07/10/2022
"La fête est finie pour Meloni."
Italie. Revue de presse.
Le conseil européen à Prague, et notamment la proposition italienne sur un plafonnement dynamique du prix du gaz, fait les gros titres de la presse italienne. Le Corriere et le Sole saluent la première réunion de la Communauté politique européenne « idée d’Emmanuel Macron » vue comme une « expérience extraordinaire » voulant « relancer le rôle géopolitique » de l’Europe : « Gaz, les pressions de Draghi » - L’Italie veut un plafonnement dynamique au prix du gaz. Macron lance la nouvelle Europe à 44 membres. Draghi rencontre von der Leyen. Mattarella lance un appel contre les spéculations (Corriere della Sera), « L’UE contredit Meloni » - Bruxelles dément les critiques de la dirigeante de Fdi sur les retards du PNRR. Les doutes des leaders européens au sommet de Prague sur la future Présidente du Conseil. La ministre française L. Boone : nous veillerons au respect des libertés (La Repubblica), « Gaz, voici le plan italien pour l’UE » - Draghi propose un « corridor dynamique » pour freiner la hausse des prix (La Stampa), « Mattarella : il faut que l’UE réagisse fasse à l’inflation » (Sole 24 Ore), « Gaz, l’Italie est contre un plan à minima » - Draghi s’oppose à un plafonnement partiel proposé par von der Leyen (Il Messaggero). Le Prix Nobel de Littérature à Annie Ernaux est aussi largement cité avec couverture photographique en Une. Les observateurs saluent dans l’ensemble une reconnaissance « méritée » à une auteure ayant mis en valeur la condition féminine : « Ernaux, le Nobel juste » (La Stampa), « Le Nobel à Ernaux, auteure de la mémoire et des femmes » (Il Messaggero)
EDITORIAL, Il Messaggero, M. Ajello « Le choix des meilleurs, un acte de courage » : « Les temps exceptionnels, dans leur gravité, exigent des personnalités de gouvernement exceptionnels et des professionnels de renommée. Or, les partis en ont très peu. Voilà pourquoi Meloni insiste tous les jours, de plus en plus, sur la nécessité d’un exécutif ‘’de haut niveau’’. Cela représente une nouveauté dans notre panorama politique, de voir une Présidente du Conseil potentielle, forte du résultat des urnes, qui prend acte du fait que le système des partis a produit très peu en termes de classes politiques compétentes. C’est une approche post-idéologique et une avancée vers une politique plus en ligne avec les sentiments des citoyens. Ce n’est donc pas une autre forme de populisme mais un postulat de responsabilité qui prévoit de faire appel aux meilleures énergies pour pouvoir obtenir le résultat le meilleur possible. »
EDITORIAL du directeur, Il Foglio, C. Cerasa « La fête est finie pour Meloni » : « Les obligations d’Etat à 10 ans sont retournés au niveau de 2020, les agences de notations multiplient leurs avertissements, la banque Monte Paschi di Siena ne trouve pas d’investisseurs disposés à miser sur le long terme et les techniciens de renommée refusent la proposition du ministère de l’Economie. Le gouvernement Meloni n’est pas encore né et pourtant il est suffisamment clair que la lune de miel avec le monde financier pourrait être plus difficile que prévu. Il y a donc quelque chose qui commence à craquer. Fabio Panetta, membre de la BCE et Daniele Franco, ministre de l’Economie sortant, ont fait savoir ne pas être intéressés par le ministère des Finances. Par ailleurs, l’attaque récente de Meloni à Draghi au sujet du PNRR, est un signal qui trahit des difficultés croissantes dans le casting du gouvernement et suggère aussi l’éloignement de la possibilité qu’un jour Draghi puisse lui venir en secours pour franchir les portes les plus fermées des chancelleries européennes. Giorgia a devant elle deux choix possibles : rendre plus sévères les paramètres pour son casting ou bien considérer l’humeur des investisseurs comme le symptôme d’un complot organisé. La fête est finie pour Giorgia Meloni. »
ARTICLE, La Stampa, F. Olivo « Les deux visages de Meloni » - Les doutes des militants pour le tournant soft pro-Draghi ont poussé Meloni à corriger sa ligne, aussi pour faire digérer à ses électeurs une équipe gouvernementale avec plusieurs ministres techniques : « L’inconnue de ces dernières heures, en Italie comme à l’étranger, est de savoir quelle Giorgia Meloni gouvernera le pays. Verra-t-on la dirigeante responsable et pragmatique, les poignets tremblant face à l’énorme défi qui l’attend, évitant les défilés qui auraient porté dans la rue les nostalgiques de la flamme tricolore, ou plutôt celle qui torpille déjà le Président du Conseil sortant et son travail sur le Plan de relance ainsi que ses négociations sur le gaz en Europe, récupérant la posture de la victime d’un syndrome de siège permanent ? Par ailleurs, un récent sondage YouTrend nous dit qu’une majorité de ses électeurs, 55%, sont contre les sanctions à la Russie et seul 27% y est favorable. Quant à son tweet se félicitant de l’initiative de la lettre de von der Leyen, une avalanche de critiques sont arrivées sur son compte, où l’on pouvait lire entre autres ‘’Ursula est celle qui nous menaçait si on allait voter pour toi, mais vous n’avez pas un minimum d’amour-propre ?’’. D’après une source interne du parti, qui la connait bien, dans le double registre de Meloni il y a un mélange : beaucoup de tactique et un peu de stratégie. »
PREMIER PLAN, La Repubblica, de L. De Cicco et S. Mattera, « Draghi approuve le plan pour les droits LGBT+ et provoque la colère de Fratelli d’italia » : « La ministre à l’Egalité des chances, Elena Bonetti, est parvenue hier à faire passer le nouveau plan de stratégie nationale pour les droits LGBT+, de justesse avant la fin de son mandat. Le Président du Conseil sortant y tenait. Il a ainsi provoqué l’irritation de Fratelli d’Italia qui a annoncé qu’ils ‘’reprendraient depuis le début’’ la stratégie. Pour l’heure, il s’agit d’une liste d’actions à entreprendre pour les trois prochaines années, avec un caractère ‘’obligatoire’’ précise Elena Bonetti, y compris pour le nouvel exécutif. Le plan prévoit notamment les congés parentaux pour les parents de même sexe, des avantages pour les entreprises employant des personnes transgenres, l’insertion de normes antidiscriminatoires dans la réglementation du travail, ou encore des formations à destination des agents de police et de sécurité publique. Le plan découle du rapport établi par l’agence européenne pour les droits fondamentaux. En Italie, il y a encore des progrès à faire : 62% des personnes interrogées évitent de prendre la main de leur partenaire en public par peur des conséquences, seulement 39% expriment librement leur identité contre 47% pour la moyenne européenne. 23% déclarent avoir subi des discriminations sur leur lieu de travail. La ministre Elena Bonetti assure que le texte a été rédigé en accord avec les différents ministères, en impliquant des représentants locaux et en dialoguant avec une soixantaine d’associations. Le prochain exécutif devra respecter le plan qui déterminera en outre des financements européens pour des projets spécifiques. Fratelli d’italia ne voit pas les choses de la même manière, la responsable à l’égalité des chances du parti de Giorgia Meloni, Isabella Rauti, très en vue pour devenir la prochaine ministre de la Famille, mais juge que la méthode du gouvernement sortant est grave. Eugenia Rocella, ancienne porte-parole du Family Day est plus directe : ‘’la norme européenne avait été approuvée en 2020, cela n’avait pas de sens d’attendre si longtemps pour adopter un plan et prendre des engagements pour le gouvernement suivant’’. La nouvelle majorité fait clairement comprendre qu’elle reprendra le plan ‘’depuis le début, selon notre ligne’’. Sur la question des droits, Meloni a été claire, disent-ils : ‘’on ne touche pas aux droits acquis’’, sur les progrès ‘’on verra’’. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Aloia « Une victoire pour toutes les femmes » : « Annie Ernaux est comme sa prose : nécessaire et jamais superflue. En 1974, elle a abordé le sujet de l’avortement dans un roman autobiographique. Ce n’est pas un hasard si hier elle a cité la situation politique italienne qui a mis au pouvoir le parti souverainiste de G. Meloni. L’auteure a critiqué l’extrême droite qui ‘’dans l’histoire n’a jamais été favorable aux femmes’’. Il est donc impossible d’ignorer comment l’avortement et la nouvelle nécessité de le défendre comme droit intouchable de toutes les femmes soit réellement au centre de notre débat politique. Le Prix Nobel de Littérature est une interprète de cet engagement, c’est une invitation à sauver la laïcité de l’Occident conter l’assaut des intégrismes. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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