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30/12/2022

"Conférence de presse de Meloni - "Je fais confiance à mes alliés. En avant sur le présidentialisme""

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Italie. Revue de presse. 

Les unes reprennent majoritairement les principaux messages de la conférence de presse de Giorgia Meloni de fin d’année, notamment son souhait de proposer pour l’Italie un système semi-présidentiel  : « Je veux une Italie présidentielle – Je changerai aussi la fiscalité. Je me rendrai à Kiev avant le 21 février et je participerai aux célébrations du 25 avril » (La Stampa) [https://lepetitjournal.com/milan/actualites/le-25-avril-p...], « Réformes et covid, la ligne de Meloni – Je souhaite aboutir au présidentialisme. Il faut des masques et des tests, en restant libres. Critiques des oppositions» (Corriere della Sera), « La promesse de Giorgia, “nous sommes de droite et ne taxons pas les propriétaires » (Libero), « Pour Meloni, le Qatargate est une affaire des socialistes. Et elle souhaite un système fondé sur le présidentialisme » (Il Giornale), « La fierté italienne » (Il Tempo), « A présent, le présidentialisme » (Il Messaggero). En une également, les premiers tests obligatoires dans les aéroports pour les passagers venant de Chine et qui ont commencé hier. La Repubblica dénonce « un ratage » avec des tests payants à Malpensa sauf pour les touristes ayant refusé de payer, tandis que Le Messaggero titre « ce ne sont que des variants déjà connus, division au sein de l’UE » sur les mesures à adopter. La presse titre aussi sur le vote définitif du budget au Sénat hier, qui permet de connaître les mesures définitives, et bien sûr sur la disparition de Pelé, avec de très nombreux hommages en Une.

 

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, « Conférence de presse de Meloni - "Je fais confiance à mes alliés. En avant sur le présidentialisme" de Monica Guerzoni : « La réforme constitutionnelle pour adopter le modèle du semi-présidentialisme à la française est confirmée par Meloni comme une " priorité ". Elle revendique tous les choix " de droite " des 70 premiers jours, même les plus controversés : trêve fiscale, durcissement contre ONG et migrants, flat tax, paiement échelonné pour les clubs de football, lutte contre les rave parties, fin du revenu de citoyenneté. Elle nie les problèmes avec Salvini et Berlusconi : « Le climat est positif, je ne peux pas me plaindre". Parmi les priorités de 2023 figure la loi sur la justice invoquée par Berlusconi, et Meloni approuve la réforme de la prescription, « nous avons besoin d'un gouvernement courageux et nous ne manquons pas de courage". Le courage, par exemple, de défendre le président du Sénat Ignazio La Russa, dont l'opposition exige la démission pour une publication célébrant les 76 ans du MSI. “Un parti qui a joué un rôle très important dans l'histoire de cette nation et qui a toujours été clair dans sa lutte contre l'antisémitisme", affirme Meloni, "Pourquoi doit-il maintenant devenir imprésentable ?". Elle sera aussi présente aux célébrations du 25 avril. Sur Draghi, « je suis stimulée par les personnes capables et faisant autorité et Draghi en est une. Je ne dirais jamais que vous pouvez faire mieux, mais que vous pouvez faire bien". Pour l'Expo 2030 : "Nous ferons de notre mieux. C'est une grande opportunité pour Rome et pour l'Italie et nous n'abandonnerons pas. Et une grande opportunité pour la droite, semble dire Meloni, se présentera avec les élections régionales de février en Lombardie et dans le Latium. Sur le Covid, Meloni rejette les mesures de confinement et de green pass, assure que le gouvernement a "agi immédiatement" et demande une décision européenne sur les tests dans les aéroports. Comment allez-vous protéger les Italiens ? "Les contrôles, les tests et les masques sont utiles" et un observatoire Covid sera mis en place. Sur les vaccins pour le public non fragile, « il faut demander au médecin traitant et à ceux qui en savent plus que moi ». Sur la fin du revenu de citoyenneté, « si vous n'acceptez pas un emploi décent et correctement rémunéré, vous ne pouvez pas le faire en restant chez vous, entretenu par ceux qui paient des impôts". Salvini a voulu le nouveau code des marchés publics et le premier ministre en fait l'éloge : "Une réforme fondamentale". Et lorsqu'il s'agit de Crosetto, qui a annoncé à Il Messaggero un système de coupes de fonctionnaires réfractaires aux réformes " à la machette ", elle confirme " pendant la passation de pouvoir, quelqu’un s’est démené pour occuper les postes ". Elle assure aussi que le gouvernement prend des "mesures de bon sens, qui font tout sauf favoriser l'évasion fiscale. Sur le Qatargate, Meloni attaque : "Je n’aime pas qu’on parle d’un Italian Job, alors que les responsabilités concernent plusieurs pays, c’est plutôt un « socialist job ». Il faut appeler les choses par leur nom, les emplois socialistes, et je dis cela pour défendre la "fierté nationale". Meloni condamne les répressions en Iran comme "inacceptables" : "Si elles ne cessent pas, l'attitude de l'Italie changera". Elle confie qu'elle "n'a pas approfondi" le traité du Quirinal avec la France : "Les contours ne sont pas clairs pour moi". Puis, elle condamne l'invasion de l'Ukraine par l'armée de Poutine. L'Italie est prête à "agir en tant que garant d'un éventuel accord de paix" et elle se rendra à Kiev avant le 24 février ».

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COMMENTAIRE, La Stampa, « Le MSI et les lapsus de Meloni qui veulent réécrire l'histoire » : « Lors de la conférence de presse d'hier, Giorgia Meloni est revenue sur l'histoire du Mouvement social italien, dont la fondation a été célébrée "au pied levé" par certains ténors de FdI, dont le président du Sénat. Voilà donc le président du Conseil qui affirme que "le Mouvement social était un parti de la droite démocratique", alors qu'il aurait été naturellement et historiquement beaucoup plus correct de le définir comme la formation politique de la droite post-fasciste. Certes, il s'agissait d'un parti présent (et très présent ; et de manière ambivalente et sans scrupules) "dans la dynamique parlementaire" ; et certes, en se présentant aux élections - ce qui ne coïncide pas, bien sûr, avec une adhésion profonde et convaincue aux "idées respectueuses de la Constitution italienne" - il a recueilli les "votes de millions d'Italiens vaincus par la guerre", comme elle l'a rappelé. Mais de là à "transporter" les sympathisants de la dictature de Mussolini dans le giron d'une conception pleinement démocratique, le chemin est long. Et c'est précisément ce nœud jamais vraiment dénoué - et jamais authentiquement surmontable - qui conduit Meloni à devoir se raccrocher à multiplier les lapsus, à tenter de justifier l'injustifiable dans une histoire politique qu'elle n'a pas vécue elle-même au regard de son âge, mais qui identifie l'ADN de la métamorphose de la "droite" nationale. Ce qui, à une époque pas si lointaine, aurait été appelé l'extrême-droite, correspondant à la position du MSI dans l'arc parlementaire. Et non dans l'arc constitutionnel, puisque la Constitution du 1er janvier 1948 est antifasciste, et que le MSI se positionnera toujours du côté extraconstitutionnel, et connaîtra pour cela une conventio ad excludendum naturelle et logique de la part des acteurs politiques qui avaient tous participé - bien que sous des formes différentes - à la lutte de libération et à la Résistance. Sans parler des terribles années 1970 et 1980 de violence politique, auxquelles certains secteurs du MSI ont servi de couverture, ou de leur volonté d'être un bras opérationnel pour les opérations subversives du "gouvernement invisible" évoqué ici hier par Giovanni De Luna. Certaines racines n’ont jamais disparu, d’où la tentation de Meloni de réécrire l'histoire en parlant d’un passé "clair comme de l'eau de roche" pour une formation politique qui avait fait de l'ambiguïté et des "doubles standards" son modus operandi structurel. Mais le passé qui ne veut pas passer ne peut pas être oublié avec un peu de maquillage. Cela contribue à empêcher historiquement l'Italie de devenir un pays normal ».

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COMMENTAIRE, il Foglio, de Valerio Valentini, « Le traité du Quirinal, mais pas que. Pourquoi sur l’UE, Giorgia Meloni fait un pas de côté » : « Elle dit [lors de la conférence de presse de fin d’année] ne rien savoir du traité signé avec Paris, que son parti critique sur un ton complotiste : comme si elle était encore la cheffe de l'opposition. Sur le MES, elle enchaîne les chiffres et les arguments bidon. Ainsi, chaque fois que l'on parle d'Europe, elle revient à la propagande souverainiste. Peut-être que Giorgio Manganelli en aurait ri, lui qui avait l'habitude d'identifier le bon lecteur comme quelqu'un qui savait quels livres éviter. “Je ne l'ai pas lu et je ne l'aime pas", telle était la devise. Seulement ici, nous ne sommes pas dans la critique littéraire, mais dans l'art de gouverner. Il est donc pour le moins étrange d'entendre Giorgia Meloni déclarer que "les contours du traité du Quirinal ne sont pas clairs pour moi parce que je n'ai pas eu l'occasion de m'y plonger". Il n'est pas non plus moins troublant qu'elle justifie son snobisme à l'égard de l'accord en rappelant que "j'ai voté contre le traité parce que le Parlement n'avait pas été impliqué dans cette affaire", s'il est vrai qu'aujourd'hui elle n'est plus la chef de FdI, mais la présidente du Conseil. Et d'ailleurs, ce n'est nullement pour le manque (supposé) d'implication des Chambres que le parti de Meloni a dénoncé la signature du traité. Raffaele Fitto, l'actuel ministre des Affaires européennes, le 26 novembre 2021, à l'occasion de la rencontre finale entre Mario Draghi et Emmanuel Macron au Quirinal en présence de Sergio Mattarella, a critiqué l'initiative " pour des questions de méthode et de fond ", qualifiant l'accord d’" énième tentative de subordonner les intérêts de Rome à ceux de Paris ". Après cela, le Parlement a eu le temps et la possibilité d'analyser chaque détail du traité. Andrea Delmastro (député FDI et actuel vice-ministre de la Justice) déclarait qu’il y a "lieu de douter de la bonne foi des Français s'ils s'approprient entre-temps des portions de territoire et des frontières italiennes". L'accusation, décousue, concernait un vol présumé des eaux territoriales et la redéfinition des limites nationales du Mont-Blanc : des canulars sans fondement, relancés à l'époque par Meloni elle-même. "J'ai donc le sentiment que ce traité scelle l'infériorité et la subordination financière, bancaire, agricole et industrielle de la filière italienne de la mode, et cette subordination", a conclu Delmastro, "est égale à celle des parties contractantes : d'un côté le Roi Soleil, le coq français Macron, de l'autre le Marchese del Grillo“. Et des arguments similaires ont été utilisés le 5 juillet suivant, au Sénat, par Isabella Rauti, qui est aujourd'hui sous-secrétaire à la défense. Ce qui explique peut-être l'embarras de Meloni à favoriser les rencontres bilatérales entre les représentants des deux gouvernements prévues par le traité, étant donné que les ministres et les secrétaires de FdI devraient d'abord, peut-être, s'excuser pour certaines déclarations. Il n'est toutefois pas expliqué comment Meloni peut prétendre que le traité "n'est pas opérationnel à l'heure actuelle", puisqu'il a déjà été signé et ratifié. Mais là encore, c'est sur toutes les questions européennes que le premier ministre fait preuve d'une certaine approximation. La semaine dernière, elle a déclaré catégoriquement : "Il y a une raison pour laquelle le Mes n'a jamais été utilisé par personne". Hier, elle a déclaré qu'"après la Grèce, le MES n'a été activé par personne“. Mais cinq pays ont eu recours au fonds de sauvetage. C'est toute l'argumentation de Meloni qui semble pour le moins embrouillée.  En bref, l'européanisme de Meloni semble être un européisme de convenance, encore gâté par les impulsions propagandistes (voir les accusations récurrentes à la BCE de vouloir frapper l'Italie) du souverainisme d'autrefois. Et dans certains cas, elle est même justifiée : "Je ne suis pas d'accord avec un modèle fédéral de l'UE, je crois plutôt en une Europe confédérale", et a toujours vanté l'"Europe des patries" et les procédures insensées du "droit de veto", mais elle s'est en fait placée en marge du contexte communautaire, avec une vision de l'Europe, "confédérale" précisément, qui est celle d'Orbán et de Morawiecki. Et là, tout prend peut-être un sens : le sabotage du Traité par le Quirinal est évidemment utile pour favoriser les accords de coopération renforcée que Meloni considère comme les plus utiles à l'Italie : ceux avec Budapest et Varsovie. »

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COMMENTAIRE, « Une conférence de presse de trois heures, « l’impression d’un téléthon » Monica Guerzoni : « À l'avenir, lorsqu'elle ne sera plus premier ministre, elle redeviendra "journaliste", car elle a toujours pensé que "la politique est éphémère". Et ce n'est certainement pas un hasard si Giorgia Meloni le dit devant la presse parlementaire, au cours de la conférence de fin d'année peut-être la plus longue depuis des décennies. Plus de trois heures pour répondre à 43 questions. C'est elle-même, après une rencontre plutôt tendue avec la presse il y a quelques semaines, qui avait stigmatisé l’appui que Draghi avait reçu des journalistes parlementaires le jour de sa quasi-candidature au Quirinal. À la fin de son mandat, elle aimerait laisser une nation "fière et optimiste", transformée par "beaucoup de choses courageuses". Que pense-t-elle avoir apporté au gouvernement en tant que femme ? "Du concret, j'espère. Je suis une personne extrêmement rapide. Les femmes doivent l'être, car elles ont l'habitude de tout faire d'une seule main". Des femmes candidates à la direction du PD, " par respect ", elle n’en parle pas, mais elle est heureuse qu'elles se présentent : " Cela veut dire que c'est possible, hourra ! ". »

ANALYSE, Repubblica, Stefano Cappellini"Meloni donne l’impression d’être une femme d’Etat, puis sur le MSI, c’est le retour de « Calimera ». Un parti « démocratique et non-violent": « Kalimera, a dit hier la journaliste grecque à G. Meloni, lui disant bonjour dans sa langue, et l'appelant, sans le savoir, par le surnom qu’elle avait quand elle fréquentait la section romaine du Msi.  Hier, à la conférence de presse, on a assisté à une lutte entre G. Meloni, voulant devenir une femme d’État, et Calimera, une nostalgique du fascisme. Hier, G. Meloni a essayé de tenir à distance Calimera le plus possible : elle a répondu toujours sans perdre patience, avec des pauses, un ton conciliateur, et quelque rares grimaces. Cependant Calimera est parfois réapparue, quand elle a expliqué qu’elle voulait le présidentialisme et qu'elle était prête à impliquer l'opposition, mais "seulement à condition que la réforme se fasse". Mais c'est surtout quand il lui a été demandé si elle partageait les hommages de La Russa et de Rauti pour l’anniversaire du Msi que Calimera est réapparue le plus. Elle a répondu que le "Msi était l'expression de la droite démocratique et républicaine", phrase qui aurait valu une très mauvaise note en cours d’histoire à n'importe quel élève, du collège à l’université. Elle a ajouté que le Msi était toujours "contre la violence politique". Le Msi, parti dont fut secrétaire Giorgio Almirante, chef des "picchiatori fascisti" (frappeurs fascistes) de l'université de la Sapienza de Rome en 1968. Le Msi, dont fut secrétaire Pino Rauti, fondateur de Ordine Nuovo, force clef dans la stratégie de tension pendant la guerre froide. G. Meloni a fini en imputant à tous ses électeurs sa même apologie du Msi : "si les Italiens ont voté pour moi, cela veut dire qu'ils ne considèrent pas ce parti comme imprésentable".

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ARTICLE, Corriere della Sera, « Loi de finances, le oui du Sénat. Prochaines étapes : Impôts et revenus » par Enrico Marro : « Le texte du budget a reçu le feu vert final hier matin au Sénat avec le vote de confiance demandé par le gouvernement. Il y a eu 109 votes "oui", 76 votes "non" et une abstention. La loi budgétaire, signée hier soir par le président Mattarella, intervient sur les comptes publics pour environ 35 milliards, dont 21 milliards en augmentant le déficit (à 4,5% du PIB) pour financer les aides aux entreprises et aux familles contre les coûts élevés de l'énergie. Le gouvernement Meloni a également envoyé les premiers signaux conformes à ses promesses électorales : des amnisties fiscales au renforcement de la flat tax ; de l'augmentation du plafond de paiement en espèces à la sortie du revenu de citoyenneté. La réduction du coin fiscal en faveur des salariés dont le salaire brut ne dépasse pas 35 000 euros a également été renforcée. "Mission accomplie", a commenté le ministre de l'Économie Giancarlo Giorgetti, "le budget respecte les engagements pris avec les électeurs et a d'abord gagné la confiance des marchés et des institutions européennes et maintenant, celle du Parlement". Selon le vice-premier ministre et leader de la Ligue Matteo Salvini, "le budget ne fait pas de miracles, mais donne surtout à ceux qui en ont le plus besoin". Pour Giorgia Meloni, le gouvernement, avec ce budget, "montre qu’il est l'ami des entreprises", et va se concentrer sur l'achèvement de la réforme fiscale, la réforme du revenu de citoyenneté et la mise en œuvre du PNRR. Pour le PD, la politique du gouvernement " favorise les évadés fiscaux alors qu’il s’en prend aux pauvres". La droite protège les plus forts et accroît l'injustice". Le leader du parti 5 étoiles, Giuseppe Conte, accuse l'exécutif d'avoir "monnayé le revenu de citoyenneté pour favoriser les clubs de football de la Série A" tandis que le leader du troisième pôle, Carlo Calenda, demande qu’on lui rende ‘Mario’. »

ENCADRE, U. Magri, La Stampa, « Demain à 20h30, le discours de Mattarella entre guerre, jeunes et avenir » : « Au cours de ses sept messages de fin d’année, le Président Mattarella s’est toujours adressé au pays, plutôt qu’aux dirigeants italiens et ce sera ainsi demain aussi. Il sera debout face caméra, ce qui laisse entendre que le discours sera bref, 15 minutes tout au plus. Il évoquera d’abord la guerre aux portes de l’Europe, et des retombées de celle-ci en Ukraine et dans le reste du monde. L’espoir que la nouvelle année portera est celui d’une paix juste dans le respect du droit international. La crise énergétique, l’inflation, les sacrifices des familles, la souffrance des entreprises, le manque d’emploi : ce sont autant de conséquences du conflit qui s’ajoutent aux risques d’une pandémie pas totalement finie, seront les thèmes auxquels il prêtera attention. Presque rien ne filtre du Quirinal mais les jeunes et leur avenir seront sûrement très présents. Un rappel à la Constitution, qui fête son 75ème anniversaire en 2023, sera certainement fait. Elle porte bien son âge, dira le Président. Les mots-clefs de son message (diffusé sur toutes les chaînes, publiques et privées) : solidarité, vision, responsabilité, communauté ».

ARTICLE, B. Giovara, Repubblica, « L’Italie souffre du syndrome chinois. L’opération de tests est compliquée » : « Les voyageurs en provenance de Chine atterrissent dans un pays qui a de nouveau peur de Covid et des Chinois, crée à la volée une zone de tests dans l'espace non-Schengen, et dans une région qui a davantage peur que toutes les autres (la Lombardie), puis, dans un élan d'anticipation, décide d’imposer des tests pour tous, tout de suite. Et un hôtel Covid, en cours de préparation quelque part en Brianza, ‘’30-40 lits’’, déclare le directeur général de la santé de Lombardie, Giovanni Pavesi, à Malpensa pour l'événement. Les voyageurs sont assommés par les vols low-cost, l'argent en main pour payer leur test : 90 euros. Mme Milena, Chinoise dont le mari est italien, s’insurge : ‘’Si le gouvernement italien veut faire cela, les tests doivent être gratuits. En Chine, nous en faisons tous les jours, gratuitement’’. Et trois Italiens protestent et ne paient pas, mais ils font quand même le test. Et dans les mêmes heures, deux vols directs arrivent à Fiumicino en provenance de Chine, et le conseiller D'Amato annonce que sur celui de l'après-midi il y avait 5 personnes positives sur 49. Et comment le sait-il déjà ? A Rome, on se soumet au test antigénique, puis le décompte. En Lombardie, il faudra attendre le 2 janvier. Et pendant ce temps ? Les personnes resteront en isolement. Alors que les informations sur la montée des contaminations en Chine se répandent comme un serpent parmi les Italiens qui voient passer les images de morgues pleines, les premières demandes de dépistage obligatoire sur des ressortissants chinois arrivent, comme le dit Mazzetti, député de Forza Italia, ‘’surtout à Prato, où la concentration est très élevée’’. À Milan, Francesco Wu, président honoraire des entrepreneurs d'Italia-Cina, ressent déjà ‘’un air de discrimination’’. Certes, les premières données en provenance de Malpensa sont alarmantes : sur les deux vols du 26 décembre, près d'un passager sur deux était positif. Et sur celui-ci ? Ceux qui ont été débarqués allaient tous bien, Ffp2 bien en haut du nez. Il se pourrait donc que, comme cela a été le cas jusqu'à présent, les positifs soient tous des ‘’variantes Omicron’’ et qu'il n'y ait pas de nouvelles variantes. »

COMMENTAIRE, Corriere della Sera « Décret sur les Ong, les conséquences et les doutes » par Luigi Ferrarella : « Le fait de confier la responsabilité aux préfets de faire respecter le décret contre les ONG traduit une philosophie qui conduira à trois conséquences et difficultés. D’abord, l'autorité administrative qui inflige ces sanctions (avant tout contrôle juridictionnel, même à titre conservatoire) ne présente pas les garanties d'indépendance des magistrats, car il est clair que le préfet de permanence fait ce que veut le ministre de l'Intérieur, dont il dépend hiérarchiquement. La deuxième conséquence est la question de l’appréciation (par rapport au droit pénal) du précepte de comportement prétendument violé, et donc du niveau d’infractions estimé par l'autorité administrative. Les sanctions pour les navires qui "ne fournissent pas un rapport détaillé" des sauvetages, ne présentent pas "les normes de navigation appropriées", ou qui ne se dirigent pas "promptement" vers le port (assigné même très loin) pour sauver peut-être d'autres naufragés : dans le droit pénal, ces notions ne pourraient jamais exister, car elles sont trop vagues et que leur application par le préfet devient donc discrétionnaire. La troisième est l'inversion du calendrier des sanctions. Car le véritable objectif (le blocage des navires) n'était pas atteint dans le passé lorsque la boîte à outils était celle du pénal, appliquée par des magistrats qui, conformément au droit international, finissaient presque toujours par donner raison aux sauveteurs en mer. Au lieu de cela, les préfets sont amenés à décider d'une sanction immédiatement exécutable, que les ONG devront porter devant le tribunal administratif régional, mais avec le temps et les coûts qu'elles devront supporter, étant donné que dans l'attente de l'issue du recours, les règles fixent que c’est l’armateur qui devra supporter les coûts de maintien du navire immobilisé. Peut-être y aura-t-il des modifications au texte.  Mais le doute subsiste quant à savoir s'il semble "raisonnable, aux fins de la sécurité publique et de la sécurité juridique, de confier à l’autorité administrative l'évaluation de comportements entraînant des sanctions d'une telle gravité".

ARTICLE, F. Amabile, Stampa, « ONG, la révolte gronde : de Sea-Eye à MSF, les associations de secours rejettent le décret-sécurité du gouvernement : ‘’nous ne suivrons pas des codes de conduite illégaux qui violent le droit international, des milliers de vies sont en danger’’ » : « Les ONG se préparent à la révolte après l’adoption du décret « sécurité » en Conseil des ministres. L’objectif est clair, le secrétaire d’Etat à l’Intérieur le dit : ‘’la mère de toutes les batailles, à mener avec les autres Etats européens, est de limiter les départs, pour éviter que passeurs et mafia profitent de ceux qui sont dans le besoin, et parce que défendre les frontières italiennes, c’est défendre les frontières européennes’’. Ou bien, dit Maurizio Gasparri, vice-président du Sénat (FI) : on intervient enfin contre ‘’les centres sociaux de la mer avec des personnes qui se sont faites remarquées en manifestant et aident les trafiquants’’. Mais les ONG ne se laisseront pas faire. ‘’Sea-Eye ne suivra aucun code de conduite illégale, nous le refusons. Nous craignons que cela porte à des conflits avec les autorités italiennes et espérons que le gouvernement allemand nous protègera’’ a dit Annika Fischer, membre de la direction de Sea-Eye. MSF explique être prête à repartir avec le Geo Barents, qui est actuellement en Sicile. Le chef de mission Juan Matias Gil a déclaré que la ‘’stratégie du gouvernement italien a pour objectif de faire obstacle aux activités de recherche et secours’’, tandis qu’Emergency rappelle que ‘’presque 1400 personnes ont perdu la vie en Méditerranée cette année, et que ce décret risque de faire augmenter les morts en mer’’. Le monde catholique rejette aussi ce décret à travers la voix de Carlo Perego, président de la Fondation Migrantes et de la Commission de la conférence des évêques italiens pour les migrations, qui parle de ‘’cette autre guerre sans aucun sens’’.  Selon le décret, les bateaux pourront transiter et intervenir uniquement pour les secours sous le contrôle et les indications des autorités territoriales et devront formaliser la demande d’un port sûr dès la première opération de sauvetage, sans rester en mer. Dans le cas contraire, des sanctions sont prévues pour le commandant, l’armateur et le propriétaire, jusqu’à 50.000 euros, y compris la confiscation du bien. Des normes ‘’contre le principe d’égalité’’, estime l’amiral Vittorio Alessandro. Le premier bateau qui arrivera en Italie avec ce nouveau décret est l’Ocean Viking avec 113 migrants à bord, au port de Ravenne, probablement dans la matinée. »

LETTRE, de Caterina Bonvicini au Ministre Piantedosi, Stampa : « Monsieur le Ministre, venez avec nous en mer et aidez-nous à décider qui doit vivre ou mourir » : « J'ai embarqué à la fois quand il y avait les décrets de sécurité que vous avez rédigé pour le ministre Matteo Salvini et après, lorsque la ministre Lamorgese était en fonction. J'ai beaucoup apprécié le concept de port immédiat. Bien sûr, c'était difficile, après l'incident français. Mais, je vous l'assure, j'ai vécu des moments d’immobilisation des bateaux plus longs avec Lamorgese qu'avec Salvini. Ils duraient sept, huit et onze jours. Si l'on exclut les-neuf jours dans l'affaire Open Arms, pour laquelle l'ancien ministre est jugé, le PD a fait mieux en silence. Vous, ministre, aviez soigneusement planifié les arrêts administratifs, à travers les décrets sécurité. Lamorgese, sans rien dire, les a mis en œuvre. Sans parler des accords avec la Libye, systématiquement renouvelés. Bienvenue Présidente Meloni ! J'en plaisantais même : attention, avec ce gouvernement de droite, ils vont nous donner le port tout de suite. En effet. L’Ocean Viking, sans une minute d'attente, s'est vu attribuer d'abord le port de La Spezia et ensuite celui de Ravenne. Oui, d'accord, vous les avez poussés un peu plus au nord, mais la route était déjà pavée par Lamorgese qui avait assigné Salerne cet été (dans le silence général, un jeune de 16 ans est mort, arrivé trop tard à l'hôpital). La Spezia ? Ravenne ? Pourquoi pas Trieste ? Avez-vous peur qu'ils amènent ceux de la route des Balkans en Sar libyenne ?  Il m’est impossible de plaisanter avec le sauvetage unique. Vous devriez venir à bord avec moi une fois. Je vous ferai comprendre pourquoi un seul sauvetage dans la zone Sar libyenne est impossible quand plusieurs bateaux en détresse sont signalés en même temps et sont tous proches. Qui choisir ? Le bateau qui prend l’eau, la canot pneumatique surchargé ? Qui doit vivre ou mourir ?. Vous pourrez écrire un code de conduite, mais après. Sinon, vous écrivez sur quelque chose que vous ne connaissez pas. Venez avec moi, M. le ministre ».

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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