18/08/2022
"Meloni veut la fin du revenu de citoyenneté."
Italie. Revue de presse.
La campagne électorale en vue des élections du 25 septembre prochain continue d’occuper les Unes, qui s’intéressent aujourd’hui à plusieurs propositions des partis, sur la justice, le revenu de citoyenneté et la question sanitaire. On reprend notamment la proposition de Silvio Berlusconi d’interdire la possibilité pour le ministère public de faire appel en cas d’acquittement : « Justice : Berlusconi propose encore une fois l’impossibilité de faire appel des acquittements » (Repubblica), « L’Association Nationale des Magistrats attaque la proposition de Berlusconi. Quand on vote, les magistrats ne résistent pas » (Giornale), « Nous y revoilà : la justice enflamme les élections » (Resto del Carlino), « Berlusconi : acquittements sans appel, mais la Cour a déjà dit non » (Fatto quotidiano). Un autre sujet très repris est la question du positionnement de la droite sur les vaccins, accusée d’être « no-vax » par une partie de la presse et de la gauche. La polémique est née de l’investiture par le PD d’un virologue tenant d’une ligne dure pendant la pandémie, dénoncée par Matteo Salvini et Matteo Renzi : « Bataille sur la justice et le virus. Letta attaque : ‘’il y aurait eu plus de morts avec la droite’’, la Ligue s’insurge : ‘’Stop aux spéculations’’ » (Corriere) ; « La droite anti-vax » (Repubblica), « Cas Crisanti : le Covid contamine les urnes », « Dispute sur la candidature de Crisanti pour le PD. Salvini anti-vax : ‘’C’est un expert en moustiques’’, Letta : ‘’si tu avais été au pouvoir, nous aurions eu 300 000 victimes’’ » (Stampa) ; « Letta, le chacal du Covid : il cherche des voix en se servant des morts » (Libero quotidiano) ; « Sur le Covid et le présidentialisme, Renzi devient un frère d’Italie » (Fatto quotidiano). Les propositions de Meloni sur l’abrogation du revenu de citoyenneté apparaissent également en première page (« Justice et revenu de citoyenneté, voilà les proposition » (Messaggero), « La droite antisociale » (Il Manifesto)) tandis que, sur le volet de la politique internationale, les exercices conjoints des troupes russes et chinoises sont également mentionnés.
Les JT couvrent essentiellement l’affrontement sur la gestion de la crise Covid entre le Parti Démocrate et la Ligue à la suite de la nomination du virologue, Andrea Crisanti, sur les listes électorales du Parti démocrate en vue des élections générales du 25 septembre prochain, la formation des listes électorales du centre-droit, l’arrivée du Secrétaire Général des Nations Unies à Lviv pour une rencontre avec Zelensky et Erdogan, l’attentat dans une mosquée de Kaboul avec un bilan provisoire de 10 morts et la victoire de l’Italie, première sur le podium des Championnats d’Europe de natation.
ENTRETIEN, Il Corriere della Sera, de Roberto Speranza, ministre de la Santé, par M. Galluzzo « L’ambiguïté sur les vaccins risque de nous faire très mal. 40% des électeurs sont indécis, les jeux ne sont pas faits » : « Aborder le sujet du droit à la santé et l’histoire sanitaire récente de l’Italie de cette manière confirme que la proposition de Salvini et de Meloni, qui font des clins d’œil à Bolsonaro, Le Pen, Poutine et Orban, risque de ruiner le pays. Pour avancer, il faut reconnaître et se reconnaître dans deux principes qui nous ont guidé jusqu’à maintenant : le primat du droit à la santé vis-à-vis de tous les autres intérêts en jeu et la centralité de la preuve scientifique. Cela vaut aussi pour la campagne vaccinale qui a rebattu toutes les cartes dans la lutte entre l’homme et le virus. Je vois, en revanche, dans les positions de Salvini et de Meloni trop d’ambiguïtés qui remettent en doute ces principes. Comme sur le plan international, ils peuvent nous faire courir un risque très grave sur le plan sanitaire. Toutes les forces politiques doivent cesser d’être ambiguës, reconnaître que la campagne de vaccination a été fondamentale et s’engager à la poursuivre avec détermination. En tant que ministre, je ne peux que souhaiter une approche nationale commune, mais je ne la vois pas. Quel le problème ? On cherche les voix des anti-vax ? »
PREMIER PLAN, La Repubblica, M. Bocci « Polémique autour du Covid. Letta accuse la droite : "Vous avez une culture anti-Vax. Avec vous [aux affaires], nous aurions eu plus de morts" : « Le virologue Andrea Crisanti n’a pas peur de tenir des propos tranchants. Hier, une polémique a éclaté autour de sa candidature, qui a suscité la réaction de quatre chefs de parti (le sien, à savoir Enrico Letta du PD, et ceux de la Ligue, d'Azione et d'Italia Viva) ainsi qu'un nombre infini de "colonels". "Salvini, au lieu de critiquer ma candidature avec le PD, devrait réfléchir à toutes les erreurs de jugement qu'il a commises, tant en politique étrangère qu'en matière de santé publique. Si nous avions été entre ses mains, aujourd'hui, il y aurait 300 000 victimes de Covid au lieu de 140 000 et nous serions aujourd'hui alignés sur Poutine » a déclaré Crisanti. "Crisanti" ? C’est un expert en moustiques", a ironisé Salvini. La gauche a accusé la droite d'être No Vax, tandis que le centre, en particulier Renzi, s'en est pris à Letta. Sur Crisanti, Renzi a déclaré : « il a voulu nous enfermer à Noël, puis pour sauver l’été, je crains qu'au premier rhume, il nous impose une quarantaine de deux mois". Mais Walter Ricciardi, conseiller de Calenda, accuse : " Renzi banalise les 90 000 morts ". Et Crisanti ne recule pas : " Alors que moi et d'autres collègues essayions d'apporter une contribution scientifique pour limiter le nombre de décès, il a sorti des blagues d'une banalité et d'un cynisme sans précédent ". Letta a aussi réagi : "La pluie de réactions à la candidature de Crisanti montre clairement que la culture No-Vax prévaut à droite. Le professeur a raison, si Salvini et Meloni avaient gouverné en 2020, combien de milliers de morts supplémentaires aurions-nous eus ?". Renzi a fini par s'énerver : "Si Letta veut savoir quelle est la différence entre le PD et moi sur la pandémie, je vais l'expliquer clairement : lui et son parti voulaient continuer avec Conte et Arcuri et l'armée russe, moi j'ai apporté Draghi, Figliuolo et le redressement". »
ARTICLE, La Repubblica, « "Pas d'appel sur les acquittements". Berlusconi essaie encore, mais l'ANM lui dit stop » : « Berlusconi revient à l'un de ses leitmotivs favoris sur la justice "injuste". Et pour l'améliorer, le voilà qui sort de son chapeau un lapin d'antan, en supprimant la possibilité pour le procureur de faire appel s'il perd le procès. Même proposition qu'en 2006, où elle a mal tourné après avoir été refusée. Pour Berlusconi : " En Italie, des milliers de personnes sont arrêtées et jugées chaque année alors qu'elles sont innocentes. Lorsque nous gouvernerons, les acquittements ne seront pas susceptibles d'appel". Si ses alliés de la Ligue approuvent, la douche froide vient plutôt des magistrats. La président de l'ANM, Giuseppe Santalucia, réveille la mémoire historique apparemment endormie du centre-droit : "Si un procès se termine par un acquittement, on ne peut pas penser qu'il s'agit d'une injustice : les procès ont pour but d'établir les faits. Cette façon de raisonner n'est pas acceptable, des procès doivent être organisés pour établir la vérité historique qui n'est pas connue au départ". Et encore : "On peut discuter de l'inapplicabilité des peines, mais ce n'est certainement pas la solution aux problèmes de justice". Ah oui, mais Berlusconi et le centre-droit ne font pas dans la subtilité, ils sont toujours et dans tous les cas du côté de l'accusé contre le magistrat. A tel point que Berlusconi théorise : "Un citoyen, une fois reconnu innocent, a le droit de ne pas être persécuté à jamais. Aussi parce que persécuter les innocents signifie parfois laisser les vrais coupables en liberté". »
PREMIER PLAN, Il Messaggero, A. Bassi et F. Bisozzi « Meloni veut la fin du revenu de citoyenneté : “Utilisons cet argent pour favoriser l’emploi” » : « Depuis sa tribune, Giorgia Meloni a étrillé le revenu de citoyenneté, mesure-phare du gouvernement Conte I. “Nous croyons, a expliqué la leader de FdI, qu’un Etat juste ne doit pas mettre sur le même plan ceux qui peuvent travailler et ce qui ne le peuvent pas. Il faut un outil de protection pour ceux qui ne sont pas en capacité de travailler : les plus de 60 ans, les handicapés, les familles sans revenus qui ont des mineurs à charge. Pour les autres, en revanche, ce qu’il faut, c’est une formation et les outils nécessaires à l’incitation à l’embauche.” »
ARTICLE, La Repubblica, G. Casadio « Le PD peaufine ses listes. Amendola et Morani sont investis, mais le sort de Ceccanti reste incertain » : « Aujourd’hui, on devrait décider du sort de M. Ceccanti (le constitutionnaliste) proposé pour la même circonscription que l’allié de SI, Fratoianni, à Pise. Ils sont tous deux originaires de la ville. Enzo Amendola, le secrétaire d’Etat aux affaires européennes, acceptera finalement la circonscription Campanie (Sénat). Et parmi les candidatures de la coalition, en plus de celles assurées d'Emma Bonino (à Rome centre pour le Sénat, prête à défier le leader d’Azione Carlo Calenda), on retrouve Simona Viola (Sénat, à Rimini) et Giordano Masini (Chambre, à Pesaro). Les sièges uninominaux restent ouverts en Sicile, où l'ancienne ministre de l'éducation Lucia Azzolina de l'Impegno Civico pourrait se présenter à Syracuse. Pour Luigi Di Maio, ce sera une candidature à la chambre dans la circonscription de Naples-Pomigliano d'Arco. Il est question d'un siège uninominal en Vénétie pour Federico D'Incà, un ancien ministre M5S. Pour Letta, ce fut une journée de discussions et quelques soupirs de soulagement, car le plus dur est fait. Alessia Morani, après avoir dit non à l'uninominal de Pesaro et à la troisième place sur la liste proportionnelle des Marches, se ravise. Quant à Articolo 1, leur sort est scellé : Roberto Speranza sera le candidat principal à Naples (pour la Chambre) ; Federico Fornaro, candidat principal dans le Piémont 2, toujours pour la Chambre ; Nico Stumpo en Calabre (Chambre) ; Arturo Scotto est deuxième sur la liste en Toscane, après la secrétaire régionale démocrate Simona Bonafè ; Cecilia Guerra à Turin (Chambre) est numéro trois. »
ARTICLE, La Repubblica, L. De Cicco « Au M5S, controverse sur les candidats parachutés. Conte s’active pour verrouiller sa liste de candidats à des sièges “sûrs“ » : « Etre les parachutés prêts à atterrir dans une circonscription « sûre » (par exemple, Stefano Patuanelli de Trieste, qui se présente en Sicile) et les pro-Di Maio qui ont pu voter aux primaires du mouvement, Giuseppe Conte cherche à étouffer les critiques et s'apprête à annoncer les résultats du vote en ligne en même temps que les listes. Paquet fermé. Quand ? "Probablement demain", répond-on dans son entourage, "peut-être samedi". La liste de 15 noms proposée par l'ancien premier ministre a été ratifiée par un plébiscite, comme prévu : 86% de oui. Mais il s'agit maintenant de savoir où seront placés les candidats "prioritaires", qui devanceront ceux qui ont été élus par la base. La vice-présidente du M5S, Alessandra Todde, par exemple, est sarde, tout comme Ettore Licheri, un autre fidèle. Mais en Sardaigne, il n'y a qu'un seul siège sûr à la Chambre : l'un des deux sera catapulté ailleurs. Alors que pour l'ancien procureur Federico Cafiero de Raho, il devrait y avoir un siège de procureur en chef en Calabre. Alfonso Colucci, le notaire de confiance de Conte (inconnu des troupes M5S), pourrait être envoyé à Foggia ou Rome. Chiara Appendino devrait candidater sur les deux circonscriptions proportionnelles de Turin. En Campanie, le bastion 5 étoiles, les sièges sûrs sont presque certains : l'ancien ministre Sergio Costa et la chef de groupe Mariolina Castellone devraient se partager les circonscriptions du Sénat. À Rome, le chef du groupe de la Chambre, Francesco Silvestri, devrait être récompensé. Il y a déjà ceux qui se plaignent : "Ne jouez pas, respectez le vote des militants !“ On apprend aussi qu’un groupe de députés dissidents a voté aux primaires du mouvement, comme Lucia Scanu, aujourd'hui à Coraggio Italia. D'autres ricanent en off : "Personne ne nous a rayés de la liste des militants". »
ARTICLE, La Repubblica, C. Vecchio « Sur les investitures, le rébus du centre-droit. Il y aura Bossi à la Chambre des Députés. Malaise chez Forza Italia »: « Le grand coup de la droite, pour faire entrer Flavio Briatore au Parlement, n’a pas marché après l’annonce par le milliardaire qu’il n’irait pas. Matteo Salvini, pour sa part, a déjà réservé un siège à Milan et se présentera également dans les Pouilles et en Calabre. Umberto Bossi - qui aura 81 ans le 19 septembre – se présente à la Chambre des Députés. La candidature en Lombardie de Giancarlo Giorgetti et Roberto Calderoli est acquise. Dans la région, le chef de groupe du Sénat, Massimiliano Romeo - c'est à lui que l'on doit le discours de la mi-juillet qui a permis l'éviction de Mario Draghi - et d'autres députés sortants comme Igor Iezzi, Alessandro Morelli et Nicola Molteni sont également candidats. Claudio Durigon est de nouveau sur les rails. Il y a tout juste un an, il a été contraint de démissionner de son poste de sous-secrétaire à l'économie parce qu'il proposait de baptiser un parc du nom du frère de Mussolini, à la place de Falcone et Borsellino. Le centre-droit clôturera ses listes d'ici samedi, plus tard que le centre-gauche. La Ligue aura 70 circonscriptions, et Fratelli d'Italia 98. Formellement, les listes ont été préparées par un quatuor composé de Giorgia Meloni, Ignazio La Russa, Francesco Lollobrigida et Giovanni Donzelli. Guido Crosetto, l'idéologue du nouveau cours, ne cesse de répéter qu'il ne se présentera pas. Raffaele Fitto se présente à la Chambre dans les Pouilles. Les autres grands noms sont l'ancien ministre du Trésor Giulio Tremonti, l'ancien président du Sénat Marcello Pera, l'ancien ministre Giulio Terzi et l'expert de la flat-tax Maurizio Leo. En revanche, Carlo Nordio, l'autre atout de Fratelli d'Italia, a de réelles chances d'être ministre de la Justice. Daniela Santanché est confirmée. Riccardo De Corato, actuel conseiller pour la sécurité en Lombardie, pourrait également revenir à Rome. Et Meloni, où est-ce qu'elle court ? Il y aurait l'uninominal Latina 1, où elle a été élue la dernière fois, ou une autre circonscription romaine. Pour les circonscriptions de l'étranger, l'ancien pilote de Formule 1, Emerson Fittipaldi, fait chauffer ses moteurs. Il est âgé de 75 ans et vit au Brésil. Forza Italia n’a que 42 circonscriptions. Selon certains analystes, le parti ne dépassera pas les 5 % : cette perspective exacerbe les tensions internes. Les investitures sont décidées par Licia Ronzulli, Antonio Tajani, Marta Fascina. Des représentants historiques tels que Simone Baldelli, Valentino Valentini, Sestino Giacomoni et Andrea Ruggeri seraient dans la balance. Le leader en Sicile sera Gianfranco Micciché. En Lombardie, il y a l'ancien conseiller sanitaire Giulio Gallera, et dans le Latium, le chef de groupe Paolo Barelli et la députée Annagrazia Calabria sont en lice, tandis qu'au Sénat, la candidature de Claudio Fazzone est certaine. Des sièges sûrs pour l'actuelle sénatrice Gabriella Giammanco - elle devrait avoir un siège dans la circonscription de la Sicile occidentale - tandis que la députée Matilde Siracusano pourrait être confirmée à la Chambre des députés de Messine. Claudio Lotito s’en occupe, mais rien n'est sûr non plus pour le président de la Lazio. »
Umberto Bossi
COMMENTAIRE, La Repubblica, F. Colombo, « A qui profite le départ de Draghi » : « Le pays, que Giorgia Meloni appelle aujourd'hui « nation », était gouverné par un économiste considéré dans les institutions et les universités du monde entier comme l'une des personnalités les plus importantes non seulement dans son domaine mais aussi pour sa qualité rare d’anticipation, en économie mais aussi en politique. En effet c’était une figure politique que l'Union européenne et les États-Unis enviaient à l’Italie, ce qui n'était pas arrivé depuis de nombreuses décennies. Aujourd'hui, dans le contexte Italien, il faudrait imaginer Meloni ou Salvini à la place de Draghi. La chute de Draghi est le symptôme de dégâts encore plus importants. Un camp pro-russe s'est manifesté et a gagné en force, un camp qui mêle et condamne sans relâche la paix et l'envoi d'armes de secours. Ces armes, dans la ferveur des prêches en faveur de la guerre, seraient inconstitutionnelles en Italie car considérées comme un geste hostile sans précédent envers la Russie. Il s'en est suivi une grande campagne de dénigrement contre Draghi, on ne pardonne pas aux ennemis de la Russie de Poutine, parmi les plus amères et féroces depuis 1945. Et nous en arrivons aux discours macabres de Giorgia Meloni pour les fascistes espagnols au « credo » du christianisme inventé de Salvini, et aux enchevêtrements de liens avec l'ancien président Trump, qui est sur le point d'être destitué dans son propre pays. Comme vous pouvez le constater, il était essentiel de retirer Draghi de la scène politique italienne dans cette période malheureuse de notre histoire. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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