12/08/2022
"Le programme du centre droit va du présidentialisme aux décrets de sécurité contre les migrants."
Italie. Revue de presse.
La campagne électorale et notamment la présentation de la part des partis de leurs programmes et symboles en vue des législatives du 25 septembre font les gros titres de la presse italienne. Les observateurs mettent également en avant la création d’un troisième pôle, centriste, formé à la suite de l’entente électorale trouvée entre Azione de C. Calenda et Italia Viva de M. Renzi : « Le troisième pôle aura Calenda en tête de file » - Renzi annonce l’entente avec Azione. Letta commence sa tournée en choisissant un véhicule électrique. Le centre droit présente son programme (Corriere della Sera), « L’accord a été trouvé avec Renzi, Calenda sera le leader du troisième pôle » - Meloni critiquée à droite et à gauche pour avoir gardé le symbole fasciste de la flamme évoquant la tombe de Mussolini. Letta dépose le symbole d’un rameau d’olivier des démocrates et des progressistes (La Repubblica), « Les promesses des patriotes » - Le programme du centre droit a été présenté : flat tax, bonus et construction d’un pont sur le détroit de Messine mais sans expliquer comment trouver les ressources (La Stampa), « Calenda : Renzi et moi contre le chaos » - Le dirigeant du nouveau pôle s’exprime sur l’entente trouvée avec Italia Viva (Il Messaggero).
Sur Twitter, le hashtag #Mattarella domine suite aux déclarations de Silvio Berlusconi en faveur d’une réforme sur le présidentialisme en Italie, ce qui entrainerait nécessairement la démission du Président Sergio Mattarella.
ARTICLE, Corriere della Sera, F. Caccia « L’entente pour le troisième pôle a été trouvée » : « C’est officiel, le troisième pôle, soit l’alliance entre Azione de Calenda et Italia Viva de Renzi, est né. La gestation aura été rapide, si l’on considère que la rupture de Calenda avec le PD ne s’est consommée que dimanche dernier. Concernant le contenu de cet accord, il s’agira d’une grande liste unique, et pas d’une coalition comme aurait préféré Calenda. Quant au programme, il sera présenté aujourd’hui mais Calenda a anticipé hier certains points ‘’l’agenda Draghi, les incinérateurs, les regazéifications, la réforme du revenu de citoyenneté, le salaire minimum…’’. Les collèges électoraux seront partagés à 50%. Le symbole sera le suivant : en haut les deux logos Azione et Italia Viva, au centre le nom Calenda et en bas le label Renew Europe, en référence au groupe libéral européen auxquels les deux forces politiques appartiennent. C’est un choix qui a été fortement apprécié par le président du groupe, Stéphane Séjourné ‘’votre union représente une opportunité pour les Italiens, une alternative européiste, innovatrice et orientée aux jeunes’’ »
ENTRETIEN, Il Messsaggero, de Carlo Calenda, dirigeant d’Azione : « Renzi et moi sommes contre le chaos » : « ‘’Je ne sais pas si notre pôle sera le troisième, le premier ou le deuxième. C’est aux Italiens d’en décider. Nous avons fondé le pôle du sérieux et du bon sens. Nous sommes ceux qui font des propositions concrètes ; notre objectif est de faire revenir Draghi au gouvernement. Je dois reconnaître à Matteo Renzi une grande générosité, vu qu’il m’a confié le rôle de guider la campagne électorale, que nous mènerons ensemble. J’espère que les Italiens choisiront une alternative de pragmatisme face au bi-populisme qui pendant trente ans n’a fait que des promesses restées inachevées. Dans notre logo il y a aussi le symbole de Renew Europe pour marquer notre européisme. Je serai candidat à Rome dans le proportionnel. Nous avons de notre côté trois ministres femmes qui ont des capacités extraordinaires : Elena Bonetti, Mara Carfagna et Maria Stella Gelmini. Nous convaincrons les Italiens que, face à un tel niveau de dégradation du pays, la seule possibilité pour le sauver est celle d’appliquer la méthode et l’agenda Draghi. Les sondages estiment que nous pouvons obtenir entre 15 % et 20 % des votes. Si tout va bien, personne ne sortira gagnant des urnes et nous pourrons faire un gouvernement d’unité nationale avec Draghi, ce qui constitue la seule solution pour éviter l’enlisement du pays. Meloni est alliée avec Orban, qui de son côté est allié avec Poutine, les leaders européens la garderont à distance aux rendez-vous internationaux. De plus, elle n’a pas assez d’expérience pour pouvoir gouverner l’Italie’’. »
ANALYSE, La Stampa, N. Carratelli « L’illusion de changer la donne aux élections » : « Même s’ils parvenaient à faire un véritable exploit, comme l’affirme Renzi, et si le troisième pôle devait atteindre la barre des 10% de voix en puisant exclusivement dans l’électorat de droite, le résultat du match serait toujours le même. La simulation de la répartition des collèges par You Trend en collaboration avec l’Institut Cattaneo douche les espoirs de Calenda et associés. Par exemple, il n’y a que 14 collèges où l’avantage du centre droit sur le centre gauche ne dépasse pas le pourcentage de voix accréditées au troisième pôle (en moyenne entre 5 et 6%). Il s’agit surtout des grandes villes (telles Rome, Milan, Turin et Gênes) et la région de Toscane. Il n’y a pas de mystère que dans ces collèges, la division entre le centre gauche et le ticket centriste Calenda-Renzi favorisera le centre droit. Même en considérant un score à 10% comme souhaité par les deux leaders centristes, chose improbable, le centre droit ne perdrait que 14 sièges à la Chambre et 8 au Sénat. Bref, le pôle centriste ne sera pas déterminant dans les collèges uninominaux. »
ARTICLE, Corriere della Sera, P. Di Caro « Le programme du centre droit va du présidentialisme aux décrets de sécurité contre les migrants » : « C’est un programme basé sur 15 points et qui fait au total 8 pages d’énonciations, d’engagements et de promesses. C’est le fruit d’une semaine très intense de travail, de médiation, et qui a été signé par Meloni, Salvini, Berlusconi et Lupi. Il s’agit donc du dénominateur commun minimal en attendant que chaque parti diffuse ses propres contenus. Il est difficile de trouver des éléments allant dans le détail. Toutefois, il est facile de voir comment G. Meloni a pu imposer ses propres propositions. Tout d’abord la déclaration concernant la fidélité ‘’sans aucune ambiguïté’’ aux alliances internationales, à un système présidentiel, mais aussi un refus de faire des promesses trop généreuses sur les retraites et la « flat tax ». Il est vrai aussi que Forza Italia et la Ligue obtiennent des résultats : Salvini parvient à faire mettre une phrase sur la continuation de la réforme de l’autonomie régionale, sur l’imposition à taux unique à hauteur de 15% et sur la réintroduction des décrets de sécurité concernant les arrivés des migrants, qui seront accompagnés de la stratégie de Meloni ‘’le contrôle des frontières et le blocus des débarquements par le biais d’accords avec les autorités de l’Afrique du nord’’ ou encore des hotspots gérés entièrement par l’UE. Berlusconi obtient pour sa part un chapitre entier consacré à la justice et la réalisation d’un pont reliant la Calabre et la Sicile. »
ANALYSE La Stampa, M. Zatterin « Le programme de rêve du centre droit qui manque de ressources » : « La coalition des « patriotes » promet un monde de rêve sans précédents. Ils assurent à ceux qui les voteront de baisser les impôts à tous (même aux plus riches et pour les patrimoines les plus élevés) la TVA serait réduite sur les produits vitaux et sur l’énergie, la baisse de pression fiscale sur les ménages et les entreprises, une moratoire fiscale (qui punit de fait les contribuables vertueux), la nationalisation du secteur des télécommunications, et puis d’autres réformes de rêve comme si l’argent tombait du ciel. Bref, ceux qui se présentent comme des patriotes n’ont pas peur d’augmenter la dette publique nationale. Ils proposent même de revoir le plan de Relance et le Pacte de Stabilité, ce qui ne sera jamais octroyé si nous ne respecterons pas nos engagements sur les projets du Recovery Fund européen. Celui qui pense à l’avenir des citoyens doit en tenir compte, pour la collectivité, pour l’Etat et pour la République. Bref pour la patrie. »
"Accord cadre de programme pour un gouvernement de centre-droit"
ARTICLE, La Stampa : « Jeunes, cashback et superbonus dans le programme : le M5S accuse le Pd de copier ses idées » : « Le M5S présente aujourd’hui son symbole électoral, avec le nom de Giuseppe Conte, et son programme. Une importante partie des mesures est dédiée aux jeunes, a anticipé le sénateur Gianluca Perilli. C’est notamment sur les jeunes, que la compétition est ouverte avec le Pd. Le M5S accuse le parti de Enrico Letta de ‘’ faire campagne en proposant des mesures que nous avons déjà réalisées ‘’. Entre les deux partis, c’est la course à qui propose plus : sur la possibilité de voter à 16 ans, sur les avantages fiscaux pour l’accès aux crédits pour l’achat de maison, sur le congé parental des hommes. Le duel à distance entre le Pd et le M5S concerne aussi sur le Superbonus, sur les mesures liées à la numérisation du fisc, et le salaire minimum. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli « Meloni-Letta, duel sur plusieurs fronts »: « En l'espace de quelques heures, nous avons eu une image parfaite de la campagne électorale telle qu'elle va se développer au cours des quarante prochains jours : le duel entre Giorgia Meloni et Enrico Letta, synthèse personnalisée de l'affrontement bipolaire. L’enjeu central de la campagne concerne les relations entre une Italie gouvernée par la droite et l'Europe. A cela s'ajoute la question des comptes publics et de la crédibilité des alliances respectives. Letta a d'abord essayé de donner le ton avec la question de la nostalgie fasciste de Meloni. Cependant, la condamnation des lois raciales et de la dictature, comme l'a prononcé Meloni, suffira à réduire ou peut-être à annuler l'impact de la controverse. Si Enrico Letta veut prendre l'avantage, il lui faut d'autres arguments. Par exemple : quelle est la vision de l’Europe Fratelli d’Italia ? Cela pourrait mettre en difficulté Meloni. En effet les problèmes principaux sont les contradictions et les personnages qui constituent l'alliance conservatrice, dont Giorgia Meloni est la présidente à Strasbourg. Par exemple, Fratelli d’Italia s'était abstenu sur les fonds du Plan national de relance et de résilience (PNRR), un faux pas qui doit être expliqué aujourd'hui. A son tour, Letta doit concilier la recherche du consensus avec la nécessité de ne pas dissiper l'image de sérieux attendue des partisans de Draghi et de son programme. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
12:42 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.