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15/09/2022

"Salvini-Meloni, presque ennemis."

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Italie. Revue de presse.

La presse italienne titre encore sur l’affaire des financements russes, qui s’invite dans la campagne électorale. Dans l’attente de nouvelles révélations de la part de Washington, on s’interroge sur la possibilité que certains partis italiens puissent être impliqués : « Bras-de-fer sur l’argent de Moscou » - Letta demande des éclaircissements, la dirigeante de Fratelli d’Italia menace de porter plainte. La Ligue affirme n’avoir « jamais pris un sou ». Selon Urso du Copasir, l’Italie ne figure pas dans la liste (Corriere della Sera), « Argent russe, l’Italie figure dans le dossier américain » - Le rapport du National Security Council, préparé par les diplomates et le renseignement, est classifié. Rome n’a reçu qu’un communiqué sans noms (La Repubblica), « Que l’on donne les noms » - Le dossier américain sur les financements russes ressemble plus à un avertissement aux alliés italiens mais la gauche commence à semer le doute. Berlusconi assure : Forza Italia n’est pas impliqué (Il Giornale). Le plan énergétique annoncé par U. von der Leyen à l’occasion du discours sur l’état de l’Union est aussi cité « L’UE annonce 140 milliards d’aides venant des extra-profits des sociétés énergétiques » (Sole 24 Ore), « Enième report du plafonnement du prix du gaz » - Von der Leyen présente le plan d’économies et les aides communautaires mais le prix-plafond est reporté (Il Messaggero), « Dombrovskis : vous n’aurez plus d’argent si vous modifiez le plan de relance » - Le vice-président de la Commission prévient l’Italie. Le gaz et Moscou au cœur du discours de von der Leyen (La Stampa).

Les JT couvrent essentiellement la visite du président ukrainien Zelensky dans les zones libérées, le débat politique autour des potentiels financements russes aux partis, les obsèques à Londres de la Reine Elizabeth II et la nomination de Samantha Cristoforetti à la tête de la station spatiale ISS.

Sur Twitter, le hashtag #Russia en référence à l’affaire des financements russes, fait tendance.

ARTICLE, Corriere della Sera, F. Sarzanini « Le rapport classifié et l’impression d’un avertissement adressé au prochain exécutif » : « Le dossier sur les 300 millions de dollars versés par la Russie dans une vingtaine de pays a été confectionné il y a quelques mois, alors que Joe Biden était déjà à la Maison Blanche. Les informations et vérifications auraient été confiées à des fonctionnaires du département du Trésor sur la base de données collectées par la CIA mais sans impliquer la « National Security ». Voici la première information transmise au gouvernement italien par les canaux diplomatiques et de renseignement. Or, cela ne règle pas le problème crucial de la présence de l'Italie sur la liste des États ayant des partis et des hommes politiques "à leur solde". "Pour le moment, cela n'apparaît pas, mais les choses pourraient changer", déclare le président du Copasir, Adolfo Urso, à l’occasion de sa visite à Washington. Les analystes estiment que la nouvelle explosive diffusée il y a deux jours pourrait en fait être un avertissement, une sorte de mise en garde pour le vainqueur des élections italiennes quant à l'attitude à adopter vis-à-vis de Washington. Raison de plus pour pousser l'exécutif en place à solliciter des informations claires sur les éléments recueillis par les analystes américains. Le choix de laisser filtrer les résultats de manière partielle à ce moment précis en Italie se transforme rapidement en une accusation d'ingérence dans la campagne électorale avant le vote du 25 septembre. Même en tenant compte que ces nouvelles concernent également l’Albanie, le Monténégro, l’Equateur et Madagascar et que les Etats-Unis aient précisé qu’ils étaient en train de contacter les ambassades des Etats concernés, notre ambassade et la Farnesina n’auraient pas été saisies. »

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de M. Galluzzo, « ‘’Nous ne rentrerons pas dans le jeu de Poutine’’ déclare Adolfo Urso en visite à Washington » : « Adolfo Urso, le Président du COPASIR (Comité parlementaire pour la sécurité de la République) et membre de Fratelli d’Italia est à Washington lorsqu’arrive la nouvelle des 300 millions de dollars que les Russes auraient dépensé pour influencer et intoxiquer la politique de plusieurs Etats dans le monde. Pour l’instant, l’Italie n’apparait pas dans la liste, ou du moins il n’y a pas de preuves de contacts, de documents, d’argent ayant transité par le Kremlin avant de finir en Italie pour influencer la vie démocratique. Urso souhaite éclaircir cette affaire le plus vite possible et prend contact avec les services de renseignement américains. Il démontre un certain empressement qui s’explique par l’approche des élections. Entre ses différents rendez-vous dans la capitale américaine, on lui pose beaucoup de questions alors qu’il est venu présenter Giorgia Meloni à nos premiers alliés. Il évoque un moment très délicat, en pleine campagne électorale et veut éviter d’alimenter des polémiques pouvant faire le jeu des adversaires. Il souhaite donc que le gouvernement italien et le Parlement soient informés le plus tôt possible des informations pouvant les concerner. A priori, Fratelli d’Italia ne serait pas concerné, comme le souligne avec satisfaction Urso à la presse qui estime que ‘’les premières réponses négatives qui lui ont été fournies pourraient bien être définitives’’. Le COPASIR doit se réunir demain matin et d’ici là il souhaite tout de même recueillir le plus d’éléments possibles auprès des Américains. Il souligne également que ‘’le centre-droit a toujours soutenu les décisions en faveur de l’Ukaine’’ et que ‘’les Américains apprécient le caractère concret et la clarté de Meloni’’. » 

ARTICLE, La Repubblica, S. De Ricciardis « Le système de Savoini et l’enquête sur le Metropol enlisée par la Russie » - Les négociations de 2018 ressemblent à une anticipation des révélations américaines mais le travail des enquêteurs est en train de s’enliser : Moscou a ignoré toute demande rogatoire : « Un financement caché derrière une opération commerciale destinée à la Ligue par le biais d’intermédiaires et de sociétés autonomes proches du parti. C’était le système de Savoini, le porte-parole de Salvini et fondateur de l’association Lombardie-Russie, proposé autour d’une table de l’hôtel moscovite et qui aurait dû faire entrer environ 65 millions d’euros dans les caisses de la Ligue. Le but de cet argent a été expliqué directement par Savoini à ses interlocuteurs russes ‘’en mai 2019 il y aura des élections européennes. Nous voulons changer l’Europe, une nouvelle Europe qui soit proche de la Russie, comme avant, car nous voulons avoir notre souveraineté’’. Les trois Russes présents au Metropol sont tous très proches du Kremlin et l’un d’entre eux est un ancien agent du renseignement russe et proche de l’idéologue de Poutine, Douguine. Salvini se trouvait lui aussi à Moscou, à l’hôtel Lotte Plaza, à la conférence des patrons russes ‘’ici je me sens chez moi, beaucoup plus que dans d’autres pays en Europe’’ a-t-il dit à cette occasion. » 

ENTRETIEN, Domani, de Lorenzo Guerini, ministre de la Défense et membre du Parti démocrate, « Ce que met en lumière le rapport des Etats-Unis n’est qu’une partie des tentatives d’influence de Moscou ; nous soutiendrons Kiev et nous ne voulons pas changer de position » : « Le dernier rapport des services de renseignement américains mettant en lumière des financements de partis européens par Moscou est très délicat à gérer. Les organismes compétents doivent se saisir de l’affaire, à commencer par le COPASIR. Mais il ne s’agit là que d’une partie de l’histoire des tentatives de la Russie pour influencer les démocraties occidentales. Par ailleurs il est indéniable que certaines forces ou figures politiques italiennes et la Russie de Poutine ont eu, et ont parfois encore, des sympathies et des relations y compris à travers des accords formels de collaboration comme ce fut le cas entre la Ligue et Russie Unie en 2017. L’Italie a choisi dès le début d’aider le peuple ukrainien et nous continuerons à le faire, notamment avec l’envoi d’équipements militaires. L’héroïque contre-offensive de Kiev montre que les objectifs stratégiques des Russes ont échoué : plus tôt Poutine s’en rendra compte, plus tôt on pourra parvenir à un cessez-le-feu et à de véritables négociations pour la paix. Les sanctions vis-à-vis de la Russie sont très importantes et continueront de l’être, et j’éprouve un certain embarras face à qui remet en discussion la nécessité de ces aides ou à une position ambiguë sur les sanctions qui ont démontré leur efficacité. Mais la paix ne peut être confondue avec la capitulation de l’Ukraine. Pour ce qui est de l’Italie, quiconque a l’ambition de diriger notre pays devrait émettre des jugements clairs. Nous avons une histoire, des valeurs, un ancrage euro-atlantique : sortir de cet horizon serait dangereux pour l’Italie et pour ses intérêts de sécurité. L’OTAN et l’UE ont invité Poutine à plusieurs reprises à s’assoir autour d’une table, une prétendue culpabilité de l’OTAN et des gouvernements occidentaux est un refrain de la propagande russe. Concernant les élections, le choix irresponsable du Mouvement 5 Etoiles de de faire tomber le gouvernement Draghi, avec Forza Italia et la Ligue, est un fait politique déterminant dont nous ne pouvons pas ne pas tirer les conséquences. Aujourd’hui nous sommes engagés dans une campagne électorale difficile à laquelle nous dédions toute notre énergie avec la conscience que seul le PD peut vaincre une droite qui a montré qu’elle ne savait pas gouverner ce pays. Je pense que la droite est dangereuse de par ses méthodes, que ce soit sur la grande question des droits comme en matière d’économie. N’oublions pas comme elle a amené le pays au bord de la banqueroute en 2011 et le coût que l’Italie a dû supporter. Dans les sphères internationales j’ai perçu la stupeur face aux choix de certains de discréditer une figure d’autorité et reconnue comme Mario Draghi. J’ai aussi vu que le PD est perçu comme une force qui fait preuve de responsabilité et de fiabilité. La crédibilité du PD est un atout pour l’Italie. » 

COULISSES, La Stampa, de F. Olivo, « Salvini-Meloni, presque ennemis » : « Ils sont sur le point de gouverner ensemble mais ne parviennent plus à feindre d’être d’accord. Matteo Salvini a changé de stratégie, il est à la traine dans les sondages et a compris que les voix qu’il perd vont vers Fratelli d’Italia. Il critique ouvertement certaines positions de son alliée sur le déficit budgétaire et sur les impayés fiscaux mais le véritable problème et leur rivalité. Mais Giorgia Meloni est en tête des sondages et dans ces cas-là on conseille de ne pas réagir aux provocations. Hier elle a pourtant fini par réagir se surprenant que ‘’Matteo Salvini soit plus polémique avec elle qu’avec les adversaires’’. L’impression au sein de Fratelli d’Italia est que la question de l’écart budgétaire ne soit qu’un prétexte pour une tentative désespérée de remonter dans les sondages et préparer les négociations qui seront engagées le 26 pour obtenir un ministère de poids à commencer par celui de l’Intérieur. Depuis le désastre du Quirinal, ils ne parvenaient pas à se rapprocher à nouveau mais l’occasion des élections anticipées étaient trop belle pour être gâchée. Leur désaccord est évident comme par exemple sur les sanctions en Russie mais la trêve devait durer jusqu’à l’élection et le duel pouvait reprendre une fois au pouvoir. Mais le pacte de non-agression semble déjà avoir été rompu. La nouvelle version ‘’modérée’’ de Meloni ne peut plaire à Salvini. L’opération vouée à rassurer les marchés, les chancelleries et la presse internationale ne peut que les diviser. Le dialogue fluide entre Draghi et Meloni pour une transition sans à-coup agace la Ligue et suscite la méfiance. Ils craignent un écroulement, ‘’si nous passons sous la barre des 10% c’est la fin’’ répètent les léghistes et leur leader a donc décidé d’élever le niveau de confrontation et à chaque nouvelle déclaration la tension monte un peu plus. Pour marquer sa distance avec la leader des sondages il lui a demandé un entretien au Sénat ce mardi. Le soir même à la télévision le leader de la Ligue allait jusqu’à faire le rapprochement avec Letta. La confrontation s’est également reportée entre les parlementaires des deux forces. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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