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08/09/2022

"La métamorphose de Meloni a déplacé la campagne du Parti démocrate."

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Italie. Revue de presse.

Le plan présenté par la Commission européenne sur l’énergie et ses principaux aspects, en parallèle avec les menaces de Poutine aux Etats occidentaux sur le gaz et les céréales, font les gros titres de la presse italienne : « L’Europe demande à Poutine d’arrêter son chantage et décide de plafonner le prix du gaz » - Le Kremlin menace d’interrompre également la circulation des céréales (Corriere della Sera), « Poutine : je ferai plier l’Occident avec le blé et le gaz » - Selon le Département d’Etat américain, Moscou réagit de cette manière car les sanctions fonctionnent (La Repubblica), « Energie, le plan de l’UE en cinq points dont le prix-plafond et la taxation des superprofits » (Sole 24 Ore), « Gaz, l’UE accélère sur le prix-plafond. Poutine menace de bloquer l’exportation du blé » (Messaggero). La politique intérieure, avec notamment le débat autour d’un second décret sur les aides économiques aux ménages et aux entreprises est aussi citée : « Le décret sur les aides est reporté » (Corriere), « Aujourd’hui le Conseil des ministres discutera du nouveau décret sur les aides » (Sole 24 Ore), « Enrico Letta : Ils veulent chasser Mattarella » - Le leader démocrate s’oppose à la proposition de Meloni de créer une commission bicamérale pour modifier la constitution (La Stampa).

Les JT couvrent essentiellement la « crise du gaz », reprenant à la fois les déclarations du Président V. Poutine et celles de la Présidente de la Commission Européenne U. von der Leyen, la réunion du conseil des ministres en vue de l’adoption des mesures économiques pour aider les ménages et les entreprises face à la hausse des prix énergétiques, l’incendie meurtrier dans une zone industrielle à San Giuliano près de Milan et l’attentat au Mozambique faisant un mort et plusieurs blessés parmi des religieux italiens.

ARTICLE, Sole 24 Ore, « Draghi atteindra 29 des 55 objectifs du PNRR avant son départ, le nouveau gouvernement devra s’occuper des autres » par Carmine Fotina et Giorgio Santilli : « Le palais Chigi a dressé un tableau de 29 mesures et objectifs que le gouvernement actuel veut mener à bien d'ici octobre et de 22 autres qui seront achevés entre novembre et décembre. Pour ne citer que les principales réformes qui font l'objet de l'attention de Bruxelles et que Draghi veut achever, on retrouve la réforme de la justice pénale et civile. En revanche, la nouvelle loi sur la concurrence sera laissée au prochain exécutif. Ce que le gouvernement Draghi peut encore faire, lorsque les conditions techniques (et politiques) le permettent, c'est d'entamer le processus d'examen de certaines mesures prévues pour la fin de l'année, avec une première approbation en conseil des ministres, quitte au prochain gouvernement de prouver qu’il est en mesure de les réaliser dans les temps impartis. Certains décrets nécessitent des avis du Conseil d'État et du Parlement, ce qui n'est ni facile ni rapide. Il est facile de manquer de temps et l'UE ne pardonne pas. D'autant plus que le prochain Parlement et le prochain gouvernement seront libres de modifier le texte approuvé au préalable. Les tensions se concentrent sur les concessions balnéaires. La loi est entrée en vigueur le 27 août (c'était l'un des objectifs de fin d'année). Mais selon le calendrier du PNRR, les 19 mesures d'application doivent également être approuvées d'ici la fin de l'année : sept décrets législatifs, pour autant de délégations au gouvernement, six décrets ministériels et six autres actes. Ils font donc partie des objectifs que le gouvernement actuel n’atteindra pas. Le principal décret sur les concessions balnéaires est pratiquement prêt et "en route" vers le ministère du tourisme, où il pourrait toutefois être bloqué, étant donné que le ministre léghiste Massimo Garavaglia, a déjà fait savoir que le dossier devra passer par le vote. Il convient d'ajouter que l'avis (non contraignant) du Conseil d'État est nécessaire dans un délai de 45 jours et que, seulement après cela, le décret doit être envoyé aux commissions parlementaires compétentes, qui ont ensuite 30 jours pour donner leur avis avant que le gouvernement ne puisse procéder à l'approbation finale. Inévitablement, compte tenu du vote du 25 septembre, c'est le nouveau Parlement qui donnera son avis, mais le risque est grand que le démarrage après l'entrée en fonction du nouveau gouvernement ne soit pas réalisé à temps. »

COMMENTAIRE, Sole 24 Ore, par Lina Palmerini « La métamorphose de Meloni a déplacé la campagne du Parti démocrate » : « Le Pd va-t-il changer sa stratégie électorale d'ici le 25 septembre ? Le bilan au sein du parti à la lecture des sondages est amer, et on devrait oublier les slogans qui n'ont pas pris racine, du danger fasciste à la menace anti-européenne. La campagne a été axée sur ce danger, de façon binaire. Mais plusieurs éléments ont entravé la stratégie du PD : d’abord que Meloni ne fait pas campagne en poussant à outrance les thèmes qui lui avaient permis de passer de 4 à 24% (environ) - anti-européisme, souverainisme jusque dans les comptes publics, attaque des droits façon Vox -, mais au contraire, en disant qu’elle n’est pas contre l’Europe  - elle l'a dit en trois langues - et pratique la discipline budgétaire en soutenant Draghi dans l’opposition au creusement de la dette à l’inverse  de son allié Salvini. Elle est même allée à Cernobbio [le mini-Davos des patrons italiens] avec un discours rassurant alors qu'autrefois - pour elle et FdI - c'était la maison du diable, habitée par des puissances financières qui volent le peuple. En bref, ce que Letta pensait être l'adversaire le plus facile, sur laquelle il pouvait déverser toute la rhétorique contre la droite, a soudainement pris une autre forme. Plus elle se rapproche de l'objectif du gouvernement, plus elle s’aligne sur les choix de Draghi. Une pirouette qui a fait vieillir d’un coup la stratégie du PD. Le deuxième facteur de désorientation pour Letta est le "troisième pôle". Les Italiens ne croient plus au bipolarisme, comme en témoignent les sondages qui - du moins jusqu'à présent - donnent Conte et Calenda tous deux en hausse. Ainsi, l'autre stratégie, celle du vote utile, devient aussi inutile. Apparemment, Bonino d'une part et Fratoianni d'autre part ne suffisent pas à couvrir des électorats manifestement plus exigeants. Et il ne sert à rien de blâmer Renzi pour la loi électorale, puisque toutes les grosses pointures du PD ont voté pour elle et ont été investies par Letta (dans des circonscriptions blindées, d'ailleurs). La réalité est que l'on n'a même pas essayé de modifier le Rosatellum parce qu'il était utile pour un choc gauche/droite. Ce que Letta n'a pas pris en compte, c'est la mutation de Meloni ».

PREMIER PLAN, La Repubblica, de L. De Cicco, « Les jeunes de 18 ans qui voteront pour la première fois, les jeunes diplômés et les plus de 50 ans : le portrait-robot des indécis » : « Dans cette campagne électorale, les indécis sont particulièrement courtisés et convoités, notamment par ceux qui espèrent encore renverser les pronostics. Et pour l’instant, à l’approche du scrutin, la part des indécis ou de ceux qui comptent s’abstenir augmente au lieu de diminuer. Ils seraient même 42% des électeurs d’après la dernière étude de Youtrend et tous les instituts de sondages estiment qu’un bon tiers des électeurs n’a pas encore fixé son choix, même si 10% se déplacera tout de même aux urnes. Qui sont-ils ? On compte une grande partie de jeunes sortants du lycées qui voteront pour la première fois et de jeunes diplômés confrontés pour la première fois au monde du travail, à la précarité et au premier logement avec, actuellement, des factures record. C’est ce qui explique la course des leaders pour s’inscrire sur Tiktok, réseau social des très jeunes. Mais les plus de 50 ans figurent également parmi ces indécis. Le niveau d’étude est en général moyen voire bas, 46% d’entre eux ont au maximum le brevet. La plupart sont sans emploi, femmes au foyer et étudiants. De plus, d’après Euromedia Research, un indécis sur quatre réside dans le Nord Est de la Péninsule : en Vénétie, où sont candidats Letta et Salvini qui cherche à stopper l’hémorragie voix en faveur de la Ligue, dans le Frioule autre fief de la Ligue, le Trentin et l’Emilie-Romagne. Mais ce sont des indécis qui ‘’au final se décideront’’, ils iront voter ‘’car c’est la part productive du pays, sensible au système de pouvoir sous lequel ils devront travailler’’. 70% des bulletins blancs seront remis par des femmes, en colère et peu impliquées jusqu’à présent.  Toujours selon Euromedia, la participation devrait se situer entre 68 et 72% le 25 septembre. Pour les indécis, la dernière semaine sera fatidique. Jusqu’à présent c’est plutôt Fratelli d’Italia qui a récupéré les désabusés : ‘’51% des électeurs de Meloni viennent de la Ligue et 15% avaient voté pour le M5S en 2018’’, d’après Noto sondaggi. »

SONDAGE, Fatto Quotidiano « Le PD abandonné par les travailleurs » : « D’après un récent sondage réalisé par Cluster 17, la coalition de droite s’impose dans à peu près toutes les classes sociales, alors que le M5S devance les autres auprès des électeurs des classes sociales les plus pauvres. Le PD, lui, est fort uniquement auprès des classes très aisées au revenu de plus de 5 000 euros mensuels (35%). Le M5S est le premier parmi ceux dont le revenu s’élève à 1000 euros (28%). C’est la preuve de décennies de désertification par les partis de gauche des secteurs populaires, où le PD ne représente pas grand-chose, à peine 10%. Le M5S, en revanche, est bien plus haut auprès des ouvriers (20%) et les chômeurs (18%). A droite, c’est surtout Fratelli d’Italia qui est populaire dans toutes les classes sociales, notamment : les professions libérales (27%), les employés (30%), les ouvriers (28%) et les retraités (28%). »

PREMIER PLAN, La Repubblica, d’E. Lauria, “Meloni dans la forteresse noire de l’Aquila ‘’tenez-vous prêts, tout pourra arriver’’ » : « ‘’Voici maintenant devant vous le futur Président du Conseil des ministres’’ lance le maire FDI de l’Aquila pour annoncer Giorgia Meloni. D’ailleurs, parmi ses fans, personne n’en doute plus. L’Aquila est un fief qui a offert au parti son premier chef-lieu de région et son premier président de région et où Giorgia Meloni a décidé de se présenter seule et en personne aux élections pour la Chambre. Le parc de la ville est plein mais pas à craquer et il y a une foule non négligeable de curieux. Des journalistes venus d’Espagne, de France, d’Allemagne et des Pays-Bas sont présents. La leader de droite lance son meeting, bref mais identitaire. Elle ne parle ni de politique étrangère, ni d’économie mais invite à se ressouder pour décider ‘’si cette nation sera libre ou non’’. ‘’Je rêve pour les jeunes d’un avenir basé sur le travail, pas sur la dépendance vis-à-vis de l’Etat’’ répond-elle à Giuseppe Conte à propos du revenu de citoyenneté. Elle ne cite ni Salvini ni Berlusconi. Elle se définit comme la ‘’Parlementaire de l’Aquila’’ et FDI revendique le ‘’modèle des Abruzzes’’ porté par ces nouveaux maires et président de région qui ont ‘’rompu avec des décennies de gauche’’. Ils disent ire de ceux qui craignent l’arrivée de la droite au pouvoir alors qu’ils sont si ‘’calmes et attentifs aux comptes’’. Le maire de l’Aquila nie toute nostalgie de leur part. »

PREMIER PLAN, La Repubblica, de S. Cappellini, « Point serré et résistance, Mélenchon en star au Quadraro, ‘’Conte ne doit pas récupérer mon nom’’ » : « Le quartier de la périphérie romaine associé à la résistance contre le nazisme a accueilli Jean-Luc Mélenchon comme si c’était John Lennon qui arrivait : applaudissements, cris puis en cœur ‘’résistance, résistance !’’. Le leader de la France Insoumise se présente bras dessus bras dessous avec Luigi De Magistris, ancien maire de Naples et désormais leader de l’Union populaire. Mélenchon dit vouloir apporter son soutien à ‘’ceux qui défient les fascistes’’ c’est-à-dire à Potere al popolo, Rifondazione comunista et autres pans de ce qu’on appelait avant la gauche radicale réunis autour de De Magistris pour ces élections. 400 personnes sont présentes, dont beaucoup de jeunes, beaucoup de drapeaux rouges et de banderoles pacifistes, pas une seule ne citant Poutine. ’’J’aurais voulu venir ici en tant que Président français’’ commence-t-il avant de dire toute son ‘’admiration pour le mouvement ouvrier Italien et le PCI, le plus créatif et le plus joyeux’’. Mélenchon apostrophe l’Unione popolare, ‘’votre programme est mon programme’’, seul parti à ses yeux qui représente le peuple alors que ‘’les autres ne pensent qu’à retourner leur veste pour survivre’’ et Giuseppe Conte, qui au second tour des présidentielles en France s’était refusé de choisir entre Macron et Le Pen mais qui tente aujourd’hui de se poser en Mélenchon italien, a surement eu les oreilles qui sifflaient. Il aurait même demandé à Potere al Popolo d’empêcher Giuseppe Conte de récupérer son nom, n’ayant aucun rapport avec le Mouvement 5 Etoiles. Il plaisante avec le traducteur et galvanise la foule comme peu de politiciens italiens savent le faire aujourd’hui. »

ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Massimiliano Fedriga (Ligue), Président de la région Frioul-Vénétie-Julienne, « L’autonomie des régions est une priorité et le Plan national de relance doit être revu » : « Je crois fermement en l’autonomie des régions. Même une région qui est traditionnellement à gauche, comme l’Emilie-Romagne, a demandé de pouvoir bénéficier d’une autonomie différentiée. Je crois aussi au présidentialisme, c’est un modèle qui, à l’instar de celui pour élire les présidents des régions, assure une stabilité pendant des années. Quant au Plan de relance, il a été écrit dans une période bien différente par rapport à aujourd’hui : sans guerre, sans inflation, sans la flambée des prix de l’énergie et des matières premières. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)