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26/07/2022

"Meloni prévient les alliés. La leader de Fratelli d’Italia demande un accord sur le candidat à la Présidence du Conseil, autrement, c’est inutile de se présenter ensemble."

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Italie. Revue de presse. 

Les déclarations de la dirigeante de Fratelli d’Italia Giorgia Meloni et son « avertissement » aux alliés de centre-droit font la Une de plusieurs quotidiens. Meloni demande à choisir dès maintenant le candidat de la coalition à la Présidence du Conseil italien en vue des élections politiques qui se tiendront le 25 septembre prochain, sans quoi elle pourrait remettre en cause l’alliance avec la Ligue et Forza Italia. « Meloni prévient les alliés. La leader de Fratelli d’Italia demande un accord sur le candidat à la Présidence du Conseil autrement c’est inutile de se présenter ensemble » (Corriere della Sera), « Le diktat. Meloni dicte ses conditions aux alliés : sans accord sur le Président du Conseil, ça ne sert à rien de se présenter ensemble » (La Repubblica), « Meloni déclare : Pas d’alliance sans accord sur le Président du Conseil » (Il Messaggero).

 

La Stampa titre sur le recule dans les sondages des chefs du Mouvement 5 Étoiles et de la Ligue suite à la chute du gouvernement Draghi : « Giuseppe Conte et Matteo Salvini payent le draghicide ».

 

L’annonce de Gazprom sur de nouvelles réductions des livraisons de gaz est également citée en Une de la plupart des quotidiens. « Gazprom réduit le flux de gaz, les prix s’envolent - L’UE négocie pour réglementer la consommation » (Corriere della Sera), « Gazprom poursuit la guerre du gaz, l’Europe prépare son plan d’austérité » (La Stampa), « Moscou coupe à nouveau le gaz, l’UE va vers le rationnement » (Il Messaggero), « Gaz, Poutine ferme une nouvelle fois les robinets à l’Europe : réduction des livraisons de 20% » (Sole 24 Ore).

 

Enfin, les arrivées de migrants en Sicile ces derniers jours sont mentionnées en Une de La Repubblica pour le deuxième jour consécutif « Sur Lampedusa, la grande fuite depuis la Tunisie ».

Sur Twitter, les hashtags #Meloni et #Calenda, en référence au débat politique en cours en vue des élections anticipées, dominent.

PREMIER PLAN, La Repubblica, de C. Vecchio, « Meloni lance son diktat à Salvini et Berlusconi, ‘’il faut un accord sur le candidat à la Présidence du Conseil, sinon il n’y a pas d’alliance’’ » : « ‘’Si nous ne parvenions pas à nous mettre d’accord sur la question du candidat de centre-droit à la Présidence du Conseil, cela n’aurait pas de sens que nous nous présentions ensemble’’ a déclaré Giorgia Meloni hier soir sur un plateau de la télévision berlusconienne. Ses déclarations arrivent notamment suite aux rumeurs selon lesquelles le PPE lui préférerait Antonio Tajani (Forza Italia) et à l’article du New York Times sur la nostalgie d’une partie de Fratelli d’Italia pour le fascisme. Elle demande à ce que les règles habituelles continuent à être appliquées ne ‘’comprenant pas pourquoi on devrait les changer aujourd’hui’’. Matteo Salvini, dont le parti est donné dix points derrière celui de Meloni par les sondages, semble s’être résigné à être ministre de l’Intérieur dans le gouvernement des droites. Il s’aligne donc avec son alliée : ‘’celui qui remportera ne serait-ce qu’une voix de plus que les autres désignera le candidat de la coalition’’. Le chef de la Ligue se rendra à Lampedusa les 4 et 5 août. Demain, les leaders du centre-droit (Meloni, Salvini, Berlusconi, Tajani, Lupi et Cesa) se rassembleront à la Chambre pour discuter de ces questions. Une des autres possibilités, qui plairait à Berlusconi, serait que les élus des trois partis désignent le candidat Président du Conseil. Giorgia Meloni n’est pas d’accord et s’appuie notamment sur un précédent de 2018, lorsque le centre-droit alla demander à la Présidence de la République que le mandat soit confié à Salvini car la Ligue avait remporté davantage de voix. Giorgia Meloni prévoit une campagne ‘’très violente’’ contre le centre-gauche mais précise ‘’nous ne nous laisserons pas intimider’’. Pendant ce temps, la fuite de Forza Italia se poursuit, après les ministres Gelmini et Brunetta, les sénateurs Cangini et Caon, les députés Baroni et Versace annoncent leur départ [de même que la ministre Mara Carfagna]. Ils disent ne pas avoir adhéré au choix de ne pas voter la confiance et ne pas pouvoir accepter la dérive souverainiste du parti. L’hémorragie ne semble pas terminée. Le maire de Venise, Luigi Brugnaro, déclare que son parti Coraggio Italia pourrait se joindre au centre-droit ‘’s’ils le souhaitent’’, alors que Clemente Mastella fait de l’œil à Enrico Letta pour courir avec le centre-gauche vantant ses 9% en Campanie. »

COMMENTAIRE, La Stampa, B. Emmott « Le problème de Meloni, ce n’est pas le fascisme mais une politique économique anti-européenne » : « Le vrai grand mystère de l'alliance de droite reste l'économie, et c'est ce qui inquiète les investisseurs internationaux et la Commission européenne. Pendant de nombreuses années, j'ai essayé de discerner une pensée économique cohérente au sein de la Ligue, sans y parvenir. Maintenant, j'ai le même problème avec Fratelli d'Italia. Nous pourrions compter sur une forme de modération, de sobriété et de sérieux de la part d'individus comme Giancarlo Giorgetti, mais ce dernier est sans cesse contredit par les forces anti-euro et surtout par ceux qui voudraient défendre les intérêts des différents groupes en concurrence. Avec le Plan national de relance qui n’est pour l’instant réalisé qu’à moitié, personne ne pense sérieusement que le gouvernement Meloni mettrait en péril un tel montant de fonds européens. Le système de contrôle de ces fonds, mis en place par le gouvernement Draghi, semble solide. La question est de savoir si un gouvernement Meloni mettrait tout cela en danger simplement par manque de cohérence économique. Nous avons vu que la loi sur la concurrence du gouvernement Draghi, exigée par la Commission européenne, a été manipulée et déformée par une droite désireuse de protéger certains petits groupes d'intérêt. La politique de concurrence sera le champ de bataille le plus évident entre l’éventuel futur gouvernement de droite et la Commission européenne. Le budget, la dette publique ou les règles du marché pourraient également être des points de tensions, en fonction des velléités des responsables politiques. Si j'étais italien et que je suivais la campagne électorale, je me demanderais ‘’est-ce que je veux vraiment du conservatisme social proposé par le centre-droit ?’’. Quant à Meloni je l’interrogerais sur la politique économique de son gouvernement, la vraie, celle qui va au-delà des abstractions habituelles du "souverainisme" et du "nationalisme". Qui fera partie de son équipe économique ? En période d'inflation et de crise énergétique, et alors qu'un gigantesque programme d'investissement public financé par l'UE est en cours, il serait tout à fait légitime d'attendre des réponses sérieuses et argumentées. »

ENTRETIEN, La Stampa, d’A. Tajani, vice-président de Forza Italia, « Ne confions pas les commandes maintenant à une seule femme, le risque est de faire passer le programme au second plan » : « Il n'est pas nécessaire de trancher maintenant sur le leadership du centre-droit, les dirigeants trouveront une règle. Nous devons attendre les élections. La loi électorale n’impose pas de ne présenter qu’un seul candidat et, lors des autres élections, il n'y avait pas de candidat unique. Chaque parti a le sien. L'important est d'avoir un programme. Se focaliser sur ce débat comporte un risque : celui d'éclipser les programmes et de faire le jeu de la gauche qui veut nous diviser. Plus que le leadership, l'important est d'avoir une classe dirigeante sérieuse et expérimentée capable de gouverner le pays. Nous avons besoin d'une équipe, pas d'un seul homme ou d'une seule femme aux commandes. La politique étrangère d'un grand pays ne change pas, nous sommes dans l'OTAN et nous avons une relation avec les États-Unis qui nous sert de point de référence.  [Au sujet de la réticence de la Ligue d’envoyer des armes en Ukraine et de son scepticisme quant à l’entrée de la Suède et de la Finlande dans l’OTAN, ndt] Ce sont des positions de parti. Au gouvernement, c'est différent. En tous cas, personne n'est contre l'OTAN. Nous avons voté au Parlement européen, Berlusconi compris, des mesures très dures contre la Russie. Le programme commun du centre-droit cherchera à réduire la pression fiscale, revoir le revenu de citoyenneté, les retraites, la sécurité et à aider les plus faibles. Nous insisterons beaucoup sur le pouvoir d'achat des travailleurs, des retraités et des femmes au foyer. [Au sujet d’une éventuelle candidature au poste de Président du Conseil, soutenue par le PPE, ndt] Je ne sais rien de tout cela. Je ne suis pas candidat à quoi que ce soit. »

ARTICLE, Corriere della Sera, A. Arachi « Calenda s’ouvre aux propositions d’Enrico Letta, mais il faut que Draghi revienne au Palais Chigi » : « La conférence de presse a été organisée au siège de la Stampa Estera (la presse étrangère) par Carlo Calenda avec Emma Bonino de +Europa. Calenda explique ‘’tous les correspondants m’appellent pour savoir ce qui se passe en Italie’’. Eux tentent d’expliquer le contexte par le biais d’un ‘’pacte républicain’’ basé sur 14 points de programme qui servira de base pour définir les alliances. Tout d’abord, il y a celle avec le PD. Pour Emma Bonino il s’agit d’un objectif « fortement souhaité ». Calenda aussi a fait des ouvertures ‘’nous apprécions Letta, c’est une personne sérieuse’’, mais il y a un point sur lequel il n’est pas disposé à négocier : Mario Draghi. En répondant à un journaliste sur l’hypothèse de la candidature d’E. Letta au Palais Chigi, il précise ‘’faire pression sur ce point risque de mettre fin aux pourparlers ; il y a une seule personne qu’il faut garder comme président du Conseil : c’est Mario Draghi’’. Sur ce point, le PD diffuse un communiqué ‘’nous ne sommes pas comme la droite qui se divise sur le Palais Chigi avant même de préparer les listes : la construction de la coalition est prioritaire’’. Dans la soirée, Calenda rencontre Matteo Renzi. Ce dernier dira ‘’il est clair que nous nous retrouvons sur plusieurs points… il faudra voir ce que Calenda décidera de faire’’. Calenda et Bonino ont ensuite présenté les points du programme : le salaire minimum, la migration, les droits et les thématiques énergétiques. Les deux leaders ont notamment exprimé leur avis favorable sur le nucléaire. Ils ont aussi évoqué le revenu de citoyenneté, qu’il ‘’faut modifier’’, comme si le débat sur l’incinérateur n’était pas suffisant pour faire barrage au M5S. Interrogé par les journalistes au sujet du dirigeant de Insieme per il Futuro, Calenda répond avec mépris ‘’Di Maio ? Je ne sais pas de qui on parle…’’. Or ce dernier, aux micros de La7, tente de tendre la main ‘’les coalitions seront présentées d’ici le 14 août, et il y aura un débat dans les semaines qui suivent : les coalitions sont nécessaires pour contrer les extrémismes. Rester ensemble avec ceux qui ont tenté de sauver le gouvernement d’unité nationale est une valeur’’. Aucun véto enfin à l’égard des Vert d’A. Bonelli et de Sinistra Italiana de N. Fratoianni. »

SONDAGES, La Stampa, d’A. Ghisleri, source Euromedia research, « Pour six Italiens du dix, Conte et Salvini sont coupables de la crise de gouvernement » : « Les derniers sondages reflètent la perception à chaud des électeurs. Suite à la chute du gouvernement Draghi la semaine dernière, les électeurs pénalisent le Mouvement 5 Etoiles (-1,5 points) et la Ligue (-0,6 points) dans leurs intentions de vote. Ils sont tenus pour responsables de la crise et en payent le prix. 61,8% des interrogés déclare ne pas se satisfaire de la fin du gouvernement Draghi et c’est plus particulièrement le cas de 63,2% des électeurs de Forza Italia et de 51,1% de ceux de la Ligue. En revanche, Fratelli d’Italia et le Parti démocrate s’envolent, FDI passant à 23,5% (1,5 points) et le PD à 22,8% (+1 point). 64% affirment qu’ils tiendront compte des événements ayant abouti aux élections anticipées lorsqu’ils se rendront aux urnes. L’abstention et les indécis sont tablés autour de 36,8%. »

PREMIER PLAN, La Repubblica, G.Casadio, « L’arrivée de Salvini à Lampedusa sur l'urgence des migrants est une campagne électorale » : « Le leader de Ligue se rendra à Lampedusa le 4 août pour une politique de ‘’Tolérance zéro’’. Le leader de la Ligue veut faire de l'immigration son cheval de bataille pour la campagne électorale. Par conséquent, s'il remporte les élections du 25 septembre, le moment sera venu pour Salvini de reprendre là où il s'était arrêté avec la mise en place de décrets sécuritaires : fermeture des ports, tolérance zéro et arrêt des permis humanitaires. Salvini débarquera à Lampedusa les 4 et 5 août, avec la députée européenne Annalisa Tardino et avec le maire adjoint Attilio Lucia pour guides dans le centre d’accueil débordé (1.871 migrants accueillis pour une capacité de 350). Le maire a écrit personnellement à Salvini, et non à la ministre de l’Intérieur Luciana Lamorgese, pour l'inviter à voir la situation par lui-même. Pour le député de la Ligue et sous-secrétaire d'État à l'intérieur, Nicola Molteni : « la priorité est de rétablir les décrets de sécurité, de combattre les trafiquants, de défendre les frontières et protéger la sécurité des Italiens ». Cependant, en vérifiant les faits, les décrets de sécurité, qui ont depuis été annulés par le Gouvernement mené par le Parti Démocrate et le Mouvement 5 Etoiles, n'ont pas donné de grands résultats. Les arrivées par voie maritime avaient déjà chuté lorsque Marco Minniti était ministre, notamment en raison des accords signés, en particulier avec la Libye, malgré la controverse sur les violations des droits de l'homme. En outre, les contraintes imposées par Salvini aux ONG et qui l'ont conduit à un procès, ont réduit le nombre de sauvetages en mer par des navires spécialisés mais l'arrivée d’embarcations illégales a augmenté. »

PREMIER PLAN, la Repubblica, L. Martinelli, « La crise et le référendum déclenchent la grande fuite depuis la Tunisie » : « En Tunisie, les départs augmentent en raison du désastre économique et de l'absence de contrôles sur les plages : les agents sont occupés dans les bureaux de vote pour le référendum constitutionnel.  C'est l'un des effets secondaires du référendum, qui pourrait conduire au retour de la Tunisie à la dictature. De fait, si le président Kaïs Saïed parvient à imposer sa nouvelle Constitution soumise au référendum d'hier et pour lequel le oui est donné gagnant, ouvrant la voie à un « hyperprésidentialisme » se rapprochant d’un régime autoritaire, le nouvel homme fort de Tunis pourrait-il freiner le flux de migrants à travers la Méditerranée ? Une telle éventualité semble très improbable. Selon Ben Amor – porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux – au cours des douze derniers mois, « plus de 20 000 Tunisiens ont débarqué sur les côtes italiennes ». Sur l'ensemble de l'année 2021 on en compte 15 000 et près de 13 000 l'année précédente. « Avec Kaïs Saïed (et après son coup d'État du 25 juillet 2021), la migration illégale a augmenté ». Ben Amor ne nie pas que de nombreux jeunes le soutiennent et sont allés voter « oui » pour sa Constitution. « Mais ce n'est qu'un vote de protestation, car il s'oppose à la classe politique, jugée corrompue et incompétente, qui monopolise le pays depuis 2011, après l'avènement de la démocratie ». Le chômage des jeunes avoisine les 40 %.  Selon l'économiste Ezzedine Saidane ‘’C'est une partie de la population avec un niveau d'éducation modeste et des aspirations très fortes qui soutient Saïed. Ils pensent que la nouvelle constitution résoudra tous leurs problèmes, qu'elle apportera plus d'argent et d'emplois’’. »

ARTICLE, Il Corriere della Sera, A. Panebianco, « Ceux qui acclament Poutine en Italie » : « Peut-être que seuls les 5 étoiles prendront une position clairement pro-Poutine, surtout si Alessandro Di Battista joue un rôle de premier plan. D'autres prendront des positions moins explicites, mais tout aussi inquiétantes. Poutine, vraisemblablement, attend les résultats des élections italiennes. Soit une Italie rendue instable par le vote, soit la victoire d'une alliance dans laquelle les partis qui lui sont amis ou qui ne lui sont pas hostiles ont du poids et des responsabilités. L'un ou l'autre de ses résultats conviendrait à la Russie. Dans des conditions totalement différentes, nous assistons à une nouvelle édition des élections du 18 avril 1948, l'Italie est appelée à faire un choix décisif. A la différence fondamentale qu'à l'époque, le camp occidental disposait d'un leadership très fort capable de donner de la cohésion à son système d'alliances dans la confrontation avec l'Union soviétique, alors qu'aujourd'hui le camp est divisé. Macron n'a pas de majorité dans un parlement rempli, à droite comme à gauche, d'amis de Poutine. L'Allemagne est dirigée par un chancelier faible et par une classe dirigeante indécise. A ces difficultés, nous pouvons ajouter la présence d'un cinquième pilier pro-poutine au sein de l'Union européenne avec Orbán et d'une Turquie qui ne reste dans l'OTAN que parce que c'est une carte à jouer, parmi d'autres, utile aux fins de sa politique de puissance autonome. Les sociétés occidentales ouvertes et libres sont extrêmement vulnérables. De nombreux adversaires de Draghi tenteront pendant la campagne électorale de parler le moins possible de politique internationale. Ils se concentreront sur les questions nationales où il est plus facile de se fondre dans la masse. Seuls les 5 étoiles adopteront peut-être une position claire, explicite et pro-Poutine, surtout si dans la confrontation électorale, Alessandro Di Battista jouera un rôle de premier plan. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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