concentrer. Le gouvernement n’a joué aucun rôle dans cette affaire, il n’y a eu aucune action pouvant soulever une « affaire Cospito ». Il y a eu un débat entre parlementaires sur le 41 bis et qui a impliqué deux partis. Un bras-de-fer qui a par ailleurs été très emphatisé. Un jury d’honneur s’exprimera sur cette affaire : ayons confiance dans les institutions et tournons la page. Les élections en Lombardie et dans le Latium sont importantes non seulement pour ces deux régions mais aussi pour le gouvernement, car gagner de manière nette serait un thermomètre important pour comprendre si l’action de l’exécutif est soutenue par les Italiens. Je crois que les scores des élections législatives seront confirmés. En tout cas, nous sommes au gouvernement non pas pour regarder les scores électoraux mais pour réaliser notre programme.’’ »
ENTRETIEN, Messaggero, d’Ignazio La Russa (Frères d'Italie), Président du Sénat, par F. Malfetano, « Les alertes lancées sont graves. L’État doit se défendre » : « Président La Russa, une escalade des tensions semble être en cours. Samedi à Rome les extrémistes ont bloqué le périphérique et il y a eu des affrontements avec la police. Qu’est-ce que vous en pensez ? J’ai fait de nombreuses manifestations dans ma vie et il est clair que je n’interdirai jamais un cortège, même lorsqu’il est en faveur de l’abolition du ‘’régime 41-bis’’. Mais en cas de transgression, l’État doit se défendre et nos forces de l’ordre ont toute ma solidarité. Giorgia Meloni a aussi parlé d’un "État cible d’attaques". Sommes-nous revenus aux années 70 ? La comparaison est hasardeuse. Le monde est différent. Et puis la lutte armée a montré qu’en plus d’être un crime, elle est incohérente avec les résultats qu’elle cherche à obtenir. Mais tout ceci ne veut pas dire que nous soyons moins préoccupés par ce qui peut advenir. Les alertes lancées sont justifiées. Pour autant je ne crois pas que les groupes anarchistes veulent aller vers une période de terrorisme. Vous vous souvenez bien de ces années… Je me rappelle de tout, et surtout du cordon que nous avons formé, nous les dirigeants de droite. Nous avons été un rempart. Giorgio Almirante disait : pour le terroriste de gauche une condamnation à mort, pour celui de droite deux. Et aujourd’hui ? Pour les terroristes et les mafieux il y a le 41 bis. On ne doit pas leur laisser la possibilité de communiquer avec l’extérieur. Ils sont dangereux. Et c’est un point sur lequel je voudrais que nous ne soyons pas divisés entre droite et gauche. Et pourtant il y en a qui ne voient pas de différence entre Alfredo Cospito et Bobby Sands, l’activiste de l’IRA mort après une longue grève de la faim dans une prison nord-irlandaise, et souvent considéré comme "proche" de la droite italienne. Ils se trompent. Comme se trompent toujours les commentateurs, les journalistes, et l’opinion publique quand ils cherchent à augmenter les tensions. Que pensez-vous de la visite en prison à Cospito de la part de certains membres démocrates ? Je suis convaincu que ceux qui sont allés en prison ne voulaient pas aider la mafia. Mais disons que c’était peut-être imprudent d’effectuer à ce moment une action, par elle-même absolument légitime, de contrôle des conditions des détenus. Il est inévitable dans ce contexte que quelqu’un à droite demande : "qu’est-ce que vous êtes allés y faire". Mais vous, en tant que parlementaire, vous vous êtes souvent rendus en prison. Bien sûr, en tant que député je suis allé des dizaines de fois à San Vittore pour rencontrer des détenus de droits communs et non. Et j’ai été avocat pénaliste. Samedi, Giorgia Meloni a appelé au calme, Fratteli d’Italia compris. Etes-vous d’accord ? Giorgia a tout à fait raison. Ses paroles sont dictées par le bons sens et la volonté de ne pas porter atteinte à la Nation. Mais je dois dire que pour ma part j’ai toujours considéré comme acquis que cela fut notre intention. Faites-vous référence au "cas Balboni"? Le PD a quitté la Chambre parce qu’un sénateur FdI les a accusés d’avoir ouvert "un gouffre à la mafia". Exactement, mon rôle est de faire en sorte que le Sénat travaille. Sur les sollicitations de la cheffe de groupe démocrate Simona Malpezzi, je l’ai rencontrée pour écouter leurs positions. Les démocrates envisageaient de déserter les travaux de la Commission du budget justement présidée par Balboni, qui se serait réunie l’après-midi. D’autre part, il y avait aussi la crainte d’un détournement des questions au gouvernement, retransmises en directe à la TV. Donc j’ai fait œuvre de médiation, et l’affaire s’est close. Balboni a par la suite exprimé deux positions que je partage pleinement. La première est qu’un élu ne peut pas être censuré pour ses opinions, justes ou fausses, tant qu’elles ne transgressent pas les limites du règlement. Et la seconde, que je souligne, est qu’on ne peut pas associer le PD à la mafia. Donc vous condamnez aussi ceux qui ont associé la mafia et les démocrates. Personnellement, je suis convaincu que c’est une erreur. Je me souviens très bien de Pio Latorre et des batailles que la gauche aussi a menées contre la mafia. Mais je me rappelle aussi du rôle de la droite italienne, et notamment du MSI. Les oppositions sont apparues aussi au sujet de "l’affaire des interceptions". Donzelli et Delmastro ont-ils commis une erreur à la Chambre ? Le ministre Nordio a pu affirmer qu’il ne s’agissait pas d’informations secrètes. Hier vous n’avez pas participé à la fermeture de la campagne électorale de Francesco Rocca à Rome. C’était à l’Auditorium della Conciliazione, justement là où FdI naissait il y a dix ans. Je suis content que ce soit fait là, c’est un peu une boucle qui se clôt. En 10 ans nous avons fait tant de chemin. Serez-vous à Milan pour Fontana ? Je suis indécis. Je continue à penser que je devrais y être, parce que mes prédécesseurs en ont fait bien plus, en fondant carrément un parti pendant qu’ils étaient président du Sénat. Je suis certain que ce serait légal. Mais dans ce climat je pense que je m’abstiendrai. Seulement pour cette fois, pour éviter les polémiques et les instrumentalisations, et contribuer ainsi à maintenir le calme. Mais il ne faut pas le considérer comme un précédent. Vous dîtes que les instrumentalisations augmenteront en cette dernière semaine électorale ? En tant qu’homme de parti que j’étais avant les élections, je note que toutes les tentatives d’instrumentaliser les attitudes passées ou présentes de FdI et de ses membres, se sont retournées contre ceux qui les avaient émises. »
Ignazio La Russa
ENTRETIEN, La Verità, d’Antonio Tajani (Forza Italia), ministre des Affaires Etrangères « Nous sommes favorables au nouveau fonds européen pour rivaliser d’égal à égal avec les Etats-Unis » : « Concernant l’Ukraine, l’Italie soutient la proposition d’instaurer une « zone de sécurité » autour de la centrale de Zaporijjia, placée sous le contrôle de l’agence pour l’énergie atomique de l’ONU, afin d’empêcher qu’une frappe, lancée même par mégarde, ne crée un risque semblable à celui de Tchernobyl. Nous suivons et soutenons le travail du directeur de l’AIEA Rafael Grossi. L’autre urgence est celle de protéger les exportations de blé vers les pays africains. J’ai encouragé le gouvernement turc à poursuivre son initiative. Concernant l’Ukraine, je ne sais pas s’il sera possible de revenir à l’intégrité territoriale d’avant le début du conflit. Il est tout d’abord nécessaire que les deux parties parviennent à des négociations. J’insiste sur le fait que soutenir Kiev et poursuivre la paix sont deux missions qui ne sont pas incompatibles entre elles. Q. Les Allemands ne semblent pas céder sur les aides d’Etat. Le risque est qu’il y ait des déséquilibres sur le marché interne. Elargir les maillons sur les aides publiques favorisera les pays les plus riches, mais pas l’Europe dans son ensemble. Ce serait un choix contraire à l’esprit de l’UE. Un fonds souverain communautaire permettrait de pouvoir rivaliser de manière plus sérieuse avec les Etats-Unis. Q. Est-ce que l’approche écologique est en train de s’éloigner de la réalité ? Je ne partage pas la ligne fondamentaliste sur le changement climatique, celle qui ne prend pas en compte les retombées sur les plans industriel et social. J’ai voté contre la proposition de la Commission pour supprimer les moteurs non électriques d’ici 2035. C’est une erreur gravissime qui risque de tuer le secteur de l’automobile en Europe. J’ai toujours pensé qu’avec les objectifs environnementaux il fallait fixer des limites pour préserver l’économie réelle. Q. Aujourd’hui, 5 patrouilleurs seront livrés au gouvernement libyen. Quel est le but ? Nous voulons que les Libyens participent à la régulation des flux migratoires. Il s’agit de moyens financés par l’UE, qui serviront à la garde côtière libyenne pour lutter contre le trafic d’êtres humains. »
PREMIER PLAN, La Repubblica, d’A. Greco, « Désormais l’Italie se trouve davantage isolée ; le ministre Adolfo Urso (Frères d'Italie) appelle ‘’l’UE à ne pas se diviser’’» : « Le pays qui injecte le plus d’aides publiques dans son économie de tout l’Occident a invité les deux pays d’Europe qui injectent le plus d’aides publiques. L’Italie, deuxième pays de production industrielle de l’Union européenne, est la grande absente et bougonne dans son coin. Des sources proches du gouvernement italien parlent de la visite des deux ministres français et allemand comme d’une initiative ‘’légitime mais pas dans un cadre européen’’ et qui témoigne de ‘’toutes les difficultés de l’UE’’. Le plan massif américain, ainsi que la profonde détermination de la Chine à protéger son industrie des risques géopolitiques et liés à l’inflation, pourraient bien secouer la solidité compétitive et politique de l’UE jusque dans ses fondements. ‘’J’espère qu’ils obtiendront des résultats qui soient positifs pour tous, le dialogue transatlantique est fondamental selon nous’’ a déclaré le ministre des Entreprises et du Made in Italy Adolfo Urso. ‘’L’Italie agit pour unir l’UE et nous sommes convaincus que les positions doivent être exprimées par la présidence et la Commission européennes. Il faut une réponse commune, qui rassemble et non qui divise l’Europe, qui soit affirmative et non pas en opposition à la politique américaine, pour une véritable politique industrielle compétitive et solidaire.’’ Reste que l’Italie n’a pas reçu d’invitation. A Bruxelles aussi, c’est l’habituel clan franco-allemand qui prévaut. En matière d’aides publiques, cela signifie que les pays riches auraient la possibilité de rendre encore plus compétitives (et donc riches) leurs propres entreprises. Ce serait le contraire d’une loi Robin des Bois, comme le montre les chiffres officiels : 77% des 672 milliards d’euros d’aides approuvés dans le cadre réglementaire européen ont bénéficié à l’Allemagne (53%) et à la France (24%). L’Italie est troisième dans ce classement avec 7%, tous les autres pays ont bénéficié de miettes. Une situation mise en avant par la commissaire européenne pour la concurrence qui s’est dit préoccupée, notamment par le ‘’risque de fragmentation du marché commun’’. Cela avait ensuite poussé le Danemark, la Finlande, l’Irlande, les Pays-Bas, la Pologne et la Suède à adresser une lettre à la Commission européenne en décembre dernier. L’Italie n’était pas parmi les signataires et a eu tort. La semaine, dernière le ministre Adolfo Urso a adressé à l’UE une quadruple proposition pour de nouvelles aides. Mais l’Allemagne n’a ni besoin ni envie que de nouveaux fonds communs soient mis en place. Dans les prochains jours, Adolfo Urso évoquera son projet avec ses collègues de République tchèque, Hongrie, Bulgarie, Roumanie, Grèce, Portugal, Suède, Croatie, Autriche, Espagne et Chypre. L’Italie a besoin de nouveaux appuis européens. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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