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19/12/2022

"Fraude fiscale et paiements par carte, Meloni cède à l’Europe." et "Coup bas pour les bateaux d’ONG."

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Italie. Revue de presse.

La presse italienne titre largement sur les dernières modifications de la loi de finances à la suite des remarques formulées par la Commission Européenne : « Paiement par carte, fiscalité et retraites : voici les nouveautés » - Giorgetti (Ligue) annonce qu’une réflexion sur les paiements dématérialisés est en cours (Corriere della Sera), « Prêts immobiliers et charges sur les salaires, la loi de finances du compromis » (La Repubblica), « Fraude fiscale et paiements par carte, Meloni cède à l’Europe » (La Stampa), « Fiscalité et immobilier, le rébus des règles » (Sole 24 Ore). La victoire de l’équipe d’Argentine en finale de la Coupe de Football est aussi citée avec large couverture photographique en Une. Enfin, l’affaire de corruption présumée impliquant des députés européens est encore citée par certains journaux : « La menace de Doha à l’UE : les fournitures de gaz pourraient être remises en cause » (La Repubblica).

PREMIER PLAN, La Repubblica, de G. Colombo, « Paiements par carte : des aides aux commerçants et aux chauffeurs de taxis après le retour en arrière sur les amendes » : « Si besoin ‘’nous trouverons un autre moyen de ne pas faire payer aux commerçants les frais de commissions bancaires sur les petits paiements’’ a déclaré Giorgia Meloni confirmant ainsi le rétropédalage du gouvernement sur la suppression des sanctions pour les commerçants refusant les paiements électroniques. Cela dépendra des négociations avec la Commission européenne qui, d’après nos sources, ne laisserait aucune marge de manœuvre au gouvernement italien. Pour l’UE, cela va à l’encontre de la lutte contre la fraude fiscale et des objectifs du Plan de Relance. La mesure de tolérance de refus des paiements par carte jusqu’à 60€ devra donc être supprimée. La recommandation de Bruxelles est en partie liée au fait que l’exécutif revient sur des engagements pris dans le cadre du PNRR. En effet, l’un des objectifs atteints par Mario Draghi, dans l’esprit du Plan de Relance, était l’introduction d’une amende de 30€ plus 4% du montant de la transaction en question pour le commerçant refusant le paiement par carte. L’exécutif maintient qu’une réponse aux coûts des transactions numériques est nécessaire, non seulement pour les commerçants mais aussi pour les taxis. Des sources proches du gouvernement affirment que l’exécutif ne reviendra pas à la charge avec un seuil abaissé à 30€. Le Ministère de l’Economie examine d’autres formes d’aides pour ces catégories, le but étant de présenter l’alternative en même temps que l’annonce de l’abandon de la mesure précédente. Parmi les pistes envisagées il y a le crédit d’impôt sur les commissions, une forme d’aide déjà introduite par Giuseppe Conte puis renforcée par Mario Draghi. La décision finale pourrait être prise par le Parlement, le ministre de l’Economie Giancarlo Giorgetti ayant dit s’en remettre à la Commission budgétaire concernant ces aides. De premières mesures pourraient être esquissées dès aujourd’hui. »

COMMENTAIRE, La Repubblica, « Loi de finances, marche arrière toute » par Francesco Manacorda « : Ce budget dénote un net retour en arrière, des dernières mesures sur les impôts au revenu de citoyenneté, encore attaqué sans discernement, en passant par la défense des intérêts corporatistes de certains secteurs protégés tels que les chauffeurs de taxi et les plagistes. Ce retour en arrière permet d’affirmer les positions idéologiques que l'exécutif tente de faire passer, tout en devant composer avec les impératifs des recettes disponibles, comme avec la disparition de la mesure pénalisant les commerçants refusant de proposer le paiement par carte de moins de 60 euros. Marche arrière aussi sur les amendes pour les municipalités : on s'est rendu compte que des villes avec des budgets déjà dans le rouge auraient ainsi perdu des centaines de millions. Seuls les intérêts et les frais annexes seront annulés, mais pas les sanctions elles-mêmes. Changement de pied aussi sur les pensions minimales, qui n'ont été revues que pour les personnes âgées de plus de 75 ans et seulement pour les douze prochains mois. Le réalisme dans les comptes publics est un choix obligatoire, d'autant plus dans le contexte actuel pour l'Italie. Mais dans le même temps, ce budget ne peut se passer des totems identitaires. Un jeu cynique en réalité, assaisonné d'une victimisation gouvernementale déjà éculée. Nous avons affaire à une grossière stratégie de communication, qui voudrait que l'Italie de Meloni soit entourée d'ennemis puissants et que tout aussi souvent la Première ministre se sente obligée de prévenir que ses ennemis, aussi nombreux et féroces soient-ils, ne pourront pas arrêter le changement d'époque qu'elle promet elle-même. Des remarques de Bankitalia à la BCE, en passant par le MES, il y a tant d’ennemis imaginaires à combattre ».  

ANALYSE, Corriere della sera, F. Fubini « Du souverainisme au réalisme : comment s’asseoir à la table européenne » : « La baisse du seuil minimal pour les paiements par carte, le renforcement de l'ouverture à la concurrence des services publiques locaux montrent un rapprochement ces derniers jours entre Rome et Bruxelles. Ainsi, le message est le suivant : G. Meloni, qui était pourtant en faveur de la sortie de l’euro en 2017, ne s'opposera pas frontalement à l'Union Européenne, car elle a compris que l'Italie était trop fragile et trop intégrée à l'Europe sur le plan politique, institutionnel et financier pour qu'il puisse en être autrement. Cependant, la loi de finances continue à lancer des signaux de tolérance à l’évasion fiscale, et le choix de la BCE de resserrement monétaire, bien que discutable, a suscité de vives réactions en étant qualifié de "folie" par Guido Crosetto, d'"incroyable, déconcertant"(Matteo Salvini), et n'aurait "pas de sens"(Antonio Tajani).  De plus, personne en dehors de l'Italie ne comprend l'absence de ratification de la réforme du Mécanisme Européen de Stabilité, exception italienne, alors qu’elle ne présente pas de danger manifeste. Cela conduit en réalité à laisser le mécanisme tel qu'il est, mais un peu moins en phase avec les intérêts italiens, et à envoyer un message de manque d'engagement aux marchés financiers. Ainsi, plutôt que d'utiliser son énergie pour critiquer la BCE, le gouvernement pourrait contribuer au chantier du nouveau système de gouvernance économique de l'Union Européenne. Il y en effet des enjeux de politiques industrielles face au plan de relance américain, et la France et l'Italie, plus endettées, ne pourront pas se permettre le même soutien que l'Allemagne. Ainsi la Commission et Paris ont proposé un fond souverain, financé avec les Eurobonds, pour des projets communs dans le domaine de la défense, des technologies vertes, des batteries ou des semi-conducteurs. »

ARTICLE, A. Di Matteo, Stampa, « Loi de finances, la révolte du PD et du M5S : ‘’le gouvernement est dans le pétrin, qu’il se débrouille’’ » : « Les partis minoritaires dénoncent le ‘’chaos’’ sur la loi de finances et demandent que leur rôle soit reconnu dans les modifications que le gouvernement y insère peu à peu. Une situation de blocage qui est arrivée hier soir à son comble quand le PD, Les Verts-Gauche et les centristes ont abandonné les travaux de la commission parlementaire avant l’arrivée du ministre Giorgetti. Debora Serrachiani, chef de groupe PD, a déclaré : ‘’qu’ils la fassent tous seuls cette loi !’’. Ils accusent tous l’exécutif de ne pas contrôler la situation et d’avoir fait machine arrière – sur les paiements par carte surtout - sans avoir donné le mérite des corrections à la minorité. Ils contestent en particulier le fait que le gouvernement présente des amendements qui sont une copie conforme de ceux proposés par l’opposition. La demande faite à Giorgetti d’anticiper son intervention est restée lettre morte, il est arrivé à 21h30. Le seul signal de dégel a été l’accord rejoint l’après-midi sur un amendement pour le Sud. Letta en avait appelé samedi à la prise en compte, a minima, “des propositions qui ont trait à la vie des personnes’’ et notamment sur le thème des retraites et de la crise énergétique. Hier après-midi, Conte a estimé que le gouvernement ‘’tente de contenter, de manière très maladroite, l’UE, mais en Italie il massacre tout le monde, sauf ceux qui ont déjà beaucoup’’. Les centristes eux souhaitent des fonds supplémentaires pour la santé. »

ARTICLE, La Repubblica, d’A. Ziniti, « Coup bas pour les bateaux d’ONG, les ports sont de plus en plus éloignés et l’asile doit être demandé à bord » : « Trente-six heures de navigation pour le Rise Above afin d’atteindre le port de Gioia Tauro (Calabre), au moins deux jours et demi pour le Life Support qui devra aller jusqu’à Livourne. Le ministère italien de l’Intérieur fait la démonstration de sa nouvelle stratégie en vue du prochain décret sur les ONG [portant secours aux migrants] : des ports très éloignés assignés aux navires humanitaires et leur obligation de libérer les eaux méditerranéennes alors que d’autres naufrages – et d’autres décès – sont enregistrés. Le maire de Lampedusa, Filippo Mannino, exprime son désespoir face à cette situation alors que l’arrivée imminente du vice-président du Conseil et ministre des Infrastructures Matteo Salvini, avec sa compagne, est prévue sur l’île, dans la villa de Silvio Berlusconi. Ce traitement est un coup bas pour les ONG : des jours en mer, des coûts faramineux en carburant, des missions interrompues pour faire débarquer quelques dizaines de migrants secourus dès la première intervention de sauvetage. Le ministère de l’Intérieur teste donc son nouveau modus operandi et le ministre Matteo Piantedosi (Indépendant) pourrait reproposer une vieille idée : les migrants secourus devront faire part de leur intention de demander une protection internationale lorsqu’ils sont encore à bord des navires, une demande qui relèvera ainsi du pays dont le navire bat pavillon. C’est une façon de passer outre le mécanisme de redistribution après débarquement qui fonctionne peu. Les ONG dénoncent les ‘’jeu ignoble’’ du ministère de l’Intérieur qui ‘’fait fi des principes humanitaires les plus élémentaires par pure propagande’’, ‘’pour plaire ainsi aux droites européennes’’. »

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Matteo Piantedosi

ENTRETIEN, Il Messaggero, d’Antonio Tajani (Forza Italia), ministre des Affaires Etrangères « Nous reconstruirons l’Ukraine » - « Du point de vue économique, nous sommes en train de soutenir l’Ukraine par tous les moyens. Nous venons d’allouer dix millions d’euros, puis, une fois la guerre terminée – et il faut faire tout ce qui est possible pour la faire cesser – il faudra reconstruire un pays. Puisque l’Ukraine est un pays candidat à l’UE, l’Italie veut jouer un rôle important dans la reconstruction. Nous voulons être en première ligne dans ce défi important pour tous. Il s’agit de moderniser ou reconstruire des villes entières, des écoles, des habitations et les bâtiments institutionnels. Il y aura beaucoup de chantiers et il faut par conséquent des investissements très importants. Le gouvernement italien soutiendra la participation de nos entreprises. Il y aura des rencontres techniques à la Farnesina avec les organisations entrepreneuriales, dans les prochains jours. Il faudrait prévoir une sorte de Plan de relance pour la reconstruction de l’Ukraine. C’est l’idée que je proposerai au gouvernement d’ici peu. L’Italie doit être prête à mettre à disposition tout son savoir-faire, car nos industries sont à l’avant-garde pour remettre l’Ukraine debout pour qu’elle soit partie de l’UE à part entière. Il serait possible de réaliser des collaborations entre les entreprises ukrainiennes et celles italiennes. Q. il faudra peut-être faire face à la concurrence d’autres pays, la France ou l’Allemagne, qui ont des intérêts à sauvegarder ? Nous ne serons pas en reste dans cette compétition, qui fait partie du jeu. En Italie, nous avons des entreprises de qualité et nous sommes en mesure de jouer ce match sur un pied d’égalité. Par ailleurs, nous pouvons créer en Ukraine des partenariats avec des entreprises européennes. L’UE doit travailler ensemble pour l’avenir de ce pays martyrisé. La reconstruction en Ukraine peut représenter une opportunité pour eux comme pour nous. Q. Mais si l’Italie continue de se disputer avec Bruxelles, nous finirons par nous affaiblir au lieu de nous renforcer sur les autres domaines ? Ecoutez, nous ne sommes absolument pas en train de nous disputer avec l’Europe. Nous sommes en train de faire valoir nos raisons et c’est pour cela que nous voulons jouer un rôle de protagoniste en Europe. Nous voulons qu’il y ait plus d’Italie en Europe. Et c’est– je le dis par expérience en tant qu’ancien président du Parlement Européen – ce que les Français font pour la France et ce que les Allemands font pour l’Allemagne. Sur ce point, nous avons beaucoup à apprendre. L’Italie a enfin décidé de récupérer le terrain perdu. Par ailleurs, le gouvernement est fortement engagé à soutenir la candidature de la Ville de Rome pour l’Expo 2030. La Ryder Cup de golf qui se tiendra à Rome sera l’occasion pour que toute l’attention soit rivée sur notre capitale. C’est pourquoi nous ferons connaitre l’événement par le biais de toutes les ambassades italiennes. »

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Antonio Tajani

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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Giorgia Meloni lors de la fête des 10 ans de Frères d'Italie, qui s'est déroulée durant trois jours, du 15 au 17 décembre 2022 à Rome.

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