Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

21/10/2022

"Meloni censure Berlusconi."

FI-AN.jpg

Ligue.jpg

Italie. Revue de presse.

La presse italienne titre largement sur le second jour de consultations du Président de la République en vue de la formation du nouveau gouvernement. Selon les observateurs, G. Meloni devrait être chargée de former un gouvernement aujourd’hui et prêter serment d’ici dimanche. « Le jour de Meloni : nous sommes prêts » - La dirigeante de Fratelli d’Italia se rend au Quirinal pour les consultations et obtenir la charge de former un gouvernement. La liste des ministres serait déjà prête (Corriere della Sera), « Meloni verrouille son gouvernement » - La dirigeante prépare elle-même la liste des ministres et veut accélérer pour lever sa réserve dès ce soir. Tajani et Salvini ne seront pas vice-présidents du Conseil (La Repubblica), « Meloni censure Berlusconi » - La coalition de droite se rendra au Quirinal ce matin. Meloni ne veut pas que Berlusconi s’exprime devant le Président de la République (La Stampa), « Gouvernement, Meloni sera chargée de former un gouvernement aujourd’hui » (Il Messaggero), « La droite craint que Berlusconi puisse prendre la parole au Quirinal » (Fatto Quotidiano), « Le serment atlantique » - La coalition de droite est unie contre Poutine après des polémiques partisanes infondées (Il Giornale), « Le jour de Giorgia » (Libero). Le Conseil Européen sur l’énergie et la démission de la Première ministre britannique Liz Truss sont aussi cités en Unes et dans les pages intérieures.

Commentaire, Corriere della Sera, M. Franco : « Un gouvernement contraint de faire des choix très nets » : « Il y a quelque chose d’un peu forcé dans les mots que Silvio Berlusconi utilise pour revendiquer son l’atlantisme et son européisme, suite aux propos tenus devant les parlementaires de Forza Italia en soutien de Poutine et contre le président ukrainien Zelensky. Hier Antonio Tajani – bras droit de Berlusconi et pressenti à la Farnesina – a été obligé de se présenter devant les dirigeants du PPE pour fournir des explications sur les phrases de son leader ; et pour accréditer aussi sa probable nomination à la tête du Ministère des Affaires étrangères. Mais les relations amicales entre Berlusconi et Poutine demeurent.  Le président russe sera le vrai « invité de pierre » aux consultations, aujourd’hui, des leaders de la droite au Quirinal. Probablement, les phrases du chef de Forza Italia ont déjà provoqué un effet : celui de pousser Meloni à réaffirmer de façon encore plus nette son adhésion à l’Otan et à l’Europe. La marche-arrière maladroite qu’a tenté hier le fondateur de Forza Italia confirme la gravité des mots prononcés. Il faut se demander ce qui a poussé Berlusconi à faire ces déclarations. Penser qu’il s’agit seulement d’un flot de paroles dépassant les bornes, ou bien d’une façon indirecte de se venger pour les désignations manquées de certains ministres de FI, semble toutefois une explication trop simple. Les idées qu’il a partagées avec son groupe parlementaire, portées par des applaudissements de la part des députés, sont les mêmes répétées depuis des mois par la propagande russe. Tajani s’est empressé à dire qu’‘’au PPE tout le monde a accepté nos explications’’. Or, le sujet ne concerne pas uniquement la droite. Le « non » à l’envoi de nouvelles armes en Ukraine prononcé hier par Giuseppe Conte confirme une certaine ambiguïté également dans les rangs de l’opposition. »

COMMENTAIRE, La Repubblica, de S. Folli, « Les raisons pour conclure au plus vite » : « A ce stade, il vaut mieux pour tout le monde – ou presque - parvenir au plus tôt à un accord sur la composition du gouvernement. Jusqu’à hier, c’est Silvio Berlusconi qui espérait gagner quelque chose en retardant les délais mais il est revenu sur ses propos concernant la Russie après les polémiques, que beaucoup peinent encore à expliquer. Il a cédé sur la Justice et rendu les armes. Il est à nouveau presque imprésentable auprès des chancelleries occidentales alors qu’il regagne en popularité à Moscou. Il y a quelque jour, Giorgia Meloni avait déclaré ‘’je n’ai rien à me reprocher et n’ai pas peur du chantage’’, comme pour dire que ce n’est peut-être pas le cas de tout le monde. Raison de plus pour conclure cette phase au plus vite. Sergio Mattarella aussi veut faire vite. La candidate pressentie à la Présidence du Conseil a donc l’occasion de former son gouvernement en quelques heures seulement après sa probable nomination mais devrait donc également bénéficier d’une marge de manœuvre assez ample pour choisir ses ministres. Matteo Salvini semble lui-même très satisfait de ce qu’il a pu obtenir avec son résultat de 8,8%. Forza Italia en revanche, avec 8% de voix, s’est sentie exclue et a laissé cours à la frénésie berlusconienne ce qui a finalement eu pour effet de réduire la capacité de ce parti à obtenir le même niveau de représentation que la Ligue au sein du gouvernement. Antonio Tajani a expliqué à Bruxelles que les propos de Berlusconi n’étaient pas à prendre au sérieux et qu’il se portait garant de la ligne de la politique étrangère. Il s’est montré convaincant et il semble être encore le favori pour le portefeuille des Affaires étrangères. Berlusconi reste un problème pour Forza Italia qui devra dissiper les ambiguïtés. Giorgia Meloni a l’intention de couper court aux négociations interminables qui affaibliraient le gouvernement de le départ et par conséquent elle aussi. Elle préférera être claire d’emblée sur les nouveaux rapports de force au sein de la coalition. »

ARTICLE, Sole 24 Ore, de L. Palmerini, « Sur l’Europe et Moscou, la Présidence de la République italienne sera attentive aux divisions de la droite » : « Les consultations ont déjà commencé mais on s’attend aujourd’hui à une journée décisive. La coalition de droite ira voir le Président de la République en traînant avec elle une série de polémiques encore en cours. Si cette fois, contrairement à 2018, la victoire de la majorité est claire, les disputes ont presque anéanti le résultat électoral. Sergio Mattarella doit donc sonder le degré de cohésion politique des partis alliés, en particulier sur la question importante du respect des Traités et des alliances internationales. On peut s’attendre à ce que Giorgia Meloni soit désignée d’ici ce soir, toutefois la rencontre de ce matin n’est pas une simple formalité. Les questions de politique étrangère ont perturbé les démarches institutionnelles. Hier Antonio Tajani s’est rendu à Bruxelles afin de clarifier la situation auprès du PPE et brandir le bouclier atlantiste et européiste. Il devrait donc rester le candidat désigné pour prendre la tête du ministère des Affaires étrangères. Il fait d’ailleurs partie de la délégation qui se rend ce matin au Quirinal, comme s’il était le garant de Forza Italia. Sergio Mattarella soulèvera aussi la question de la position vis-à-vis de Moscou, après avoir déjà échangé hier avec le nouveau Président de la Chambre léguiste Fontana suite à des déclarations ambiguës sur les sanctions. La Ligue devra donc elle aussi éclaircir ces points. Ce matin, Giorgia Meloni devrait être la seule alliée à prendre la parole, comme si elle se portait garante pour les autres. Un choix pour tenter de sortir de l’isolement européen. Giorgia Meloni et Emmanuel Macron pourraient d’ailleurs se rencontrer à l’occasion de la visite à Rome du Président français. »

EDITORIAL, Il Messaggero, A. Campi « L’exécutif qui nait dans l’intérêt des Italiens » : « Après la tempête, le beau temps. La semaine prochaine nous aurons un nouveau gouvernement, le premier en depuis longtemps qui sera politique et soutenu par une majorité formellement homogène, après des années de gouvernements techniques et d’expériences parlementaires inédites. Ce sera le premier gouvernement sous l’hégémonie de la droite et le premier dirigé par une femme. Si ce n’est pas un tournant historique, cela y ressemble beaucoup, même si plusieurs, en Italie et à l’étranger, sont prêts à parier sur son échec. Ce sera un gouvernement de coalition, ce qui explique les tensions de ces derniers jours sur le choix des ministres et la distribution des sièges, avec les partis mineurs qui tentent d’obtenir un maximum et un parti plus fort qui tente de céder le moins possible. Ce sont toujours les rapports de force qui décident. C’est peut-être brutal mais c’est au fond la chose la plus juste et sage. Ce qui compte, c’est qu’un gouvernement verra le jour car il sert aux Italiens, aux entreprises, aux familles, aux travailleurs et aux citoyens. Berlusconi, qui est un homme pragmatique, l’a compris. »

ARTICLE, Corriere della Sera, V. Piccolillo « Nous sommes prêts à gouverner » : « D’après l’entourage de Fratelli d’Italia, Giorgia Meloni se présentera ce matin au Quirinal « prête comme toujours ». Elle aurait passé la journée « enfermée » pour réfléchir aux ministères qui restent encore à choisir ou qui font l’objet d’un bras-de-fer, comme celui de la Justice. Le but est de se présenter avec une liste bien faite, afin d’accélérer un maximum les délais et réduire au minimum les frictions qui ont déjà secoué la coalition. En absence de coup de théâtre, la délégation de droite se présentera unie et avec un seul porte-parole : Giorgia Meloni. C’est elle-même qui l’a écrit sur les réseaux sociaux ‘’ensemble avec toute la coalition droite, nous nous présenterons au Quirinal pour des consultations avec le président Mattarella. Nous sommes prêts à donner à l'Italie un gouvernement qui aborde les urgences et les défis de notre temps avec conscience et compétence’’. Dans la soirée, Meloni fera son retour au Quirinal pour des entretiens avec le chef de l'État. À la fin, le secrétaire général du Quirinal annoncera que le Président a chargée l’intéressée de former un gouvernement et celle-ci présentera ses intentions à la presse. Le but est de faire rapidement. Elle pourra accepter avec des réserves, juste le temps de consulter les ministres possibles, revenir au Quirinal pour lever la réserve lors d'une discussion avec le chef de l'État, donner les lignes directrices du programme et proposer une liste de ministres, qui seront ensuite sélectionnés et nommés par le Président lui-même. Et ce n'est qu'à la fin qu'elle annoncera la liste. Mais Meloni pourrait aussi accepter sans réserve, en apportant avec elle la liste dès ce rendez-vous institutionnel. Et une fois l'entretien terminé, elle annoncera la liste des ministres. Dès dimanche, le gouvernement pourrait ainsi prêter serment ».

ARTICLE, La Stampa, N. Carratelli « Le « mur » des oppositions » : « La position internationale de l’Italie et les droits humains, à commencer par l’avortement, sont les points sur lesquels Enrico Letta, Giuseppe Conte et Carlo Calenda seraient disposés à faire une opposition dure et unitaire au futur gouvernement. Ils seraient donc prêts à ériger une sorte de « mur » comme évoqué par le président du M5S. Dans les salles du Quirinal, qui est à nouveau au centre des consultations après l’urgence de la Covid, il serait possible d’entrevoir une possible collaboration entre les trois ténors de l’opposition qui ont fait des déclarations pouvant presque se superposer. Les trois ont exprimé notamment leurs doutes sur l’opportunité de mettre au Ministères des Affaires Etrangères un représentant de Forza Italia, après les déclarations récentes de Berlusconi. Le dirigeant du PD est celui qui s’est entretenu le plus longtemps avec le Chef de l’Etat, environ une heure, accompagné par une délégation entièrement féminine, contrant les polémiques sur la parité de genre dans son parti. En revanche, G. Conte a été le protagoniste des déclarations les plus longues de la journée, en mentionnant aussi la thématique de l’envoi d’armes à Kiev qui ne serait « plus nécessaire » car celles fournies par les Etats-Unis seraient plus que suffisantes et parce que maintenant « il faut des négociations de paix ». Ce qui lui a valu une critique de la part de Carlo Calenda (du troisième pôle) qui a commenté sur Twitter ‘’Conte a demandé au gouvernement une posture clairement euro-atlantique et en même temps l’interruption de l’envoi d’armes à l’Ukraine qui représente le pilier même de la position euro-atlantique. Je l’invite à rencontrer Berlusconi, ils partagent la même ligne’’. Bref, sur l’Ukraine les oppositions se divisent. Alors, le dialogue pourrait mieux réussir sur les droits, au sujet desquels les divergences sont plus difficiles à trouver. »

PREMIER PLAN, La Repubblica, d’A. Ginori et T. Mastrobuoni, « L’énergie divise Macron et Scholz et l’Elysée prépare la rencontre avec Meloni » : « Le report du traditionnel sommet franco-allemand braque les projecteurs sur la crise des relations entre les deux pays et ouvre un nouveau scénario d’alliances qui concerne également l’Italie. C’est dans ce contexte que les dirigeants français et allemand se sont retrouvés hier à Bruxelles pour le Conseil européen. Macron, sourire aux lèvres, s’est présenté en ‘’champion de l’unité européenne’’ face à une Allemagne qui risque de ‘’s’isoler’’. Macron se tourne de plus en plus vers l’Italie et la panne du moteur franco-allemand pousse la France à se rapprocher de Rome et à rencontrer le nouveau gouvernement de Giorgia Meloni sans trop tarder. Emmanuel Macron sera en visite à Rome et au Vatican dimanche et lundi et depuis quelques heures on parle également d’un face à face entre le président français et la candidate pressentie à la Présidence du Conseil. Après la prudence initiale, l’Elysée n’exclut désormais pas une rencontre avec Giorgia Meloni. ‘’S’il nous y sommes invités’’ précisent des sources proches du Président, et si tout se déroule comme prévu pour le calendrier institutionnel italien. Les deux leaders, qui ne se connaissent pas encore, pourraient se rencontrer dès dimanche, peu après que la Présidente du Conseil ait prêté serment, sans lien avec la conférence organisée par Sant’Egidio. Rien d’officiel pour le moment, mais il y a eu des contacts informels et l’entourage de Giorgia Meloni s’est montré ouvert au dialogue. La leader de Fratelli d’italia pourrait choisir Paris pour son premier déplacement à l’étranger. L’Elysée n’est pas fermé, au contraire. Macron a toujours dit qu’il voulait travailler avec le nouveau gouvernement de droite, bien qu’avec une certaine exigence, notamment sur la protection des valeurs européennes partagées. Il y a objectivement des éléments de convergence entre Paris et Rome, notamment dans le domaine énergétique. Les deux pays n’ont pas apprécié l’annonce de l’Allemagne sur son plan massif. Pour le leader français, l’annonce d’un bouclier anti-missile s’appuyant sur des technologies israéliennes et américaines et snobant un projet européen porté par la France et l’Italie, a été perçu comme un affront. Le porte-parole de Scholz minimise et Macron nie toute rupture avec Scholz mais s’est toutefois montré exigeant dans le contexte international exceptionnel. La semaine prochaine, ils tenteront de renouer le dialogue mais, dans divers domaines, les problèmes semblent épineux et les solutions lointaines. »

PREMIER PLAN, Il Messaggero, d’A. Gentili, « Rencontre avec Macron lundi, les conseillers diplomatiques sont au travail ‘’vers le dégel avec Paris’’ » : « Dans le timing pour la formation du nouveau gouvernement, on a aussi l’œil rivé sur Paris et la visite du Président Macron à Rome dimanche et lundi. D’après les informations qui filtrent de l’Elysée et de l’entourage de Giorgia Meloni, les ‘’contacts sont de plus en plus étroits’’ au cours des dernières heures afin d’organiser une rencontre entre la future Présidente du Conseil. La rencontre aurait lieu probablement lundi après la visite de Macron au Pape François et le déjeuner avec Sergio Mattarella au cours duquel les deux présidents devraient évoquer ‘’le Traité du Quirinal et sa mise en œuvre’’. Pour que la première rencontre entre Giorgia Meloni et Emmanuel Macron ait lieu, la leader devra toutefois avoir été officiellement nommée d’ici dimanche. Pour certains membres de Fratelli d’Italia ‘’c’est évident’’ et cela pourrait même être le cas ‘’dès demain’’. Un proche de Meloni est convaincu ‘’du fort intérêt’’ pour les deux parties à ce que cette rencontre ait lieu. Du reste, Emmanuel Macron s’était empressé de remédier aux paroles maladroites de sa Première ministre et de la ministre de l’Europe rappelant que ‘’le peuple italien a fait un choix démocratique et souverain. Nous le respectons. En tant que pays voisins et amis, nous devons continuer à travailler ensemble’’. Et, alors que l’axe franco-allemand se fissure, ce n’est pas un hasard. Il est essentiel pour Paris de confirmer le rapport solide avec Rome. En somme, la poignée de main entre les deux leaders est quasiment certaine, les points d’entente sont nombreux, notamment concernant les décisions récentes de l’Allemagne dans plusieurs domaines, dont celui de la Défense. Rome est particulièrement attentive au traitement de ces questions par Paris, dont elle partage l’approche pour limiter les débarquements de migrants sur les côtes européennes. Macron a promis un tour de vis supplémentaire concernant les migrants en situation irrégulière, en particulier ceux qui ‘’perturbent l’ordre public’’, qui devront être rapatriés. Enfin, l’Elysée avait été sensible aux déclarations de Meloni au Figaro sur l’amitié entre la France et l’Italie. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

Les commentaires sont fermés.