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14/10/2022

"L’imbroglio au sein de la droite, Forza Italia s’abstient et La Russa se fait élire grâce à l’aide de l’opposition."

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Italie. Revue de presse.

La presse italienne titre largement sur l’élection, hier, du nouveau Président du Sénat, Ignazio La Russa (Fratelli d’Italia). La presse souligne surtout la division au sein de la coalition de droite, ce dernier ayant été élu sans les voix de Forza Italia qui a voté blanc mais, à la surprise générale, avec le soutien d’une partie de l’opposition. La pression de Forza Italia pour obtenir des postes au sein du gouvernement serait à l’origine de son abstention, pour contraindre Giorgia Meloni à céder : « La Russa élu sans Forza Italia » - La colère de Berlusconi, qui rate son pari. Les 17 voix venant de l’opposition ont été décisives. Le PD déplore un acte « grave ». À la Chambre, le léguiste Fontana tente sa chance (Corriere della Sera), « La majorité de droite inexistante » - Berlusconi est furieux contre Meloni pour son véto sur Ronzulli, les négociations sur le gouvernement ont été interrompues. Forza Italia menace de se présenter seule aux consultations auprès du Quirinal. Liliana Segre rappelle les racines antifascistes de la Constitution (La Repubblica), « La Russa et l’antifasciste Segre » - Meloni et Berlusconi se brouillent à nouveau (La Stampa), « La Russa élu au Sénat sans les voix de Forza Italia » - Berlusconi perd son bras-de-fer contre Meloni grâce au soutien décisif de l’opposition. Meloni se dit favorable à la candidature de Giorgetti au ministère de l’Economie (Il Messaggero), « Le faux départ » - L’imbroglio au sein de la droite, Forza Italia s’abstient et La Russa se fait élire grâce à l’aide de l’opposition. Berlusconi irrité par Meloni : il ne faut pas imposer son véto [aux alliés], il fallait envoyer un message clair. C’est la fin des négociations (Il Giornale), « La dispute sur La Russa et les soupçons sur Renzi » (Fatto Quotidiano). 

Les JT couvrent essentiellement l’élection du nouveau Président du Sénat, Ignazio La Russa, le discours de la Sénatrice Liliana Segre a l’ouverture de la 19e mandature, le vote pour l’élection du nouveau président de la chambre des députés (Lorenzo Fontana),  la reprise des frappes russes sur les villes ukrainiennes et les intempéries en Sicile et la demande d’audition de D. Trump par la commission d’enquête sur l’assaut de Capitol Hill

Sur Twitter, le hashtag #Renzi, en référence au soutien d’une partie de l’opposition à l’élection du nouveau Président du Sénat, fait tendance.

COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli « Meloni et le leadership au banc d’essai» : « Parmi toutes les leçons de la journée d’hier, il y en a une qui mérite une attention particulière : nous avons assisté à la fois à l’implosion de Forza Italia et à l’affirmation du leadership de G. Meloni. Certains avaient douté de la détermination de cette dernière. Elle a su en revanche dire « non » à Berlusconi sur un nom précis proposé pour un ministère. Aurait-elle pu faire autrement ? Oui, en utilisant la stratégie de « l’ancien metteur en scène », comme aimait se qualifier Berlusconi, en se réconciliant avec ses alliés avant de se présenter devant Mattarella. Cela aurait été plus prudent. Meloni a pris tous les risques et a voulu transmettre un message clair : la gagnante des élections, c’est elle avec ses 26%, face aux 8% de Berlusconi et aux 8,8% de la Ligue. Elle a même réussi à montrer que Forza Italia, jadis le parti-pilier de la coalition de droite, n’est plus décisif. Par conséquent, La Russa a été élu sans FI mais avec les voix de l’opposition. C’est là un facteur crucial en termes politiques. Au-delà de la défaite de FI, il faut souligner aussi l’existence d’un mouvement souterrain au sein du centre-gauche. Les deux coalitions sont ainsi en train de chercher de nouveaux équilibres. Il y a aussi un autre aspect important : l’opération qui a déstabilisé FI avait été bien calibrée entre Fratelli d’Italie et la Ligue. La main tendue de Meloni à Salvini, amoindri par les élections, est censée empêcher que l’« opposition des alliés » ne se ressoude. Meloni n’a pas peur de prendre des risques pour défendre ses prérogatives et elle sait désormais de qui elle doit se méfier dans l’immédiat. »

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco « La déchirure prématurée » : « On ne peut pas penser que l’imbroglio d’hier s’explique seulement par le refus net de Meloni face à l’insistance de Berlusconi à faire nommer comme ministre sa fidèle Licia Ronzulli. C’est insuffisant pour expliquer l’accident spectaculaire et suicidaire auquel on a assisté. C’est plutôt le signe de la déconnexion de la réalité du berlusconisme autocentré et nostalgique, incapable de comprendre que son monde a disparu et qu’il doit désormais faire face à une nouvelle droite. Le chamboulement des équilibres à droite se révèle plus dramatique que prévu. La majorité risque de devoir négocier au cas par cas les mesures à adopter afin de ne pas se retrouver à court d’oxygène. Or, l’Italie ne peut pas se permettre cela. Si Meloni devait recevoir la charge de former un gouvernement, elle aura la tâche difficile de mettre de côté les logiques et les réflexes d’antan, oublier comme un incident isolé le triste spectacle vu hier au Sénat et se concentrer sur les vrais et énormes problèmes que l’Italie a devant soi. »

ARTICLE, la Repubblica, M. Pucciarelli et G. Vitale : « Les soupçons sur Italia Viva, le PD et les 5 Etoiles » : « Tout le monde dit qu’il n’y est pour rien : Renzi et Calenda, les représentants du PD et des 5 Etoiles, y compris les Verts. Toutefois, on sait bien qu’à l’issue de la réunion de coalition d’il y a deux jours, Giorgia Meloni avait compris que Berlusconi allait faire manquer les voix de FI. Meloni a ainsi pris son téléphone pour appeler plusieurs représentants importants de l’opposition. Le message était plus ou moins le suivant : donnez-moi un signe et vous serez récompensés. Le principal suspect de ces « soutiens anonymes » serait Renzi. Berlusconi l’a dit clairement, hier. Le groupe du troisième pôle compte 9 sénateurs et aurait sans doute intérêt à aider Meloni en échange de quelques sièges : il y a les vice-présidences des deux Chambres, et notamment le Copasir et l’autorité de vigilance de la RAI. Letta pour sa part exclut catégoriquement que ce soutien soit venu des siens et parle de ‘’choix irresponsable et erroné, un cadeau à la droite’’. Toutefois, certains doutes demeurent : pourquoi Dolores Bevilacqua est restée 25 secondes dans l’isoloir et le démocrate Bruno Astorre dix ? Le lieutenant mélonien Giovani Donzelli émet sa propre théorie ‘’il n’y a pas eu d’accord politique, simplement La Russa a été élu par quelqu’un de l’opposition pour des raisons personnelles… peut-être savions-nous qui étaient ces gens qui l’estimaient…’’ avoue-t-il à la fin. »

ARTICLE, La Repubblica T. Ciriaco, E. Lauria, S. Mattera « Forza Italia, en miettes, freine sur l’entente sur le gouvernement » : « « ‘’ C’est moi qui l’ai créée ’’. Berlusconi hurle presque, durant cette nuit chargée de colère dans sa résidence romaine. Il parle de Giorgia Meloni qui l’a réduit à l’insignifiance, à l’occasion du vote pour la présidence du Sénat.  À ses côtés il a un parti désintégré qui doit décider comment se comporter pour le vote du président de la Chambre. Berlusconi voudrait que Giorgia Meloni donne à Forza Italia des ministères plus importants en ‘’effaçant les vétos contre nos dirigeants’’, affirme le leader âgé. Mais le problème est que la future présidente n’a aucune intention de lâcher prise. ‘’ Tout le monde devrait avoir compris que je n’accepte pas les chantages‘’, affirme Meloni. Ce conflit pourrait porter le parti de Berlusconi à se présenter tout seul aux consultations au Quirinal, avec sa propre délégation. Ce que Berlusconi appelle des vétos, Meloni les considère comme ‘’des choix pour des ministres plus influents’’. ‘’L’acte de défiance contre Ronzulli est un acte de défiance contre ma personne et Forza Italia’’ affirme Berlusconi. La future présidente du Conseil ne veut pas Ronzulli au gouvernement et n’admet pas non plus d’offrir le ministère de la Justice à Forza Italia. Beaucoup dépendra du résultat de la bataille à la Chambre pour élire le président, où les 48 votes de Forza Italia restent décisifs pour la coalition. De son côté, Salvini a choisi de soutenir la position de Meloni au Sénat en créant une rupture lourde dans le front commun qui le relie à Berlusconi et Ronzulli. C’est lui qui au cours de la soirée propose le nom de Lorenzo Fontana, en demandant à Riccardo Molinari de faire un pas de côté. »

COMMENTAIRE, Sole 24 Ore, L. Palmerini « Le faux départ pour Meloni et la leçon pour Berlusconi et Salvini » : « Pendant des années, la rhétorique en vogue surtout à droite était qu’il fallait des majorités élues par les Italiens pour bien faire fonctionner les institutions. Or, tout cela a été démenti hier et cela dès le premier jour de cette mandature. Il est légitime de se demander alors quel type de gouvernement nous aurons et quelle sera sa durée. Car se diviser avant même la naissance du gouvernement nous autorise à avoir quelques doutes. Il ne manque qu’une semaine au moment où Mattarella confèrera la charge à Meloni de former un gouvernement. La journée du 21 octobre devrait être le point culminant pour la probable cheffe du gouvernement, et elle y arrive avec une coalition qui a immédiatement dérapé, manquant de la preuve d’unité qui est nécessaire pour un rendez-vous solennel comme l'élection de la deuxième personnalité d'État. Il est inutile de chercher dans l’opposition les noms de ceux qui ont « trahi ». La question est de savoir pourquoi Meloni a décidé d’inaugurer la mandature avec ce que l’opposition appellerait un « jeu de pouvoir ». Meloni devait obtenir deux résultats politiques : élire un représentant de FdI au sommet de l'État - comme symbole de la légitimité politique ultime - et mettre Berlusconi hors-jeu. Un test de leadership, certes, mais elle a choisi la version la plus dure en donnant une leçon à l’ancien leader. Elle a donc voulu frapper un grand coup dès le début, forte du soutien populaire. Hier, la victime s’appelait Berlusconi, mais c’est aussi un avertissement à Salvini, ce dernier ayant déjà commencé sa stratégie de l’usure. Les plaies restent ainsi que les mécontentements. Les doutes sur la solidité politique d’un gouvernement qui doit encore naître, après un faux pas, demeurent. »

ARTICLE, Sole 24 Ore, de C. Marroni, « Draghi rencontre Macron à l’Elysée pour un ‘’dîner strictement privé’’ » : « Un dîner pour se dire au revoir mais aussi pour se coordonner en vue du dernier rendez-vous international de Draghi qui devra aboutir à l’adoption d’une ligne commune pour freiner l’envolée des prix du gaz. Mario Draghi a déjà eu aussi des mots rassurants sur la continuité en matière de politique étrangère du prochain gouvernement de droite. Au cours de cette dernière année, Macron et Draghi ont formé un axe porteur au sein de l’UE alors même qu’Angela Merkel passait le relais à Olaf Scholz, leader plus faible qu’elle, à la tête du gouvernement allemand. Le Président du Conseil sortant nie tout intérêt pour une fonction internationale future, comme la succession à Jens Stoltenberg, mais c’est aussi ce qu’il avait annoncé à l’époque pour des fonctions nationales. Le Traité du Quirinal a été le moment culminant de cette relation avec Macron, un acte politico-diplomatique imaginé dès 2017 mais qui s’était ensuite enlisé sous les coups anti-français du gouvernement issu de l’alliance entre le Mouvement 5 Etoiles et la Ligue. Deux ambassadeurs du plus haut niveau portent cette relation au quotidien : Christian Masset à Rome, probablement le diplomate qui connait le mieux l’Italie au Quai d’Orsay, et la nouvelle Ambassadrice à Paris, Emmanuela D’Alessandro, ancienne conseillère diplomatique du Président de la République italienne. Macron sera à Rome la semaine prochaine pour le Forum organisé par la Communauté Sant’Egidio et la visite prévoit également un déjeuner avec Sergio Mattarella ainsi qu’une audience avec le Pape. Au même moment, le nouveau gouvernement sera (peut-être) en train de naître. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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