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30/08/2022

"La Sicile divise la droite : Meloni et Salvini, en paix seulement pour la photo. On se dispute sur le blocus naval."

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Italie. Revue de presse.

La presse italienne titre largement sur la perspective d’un prix-plafond européen du gazjugeant que désormais l’Allemagne serait « ouverte » à la proposition, en vue du conseil extraordinaire du 9 septembre, le sujet étant désormais entré dans la campagne électorale italienne : « Pressions pour fixer un plafond au prix du gaz » - Berlin fait des concessions à l’hypothèse de décorréler les prix d’électricité aux cours du gaz. Salvini et Meloni signent la trêve, Letta et le défi des voix au Nord (Corriere della Sera), « Gaz, Berlin fait des concessions » - L’Allemagne serait prête à négocier sur la proposition italienne, la réunion du 9 septembre sera décisive (La Repubblica), « L’Europe réagit face à la flambée du gaz » - Le plan pour mettre fin à la dépendance de Moscou se concrétise. Von der Leyen prévient : il faut s’attendre à la fermeture des robinets russes (La Stampa), « Gaz et électricité, Bruxelles prépare un plan » (Sole 24 Ore), « Gaz, encore dix jours pour les aides économiques » - L’intervention de Draghi pour limiter l’envolée des prix énergétiques ne se fera pas avant le Conseil européen du 9 septembre. L’Allemagne et von der Leyen accueillent favorablement la proposition italienne contre la flambée des prix (Il Messaggero). La guerre en Ukraine, et notamment la contre-offensive de Kiev dans la région de Kherson et les frappes près du site nucléaire de Zaporijjia, est également citée en Une : « Frappes sur Zaporijjia, et Kiev attaque dans le Sud » (Corriere della Sera), « Kiev lance sa contre-offensive antirusse à Kherson » (Repubblica).

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, d’E. Marro et F. Savelli, « Factures et entreprises, le gouvernement cherche des fonds ; les interventions seront déployées en deux temps » : « Hier le prix du gaz a connu un léger recul sur le marché d’Amsterdam, retombant à 296€/ MWh. En Italie, plusieurs réunions techniques se sont tenues au gouvernement afin de réfléchir aux prochaines mesures pour limiter la hausse des factures. Elles pourraient être déployées en deux temps. D’abord à travers un amendement au deuxième décret d’aides aux ménages et aux entreprises (décret dit ‘Aiuti bis’), peut-être dès la semaine prochaine et que le Parlement transformera en loi à la mi-septembre. Ces mesures couteraient entre 5 et 10 milliards et comprendraient notamment le renforcement des anciennes mesures comme le crédit d’impôt pour les entreprises. Un peu plus tard, un nouveau décret-loi pourrait être approuvé par le gouvernement actuel mais serait converti en loi par les prochaines Chambres. Cette deuxième intervention, qui devrait être approuvée par l’ensemble des forces politiques, introduirait d’autres aides en fonction de l’état des comptes publics et de la marge de manœuvre qui émergera de la Note de mise à jour du document d’économie et de finances. Il s’agit en effet d’éviter les ‘’écarts budgétaires’’ [creusement du déficit] contrairement aux propositions de certains partis, à commencer par la Ligue de Matteo Salvini qui demande des mesures pour 30 milliards d’euros. Le gouvernement italien avait prévu, pour le troisième trimestre, des prix du gaz et de l’électricité respectivement à 91€ MWh et 237€ MWh et à la mi-août les tarifs ont dépassé les 300 et 600€. Le prolongement du crédit d’impôts sur le quatrième trimestre pour les seules entreprises énergivores, avec une réduction de 25%, couterait 12 milliards à lui seul. La réunion du Comité d’urgence sur le gaz est attendue, devant travailler sur un éventuel plan de rationnement aux entreprises. Enfin, 17 TWh achetés par le GSE à un prix bien plus bas pourraient être débloqués afin de limiter le coût pour les entreprises les plus énergivores. Cela constituerait une première étape dans la dé-corrélation entre marché du gaz et marché de l’électrique. »

COMMENTAIRE, La Repubblica, de S. Folli, « Les partis, le gaz et l’UE, un banc d’essai » : « En apparence, les forces politiques s’accordent pour une intervention rapide pour faire face aux coûts exorbitants du gaz. Un semblant d’unité nationale presque surprenante mais en réalité les choses sont plus compliquées. Les entreprises sont au bord de la rupture. Les solutions sont particulièrement complexes. D’abord au niveau européen, avec un plafonnement du prix du gaz impliquant un accord contraignant entre gouvernements de l’UE. Cela nécessite de convaincre l’Allemagne et qu’elle-même parvienne à vaincre l’hostilité des Pays-Bas. On éviterait ainsi la course individuelle de chaque pays pour se fournir et une augmentation quasi certaine du déficit. La deuxième solution est justement celle-ci : écarter l’Europe pour adopter une ligne semi-autarcique. Lorsque Matteo Salvini propose une limite à la hausse des prix garantie par l’Etat sur le modèle français d’Emmanuel Macron, il est évident que la différence avec les prix du marché sera à charge des finances publiques. C’est la volonté de faire confiance à Draghi qui détermine le choix d’une solution plutôt qu’une autre. Ceux qui veulent éviter d’augmenter le déficit sont confiants quant au plafonnement rapide des prix du gaz et comptent sur la réunion extraordinaire des ministres de l’énergie le 9 septembre. Pour Draghi, ce serait un succès politique qui lui permettrait de rester influent dans la phase post-électorale. Les autres préfèrent les solutions nationales et soyons clairs, rien n’empêche de les ajouter à des mesures européennes. Jusqu’à présent le gouvernement mise tout sur une entente européenne sur le gaz et les forces politiques semblent hésiter. Rien n’empêcherait une initiative parlementaire pour amender le fameux décret ‘Aiuti’ mais cela pourrait déplaire aux soutiens de Draghi qui voteraient contre. Ainsi, le temps presse mais on attend. C’est particulièrement surprenant de la part de Giorgia Meloni, à la tête du principal parti d’opposition, et qui défend une ligne très proche de celle de la Présidence du Conseil : pas de nouveau déficit et la confiance en un accord européen. En réalité, la question énergétique s’impose comme le banc d’essai des personnalités qui pourront ou non être des interlocuteur fiables pour l’Union européenne : si Matteo Salvini ne l’a pas encore compris, la leader de Fratelli d’Italia semble l’avoir compris. »

ENTRETIEN, La Repubblica, d’Andrea Orlando, ministre du Travail, par V. Conte, « “La taxe sur les profits exceptionnels des entreprises de l’énergie peut aller au-delà des 25%” » : « “Une intervention rapide pour venir en aide aux ménages et aux entreprises est nécessaire, quitte à augmenter le déficit, mais seulement pour faire face à l’urgence énergétique et seulement si nous n’avions pas d’alternative et que l’Europe n’arrivait à fournir de réponse structurelle à travers le plafonnement des prix du gaz. Il ne faut pas non plus abandonner la taxe sur les « super-profits », je suis même favorable à un taux d’imposition supérieur à 25%. Les lois doivent être respectées et avec la crise énergétique, l’Etat ne peut pas renoncer à ces ressources. Je suis pour tenter de rééquilibrer les choses entre les secteurs en grande souffrance et ceux qui ont fait des profits record. Au niveau mondial on travaille par exemple à une taxation unique pour les grandes plateformes numériques. Notre pays est plus exposé que d’autres du fait de notre dette publique. Les travailleurs pauvres ont augmenté, atteignant 12-13%. Cela augmentera avec l’inflation et on risque une très forte crise sociale. Nous devons réorienter les subventions pour rendre plus avantageux les contrats à durée indéterminée. La baisse des charges fiscales et le salaire minimum sont deux mesures différentes qui ne s’excluent pas. Matteo Salvini lance des chiffres au hasard, il ne se soucie pas du coût des mesures qu’il propose et fait croire que c’est l’Europe qui s’y oppose. Au cours des dernières années nous avons vu le contraire : nous sommes plus forts si l’Europe est plus forte. Sur le plan énergétique, aucune piste ne peut être exclue, pas même celle des tarifs administrés au niveau national et de la séparation des prix de l’électricité issue des énergies renouvelables et ceux du gaz. »

PREMIER PLAN, La Repubblica, C. Reale, « La Sicile divise la droite : Meloni et Salvini, en paix seulement pour la photo. On se dispute sur le blocus naval » : « La séance-photo d'hier à Messine des deux leaders rivaux du centre-droit n'est rien de plus qu'un expédient pour empêcher les journaux de parler de divisions. Dès que Meloni change de rythme par rapport aux dernières semaines, en s'ouvrant à un travail désormais jugé « nécessaire », Salvini revient à son vieux cheval de bataille, les migrants, en relançant ses décrets sécuritaires que la Cour constitutionnelle avait partiellement rejetés. « Les blocus maritimes ne sont pas nécessaires », dit-il, « il suffit de réactiver les décrets de sécurité ». « Le blocus naval  – rétorque plutôt Meloni – est la seule proposition sérieuse qui puisse être faite : une mission européenne en accord avec les autorités libyennes ». « Difficilement réalisable », conclut Salvini.  La véritable compétition se joue sur la Présidence du Conseil. Après le déjeuner, cependant, le ton s'adoucit : tandis que Meloni s'en prend aux artistes, de Levante à Elodie, qui se sont liguées contre elle, Salvini se dit très ouvert sur le poste de Présidente du Conseil pour Meloni : « Pourquoi devrais-je m'y opposer ? ». Il y a toutefois une autre possibilité, car selon Salvini : « Je crois que le jeu n'est pas fermé », « celui qui gagne et prend une voix de plus que les autres doit avoir l'honneur et la charge de gouverner ce pays ». »

ENTRETIEN, La Stampa, de Luigi Di Maio, ministre des affaires étrangères et fondateur d’Impegno Civico « Si la droite devait l’emporter, elle ne parviendrait pas à gouverner et Draghi serait alors de retour » : « ‘’Salvini, comme tous ceux qui ont fait tomber le gouvernement, ont compris qu’ils ont commis une grave erreur et se mettent maintenant à supplier l’intervention de Draghi face à l’urgence énergétique. Ils ont perdu leur crédibilité. Ceci dit, le gouvernement interviendra en septembre pour neutraliser les augmentations des factures des mois de juillet et d’août, car nous allons vers un automne difficile. Le problème est que les Chambres ont été dissoutes et l’exécutif ne peut pas programmer d’interventions jusqu’à la fin de l’année. Il faut une intervention à hauteur de 13,5 milliards pour faire baisser de 80% les factures pour les entreprises. La droite n’a pas d’unité et ses trois partis ne dureraient même pas un an, avec Salvini et Berlusconi qui tenteront inévitablement d’affaiblir Meloni. A ce moment-là, Impegno Civico sera prêt à soutenir encore Mario Draghi au Palais Chigi. Les conditions sont réunies pour créer une commission parlementaire d’enquête pour vérifier l’existence de liens financiers et politiques entre certains partis italiens et la Russie. C’est la liberté de notre pays qui est en jeu et quelqu’un veut nous pousser dans les bras des autocraties.’’ »

PLAN PREMIER, Corriere della Sera, M. Galluzzo, « Non aux commissions d'enquête sur la Ligue et la Russie, il y a déjà le Copasir " (Commission parlementaire pour la sécurité de la République) : « Di Maio est un ministre du CISR, du Comité interministériel pour la sécurité de la République, qui est en quelque sorte le pendant du Copasir sur ces dossiers. Et c'est précisément sur ces questions que le CISR, des accords avec Pékin sur le projet de la route de la soie aux risques d'infiltration avec la 5G, des attaques de hackers aux interférences russes, s'est réuni à plusieurs reprises, également avec la participation du ministre Di Maio. Le 19 août, après des années de travail, nous avons terminé un rapport qui est maintenant à la disposition du Parlement, précisément sur les interférences étrangères, avec la Russie et la Chine en tête, et l'Union européenne entame sa deuxième enquête systématique sur ces types d'influences, sur le conditionnement des pays européens. Si certaines choses concernent le système judiciaire, je ne peux pas m'en mêler, si elles concernent la politique, parlons du sous-secrétaire Di Stefano et de ses relations avec la Chine, le Venezuela ou la Russie. Bien sûr, il faut faire la lumière et nous, au Copasir, nous le faisons depuis des années, et nous avons été les premiers à dénoncer les menaces qui pèsent sur notre pays, sur les risques systémiques, notamment russes et chinois. On peut faire la lumière, mais faisons-le de manière ordonnée, le pouvoir judiciaire doit faire son travail, et si nécessaire, le Parlement doit le faire avec ses pouvoirs, et dans ce cas, cela doit être fait à 360 degrés. N’oublions pas que certains ont été rendre visite aux Gilets jaunes.»

ARTICLE, Il Messaggero, A. Bulleri « Letta mise sur les électeurs de moins de 35 ans » : « Si aux prochaines élections seuls les électeurs de moins de 35 ans pouvait voter, le PD et ses alliés de centre gauche auraient de meilleures chances de pouvoir rivaliser avec le centre droit, car l’écart passerait de 19 à 9 points. C’est un sondage de YouTrend qui présente ce scénario inédit par rapport à 2013 et 2018. En effet, 23,9% des jeunes préfèreraient le PD à Fratelli d’Italia (tablé à 22,4%) et à la Ligue (14,6%). Seuls 5,1% voteraient Forza Italia. Il faut voir cependant si l’arrivée de S. Berlusconi sur les réseaux sociaux tels que TikTok changera ou pas la donne auprès des jeunes. Quant à la popularité des personnalités politiques, Enrico Letta (27%) est le plus apprécié par la génération Z, devancé uniquement par Giuseppe Conte (42%). » 

PREMIER PLAN, La Repubblica, T. Mastrobuoni, « Gaz, maintenant Berlin veut le prix-plafond. Le cours baisse de 20%. » 

ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Manfred Weber, Président du Parti populaire européen, par Francesca Basso, « Non à l’égoïsme national, il faut que nous fassions preuve de solidarité entre les pays » : « En vue de l’hiver prochain, nous devons travailler sur la solidarité énergétique. L’ébauche de mécanisme de solidarité présentée par la Commission européenne avant l’été est bon mais il est faible car il est basé sur le volontariat. Avec le marché unique, nous sommes étroitement interconnectés. Nous devons partager les ressources disponibles à commencer par les réserves. Mon message aux électeurs italiens est : ‘’voter pour Forza Italia, pour ceux qui croient en un fort processus d’intégration européenne. Le plus important pour l’UE est la stabilité économique à Rome or elle est garantie par le centre-droit. Les Pays-Bas et leur marché du gaz profitent de la situation. Le marché de l’électricité ne peut plus être guidé par celui du gaz. La gauche et les socialistes européens font pression sur le paquet Fit for 55. Le PPE est engagé sur le front du réchauffement climatique mais il faut le faire de manière raisonnable. A Rome je rencontrerai aussi le Président de Confindustria, la politique climatique doit être faite avec les entreprises et non contre. J’ai été agréablement surpris par le programme de la coalition de centre-droit, clairement en faveur de l’intégration européenne, de la coopération transatlantique, de l’OTAN et de nos valeurs. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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