14/09/2022
"Le message de Meloni à l'UE : je n'ai pas besoin de recevoir de brevet de reconnaissance."
Italie. Revue de presse.
La presse italienne titre largement sur les révélations du renseignement américain sur les financements russes à des partis politiques d’environ une vingtaine de pays depuis 2014, le sujet s’invitant désormais dans la campagne électorale, à deux semaines des élections législatives : « L’argent russe aux partis étrangers » - Les États-Unis préviennent les ambassades des pays concernés. La Ligue menace de porter plainte (Corriere della Sera), « Les partis payés par Moscou » - Washington révèle qu’environ 300 millions de dollars auraient été versés pour manipuler la démocratie. Le Palais Chigi a été informé par les États-Unis, sans avoir confirmation d’implications de personnalités italiennes. Le PD et le M5S demandent des éclaircissements (La Repubblica), « L’argent provenant de la Russie aux partis. Letta demande au Copasir d’intervenir » (La Stampa). L’adoption au Sénat du décret sur les aides économiques, prévoyant notamment des fonds pour la rénovation énergétique des bâtiments, est aussi citée en Une « Superbonus et cession du crédit, voici les nouvelles limites pour les responsabilités » (Sole 24 Ore), « Superbonus, les fonds ont été débloqués » (Messaggero). Enfin, la disparition du cinéaste Jean-Luc Godard est citée en Une avec large couverture photographique des principaux quotidiens italiens.
Sur Twitter, les hashtags #Putin et #Russia en référence à l’enquête américaine sur les financements russes aux partis d’une vingtaine de pays, dominent.
ARTICLE, Corriere della Sera, G. Sarcina « Selon Washington, les Russes ont versé 300 millions pour interférer dans 24 pays » : « La nouvelle rouvre la polémique sur les manœuvres planifiées par Moscou pour influencer les dynamiques politiques et sociales d’autres pays, notamment ceux qui sont du côté de l’Alliance Atlantique. Clairement, ces nouvelles venant des Etats-Unis arrivent en un moment très délicat pour l’Italie, qui se trouve en pleine campagne électorale. Le document a été signé par Blinken, qui invite les ambassadeurs à ‘’soulever le problème’’ avec les autorités des pays qui les accueillent. Le gouvernement Draghi fait savoir ne pas avoir été contacté. Les informations viennent d’un nouveau rapport des services de renseignement américains et s’insère sur un ensemble d’enquêtes commencées 7 ou 8 années plus tôt. Dans un rapport de la Commission des affaires étrangères du Sénat américain daté mars 2018, il est possible de lire trois pages consacrées à l’Italie. Les parlementaires concentraient leur attention sur les ‘’positions antisystème’’ et favorables à la Russie, du M5S. Mais il n’y avait pas de preuves concrètes. Dans ce rapport, on mentionnait également certains ‘’soupçons’’ de ‘’certains observateurs’’ au sujet de la Ligue qui ‘’pourrait avoir reçu de l’argent de la part des services de renseignements du Kremlin’’. Dans ce rapport, le commentaire final affirmait ‘’l’Italie peut être une cible pour le Kremlin’’ en soutenant des positions ‘’pouvant affaiblir l’unité européenne sur les sanctions’’ de 2014 contre la Russie. »
ARTICLE, La Repubblica, T. Ciriaco et G. Foschini « Le gouvernement avait été déjà informé sur le dossier. C’est maintenant la chasse aux noms » : « Le Palais Chigi sait que le rapport existe. Et il le sait parce que les Américains, sollicités par les renseignements italiens, le lui ont dit. En revanche, en ce qui concerne la liste des pays concernés et les noms des dirigeants qui ont reçu des fonds de Moscou, le jeu est beaucoup plus complexe. Parce que Rome a demandé à Washington si l'Italie faisait partie du dossier et l'identité de toute personnalité politique impliquée dans l’enquête. Elle l'a fait avec une pression croissante, à partir du milieu de la journée d’hier. Elle l’a fait par le biais de tous les canaux disponibles, donc avec les services de renseignements et la diplomatie. Mais les États-Unis ont donné des réponses vagues avec des raisonnements qui restent encore bien génériques. Cette réserve ne signifie qu'une chose : une opération est encore en cours. Il est clair qu’il s’agit d’une « bombe » à tous les niveaux, politiques et institutionnels. La chasse aux noms pourrait chambouler les équilibres et mettre fin à des carrières politiques. Le fait qu’un éventuel scandale puisse devenir public à onze jours des élections, rend tout ce matériel « explosif ». Les services de renseignements américains, après un premier déni, reconnaissent l’existence d’une liste, ajoutant ne pas être en mesure de donner d’autres éléments. S’agit-il de la vérité ou d’une stratégie ? Nous le saurons dans les prochains jours. Il est également probable que les noms soient rendus public directement par Washington ou par les médias américains. Cela éviterait aussi au gouvernement italien la gêne de devoir décider si et comment intervenir dans le débat électoral, à quelques jours des élections. Et le problème des relations entre les Russes et Matteo Salvini a été soulevé il y a quelques jours dans la Repubblica par une ancienne analyste de la CIA, Julia Friedlander. Hier, dans la soirée, la Ligue a menacé de poursuivre en justice quiconque associerait le nom de la Ligue à cette affaire. »
ARTICLE, La Repubblica, « Fratelli d’Italia veut connaitre les noms, Salvini menace, c’est le séisme en pleine campagne électorale » : « Salvini est nerveux. Il craint un scandale à quelques jours des élections et joue sur la défensive. Tard dans la nuit, son porte-parole diffuse un communiqué dans lequel on affirme que la Ligue est prête à poursuivre en justice ceux qui pourraient l’associer à l’enquête. ‘’Une chose est sûre, le seul à avoir encaissé de l’argent du Kremlin a été le Parti Communiste et récemment le quotidien la Repubblica qui, pendant des années, publiait le supplément ‘’Russia Oggi’’ » fait-il savoir. Le dirigeant de la Ligue attend de voir comment évoluera l’affaire. Il craint de voir se concrétiser ces ombres qui le suivent depuis le début de la guerre en Ukraine et qui rappellent un passé récent où il se promenait avec un t-shirt pro-Poutine où quand il signait des accords avec Russie Unie et devait démentir tout soupçon sur l’affaire du Metropol, l’enquête des relations financières entre le Kremlin et la Ligue dans laquelle l’ancien porte-parole Savoini est visé. Au sein de Fratelli d’Italia, on redoute que cette affaire puisse ternir l’image de la coalition de droite. Le président du M5S Giuseppe Conte a dû lui aussi intervenir, lui qui avait soulevé des doutes sur l’utilité des sanctions contre Moscou et qui, encore hier, critiquait Draghi à propos des armes envoyées en Ukraine. ‘’Nous espérons que personne n’exploitera une question de sécurité nationale pour des intérêts politiques’’ a-t-il dit. Enfin Enrico Letta a demandé à ce que les Italiens soient informés des noms de ceux qui auraient pris de l’argent russe avant la date du 25 septembre : ‘’Les Italiens doivent savoir si les partis de ce pays ont été financés par une puissance, la Russie, qui aujourd’hui est contre l’Europe et qui a envahi l’Europe. Nous demandons donc au gouvernement italien de fournir des informations et au Copasir d’intervenir’’. »
EDITORIAL, Il Messaggero, « La cohésion qui sera indispensable pour gouverner », par Paolo Pombeni : « Au regard des divisions dans chaque coalition, Carlo Calenda estime qu’aucune des deux ne pourra tenir plus que quelques mois à la tête du gouvernement. Il faudra alors revenir au gouvernement d’unité nationale. Mais comment y parvenir ? Il est possible que, pour éviter la perspective d'un retour aux urnes, les membres de la coalition gagnante soient poussés à rester ensemble malgré leurs différences non marginales. Mais cela implique de passer des accords au rabais entre eux, d'accepter les diktats des uns en les faisant payer en acceptant d'autres diktats. C’est ce qui s’est passé déjà sous les gouvernements Conte et cela n’a pas marché. Modestement, nous voudrions rappeler que le choix du modèle parlementaire par nos pères constituants découlait précisément de la conviction qu'il fallait garantir un pluralisme articulé dans ce pays en évitant de figer les scissions en deux camps (ce qui était plutôt facile à l'époque). La force d'un modèle parlementaire sérieux réside dans sa capacité à gérer de manière flexible les questions que les temps changeants posent à la classe politique : une opération qui ne se fait pas en agitant des drapeaux pseudo-idéologiques, mais en se mesurant aux problèmes avec la conviction que leur résolution sérieuse dépend de solutions largement partagées. Il nous semble qu'il est souhaitable de disposer d'un cadre politique pluraliste, articulé et ouvert non pas à l'incivisme mais à des rencontres constructives sur des objectifs pertinents, comme cela s'est produit à de nombreuses reprises dans notre passé. La dialectique, même quelque peu stéréotypée, entre conservateurs et progressistes est très bien, pour autant que l'on laisse l'espace et l'initiative à ceux qui sont capables de saisir qu'en réalité chacun a intérêt à la fois à préserver certains acquis et à progresser sur de nouvelles voies. »
EDITORIAL, IL Foglio, « Pourquoi Meloni remporte le duel face à Letta » par Claudio Cerasa : « Il est inutile de regarder les sondages pour comprendre ce qui se passe et pour comprendre clairement ce qui est apparu de façon limpide lundi dernier lors du débat entre Enrico Letta et Giorgia Meloni : elle fait mieux que son principal rival, Enrico Letta. D’abord parce qu’elle ne lui permet pas de convaincre clairement les électeurs qu’il faudrait renoncer à un gouvernement souverainiste à la tête de notre pays, d’autant que sur bien des sujets, leurs propositions sont proches, du soutien à l'Ukraine, au rapport avec l'OTAN, en passant par la question du déficit. Ensuite car Meloni fait disparaitre des références : Le Pen ? Qui la connaît. Orbán ? Vu par erreur. Vox ? Juste un flirt. Draghi ? Mais vous savez, je l'ai toujours respecté. Alors, oui, les distances sur l'Europe demeurent, car c'est une chose de vouloir une Europe dominée par les gouvernements (souveraineté nationaliste modèle Meloni) et une autre de vouloir une Europe dominée par les institutions (souveraineté européiste modèle Draghi). La démonstration ne fonctionne pas : désigner la Pologne comme le symbole absolu du mal à combattre à un moment où la Pologne se plie en quatre pour lutter contre Poutine, jusqu'à quel point cela peut marcher ? Enfin, comment convaincre en disant que le principal problème de Meloni est lié à la présence dans sa coalition de quelques alliés peu présentables, alors que Letta affirme, entre autres, que les alliés que le PD a choisis sont utiles pour faire campagne mais pas pour gouverner ? »
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de P. Di Caro, “Meloni, objectif ‘’tranquilliser’’ : avec nous vous aurez des réponses et pas un cataclysme» : « Après le meeting de dimanche à Milan, Giorgia Meloni a fait étape hier à Turin, à la conquête d’un Nord qui sera décisif pour la victoire de son parti et son accession à la tête du gouvernement. Elle poursuit en effet son opération de ‘’tranquillisation’’ des différents secteurs économiques, des marchés et des chancelleries étrangères. En marge du meeting turinois, elle donne une interview au Washington Post et intervient à la Confédération de l’artisanat et des petites et moyennes entreprises. Chaque déclaration a pour but d’éloigner d’elle l’image de danger pour la démocratie. ‘’Je ne nie pas avoir critiqué l’UE et, souvent, ses priorités, mais peut-être que dans certains cas nous ne nous sommes pas trompés’’ déclare-t-elle au WP, ‘’je veux que l’Italie joue le rôle qu’elle mérite au sein de l’Europe et je ne vois pas pourquoi le Président du Conseil nommé sur la base d’un consensus populaire clair devrait être un problème.’’ A Turin elle ironise : ‘’La gauche ne parle que de nous !’’ et plus sérieusement ‘’La tentative de Di Maio ou Letta de mettre les médias internationaux contre nous m’énerve réellement : cela génère des tensions qui portent préjudice à notre pays. En étant à l’opposition je n’ai jamais mal parlé de mon pays à l’étranger’’. Elle tente de rassurer également sur le plan économique et, face à Matteo Salvini qui réclame une nouvelle dépense de 30 milliards, elle réplique encore une fois qu’elle ‘’ne le juge pas nécessaire à ce jour car les ressources sont bien là entre les fonds européens, les recettes fiscales supplémentaires de l’Etat et la taxe sur les super profits’’. Elle précise par ailleurs ‘’si un prix-plafond n’est pas introduit sur le gaz, nous creuserions notre dette pour faire cadeau de ces 30 milliards à la spéculation des géants du secteur énergétique’’. Elle ne renonce pas pour autant, lors de son meeting, aux thèmes identitaires, des droits civils (non à l’adoption pour les couples gay) et de la ‘’défense des valeurs chrétiennes’’. »
Giorgia Meloni à Turin
ARTICLE, Il Messaggero, « Le message de Meloni à l'UE : je n'ai pas besoin de recevoir de brevet de reconnaissance ». Et le soutien de Sanna Marin : "Je n'ai pas besoin de me sentir acceptée" par l'UE. "Et je ne me considère pas comme une menace, une personne monstrueuse ou dangereuse. Si les Italiens le veulent, je dirigerai le gouvernement". C’est ce que déclare Giorgia Meloni, dans une interview accordée au Washington Post qui la désigne comme la probable "première femme Premier ministre d'Italie". Après avoir déclaré qu'elle aurait aimé être "interprète ou traductrice", la dirigeante du FdI se propose pour le Palazzo Chigi, en précisant que "la décision finale appartient" cependant "au président de la République". Meloni, dans le journal américain, qualifie son parti de "conservateur" et admet que, face à la possibilité de diriger le gouvernement, ses "mains tremblent" : "Nous nous retrouverions à gouverner l'Italie dans ce qui est peut-être l'une des situations les plus complexes qui soient. Dans le contexte européen, nous sommes en bas du classement pour tous les facteurs macroéconomiques, notre dette publique est totalement hors de contrôle. Nous sommes confrontés à une pauvreté croissante". Quant au rapport avec l'Europe et à la méfiance avec laquelle une éventuelle victoire est perçue à Bruxelles, Meloni souligne que les Italiens "sont libres d'élire qui ils veulent" : "Si nous gagnons les élections, lorsque nous présenterons la première loi de finances, peut-être qu'à l'étranger on remarquera qu'il y a des partis plus sérieux que ceux qui ont augmenté notre dette pour acheter des tables de classe à roulettes (référence à une mesure du gouvernement Conte II pour les écoles, ndlr). Je n'ai donc pas besoin de me sentir acceptée". Et la Première ministre finlandaise, Sanna Marin, lui apporte son soutien : "Les Italiens ont le droit de choisir et de voter pour qui ils veulent".
ARTICLE, Sole 24 Ore, « Conte affiche sa distance avec le Pd : non à un nouvel envoi d’armes en Ukraine » par Emilia Patta : « Conte remporte son pari avec la défense du super-bonus de 110% dans le décret d'aide qui vient d'être approuvé au Sénat, et accuse le PD d'avoir mené une campagne de dénigrement contre les M5S ("maintenant Letta doit s'excuser, grâce à nous une solution a été trouvée pour 40 000 entreprises de construction, travailleurs et familles qui avaient été oubliés par tout le monde"). Et il n'y a pas que la défense à fond du revenu de citoyenneté, l'autre bannière qui semble apporter des voix aux 5 étoiles, surtout dans le Sud, où dans de nombreux endroits ils sont le premier parti. Le fossé entre le président du M5, Giuseppe Conte, et le secrétaire du Pd, Enrico Letta, est toujours marqué, en arrière-plan, par la question de la guerre en Ukraine et l'envoi d'armes. Le mot d'ordre des 5 étoiles reste ce "non au réarmement" qui a d'ailleurs ouvert la crise du gouvernement Draghi en juin dernier. Hier, à l’occasion du feu vert de la commission de la défense du Sénat au lancement des programmes de réarmement, seuls les 5 étoiles ont voté contre. Un pacifisme de Conte, qui, aux yeux de Letta, frise une dangereuse neutralité dans la guerre en cours. D'où l'éloignement entre les deux, et donc les calculs du président du M5s pour l'avenir : "Avec la direction actuelle du PD, il ne sera pas possible de reconstruire l'alliance », même si Letta se montre optimiste : "Si on me demande si nous dialoguons plus facilement avec Salvini et Meloni ou avec Conte et Calenda, il est clair que la réponse est Conte et Calenda, donc toute forme de dialogue après le vote aura plus facilement Conte et Calenda comme interlocuteurs".
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco « Le « camp » de gauche et l’opération nostalgie entre les anciens alliés » : « L’opération nostalgie est en train d’apparaitre évidente. Une nostalgie pour le « camp large », qui signifie l’alliance entre le PD et le M5S, mise en échec par la décision de Conte de contribuer à la crise du gouvernement Draghi. Pourtant, depuis quelques jours, il est possible de capter des signes prouvant une volonté allant au-delà du simple dialogue, une fois que les élections seront terminées. Il suffit de voir les déclarations du ministre 5 Etoiles Patuanelli qui a salué hier l’ancien dirigeant du PD Zingaretti avec ces mots ‘un bonjour nostalgique à l’idée d’une coalition large. Une idée que nous pouvons peut-être recréer’’. Cela semble vraiment un message crypté adressé aux ministres du PD qui n’ont pas métabolisé ni la rupture avec Conte ni la décision du dirigeant démocrate de soutenir Draghi. Letta sait très bien que la rupture entre les deux partis a laissé une longue liste de nostalgiques appartenant aux deux camps. Les 5 Etoiles tentent de séduire les électeurs de gauche au Sud, en se présentant comme les « pères » du revenu de citoyenneté. Conte l’a dit ‘’au Sud nous serons le premier parti’’ : c’est une tentative de se présenter après les élections comme un interlocuteur ayant une position de force d’un camp de gauche considérée comme voué à la défaite. »
PREMIER PLAN, La Repubblica, de S. Mattera, « Du superbonus au smartworking, voici le nouveau décret d’aides » : « Les ménages aux revenus modestes continueront à bénéficier d’aider et de tarifs spéciaux sur leurs factures d’énergies et le seuil des revenus va être augmenté. Pour les employés, la réduction des charges sociales passe de 0,8% à 2% jusqu’à la fin de l’année pour les salaires inférieurs à 35 000€. Les pensions de retraites inférieures à 2 692€ vont être revalorisées. Les charges pour les entreprises sont réduites et la TVA sur le gaz est maintenue à 5%. Les entreprises les plus énergivores continueront à bénéficier d’un crédit d’impôt de 25% et de 15% pour les entreprises ‘’gazivores’’. Pour les employés, l’exemption des charges sur les avantages en nature est étendue. La réduction de 30 centimes par litre d’essence est prolongée jusqu’au 17 octobre. Au travail, le smartworking fait son retour pour les travailleurs fragiles et les parents d’enfants de moins de 14 ans, au moins jusqu’à la fin de l’année. La mesure était vivement souhaitée par le ministre du Travail Andrea Orlando et fait l’objet de 18,66 millions d’euros pour 2022. Le décret comprend en outre des aides pour les communes, pour renforcer les bonus sur les transports et les séances chez le psychologue mais aussi les piscines, avec un fonds de 50 millions d’euros. Le système d’élection du COPASIR (Comité parlementaire pour la sécurité de la République) qui sera nommé sous sa forme définitive 20 jours après la naissance du gouvernement. Les contrats des personnes embauchées à durée déterminée au sein de l’administration dans le cadre du PNRR seront pérennisés à partir de janvier 2027. Il y a aussi une contribution biennale de plus de 300 millions à l’entreprise italo-française STMIelectronics pour encourager la production nationale de micro puces. »
PREMIER PLAN, La Repubblica, d’E. Lauria, « La droite dresse déjà les barricades [suite aux annonces de l’UE sur la réduction de la consommation d’électricité] : ‘’Abaissons les prix plutôt que de couper l’électricité’’ » : « Perplexité, défiance, scepticisme, le doigt est pointé sur l’Europe. La solution des réductions de la consommation d’électricité imposée aux familles et aux entreprises ne plait pas à la droite. L’idée est qu’il existe des alternatives qui n’ont pas été correctement envisagées et que l’Europe est une marâtre qui entre chez les gens pour éteindre les interrupteurs. Naturellement, certains apportent des nuances, comme le responsable du programme de Fratelli d’Italia qui estime qu’avant de s’attaquer au privé il faut d’abord éliminer le gâchis dans le secteur public, notamment par les communes. Ce sénateur de FDI préférerait notamment parler d’abord de ‘’l’accord privilégié avec Gazprom qui permet à l’Allemagne de ne payer qu’un tiers du prix du gaz’’. S’il estime que l’idée de réduire la consommation n’a rien de scandaleux eu soi, il regrette qu’on en arrive à couper l’électricité parce qu’on ne parvient pas à un accord sur le plafonnement des prix et sur la dé-corrélation entre électricité et gaz. Pour la Ligue, le problème ce sont les prix et qu’il faut les réduire pour pouvoir demander des sacrifices. Les petites entreprises ou les plus énergivores finiront par souffrir de la concurrence avec le marché extra-européen. D’autres léghistes sont plus tranchants et s’agacent de l’attitude de Bruxelles qui ‘’prend goût à imposer’’ les choses. »
COULISSES, La Repubblica, de S. Mattera, « Le gouvernement italien freine : pour mettre en œuvre les règles européennes il faut attendre le nouvel exécutif » : « Il n’existe pas encore de plan italien pour rationner la consommation d’électricité. Jusqu’à présent, Mario Draghi a demandé à ses ministres de travailler afin d’éviter des économies obligatoires, en accord avec les entreprise et en misant sur la sensibilisation des citoyens. Mais la direction prise par la Commission fait réfléchir le gouvernement encore en place. La priorité est d’éviter que économies d’énergie à caractère obligatoire n’impactent trop la croissance, de plus en plus fragile. Par ailleurs le plan permettant de respecter les nouvelles obligations européennes devra probablement être mis au point après les élections, par le prochain gouvernement. Draghi peut tout au plus préparer le terrain. La proposition européenne impactera les familles, avec les compteurs moins d’énergie pourrait arriver dans les foyers. Les horaires les plus critiques sont compris entre 10h et 12h et entre 17h et 20h. L’idée est de limiter l’impact au maximum mais si le projet de l’UE entre en vigueur, il sera difficile de ne pas demander leur contribution aux citoyens. L’hypothèse serait alors de compenser la gêne par un bonus sur leur facture. Mais c’est l’impact sur les entreprises qui inquiète le plus la Présidence du Conseil. Le ministre de la Transition écologique a engagé les discussions depuis plusieurs semaines avec la Confindustria dans le but d’éviter les rationnements. Il n’est pas possible de demander des réductions à certains secteurs comme ceux de l’alimentation, de l’agriculture ou des transports, mais l’on peut tenter de rationnaliser et revoir les activités de production en misant davantage sur les heures creuses. Enfin, sur les prix, le troisième décret d’aides aux familles et aux entreprises attendu en fin de semaine, devrait comprendre un mécanisme national de dé-corrélation des prix du gaz et de l’électricité. En attendant le ‘’plafonnement des prix du gaz à 60-65% des cotations actuelles’’ qu’il demande à l’UE, le ministre Cingolani doit signer aujourd’hui le décret pour garantir 20 TW/h d’électricité issue de sources renouvelables et à un prix administré aux entreprises énergivores. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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