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04/10/2022

"Pour Meloni, il reste fondamental de s’assurer la présidence du Sénat, où les plus grandes tensions sont à prévoir."

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Italie. Revue de presse.

Les tractations pour former le nouveau gouvernement, sur le fond d’une Europe vue comme divisée face à la crise des prix énergétiques, font les gros titres de la presse italienne. Les observateurs rapportent aussi l’appel du patronat italien adressé à la coalition de droite craignant un creusement de la dette italienne si le programme de la coalition venait à être appliqué : « Urgence sur le gaz, voici le plan italien » - L’UE convoque un sommet ; Bonomi (Confindustria) s’oppose à la flat tax et à la réforme des retraites telle que proposée. La Ligue et Forza Italia protestent (Corriere della Sera), « Salvini assiégé » - Le chef de la Ligue est encerclé par un parti divisé et un monde entrepreneurial désabusé. Le patron de Confindustria lance un appel : je dis non à des propositions irrréalistes sur la flat tax et les retraites (La Repubblica), « Meloni : il faut faire vite et il n’y a aucune manœuvre en coulisses [avec Draghi] » - Meloni critique l’UE : il y a trop de divergences. Breton et Gentiloni désapprouvent la décision solitaire de Berlin et évoquent la solidarité. Selon le Trésor, l’Italie serait déjà en récession en raison des prix du gaz (La Stampa), « Bonomi : non à des actes insensés sur les comptes publics : les priorités sont l’énergie et la dette » (Sole 24 Ore), « Pression de l’UE sur le gaz » - La France et Bruxelles accusent Berlin. Bonomi s’oppose à la flat tax. Meloni fait pression sur la Ligue et FI afin d’accélérer sur la formation du gouvernement (Il Messaggero

PREMIER PLAN, La Repubblica, de T. Ciriaco, « S’assurer la présidence du Sénat, la stratégie de Meloni qui insiste : ‘’il y a trop d’échéances, il faut faire vite’’ » : « La phase actuelle est marquée par les silences et les tensions entre les alliés. En vue de la prochaine étape, l’élection des présidents des deux Chambres, Giorgia Meloni a un plan. Elle veut assurer la présidence du Sénat à Fratelli d’Italia, nommer Ignazio La Russa numéro deux du gouvernement, et confier à la Ligue la présidence de la Chambre des députés. Le candidat naturel pour cette charge serait Giancarlo Giorgetti mais Matteo Salvini veut garder cette prérogative et son choix pourrait se porter sur Riccardo Molinari, ancien chef de groupe de la Ligue à la Chambre. Il faudrait alors offrir une compensation à Forza Italia à travers un ministère de poids et Antonio Tajani pourrait être nommé au ministère de l’Intérieur ou aux Affaires étrangères. Mais d’ici dix jours, tout cela a encore le temps de changer. Toutefois, pour Meloni il reste fondamental de s’assurer la présidence du Sénat, où les plus grandes tensions sont à prévoir. C’est le seul moyen qu’elle a pour pouvoir ensuite gagner du temps sur la formation de l’exécutif : ‘’il faudra faire vite, il y a trop d’échéances importantes’’. La Ligue est aux prises avec le cas Salvini : il sait qu’il devra renoncer au Viminal pour se contenter d’un ministère plus modeste, comme l’Agriculture, mais exigerait alors la vice-présidence du Conseil. Dernièrement, c’est une autre bataille qui agite la coalition de droite : Silvio Berlusconi veut que Licia Ronzulli devienne ministre de la Santé, ce que Giorgia Meloni refuse. Berlusconi veut à tous prix qu’elle fasse partie de l’équipe ministérielle, comme ‘’sentinelle des intérêts de Forza Italia’’ et il se donne plus de mal pour lui garantir un poste que pour Tajani ou Paolo Barelli, autre candidat Forza Italia possible. Mais ce bras de fer ralentit les négociations, et la sénatrice ne semble pas disposée à se contenter d’un ministère moins important, mieux vaudrait qu’elle prenne la tête du groupe au Sénat, où elle pourrait donner du fil à retordre à la future Présidente du Conseil. De plus, entre Giorgia Meloni et Roberto Cingolani, actuel ministre de la Transition écologique, le dialogue est constant, elle pourrait le maintenir au sein du prochain gouvernement mais elle manquerait ainsi à sa promesse de renouveler la totalité du Conseil des ministres. Il pourrait ne garder qu’une délégation à l’Energie. Enfin, la question du nombre de techniciens qui pourraient rejoindre le gouvernement continue à faire débat. Pour la Justice notamment, Giorgia Meloni a en vue Carlo Nordio, alors que la Ligue défend la nomination de Giulia Bongiorno. Ce serait un énième coup dur pour Salvini, à moins que la parlementaire léghiste ne récupère le portefeuille de la fonction publique. »

COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli « Le bain de réalisme sur la flat tax et les retraites » : « Avant même que le président de Confindustria n’en parle, il était déjà clair que la flat tax, soit la réforme des impôts à taux unique, n’avait pas de sérieuses chances de figurer dans le programme du nouveau gouvernement. Il s’agissait surtout d’un slogan identitaire de la Ligue, soutenu en partie par Forza Italia. Par ailleurs, la voie indiquée à plusieurs reprises par Meloni est tout à fait différente : détaxer les nouvelles embauches de la part des entreprises, pour augmenter le taux d’emploi, et si possible, rajeunir les recrutements. C’est la recette de Maurizio Leo, le conseiller de Fdi qui devrait avoir un rôle dans le prochain exécutif. Et ce n’est pas un hasard si le chef du patronat Bonomi a lancé hier son appel [contre la flat tax et la réforme des retraites], persuadé que la probable Présidente du Conseil ira dans une toute autre direction. A la fin, le nombre de ministres techniques sera très réduit, mais le fait qu’on en parle beaucoup met en avant deux aspects. Le premier concerne la nature stratégique de certains ministères, sur lesquels le Président de la République exerce son contrôle : la diplomatie, la défense, l’Intérieur, l’Economie et un peu aussi la justice. Dans une époque de fortes tensions internationales, sous le regard de l’UE et de l’Otan, les premiers trois ou quatre ministères exigent des personnalités ayant une grande crédibilité. Ils ne peuvent pas être laissés au hasard des tractations politiques entre courants ou factions. Cela signifie qu’un bras-de-fer a commencé en coulisses. Le second concerne les deux « alliés » Berlusconi et Salvini, qui unissent leurs forces pour faire chanter la future cheffe du gouvernement. Cette dernière devra trouver un compromis de qualité pour ne pas amoindrir son exécutif dès sa naissance. Ce qui ne veut pas dire devenir une copie de Draghi mais d’accepter un bain de réalisme. »

ARTICLE, Domani, F. Ciconte « Le souverainisme alimentaire de Meloni et la crise climatique » : « Depuis quelques jours, il semblerait que l’on veuille transformer le ministère de l’agriculture en créant un ministère de la souveraineté alimentaire, une vision qui copie un concept élaboré par des mouvements paysans des années 90 mais vidé de son contenu pour en faire un étendard de l’idéologie conservatrice et anti écologique. Le concept originel était fondé sur l’idée de promouvoir une agriculture locale, soutenable et en harmonie avec les écosystèmes, avec l’idée de redonner le pouvoir à ceux qui produisent, distribuent et consomment la nourriture plutôt qu’aux grandes entreprises et au marché. Lors de sa première sortie publique depuis les élections, Meloni a souligné que ‘’la souveraineté alimentaire est centrale’’. Mais son idée est fondée sur la production, coûte que coûte. Ce qui veut dire que la souveraineté alimentaire du nouveau gouvernement implique que la transition écologique ne doit pas entraver la production. Si l’objectif est bien celui-là, il faut s’attendre à un conflit avec les stratégies européennes de réduction des pesticides ou de fertilisants chimiques. Bref, une souveraineté alimentaire de moins en moins soutenable et qui aura le label italien. Or ce sont surtout les grandes multinationales qui gardent l’oligopole du marché de la chimie, des semences, de la mécanique et du commerce global. Il faut alors s’attendre à une rhétorique nostalgique allant contre la transition écologique des systèmes alimentaires. »   

ARTICLE, La Repubblica, G. Vitale « Les pressions du PD pour que Letta dirige la phase de refonte » - Un mouvement transversal allant d’Orlando à Franceschini s’organise pour gagner du temps et maintenir la direction en place : « Se précipiter et élire un nouveau dirigeant sans avoir au préalable discuté de manière rigoureuse sur l’identité même du PD signifie empêcher une véritable refonte du parti. Mieux vaut alors gagner du temps, se régénérer et retrouver son identité. C’est le raisonnement d’un mouvement transversal aux courants internes, en vue de la direction nationale. Certains évoquent même un ticket Stefano Bonaccini-Elly Schlein. Mais c’est une idée qui semble plutôt un artifice afin d’éviter au président de la Région d’Emilie-Romagne une adversaire très redoutable. Par ailleurs, chez les anciens renziens, plusieurs souhaiteraient ne pas accélérer la succession d’Enrico Letta. Une guerre entre réformistes et l’aile de gauche pourrait finir par provoquer une scission du Parti démocrate. »

ARTICLE, Sole 24 Ore, C. Domitilli « ENI prête à payer à l’Autriche la garantie russe » : « Le groupe italien ENI se dit prêt de se substituer à Gazprom pour couvrir la garantie de 20 millions d’euros que le colosse russe n’a pas versé à l’opérateur de transport autrichien qui, samedi dernier, a provoqué l’interruption des flux de gaz depuis la Russie vers l’Italie via Tarvisio. Le PDG d’ENI, Descalzi, a expliqué que Gazprom aurait dû verser, selon les nouvelles règles, une garantie en fonction du passage de gaz via Gas Connect Austria, qui garantit le transport du gaz par le biais du Trans Austria Gas Pipeline et qu’il était difficile pour un opérateur, voulant payer en roubles, de mettre une garantie en euro pour un passage. Descalzi a expliqué ‘’Nous sommes en train de voir comment il est possible de se substituer au transporteur ou à Gazprom’’ ajoutant que ‘’le gaz n’est pas entre les mains de Gazprom mais il est resté en Allemagne et en Autriche et Eni est en train de faire une analyse de « compliance » ; d’ici une semaine le problème sera résolu’’. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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