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28/09/2022

"L’heure est au bras-de-fer pour les sièges." et "La Ligue demande un ministère important pour Salvini."

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Italie. Revue de presse.

La presse italienne titre largement sur les tractations en cours de la dirigeante de Fdi, Giorgia Meloni, pour former le nouveau gouvernement. Les observateurs relèvent dans l’ensemble les pressions venant de ses deux alliés, M. Salvini et S. Berlusconi, afin d’obtenir des ministères de poids et la nécessité pour Giorgia Meloni de trouver des figures d’autorité afin de s’assurer une crédibilité internationale « Meloni, premiers pas pour le gouvernement » - la dirigeante assure son soutien à Kiev et explique que son gouvernement sera : de haut niveau et crédible à l’étranger. La Ligue demande un ministère important pour Salvini (Corriere della Sera), « Le pacte Meloni-Draghi » - Faible en Europe, la dirigeante de droite trouve le soutien de Draghi en échange d’une position claire sur l’Ukraine, l’Otan et la dette publique (La Repubblica), « Meloni ne cède pas face à Salvini » - Je ne le veux pas, il est pro-russe. L’heure est au bras-de-fer pour les sièges. Berlusconi renchérit : Que Tajani soit vice-président du Conseil (La Stampa), « Meloni, premiers gestes contre la flambée des prix de l’énergie » - une réunion s’est tenue hier entre Fdi et Forza Italia pour débloquer les parcs éoliens et les forages (Il Messaggero), « Comment Letta a favorisé la naissance du gouvernement Meloni » - son opposition au M5S lui a fait perdre 20 collèges alors que 11 auraient suffis pour obtenir la majorité (Fatto Quotidiano).  Les fuites de gaz venant des gazoducs Nord Stream sous la mer Baltique, suite à des explosions sous-marines, sont également citées avec une large couverture photographique en Une.

Les JT couvrent essentiellement l’accident aux gazoducs NordStream, l’approbation par la Commission européenne de la deuxième tranche du PNRR pour l’Italie, les tractations pour la formation du nouveau gouvernement et les protestations en Iran suite au décès de Masha Amini. 

Sur Twitter, le hashtag # NordStream2 domine suite aux accidents d’hier sur les gazoducs russes, dont la responsabilité n’est pas encore claire.

ARTICLE, Corriere della Sera, F. Verderami « Les tractations difficiles face aux demandes de la Ligue et les conditions de Fratelli d’Italia » : « La guérilla a commencé entre Meloni et Salvini, qui entament les négociations sur le gouvernement comme s'il s'agissait de la deuxième partie de la campagne électorale. Dans ces limbes entre la fermeture des bureaux de vote et l'ouverture de la mandature, le leader Salvini tente de se relancer, de prendre sa revanche sur la dirigeante du FdI, au moins pour ne pas perdre le leadership de la Ligue après avoir perdu la plupart de ses voix. Ainsi, hier, Salvini a décidé d'affronter la future Présidente du Conseil en expliquant les priorités du programme de son parti : un décret contre les factures élevées, le lancement du "quota 41" dans le système des retraites et la question de l'autonomie régionale à inclure lors du premier Conseil des ministres. Des programmes qui contrastent ouvertement avec la stratégie de celle qui se prépare pour le Palais Chigi. Car sur la première mesure, Meloni voudrait éviter un dérapage budgétaire, afin de ne pas se présenter en Europe avec ce premier acte. La seconde, qui sera incluse dans le projet de loi financière, exigerait trop de ressources par rapport à un budget public qui en garantira très peu. La troisième est une réforme que le FdI souhaite accompagner du présidentialisme. Le barrage de la Ligue est fonctionnel à un autre objectif plus immédiat : obtenir pour Salvini un dicastère "lourd" et avoir la garantie de pouvoir choisir ses ministres sans subir de veto sur les noms. " Je crois qu'il est dans l'intérêt de tous que ces demandes soient satisfaites", a prévenu le chef du groupe leghiste Molinari. Un ténor de Fdi a anticipé les trames de ces négociations ‘’avec Berlusconi ce ne sera pas compliqué. Avec la Ligue c’est toute une autre histoire’’. Meloni devrai ainsi s’attendre à des négociations difficiles car la pression de Salvini pourrait défaire ses plans : assurer des démarches institutionnelles rapides afin d’arriver à la première séance du Parlement du 13 octobre avec un accord sur les présidences des deux Chambres et les noms pour les ministères, afin de faciliter le travail du Quirinal et de se présenter devant l’hémicycle pour la confiance la semaine d’après. Le désir de Meloni d’atteindre les objectifs en peu de temps ne se concile pas trop avec la conflictualité de la politique. »

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco : « Les décombres du défi de la gauche sans alliances » : « La défaite du 25 septembre a été si traumatisante et tellement nette qu’elle a accentué la fragmentation du centre-gauche. Il y a au moins trois oppositions. Et chacune espère de ‘vider’ électoralement l’autre, avant encore de se préoccuper d’affronter Giorgia Meloni et sa majorité de droite. Les lendemains d’élections semblent ainsi le prolongement d’une campagne au cours de laquelle les divisions et les compétitions ont prédominé sur chaque projet unitaire. Après l’annonce de Letta de ne pas vouloir se représenter comme candidat au congrès du Pd, Conte et les siens attendent désormais de savoir qui sera le prochain leader. Et ils parient sur quelqu’un qui puisse consacrer le Mouvement comme un symbole de progressisme, dans une sorte de mea-culpa politique de la part d’un Pd traumatisé et en crise d’identité. Si le problème était seulement celui du leadership il pourrait être résolu en quelques mois. Mais la crainte inavouable est que le parti soit un symbole du passé et avec un avenir qui le verrait subalterne au M5S. C’est pour cela que la deuxième opposition, celle du M5S, essaye de ‘vider’ politiquement l’ex allié. Conte a perdu 5,5 millions de voix par rapport à 2018 mais il peut se vanter de son 15,5 % comme d’une victoire grâce à la défaite du Pd et à une habile campagne dans le Sud. Calenda et Renzi aussi considèrent que Letta a fini par favoriser la droite avec ses choix. Enfin, dans l’attente que les minorités parlementaires puissent se réformer, pour rejoindre peut-être un simulacre d’unité, le nouveau gouvernement peut se sentir tranquille. Il faudra du temps pour que se cicatrisent les blessures de ces derniers mois. »

ENTRETIEN, La Repubblica, de Francesco Lollobrigida, chef de groupe sortant de Fratelli d’Italia à la Chambre, « Voici notre plan pour changer la Constitution ; la souveraineté européenne doit être revue » : « ‘’Il ne s’agit pas de révolutionner la Constitution et ses valeurs fondatrices mais nous pensons qu’elle doit être révisée, à commencer par la question du présidentialisme. Nous avons besoin d’une loi qui apporte de la stabilité, de l’efficacité et le pouvoir de décider aux citoyens. Il suffit de penser à l’hiver dernier, lorsque Mattarella a été contraint d’accepter un second mandat à cause de l’incapacité des partis à décider. Majorité des deux tiers ou non, nous avons l’intention de débattre avec les autres forces politiques, en particulier sur les questions constitutionnelles. Plusieurs formules sont possibles, l’important est que nous atteignons notre objectif. Nous avons eu des convergences avec le troisième pôle et même avec le Mouvement 5 Etoiles. Nous voulons également renforcer le principe de subsidiarité : les maires, éléments de proximité avec les citoyens, aient davantage de pouvoirs. Les provinces doivent être revues, elles sont des créatures hybrides, les électeurs doivent choisir leurs dirigeants. Quant à la capitale, l’assemblée du Capitole qui administre la ville de Rome doit avoir plus de compétences, notamment en matière d’énergie ou de déchets. Concernant le principe de souveraineté du droit européen sur le droit national, c’est une question qui fait débat dans plusieurs pays. En Allemagne, la Cour constitutionnelle a affirmé qu’entre les deux systèmes législatifs, c’est celui qui protège le plus la population allemande qui doit prévaloir. C’est un concept qui devrait faire réfléchir. Oui, la souveraineté du droit européen doit être revue : discutons-en. Désormais, au vu des derniers événements, plus personne ne pense que l’Europe est parfaite. Quant aux inquiétudes des chancelleries européennes à notre égard, je pense que nous n’avons pas de preuve à donner, notre condamnation de l’invasion russe en Ukraine a été plus ferme que beaucoup d’autres. Nous nous allierons à quiconque peut nous aider à défendre nos intérêts. Nous n’avons pas une vision élitiste de l’UE. Sur chaque dossier, l’Italie peut échanger avec des pays différents : avec la Pologne sur le modèle de l’accueil des réfugiés ukrainiens ou avec la France sur le pacte de stabilité.’’ »

SONDAGE, Corriere della Sera « Analyse Ipsos : Fdi obtient 30% des voix venant des ouvriers et des commerçants. Le PD est le premier parti parmi les personnes avec un Bac+4 » : Selon le responsable d’Ipsos, Nando Pagnoncelli « ces élections, plus que les précédentes, ont mis en avant le fait que les groupes de références traditionnels de chaque parti ont changé’. La première donnée que l’on peut remarquer est que Fratelli d’Italia, en gagnant près de 6 millions de voix de plus qu’en 2018, ‘’est devenu le parti le plus voté par les ouvriers (34,6%)". Toujours parmi les ouvriers il y a après le M5S (16,4%) et la Ligue (13,4%), tandis que le Pd, pourtant l'héritier historique de la gauche, n'arrive qu'en quatrième position". Parmi les chômeurs, le parti le plus voté est le M5S, qui bien qu’ayant perdu 6,4 millions de voix a remporté 15,6% grâce à la campagne de Conte dans le Sud, en se concentrant sur le revenu de citoyenneté et sur le salaire minimum. En analysant l'effondrement de la Ligue (environ 3,2 millions de voix perdues), le fait le plus intéressant qui ressort est la réduction drastique des voix recueillies parmi les commerçants et les artisans (seulement 4,7%), jusqu'ici le noyau dur de la Ligue. Un capital énorme, ce dernier, est passé presque en bloc à Meloni, qui encaisse précisément la plus grande faveur parmi les commerçants : 30,2%.Le FdI est le parti le plus voté par les personnes à revenus moyens et faibles, mais aussi par la classe aisée (23,4%) : "Jusqu'à il y a quelques semaines, cette suprématie appartenait au PD", observe Pagnoncelli, "puis il y a eu l'effet de nouveauté de Meloni pour servir de moteur". Un autre fait intéressant concerne les électeurs âgés de 18 à 34 ans : les deux partis les plus votés sont le M5S (20,9%) et le Pd (18,7%). ‘’Les 5 Étoiles ont le vent en poupe chez les jeunes, chez qui la perspective d'un emploi est un mirage", explique M. Pagnoncelli, "alors une force qui place le revenu de citoyenneté et le salaire minimum au centre de son programme devient très attractive". Le fait que les jeunes représentent également la plus grande partie (42,7 %) de ceux qui ne sont pas allés voter lors du tour où le taux de participation a été le plus bas de l'histoire : 63,8 %, est toutefois pertinent. Toujours sur le plan démographique, le FdI arrive en tête parmi l'électorat des plus de 65 ans (28,2%), suivi de près par le Pd (25,2%) et la Ligue (9,2%). En ce qui concerne le niveau d'éducation, le parti le plus voté par les diplômés universitaires est confirmé comme étant le Pd (24,8%), suivi par Fratelli d'Italia (19,7%), qui, cependant, reçoit également le plus de soutien de la part de ceux qui ont des niveaux d'éducation plus bas (29%). »

SONDAGE, La Repubblica, de C. Vecchio, « Fratelli d’Italia monte alors que la Ligue, Forza Italia et le Mouvement 5 Etoiles reculent ; Carlo Calenda a récupéré davantage de voix au Parti démocrate qu’à droite » : « La moitié des voix en faveur de Fratelli d’Italia ce dimanche proviennent des électeurs déçus de la Ligue (30%) et de Silvio Berlusconi (20%). Giorgia Meloni a également attiré 17% d’électeurs du Mouvement 5 Etoiles et 17% d’abstentionnistes. Voilà comment FDI est passé de 4% à 26,1% en quatre ans. Salvini au contraire a généré de l’abstention : 20% des électeurs qui avaient voté pour lui en 2018 se sont abstenus pour ce scrutin. Contrairement à ce qui était attendu, l’alliance Italia Viva- Azione n’a récupéré que 4% des voix des traditionnels berlusconiens. C’est le Parti démocrate qui a laissé filer le plus de voix en faveur de Calenda : 12%. L’électorat démocrate est plutôt fidèle : 60% avait déjà voté pour le Parti il y a quatre ans alors que seul un électeur sur trois a confirmé son vote pour Giuseppe Conte (M5S). 36% de l’électorat des 5 Etoiles se sont abstenus et 44% se disent de gauche contre seulement 29% aux dernières élections. Une proportion similaire, 40%, des électeurs du ‘’troisième pôle’’ se considère de gauche, 35% au centre. L’abstention a atteint le record de 36% et est davantage présent chez les femmes. Elle atteint 46% parmi les personnes en difficulté économique. Les jeunes entre 18 et 34 ans votent majoritairement à gauche, privilégiant les petites formations, mais 22% d’entre eux ont tout de même choisi Fratelli d’Italia. L’électorat d’âge moyen, 35-54 ans, qui est aussi le plus enclin à se déplacer aux urnes, a majoritairement voté pour FDI (29%). Les travailleurs indépendants ont également privilégié la coalition de droite : 32% pour FDI, 10% seulement pour Salvini et 12% pour Forza Italia. 45% des ouvriers ont voté pour la coalition de droite et seulement 18% pour le PD, lui préférant le M5S (21%). Le Parti démocrate n’est plus une référence pour les classes moyennes et FDI est le premier parti parmi les retraités. »

ARTICLE, Corriere della Sera, E. Marro « La croissance freine et le déficit augmente, il faut déjà 40 milliards pour la loi de finances » : « Le gouvernement Draghi adoptera demain le « Nadef », c'est-à-dire la note d'actualisation du document économique et financier. Le texte, qui révise les estimations d'avril dernier, ne fera que transposer les tendances actuelles, sur la base de la législation en vigueur. Pour le budget 2023, en revanche, il faudra attendre le nouveau gouvernement, même si les premiers contacts ont déjà eu lieu au Trésor pour gérer la transition avec les sherpas du centre-droit. L'interlocution s'intensifiera dans les prochains jours entre le ministère de l'Économie (outre Daniele Franco, le comptable de l'État, Biagio Mazzotta) et ceux qui, au sein de FdI, suivent les comptes publics, de Guido Crosetto à Maurizio Leo. La Nadef corrigera à la baisse les prévisions de PIB pour 2023 : non plus 2,3 % mais une croissance légèrement supérieure à 0,5 % ; donc toujours avec un signe positif, malgré la dégradation de l'économie. Le ralentissement de l'économie aura des conséquences sur les finances publiques. Le déficit de 2023 sera revu à la hausse, passant des 3,7 % prévus en avril à environ 5 %, tandis que la dette publique, bien qu'en baisse par rapport à 2022, sera plus élevée que les 145 % estimés précédemment. De plus, le ralentissement de la croissance réduira les recettes fiscales, épuisant cette ‘’essence" qui a alimenté jusque-là les décrets de lois adoptés par le gouvernement Draghi avec des aides aux ménages et aux entreprises à hauteur de 66 milliards. Tout cela signifie que les marges de manœuvre du prochain exécutif seront plus étroites. A ce stade, il faut 20-25 milliards pour financer les lignes budgétaires considérées comme indispensables. Et si le prochain gouvernement devait ensuite se trouver dans la nécessité de reconduire les mesures contenues dans le troisième décret des aides économiques pour le premier trimestre de 2023, il devrait alors trouver quelques 10-15 milliards supplémentaires. Du coup, la facture finale s’élèverait entre 35 et 40 milliards d’euros. »

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, F. Rampini « Le test se fera sur l’envoi d’armes et sur l’atlantisme » : L’Administration Biden a jusque-là réagi de manière calme face au résultat électoral en Italie mais attend maintenant Giorgia Meloni sur les faits : « Le fait que l’Administration Biden ait jusque-là réagit à la victoire de Fratelli d’Italia de manière calme doit être vu sous le prisme des priorités géopolitiques. Il n’est donc pas suffisant de voir ce que Meloni a dit en campagne électorale (condamnation de l’invasion russe, soutien aux sanctions et assurances sur l’envoi d’aides militaires à Kiev). Pour Washington, les deux pays à avoir saisi la dangerosité expansionniste de Poutine sont les conservateurs de Londres et de Varsovie. Le Royaume-Uni ne fait plus partie de l’Union Européenne et la Pologne s’avère du coup comme l’allié le plus fiable sur le plan géostratégique, même s’il a un gouvernement ultraconservateur. Et c’est justement ce scénario polonais que Washington souhaite voir en Italie aussi. D’où l’ouverture de crédit à Giorgia Meloni. »

COULISSES, La Repubblica, de T. Ciriaco, « Kiev et les comptes publiques : Draghi en contact avec l’UE, pour lui ‘’Meloni s’en tiendra aux accords déjà pris’’ » : « Quelques heures après la fin de la campagne électorale, Giorgia Meloni met de côté les caresses politiques à Orban et la promesse de ‘’casser les reins’’ à l’axe franco-allemand. Et elle s’en remet à Mario Draghi, à la protection qu’il représente auprès des chancelleries européennes. D’après des sources diplomatiques proches de Paris, Berlin et Bruxelles, le Président du Conseil sortant aurait contacté Emmanuel Macron, Olaf Scholz et Ursula von der Leyen pour se porter garant de la leader de Fratelli d’Italia. Il aurait rassuré les principaux alliés de l’UE sur les trois piliers de l’action du futur gouvernement, trois conditions qu’il a lui-même auparavant soumis à Giorgia Meloni et qu’elle a acceptées. Ainsi, le nouveau gouvernement s’engage à poursuivre son soutien, y compris militaire, à l’Ukraine et à maintenir les sanctions contre Moscou. L’ancrage stable à l’OTAN ne sera pas remis en cause. Aucun nouvel écart budgétaire ne sera approuvé, de façon à tenir la dette publique sous contrôle. Le dialogue entre Mario Draghi et probable successeuse est établi depuis un moment, avec des hauts et des bas. Mais l’opération en cours est vitale pour la dirigeante : elle doit archiver le plis radical donné à la campagne électorale et se rapprocher des partenaires traditionnels de Rome. Le défi pour elle sera de faire respecter ses engagements pris avec Draghi par les alliés Salvini et Berlusconi qui prêchent pour des dépenses déficitaires et une main tendue à Poutine. Et c’est bien elle qui avait fait peur à l’Europe avec des déclarations telles que ‘’la fête est finie’’. ‘’J’ai de bonnes relations avec Orban, je pense qu’il faut rééquilibrer nos relations par rapport à l’axe franco-allemand’’ avait-elle déclaré, malgré le virage autocratique de la Hongrie. Mais c’est une chose de mener une campagne électorale agressive, c’en est une autre de diriger un pays en pleine crise sans ses alliés historiques. Les dégâts sur les marchés seraient dévastateurs et l’isolement serait total. Voilà pourquoi elle s’en remet à Draghi et lui répond présent : l’intérêt national prévaut. Ils veulent une transition en douceur. » [cet article a été démenti dans la matinée par la Présidence du Conseil]

ENTRETIEN, La Repubblica, d’Alain Minc, conseiller et politologue proche d’Emmanuel Macron, par A. Ginori, « Pour Macron [Giorgia Meloni] n’est pas Le Pen et ils ont des intérêts communs » : « Pour le gouvernement français, ces élections en Italie marquent la fin d’un moment de grâce. Lorsque Mario Draghi est arrivé au pouvoir, l’historique duo franco-allemand a peu à peu laissé place à un trio incluant l’Italie. La France se sent plus à l’aise dans cette nouvelle configuration. Il y a une sorte d’entente instinctive et naturelle entre Macron et Draghi. Nous pouvons espérer que les choses se passent bien avec le gouvernement Meloni mais il n’y aura pas la même complicité intellectuelle et culturelle qu’entre Macron et Draghi. Si Giorgia Meloni reste cohérente avec son discours sur la fidélité à l’alliance atlantique, à l’Europe et à l’euro, la relation avec Macron sera correcte sans être chaleureuse car les systèmes de valeurs ne sont pas les mêmes. Nous devons juger Giorgia Meloni sur les faits et éviter les procès d’intention. Les personnalités qui seront nommées à certains postes clefs seront les premiers indicateurs, de même que le rôle de la Ligue dans le nouvel exécutif. Nous pensons que beaucoup la sépare de Salvini. Emmanuel Macron et Giorgia Meloni ont un intérêt commun : la renégociation du Pacte de Stabilité. Le Traité du Quirinal peut également avoir un rôle important, il serait dommage de l’archiver. Le Pen n’est pas Meloni, elle n’a jamais dit que la solidarité atlantique était essentielle, que l’Europe est notre horizon naturel ou que le déficit budgétaire ne doit pas être augmenté. Le Rassemblement national reste plus proche de Matteo Salvini : ouvert aux positions de la Russie, anti-européen, orientés vers des dépenses publiques populistes. Je ne veux pas être alarmiste car je pense que l’Europe est forte, de même que les institutions italiennes. Je ne pense pas que les libertés fondamentales seront attaquées en Italie, mais il y aura une atmosphère plus réactionnaire. Je ne crois pas à une remise en cause de la démocratie italienne, ni qu’elle ait les moyens de se mettre contre l’Europe. Au fond, Giorgia Meloni est plus proche de Draghi sur certains aspects que certains membres de l’ancienne coalition de gouvernement. Ne nous laissons pas emporter par les préjugés, nous verrons bien’’. »

ANALYSE, La Repubblica, G. di Feo « De l’énergie à Internet, les réseaux sous-marins sont une proie facile pour Moscou » : « Très peu de pays croient qu’il s’agit d’un incident et tous soupçonnent la Russie au sujet des explosions relevées par les sismographes à quelques heures d’écart et dans des points différents. Il s’agit d’un sabotage et la Russie et la seule à avoir les moyens et les hommes pour le faire. La question principale est : pourquoi Moscou a-t-il pris une telle décision ? Il est vrai aussi qu’un gazoduc n’est jamais entré pleinement en fonction et l’autre a vu ses robinets fermés par la Russie il y quelques semaines. Le Kremlin veut tout d’abord démontrer d’être prêt à tout et qu’il ne craint pas l’escalade. Il peut ainsi mettre dans son viseur les réseaux non protégés qui se trouvent sous mer et qui représentent le nerf découvert de l’Occident. Cela ne concerne pas uniquement la fourniture de gaz mais aussi les connexions numériques concernant le passage de données. Un enchevêtrement d’1,1 millions de kilomètres qui représente le système nerveux de la société globalisée. L’explosion et la fuite de gaz sur la surface de la mer baltique montre bien la vulnérabilité de l’Occident. »

COULISSES, La Stampa, M. Bresolin : « L’Europe craint d’autres attaques. L’Otan doit surveiller les installations » : « Le gouvernement norvégien a alerté son armée afin de surveiller les infrastructures nucléaires et l’autorité nationale pour la sûreté du pétrole a demandé de renforcer la vigilance après le repérage de ‘drones non identifiés’ qui volaient à proximité des plateformes pétrolières et de gaz, en pleine mer : ‘’ il y a un risque d’incidents ou d’attaques délibérées.’’ La situation est extrêmement délicate et le ministre de la Défense letton, Artis Pabrik, a demandé l’intervention de l’UE et de l’Otan pour ‘’qu’une enquête soit menée sur l’incident et pour protéger les infrastructures sensibles ’’. L’Otan a tout de suite lancé des discussions avec les Etats membres pour comprendre ce qui s’est passé en Mer Baltique. L’attention est aussi rivée vers la Méditerranée. Un « incident » pourrait sérieusement compromettre la capacité des pays européens de surmonter l’hiver. Les dommages du Nord Stream pourraient aussi provoquer une nouvelle augmentation du prix du gaz, qui est arrivé hier à 210 euros (+21 %) à la Bourse d’Amsterdam. La tentative de manipuler le marché à travers la fermeture du gazoduc pourrait justifier le sabotage du Nord Stream par la Russie. Si confirmé, il s’agirait d’un acte délibéré de Moscou. Une deuxième hypothèse lie cet épisode au fait qu’hier a été inauguré le ‘Baltic Pipe’, le gazoduc qui relie la Norvège à la Pologne et qui peut transporter jusqu’à 10 milliards de mètres cube par an de gaz vers Varsovie. Entretemps, à Bruxelles, l’Italie a relancé la proposition de plafonnement du prix du gaz qui devrait être appliquée sur tout le méthane importé. La lettre a été signée par 14 Etats, dont la France qui avait initialement exprimé des doutes. Cette proposition sera discutée vendredi lors du Conseil européen sur l’Énergie, tandis que la Commission devrait présenter un plan la semaine prochaine. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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