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24/10/2022

"La passation des pouvoirs hier entre Draghi et Meloni a été marquée par une entrevue très longue. On n’avait jamais vu un "tuilage" aussi "accompagné"."

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Italie. Revue de presse.

La presse italienne titre largement sur le passage de relais entre le Président du Conseil sortant M. Draghi et la nouvelle Présidente du Conseil G. Meloni, dimanche, ainsi que la rencontre informelle de celle-ci avec le Président Emmanuel Macron. Les observateurs soulignent dans l’ensemble une volonté de continuité, confirmée par la rencontre informelle d’hier soir avec le Président français, ainsi qu’une convergence avec Paris sur la politique énergétique en UE  : « Meloni-Macron, premières ententes » - D’abord le passage des consignes avec Draghi, puis la rencontre « fructueuse » avec le dirigeant français, voici les débuts de Meloni (Corriere della Sera), « Meloni et la leçon d’Europe » - D’abord un face à face de 90 minutes avec M. Draghi durant lequel ce dernier est revenu sur le contexte dramatique et lui a  conseillé de ne pas s’isoler en Europe. Ensuite, la rencontre dans la soirée avec Macron qui était en visite dans la Capitale « nous poursuivrons le travail engagé, tous les dossiers ont été abordés, une réponse commune sur l’énergie » (La Repubblica), « « Il n’y a que le PIB et l’emploi qui comptent » » - Le passage de relais avec Draghi puis la rencontre avec le chef de l’Elysée (La Stampa), « Meloni, priorité au plafonnement du prix du gaz et la flambée des prix de l’énergie » (Sole 24 Ore), « Meloni-Macron : « Une entente sur le gaz » » - La prise de fonction hier et le premier Conseil des ministres, puis la rencontre avec le Président français pour un front commun dans l’UE (Il Messaggero), « Draghi et Macron lancent les débuts de Meloni » - Le passage de relais puis la visite surprise (Libero), « Naissance de l’entente Meloni-Macron » - L’entente avec le président français sur le gaz, la dette et la guerre (Il Mattino), « Les débuts européens de Meloni » - Le gouvernement prête le serment, et Meloni se met immédiatement en contact avec les dirigeants européens (Avvenire). La conférence pour la paix organisée par la Communauté Sant’Egidio, en présence des présidents de la République français et italien E. Macron et S. Mattarella, est aussi citée en Une « Mattarella et Macron, unis pour la paix » (La Stampa), « L’appel pour la paix, Italie-France : cette guerre défie nos valeurs » (La Repubblica), « Mattarella et Macron : la paix et possible mais il ne faut pas céder » (Sole 24 Ore).

Les JT couvrent essentiellement la rencontre informelle entre la nouvelle Présidente du Conseil Giorgia Meloni le Président Emmanuel Macron pour un « front commun pour le gaz », la passation des pouvoirs au Palais Chigi, le premier Conseil des ministres, et l’invasion russe en Ukraine avec notamment l’entretien téléphonique entre le ministre de la défense russe et son homologue américain.

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Mario Draghi et Giorgia Meloni

ARTICLE, Corriere della Sera, M. Franco « La continuité » : « La « transition ordonnée » entre Mario Draghi et Giorgia Meloni a bien eu lieu et elle a même été cordiale, détendue, voire complice : soit l’inverse de ce que plusieurs craignaient, en Italie comme à l’étranger. A la fin, le sobriquet « droite draghienne » que l’on avait donné à la nouvelle Présidente du Conseil pour la discréditer a fini par la récompenser. L’impression est même celle que le nouveau gouvernement gardera avec lui cette définition pendant les premiers mois de navigation entre les marchés financiers, les Chancelleries européennes et la possible urgence sociale. Les images, le langage, les sourires d’hier entre M. Draghi et G. Meloni ont adressé au pays un message de pacification très fort, et qui est resté par conséquent indigeste à une partie des oppositions. Il a été possible de constater un désir clair de ne pas briser totalement la continuité avec une expérience dont le nouveau gouvernement tente de garder certaines caractéristiques : car il en reconnait la valeur et la rente qu’il est possible de dépenser sur le plan international. La phrase « Ciao Mario » de la dirigeante de Fratelli d’Italia à Draghi a été interprétée par plusieurs comme un « au revoir » et la confirmation d’une estime réciproque entre deux personnalités qui se trouve sur deux versants opposés mais qui se sont retrouvées. Par ailleurs, le choix de garder comme conseiller l’ancien ministre de la transition énergétique Cingolani (Indépendant) et de mettre au ministère de l’Economie le plus « draghien » des ministres, G. Giorgetti (Ligue), tout comme le positionnement clair en ligne avec l’Otan au sujet de l’invasion russe en Ukraine sont révélateurs d’une entente cultivée « en catimini » par les deux. »

COMMENTAIRE, Sole 24 Ore, L. Palmerini « Le gouvernement se présente devant les Chambres avec une nouvelle feuille de route » : « Tous les regards sont rivés sur le discours que tiendra demain Meloni devant les Chambres et sur comment sera conjuguée la réalisation des promesses électorales désormais dépassées par les urgences économiques. Du coup, la nouvelle Présidente du Conseil devra expliquer aux Chambre quel sera la nouvelle feuille de route, les nouveaux délais, les retards et les raisons des retards de ces promesses estivales. La passation des pouvoirs hier entre Draghi et Meloni a été marquée par une entrevue très longue. On n’avait jamais vu un « tuilage » aussi « accompagné ». C’est le signe que les indications de l’ancien banquier de la BCE laissées à Meloni ont été très précises mais aussi rigoureuses. Si vraiment Meloni veut agir dans le signe de la continuité, elle devra traduire le respect de la discipline financière en un message politique nouveau. Le respect des règles européennes n’a jamais été la caractéristique de cette droite souverainiste, qui a habitué son électorat à s’attendre une approche polémique voire conflictuelle avec Bruxelles. Il suffit de rappeler que Fratelli d’Italia avait demandé une modification de la Constitution sur les articles concernant le budget et l’UE pour affirmer la primauté des lois italiennes. »

EDITORIAL, Corriere della Sera, S. Cassese « La quantité et la qualité » : « Le gouvernement qui vient d'entrer en fonction fait face à une situation nouvelle, sans précédent dans l'histoire républicaine. Elle devra répondre à un Parlement réduit en nombre, dans lequel, par conséquent, le poids de chaque parlementaire est relativement plus important. C'est un cas où la quantité devient qualité. En effet, le nombre réduit de parlementaires dans chaque Chambre implique que même le passage d’un groupe politique à l’autre de quelques représentants peut entraîner des difficultés pour le gouvernement. Une deuxième conséquence concerne encore plus directement les ministres, car les quatre cinquièmes des membres du gouvernement sont des parlementaires et doivent partager leur temps entre le législatif et l'exécutif, sans pour autant faire manquer la majorité au Parlement. Le lien plus étroit entre le gouvernement et le parlement, qui est ainsi nécessairement établi, entraîne des changements nécessaires dans l'action gouvernementale. L'exécutif ne pourra pas seulement compter sur le ministre pour les relations avec le Parlement. Cela devra renforcer l'action de coordination de la présence du gouvernement dans les assemblées législatives, car tous les ministres devront entretenir une relation avec le Parlement. L'exécutif ne pourra pas poursuivre des pratiques critiquées par une partie de l'opposition, comme le fait de demander trop souvent des votes de confiance pour raccourcir le contrôle parlementaire des actes initiés par le gouvernement. Plus généralement, l'équilibre des relations entre le Parlement et le gouvernement devra pencher du côté du Parlement.

ARTICLE, La Repubblica, T. Ciriaco et A. Ginori « Le dégel obligé entre Meloni et Macron » : « Adversaires jusqu’à hier, les deux sont désormais obligés de collaborer à partir de demain. Le premier bilatéral informel en tant que Présidente du Conseil a été celui avec Emmanuel Macron. C’est un signal politique que la dirigeante a cherché avec insistance et que le pragmatisme du dirigeant français a permis de saisir. Car ceux qui gouvernent aujourd’hui Rome et Paris ne s’aiment pas, mais savent qu’ils ont besoin l’un de l’autre. L’officialité de l’entrevue arrive de l’Elysée, et c’est une chose inédite qui s’explique probablement par le fait que Meloni n’a pas encore une équipe au complet. Meloni sait parler français et cela a sans doute aidé. Elle arrive avec une proposition de méthode qui vise à atténuer les contrastes. Et cela se résume, fait-on savoir, par le mot « pragmatisme ». C’est là un concept qu’elle propose à Macron, indiquant la voie pour rapprocher ce qui ne l’était pas jusque-là. Elle se rend compte qu’elle n’a pas d’alternatives par rapport au soutien transalpin pour contenir l’Allemagne. Le Français est disposé à l’écouter. Il sait que la nouvelle Présidente du Conseil ressemble dangereusement à sa rivale historique, Marine Le Pen. Toutefois, il sait aussi que certains dossiers ne peuvent être abordés qu’avec l’implication de Rome. Et c’est là la seule voie pour mettre la pression à Berlin. Des sources de l’Elysée font savoir qu’il y a la sensation d’avoir en face une dirigeante disposée à « se positionner en continuité avec Draghi », tout en ajoutant que la France vigilera et jugera « sur la base des faits » le comportement de l’allié sur les droits. Il faut alors garder le sang-froid et oublier toutes les fois que Meloni a attaqué Macron et faire semblant que l’on a surmonté l’incident de l’entretien de la ministre des Affaires européennes sur les pages de Repubblica. Le Chef de l’Etat S. Mattarella est le « réalisateur » silencieux et efficace qui a permis la rencontre, du moment où c’est au Quirinal de construire les conditions pour défendre le lien avec les deux pays fondateurs et qu’il est la seule garantie pour ne pas isoler l’Italie en Europe. Le rôle joué par Draghi n’a pas été anodin : il a demandé au Président français d’évaluer l’action de Meloni « sur la base des faits ». Meloni et Macron ont abordé plusieurs thématiques, à commencer par l’énergie, et la bataille en commun pour modifier les règles du Pacte de Stabilité. Ils ne peuvent pas non plus se diviser sur l’opposition à Moscou et sur la défense commune. »

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Emmanuel Macron et Giorgia Meloni

ARTICLE, La Stampa, I. Lombardo « Italie-France, un test de dégel » : « La première rencontre internationale de G. Meloni se fait dans le plus grand des secrets. Le lieu, l’heure et même le jour sont tenus cachés jusqu’à la dernière minute. Les premières informations venant de Fratelli d’Italia parlaient d’une fenêtre probable pour aujourd’hui, après le déjeuner entre les présidents Macron et Mattarella. Or, la rencontre informelle a eu lieu sur la terrasse de l’Hôtel Gran Melià, dimanche soir. Tous deux sont conscients de représenter l’un pour l’autre un allié historique, mais aussi un adversaire politique coriace. Sur cette ligne de fracture qui sépare les pro-européens des souverainistes, la Présidente du Conseil italien et le Président français se retrouvent de part et d'autre de la faille qui secoue l'Union. Mais ils sont obligés au dégel. ‘’Nous saurons être pragmatiques, je serai pragmatique", tel est le raisonnement de Meloni. Dans quelques jours, ce sera le premier anniversaire de la signature du Traité du Quirinal. Aux côtés de Macron, il y a un an à Rome, lors de la signature de l'accord qui renforce la coopération bilatérale dans de nombreux secteurs, se trouvait Draghi. Par un coup du sort, la visite d'hier du Président français a coïncidé avec la passation des pouvoirs avec Meloni. Peu avant 22h, Macron a rendu hommage aux adieux de l'ancien Président du Conseil avec un tweet, " Merci Mario ", posté en même temps qu'un autre tweet : " C'est en tant qu'Européens, pays voisins, pour l'amitié de nos peuples, qu'avec l'Italie nous devons poursuivre le travail engagé ". Le faire ensemble, avec dialogue et ambition, c'est ce que nous devons aux jeunes et à nos peuples. La rencontre avec Giorgia Meloni va dans ce sens". Il n'y a pas l'affection, la chaleur, l'admiration que Macron a toujours réservées à Draghi. Il est trop tôt pour affirmer que les distances - creusées au fil des ans - se sont raccourcies. Les mois à venir seront le test. Macron veut tester la loyauté pro-européenne de Meloni, pour comprendre à quel point, dans son horizon stratégique, la Présidente du Conseil italienne préférera continuer à faire un axe avec les conservateurs polonais, avec les postfranquistes de Vox, avec ceux qui ont toujours préféré l'"Europe des peuples", "des patries", "des nations" à une plus grande intégration. Le message de Meloni, dans le communiqué officiel du Palais Chigi, est également empreint de retenue. La confrontation est décrite comme "cordiale et fructueuse" et la volonté des deux parties de "poursuivre une collaboration sur les grands défis communs au niveau européen" est marquée, tout en respectant, ajoute la Présidente du Conseil, "les intérêts nationaux réciproques". Il n'a pas été facile pour les sherpas qui ont travaillé sur la réunion de faire oublier les tensions de ces dernières années, les slogans attaquant la France, le nationalisme en termes anti-français. D'une certaine manière, il s'agit d'un nouveau départ : les débuts de Meloni sur la scène internationale, qui surviennent après une série d'appels téléphoniques avec les institutions européennes, prélude à un voyage à Bruxelles puis à Paris. L'invitation de Macron est arrivée, Meloni décidera quand s'y rendre. La France est le meilleur allié - selon les conseils de Draghi - dans la bataille du gaz contre l'Allemagne, et pour la réforme du Pacte de Stabilité qui commencera en novembre. Le 31 octobre se termineront les négociations exclusives d’ITA avec Certares-Air France. Meloni n’a jamais été convaincue par cette opération, mais maintenant que cette dernière arrive dans la dernière ligne droite, elle veut avoir clair quels seront les engagements que prendra le partenaire français, quels seront les investissements et quelles garanties aura Fiumicino dans le network global des hubs aériens. »

COMMENTAIRE, La Stampa, S. Stefanini « Ce que le monde s’attend de nous » : « Les débuts internationaux de Giorgia Meloni se font avec Emmanuel Macron. Le seul moment pour se préparer a été l’entrevue de deux heures et demie avec Mario Draghi. Cela peut l'aider à regarder comment le monde voit l'Italie au lieu d'encadrer le monde sous le prisme national. Ce qui est intéressant, à Paris comme à Berlin, c'est de savoir comment le gouvernement italien va agir dans des eaux internationales pour le moins troubles. Et qu'attendent Kiev, Moscou, Bruxelles, Pékin, Washington ? L'équipe de gouvernement est dans l'ensemble rassurante. Antonio Tajani sera sous observation mais il connaît tout le monde à Bruxelles : c’est donc une bonne carte de visite. A la Défense et à l’Économie, Guido Crosetto et Giancarlo Giorgetti sont un point de repère sûr. Au niveau mondial, l'Italie se bouge entre les États-Unis, l'Europe, la Chine et la Russie ; au niveau régional, entre la Méditerranée élargie, l'Afrique du Nord et les Balkans ; au niveau économique et énergétique, les points de référence sont les marchés et les sources d'approvisionnement. La direction fondamentale du voyage est tracée dans le premier quadrilatère et c'est la Présidente du Conseil qui la tracera. En Europe, Meloni devra contrebalancer les sympathies souverainistes avec l’intérêt national pour que les fonds du Plan de Relance soient versés. Pour cela il faudra « plus d’Europe ». Sur le plafonnement du prix du gaz, notre principal allié est la France. Meloni a ainsi commencé par un bon départ en rencontrant le Président Macron. Pour sa part, Washington demandera à veiller sur le transfert de connaissances technologiques avec Pékin. Là aussi il faudra du pragmatisme, qui pourrait représenter la base-clé de la politique étrangère de Meloni. »

ARTICLE, Sole 24 Ore, C. Marroni « Macron est le premier dirigeant européen à rencontrer la nouvelle Présidente du Conseil » : « Jusqu’au dernier moment, la rencontre ne figurait pas dans les agendas. Le timing entre la passation des pouvoirs au Palais Chigi et la conférence de paix de la Communauté Sant’Egidio était sans doute une coïncidence mais elle semblait faite exprès par les sherpas. Car la France est le meilleur des alliés sur lequel l’Italie peut compter en Europe et ailleurs. Le changement au Palais Chigi se fait dans une phase importante où l’entente France-Allemagne se fissure. Et quand ce modèle va en crise, la France découvre le côté sud et cela pourrait favoriser Meloni et son gouvernement. La France est souvent perçue en Italie comme une force hostile, notamment dans le secteur de l’économie : les incompréhensions ont eu lieu, comme les chantiers Fincantieri-Stx sur le civil (mais le secteur militaire va de bon train), les relations sont vastes et fructueuses et l’inter-échange est énorme. Le dossier de la vente du groupe ITA par le consortium dirigé par Air France est encore ouvert et la coalition de droite avait un point de vu plutôt différent par rapport à celui du gouvernement Draghi. On verra par la suite. Entretemps, les deux dirigeants se sont connus. »

ARTICLE, La Repubblica, C. Scozzari « Mais la dirigeante de FdI évoquait jadis le bouclier anti-France » : « Cela est arrivé souvent que G. Meloni et les représentants du nouveau gouvernement aient évoqué la nécessité d’un « bouclier » contre la France afin de protéger les activités stratégiques, à commencer par TIM qui devra passer dans les mains de l’entreprise à participation publique Open Fiber, grâce à une entente signée sous le gouvernement Draghi. Aujourd’hui, le premier actionnaire de la compagnie téléphonique est le français Vivendi. A ce sujet, en 2019, Meloni commentait sur les réseaux sociaux ‘’nous pensons que l’Italie doit remettre sous le contrôle public les infrastructures stratégiques’’. En août dernier, le nouveau ministre de la Défense Crosetto mettait en garde contre les convoitises de la banque française Crédit Agricole sur BMPS ‘’elle continue sa montée en capital pour devenir de deuxième pôle italien et pour contrôler tout l’épargne géré : ce n’est pas un aspect de marché mais plutôt politique’’. Et quand Urso présidait le Copasir, il s’est souvent concentré sur les affaires françaises en Italie, comme l’axe qui conduit de Mediobanca aux Assicurazioni Generali sans oublier le rachat de Borsa Italiana par Euronext. »

COULISSES, Il Messaggero, de Francesco Malfetano, « Giorgia rencontre Macron, ils évoquent un ‘’front commun au sein de l’UE sur le gaz, la guerre et la dette’’ » : « Que les deux leaders soient différents et aient des appartenances différentes n’est un mystère pour personne.  Personne n’ignore que, par le passé, ils se sont critiqués à distance à plusieurs reprises. Mais désormais, pour la Présidente du Conseil tout juste proclamée Giorgia Meloni et pour le président français Emmanuel Macron, c’est une toute autre histoire. Il y a d’une part la crise énergétique qui incombe sur le futur d’une Union européenne aux prises avec le conflit en Ukraine, d’autre part il y a l’axe Paris-Berlin qui vacille et au sein duquel l’Italie espère s’insérer habilement. Des défis et des opportunités qui imposent de passer outre toute défiance ou circonspection afin de construire, dès maintenant, un rapport solide. ‘’Du reste, s’il y avait eu un gouvernement déjà en place, Macron serait venu à Rome il y a 20 jours afin de passer un accord sur le gaz’’ explique une source haut placée appartenant au nouvel exécutif. Un ‘’rapide face-à-face’’ d’environ une heure pour lequel a œuvré également la Présidence de la République, dans l’esprit du Traité du Quirinal. Il ne s’agit toutefois pas d’une visite institutionnelle puisque le locataire de l’Elysée s’est rendu dans la capitale italienne pour participer à la Conférence pour la paix organisée par la Communauté Sant’Egidio, justement aux côtés du Président Sergio Mattarella (qui l’accueillera aujourd’hui pour un déjeuner). Avant tout un geste de ‘’courtoisie réciproque’’ qui confère une posture encore plus nette à ‘’l’Italie à venir’’, après les appels téléphoniques ayant déjà eu lieu avec Ursula von der Leyen, Charles Michel et Roberta Metsola. Une ‘’visite informelle’’ et ‘’pour se rencontrer’’ qui souligne la bonne volonté pour les prochains mois durant lesquels la ‘’collaboration étroite’’ s’annonce inévitable. En pratique, le sens de cette rencontre était donc de souligner comment ‘’une fois dépasser quelques défiances, les points communs sont très nombreux’’. Au point que, à l’issue de leur rencontre, Macron a publié hier soir sur Twitter une photo d’eux accompagnée d’un manifeste de la collaboration à venir. En attendant, à Rome, bain de foule pour Macron qui, au terme du diner avec les dirigeants de la Communauté Sant’Egidio, peu avant minuit, a fait une brève promenade dans les ruelles de Trastevere. Le Président français, accompagné de son épouse Brigitte, a serré la main de nombreux passants et échangé quelques phrases. Pendant ce temps hier, toujours en marge de la Conférence de Saint’Egidio, Matteo Piantedosi a rencontré son homologue Gérald Darmanin. Une rencontre qui a lieu au lendemain de la prise de fonctions du nouveau ministre de l’Intérieur et qui présage de futurs contacts avec le partenaire important qu’est la France qui a exercé la Présidence tournante du Conseil européen précisément lorsque l’entente historique de Luxembourg a été passée le 10 juin dernier pour la répartition annuelle de 10 000 migrants. C’est d’ailleurs l’un des thèmes qu’ont abordés Macron et Meloni. »

ENCADRE, Il Messaggero, « Le quatrième dossier sur la table d’Emmanuel Macron et Giorgia Meloni :  la Méditerranée ». « La question de Tripoli, entre pétrole et flux migratoires. L’Italie et la France abordent la Libye avec des perspectives différentes, mais le font aujourd’hui avec une plus grande communauté de points de vue que par le passé. Car le pays, qui est entré dans une longue phase d’instabilité après la fin du régime de Kadhafi en 2011, est un partenaire stratégique pour Rome comme pour Paris. Que ce soit pour la gestion des flux migratoires ou pour la question –plus centrale que jamais – de l’approvisionnement en énergie et en pétrole. Rome et Paris doivent donc unir leurs forces si elles veulent garantir cette stabilité (politique mais aussi territoriale) nécessaire à maintenir les liens et le dialogue avec Tripoli. »

PREMIER PLAN, Libero, de F. Cariotti, « Gaz, guerre, immigration, les premiers ‘oui’ de Macron à Meloni » - Le Président français profite de la visite en Italie pour rencontrer son alliée : ‘’nous poursuivrons le travail’’. Les deux leaders ont discuté des prix de l’énergie, d’Union européenne et d’aide à l’Ukraine : « Le Président français n’a fait qu’exploiter une coïncidence intéressante afin de faire la connaissance directe de Giorgia Meloni. La discussion a porté sur ‘’les principaux dossiers européens’’ a raconté Giorgia Meloni ‘’de la nécessité de fournir des réponses rapides et communes sur la hausse des coûts de l’énergie, le soutien à l’Ukraine, la conjoncture économique complexe à la gestion des flux migratoires’’. L’échange a pour point de départ de Traité bilatéral signé le 26 novembre dernier et qui prévoit ‘’des consultations régulières et à tous les niveaux’’ afin de parvenir à des ‘’positions communes’’. Des mots restés lettre morte puisque le dernier coup de Paris a été de signer une entente avec Madrid et Lisbonne pour la construction d’un nouveau gazoduc sous-marin et qui devrait remplacer la conduit de 800 km que l’Italien Snam avait conçu pour relier l’Espagne et l’Italie. Macron et la France ont toutefois besoin de travailler avec l’Italie pour obtenir le tant désiré plafonnement du prix du gaz en dépit de la volonté de l’Allemagne de faire cavalier seul. Un objectif qui lie les deux gouvernements de Paris et Rome. ‘’Ce n’est qu’un début’’ mais ce fut tout de même un échange utile d’après le Palais Chigi qui parle de ‘’rencontre cordiale et fructueuse’’. Pour Macron aussi, il vaut mieux avoir l’appui de celle qui, en plus d’être la Présidente du Conseil des ministres italien, dirige le parti européen des conservateurs et des réformistes, destiné à gagner un nombre considérable de nouveaux sièges au Parlement européen à l’occasion des prochaines élections. »

PREMIER PLAN, La Verità, de Giorgio Gandola, « L’ère de Giorgia, attention à ne pas devenir les pupilles d’Ursula et de Macron ; l’Europe doit être changée » : « Il est juste de chercher à rassurer les Etats-Unis, l’UE et Paris. Mais gare à ne pas retomber dans les folies ‘’green’’ ou à maintenir les politiques migratoires de Lamorgese. Tout le problème est résumé par le mot de ‘’continuité’’ que Giorgia Meloni et certains de ses ministres ne cessent de répéter pour rassurer. Les Italiens ont voté avec conviction pour une majorité conservatrice. Conservatrice dans les valeurs, pas dans la méthode. Meloni connait bien la force des mots, d’où le choix de termes comme ‘’souveraineté (alimentaire)’’, ‘’nation’’, ‘’natalité’’ relayant au placard le vocabulaire ‘’progressiste-décliniste’’ et fait renaitre l’espoir chez ceux qui croient en la révolution du lexique qui précède les réformes concrètes. Le mot de ‘’continuité’’ inquiète donc, même s’il ne faut pas tourmenter les alliés et les marchés déjà stressés. C’est donc faire preuve de pragmatisme institutionnel que d’avoir invité Emmanuel macron au dialogue alors qu’il se trouvait déjà à Rome pour rencontrer le Pape François. Il est stratégiquement important d’organiser le premier voyage à Bruxelles pour poser les bases d’un dialogue constructeur puisque c’est de là qu’affluent les fonds du PNRR. Mais n’oublions pas que le 25 septembre dernier les Italiens ont demandé la ‘’discontinuité’’, dans les choix politiques et dans l’Europe de Draghi. Il faut mettre fin au désastre. Il est donc surprenant d’entendre certains ministres s’écraser, comme par exemple Gilberto Pichetto Fratin, le ministre de l’Environnement et de la Sécurité énergétique qui semble prolonger la subalternité de l’Italie face au véto allemand. Il ne semble pas non plus intéressé à développer des politiques alternatives au chantage de la transition écologique. En ce sens, Giorgia Meloni est plus rassurante lorsqu’elle demande à Ursula von der Leyen ‘’une intervention rapide sur l’énergie afin de réduire les coûts pour les familles et les entreprises’’. Idem sur la gestion de l’immigration. Le préfet Matteo Piantedosi choisi pour succéder – et inverser la tendance – après Luciana Lamorgese a déclaré ‘’pour gouverner les flux migratoires il faut un plan européen anti-débarquements, un fort partenariat avec l’Europe pour lutter contre l’immigration clandestine’’. Mais le nouveau gouvernement est aussi né pour mettre fin aux ambigüités de Bruxelles sur la répartition qui n’a jamais eu lieu et aux moqueries de Lamorgese complice par son silence des ‘’taxis des mers’’ et des ONG. » 

ARTICLE, La Repubblica, C. Vecchio « Mattarella et Macron ensemble pour la Paix » : « L’événement organisé par la Communauté Sant’Egidio a vu la présence des chefs religieux du monde entier et l’objet de la rencontre était la guerre en cours au cœur de l’Europe. Mattarella été salué par une ovation, le catholicisme solidaire et inclusif de Sant'Egidio est aussi le sien. Il dit : "Nous ne pouvons pas nous abandonner à l'injustice des situations de fait, ni aux tourments des guerres sans fin. L'Europe ne peut pas et ne doit pas se laisser enfermer dans la précarité, incapable de remplir son rôle naturel de garant de la paix et de la stabilité sur le continent et dans les régions voisines. Notre liberté et notre prospérité mêmes en dépendent". Pour sa part, le Président de la République française Emmanuel Macron explique ‘’ j'ai fait de mon mieux pour essayer de dialoguer avec le président Poutine’’, mais il est maintenant temps de parler, même en catimini, avec le peuple russe, car "ce n'est pas leur guerre", dit-il. "La paix aujourd'hui ne peut être la consécration de la loi du plus fort, ni le cessez-le-feu qui définirait un état de fait". La sensation que l’on a en écoutant parler le dirigeant français est que la solution demeure toutefois loin. Il y a aussi des reflets internes qu’il faut saisir. Le gouvernement de la droite, en charge depuis moins de 24 heures, était bien représenté, à partir de Tajani, Urso et Piantedosi, qui étaient présents. C’est une épreuve de réalisme qui a précédé la rencontre entre Meloni et Macron. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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