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28/11/2022

"En quelques jours, Meloni devra tisser son réseau européen."

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Italie. Revue de presse.

Les JT couvrent essentiellement la tragédie touchant l’île d’Ischia, à la suite de pluies torrentielles, avec la recherche des personnes portées disparues et le décret d’état d’urgence adopté en Conseil des ministres.

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de C. De Leo, « Deux millions d’euros d’aide de l’Etat [pour l’île d’Ischia] ; le plan pour le climat sera lancé d’ici la fin de l’année » : « A Ischia, l’Etat d’urgence a été déclaré pour un an, sur proposition de la Présidente du Conseil Giorgia Meloni et du Ministre pour le Sud, Nello Musumeci. L’exécutif a également débloqué 2 millions d’euros pour mener les premières interventions urgentes, de secours et d’assistance à la population ainsi que pour le rétablissement des services publics et des infrastructures. Simonetta Calcaterra a été nommée commissaire pour la protection civile à Ischia le temps de gérer l’urgence. Giorgia Meloni a souligné l’immédiateté de la réponse du gouvernement, en remerciant l’engagement des secours. La Présidente du Conseil devrait se rendre sur l’île dès que possible. Les impôts et obligations fiscales des résidents et des commerçants de l’île seront reportés au-delà de décembre 2022. Les 2 millions d’euros d’aide ne devraient être qu’une première étape. Une étude approfondie de l’impact des intempéries va être menée et de nouvelles allocations seront décidées sur cette base, explique le communiqué diffusé à l’issue du Conseil des ministres d’hier, auquel ont notamment participé Matteo Piantedosi et Antonio Tajani. Enfin, le ‘’plan national d’adaptation au changement climatique’’ devra être approuvé d’ici la fin de l’année. Nello Musumeci annonce également la création d’un ‘’groupe de travail interministériel pour limiter le risque de glissement de terrain et d’inondation causé par l’instabilité hydrogéologique’’. D’après le ministre, le groupe devra ‘’insuffler une nouvelle tendance après 70 ans de mauvaise planification’’. »

ARTICLE, Corriere della Sera, C. Zapperi  « Sur la validation des permis de construire illégaux, Conte est pointé du doigt. Mais selon lui, il n’a pas signé d’amnistie » : « Matteo Renzi s’en prend à Giuseppe Conte : "Face à la catastrophe d'Ischia, les déclarations de Giuseppe Conte sur la Rai3 sont décousues. Il dit qu’il n’a pas autorisé les constructions illégales à Ischia, alors qu’il a fermé l'unité missionnée sur l’instabilité géo-hydrologique et il n'a pas honte ? Pourtant, il y a quatre ans, nous le lui avons dit".  Conte se défend : "Ce n'était pas du tout une amnistie. Je venais de prendre mes fonctions et c’était l’impasse, à Ischia les demandes d'amnistie avant 2018 concernaient environ 27 000 logements, la moitié des logements de l'île, en raison de trois lois qui se sont succédé dans le temps, plus des demandes pour les logements touchés par le tremblement de terre". Voilà quel était le contexte, selon le Premier ministre de l'époque. "Nous avons donc introduit l'article 25. Il ne s'agit pas d'une amnistie, mais d'une accélération de la procédure d'examen des dossiers. Il n'était absolument pas permis d'accorder de dérogation face aux contraintes légales, y compris celle de l'instabilité hydrogéologique. Juste une procédure de simplification", a expliqué M. Conte. Le président de la région Campanie, Vincenzo De Luca, n'a pas mâché ses mots : "Les gens doivent comprendre que dans certaines zones il n'est pas possible de vivre en sécurité. Les bâtiments situés dans des zones hydro-géologiquement fragiles doivent être démolis". En outre, à Ischia, après le séisme de 2017, " un commissaire du gouvernement a été nommé et une réglementation totalement incohérente a été appliquée ", accuse le gouverneur, " complètement différente de celle appliquée dans les zones sismiques du Centre-Nord ". Carlo Calenda et Alessia Morani, députée du PD, accusent également. . Enfin, Legambiente fournit quelques données : "À Ischia, il y a environ 600 habitations non autorisées qui font l'objet d'un ordre définitif de démolition et le nombre de demandes de dérogation présentées en vertu des trois lois nationales s’élève à 27 000". L'association rappelle notamment qu'après le décret de 2018, "le nombre de bâtiments endommagés qui ont demandé une dérogation est désormais d'environ 1 000". »

ARTICLE, La Repubblica, de V. Conte, « Sur le projet de Loi de Finances, la Ligue et Forza Italia préparent plusieurs attaques ; les mesures ne pourront pas dépasser les 500 millions d’euros concédés aux deux Chambres » : « Le premier budget du gouvernement Meloni arrivera au Parlement aujourd’hui ou demain, en commençant par la Chambre des Députés. Son parcours parlementaire sera réduit : seulement un mois pour approuver la Loi de Finances et le Sénat, de fait, ne fera que ratifier ce qui aura été fait à la Chambre. Si la Ligue entend bien arracher quelques victoires supplémentaires, c’est surtout Forza Italia qui inquiète. Silvio Berlusconi demande notamment une hausse plus importante des retraites les plus basses au risque de dépasser le délai maximum pour l’adoption du budget, au 31 décembre. Fratelli d’Italia est en alerte et veut limiter les amendements à un par député et pas plus de 400 au total. Les fonds concédés atteignent les 500 millions d’euros à se diviser entre les deux Chambres, au lieu du milliard attendu. Cette limite doit agir comme une digue contre l’obstructionnisme des alliés. L’entretien entre Giorgia Meloni et le leader d’Azione Carlo Calenda est prévu pour demain, et suscite les soupçons de Forza Italia. C’est un appui qui pourrait être bien utile pour Giorgia Meloni en cas de frictions au sein de la majorité. Silvio Berlusconi, qui n’aurait toujours digéré la méthode de la Présidente du Conseil lors de la préparation du projet de Loi de Finances, entend bien marquer son territoire en misant sur un classique de son répertoire : les retraites. Les pensions inférieures à 525€ passeront à 570€ par mois cette année et à 580€ l’année prochaine. Cela concernerait 2 millions de retraités et représente un coût de 200 000 millions d’euros. Berlusconi souhaite qu’elles passent immédiatement à 600€ et augmente de 100€ mensuels chaque année pour arriver aux fameux 1000€ à la fin de la législature. Le coût est énorme mais il tentera quand même, ainsi que sur la défiscalisation de l’embauche des moins de 36 ans et le maintien du Superbonus. La Ligue de Matteo Salvini ne sera pas en reste et revendique déjà la formule de cotisation pour les retraites dite ‘’Quota 103’’ [selon laquelle il faut que la somme de l’âge et des annuités atteignent 103 ans]. Il demandera aussi l’extension de la flat tax pour les travailleurs indépendants, le Pont sur le Détroit de Messine, l’exemption de la taxe d’habitation pour les propriétaires dont le logement est occupé, la suppression des sanctions pour les commerçants qui refusent le paiement en carte bleue pour moins de 60€. Il défendra aussi la proposition du ministre de l’Instruction Valditara sur le revenu de citoyenneté : pas d’aide pour les jeunes en décrochage scolaire. »

ENTRETIEN, Libero, d’Adolfo Urso (Fdi), ministre des Entreprises et du Made in Italy « Nous voulons un Etat ayant une stratégie sur les entreprises » : « ‘’Nous n’avons pas une approche idéologique sur les nationalisations mais une attitude concrète, basée sur l’intérêt national. Sur certains dossiers nous accélérerons les privatisations, sur d’autres nous réaffirmerons le rôle de l’Etat. Nous sommes bien conscients qu’il faut favoriser la croissance des champions européens, mais nous devons aussi regarder le leadership italien. Pour cette raison, il faut un Etat ayant une stratégie pour les entreprises. Dans le secteur des batteries, comme dans tous les secteurs stratégiques, nous devons doter l'Italie d'une stratégie à long terme qui nous rende plus indépendants de l'étranger et donc moins vulnérables. Je pense aux plus de 4 milliards alloués aux semi-conducteurs dans la période 2022-2030, ou aux plus de 350 millions que nous allons allouer immédiatement aux investissements dans les "énergies renouvelables et les batteries" dans le PNRR. L'Italie peut devenir le hub du gaz européen grâce au réseau de gazoducs et aux nouveaux regazéificateurs, mais aussi en augmentant la production nationale. De cette manière, nous pourrions également contribuer à l'autonomie stratégique européenne dans le domaine de l'énergie. Mais nous avons besoin d'une politique commune envers la Méditerranée et l'Afrique, sous le signe du partenariat : aujourd'hui plus que jamais, nous avons besoin de cette vision qui a permis à Enrico Mattei de jeter les bases énergétiques du miracle économique italien. Sur la compagnie aérienne ITA, il faut un partenaire industriel important avec un projet de développement des hubs italiens. ITA ne sera jamais une compagnie d’Etat. Mais nous souhaitons qu’elle puisse être au service des Italiens. Quant à l’Ilva, il faut invertir au plus vite le déclin productif : elle ne produit que 3 tonnes face aux 6 concordées, avec l’objectif de revenir au niveau des 8 tonnes. Les ressources allouées doivent être utilisées pour ce but. Nous sommes en train d’évaluer la nécessité d’autres interventions législatives pour faciliter la reconversion et les investissements. L’Ilva doit compléter son électrification d’ici 2032. C’est un programme ambitieux et complexe qui concerne l’une des usines de l’acier les plus importantes en Europe. Toutefois, c’est un programme nécessaire et la seule manière pour le respecter est de renforcer la gouvernance publique de cette usine.’’ »

ENTRETIEN, Libero, d’Antonio Tajani (FI), ministre des Affaires Etrangères « Cette Europe n’a pas de dirigeants ayant une vision communautaire » : « Il est juste que l’UE intervienne lorsqu’un pays membre va contre les règles de l’alliance ou ne respecte pas les principes de l’Etat de droit. Il faut toutefois être juste, il ne doit pas y avoir de pays de série A et de série B. Forza Italia a voté avec le PPE pour confirmer la résolution qui conditionne le versement de fonds de cohésion à Budapest au respect des droits civils. Je connais bien Orban et je pense que depuis qu’il est sorti du PPE, il n’est plus le même. Il faut toutefois faire attention car en punissant un pays on finit par punir un peuple. L’Europe doit aller de l’avant de manière unie, en défendant ses valeurs, mais elle ne peut pas perdre la Hongrie le long du chemin. Je pense à la Slovaquie et à Malte : à l’occasion du meurtre de deux journalistes, l’Europe n’a pas du tout été dure. L’Italie doit jouer un rôle majeur et promouvoir le processus d’intégration démocratique européenne entre tous les Etats. Le problème de l’UE consiste dans le manque de leadership en Europe. Il y a beaucoup de dirigeants nationaux mais personne n’a remplacé les leaders tels que Khol, Aznar, Berlusconi, Mitterrand ou Merkel. Il y a beaucoup d’intérêt autour de l’Italie et de son nouveau gouvernement de droite. Meloni a une vision de l’Europe personnelle et qu’elle veut affirmer. Forza Italia a une longue tradition européenne. Les marchés ont récompensé notre loi de finances, tout comme l’UE. C’est le moment, pour l’Union, de mettre la politique comme priorité, il faut arrêter de s’occuper exclusivement de chiffres, d’agriculture ou de finance. La guerre en Ukraine déterminera des changements historiques : soit l’UE change et devient un acteur majeur, soit elle est destinée à la marginalisation. Il est temps de penser aux grands sujets, passant de la rigueur à la solidarité et à une union réelle, comme cela fut pour le Plan de relance. L’UE doit être prête au changement, il faut arrêter les égoïsmes. Par commencer, sur le plafonnement du prix du gaz, il faut arriver à une solution qui soit meilleure à celle proposée la semaine dernière et qui est inacceptable pour nous. Sur l’affaire Ocean Viking, il y a eu une exploitation de la part des journaux. Les propos du Président Macron de ce week-end, d’amitié et de grande solidarité pour le drame d’Ischia, confirment que les relations entre l’Italie et la France ne sont pas en crise et qu’elles ne se sont pas interrompues. L’Italie n’a jamais critiqué Paris sur l’immigration, elle a simplement soulevé à l’attention de l’Europe la question des flux migratoires, qui ne peut pas être seulement italienne, d’autant plus qu’il n’y a pas uniquement des arrivées venant de l’Afrique. La réunion de vendredi dernier à Bruxelles entre les ministres de l’Intérieur a été un succès car nos demandes ont été écoutées. Il faut faire des accords avec les pays de départ. Il faut avant tout œuvrer à la stabilité de la Libye, qui a été conduite au chaos avec trop de légèreté, et on sait bien par qui. Je vois encore une Europe divisée sur le dossier libyen et sur une politique migratoire commune. Il y a trop de présences particulières et trop d’absences générales. II y a beaucoup de tactique mais aucune stratégie. Il faut commencer à investir non seulement à Tripoli mais aussi dans l’Afrique subsaharienne. Concernant le Monténégro, l’Albanie et la Serbie, il faut accélérer le processus d’intégration afin d’éviter qu’elles ne finissent sous l’influence de pays extra-UE. Il faut un effort européen et l’Italie peut jouer un rôle de pays guide. »

ARTICLE, La Stampa, F. Olivo « Meloni, mission Europe » - L’Italie tente de profiter des tensions entre la France et l’Allemagne : « En quelques jours, qui culmineront avec le Conseil européen, Meloni devra tisser son réseau européen. Selon la perception du Palais Chigi, le G20 a été un succès mais la partie la plus complexe se jouera à Bruxelles. Les relations avec les leaders et les institutions européennes sont au cœur des pensées du nouveau gouvernement, surtout après le grave incident diplomatique, pas encore résorbé, avec la France à la suite du débarquement du navire Ocean Viking. L’autre partenaire stratégique, pour l’exécutif dirigé par Fdi, est l’Allemagne. Les sherpas de Rome et de Berlin sont en train d’évaluer la possibilité d’organiser une rencontre avant le Conseil européen des 15 et 16 décembre. Ces derniers mois, les relations entre la France et l’Allemagne ont été rares et difficiles, marquées surtout par les rencontres manquées. Mais avec la récente visite de la Première Ministre Elisabeth Borne à Berlin, le mot d’ordre est désormais « le dialogue est reparti ». Du moins sur le futur avion de chasse aérien franco-allemand-espagnol Fcas. Entre Paris et Berlin demeure toutefois un aspect par encore digéré concernant les retombées énergétiques des sanctions russes, qui ne frapperaient pas les pays membres de l’Union de manière uniforme. Si Rome et Berlin sont en train de chercher des solutions pour remplacer respectivement 40 et 55% des approvisionnements, Paris a réussi jusque-là à conserver l’énergie d’origine nucléaire. » 

COMMENTAIRE, La Repubblica, G. Di Feo « Si les munitions devaient se terminer » : « Ce sera un hiver de glace et de sang. Les frappes contre les villes réduisent en morceaux les réseaux électriques et éteignent les chauffages. La préoccupation majeure concerne toutefois les ravitaillements d’armes occidentales pour la résistance : il n’y a plus la capacité d’assurer la quantité et la qualité des équipements militaires livrés ces neuf derniers mois. La férocité du conflit a englouti les réserves de munitions de l’Otan. Les pays de l’Alliance sont en train d’atteindre le niveau critique des réserves, celui considéré comme indispensable pour les nécessités nationales. La production de nouveaux armements est, elle, trop lente par rapport au rythme de la bataille. C’est la raison pour laquelle l’Otan a remplacé les armes les plus technologiques par d’autres plus anciennes qui datent de la Guerre Froide. Cela pourrait convaincre le Kremlin que le soutien à l’Ukraine serait en train de s’effriter et le pousser à frapper avec encore plus de violence. Cette situation rend la position de l’Italie fondamentale. L’Otan, dans les pages du NYT, a fait savoir que l’Italie est l’un des peu pays membres ayant des ressources disponibles pour soutenir rapidement Kiev. Elle dispose d’armes antiaériennes, de canons, de tanks et de missiles qui ne sont plus en service. Le gouvernement Meloni a pris ses fonctions depuis 37 jours et les promesses d’aides au peuple ukrainien ne se sont pas encore transformées en actes concrets. Entretemps, 500 Cruise et drones ont été lancé contre Kiev et d’autres villes, qui auraient pu être neutralisés avec nos missiles « Aspide » déposés dans les hangars du Frioul. L’Otan a adopté des plans d’aides multilatérales. Avec Draghi, certains ont été lancé, dont le plus important, évoqué par Zelensky, est l’entente préliminaire entre l’Italie et la France pour offrir ensemble une batterie antiaérienne moderne « Samp T », la seule pouvant offrir un bouclier à toute la Capitale. L’isolement européen du gouvernement Meloni et le bras-de-fer encore en cours avec Paris sont en train de retarder ce plan et risquent même de le faire tomber. Laissant des millions de personnes à la merci des représailles de Poutine. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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