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20/07/2022

"Dans l’attente du vote."

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Italie. Revue de presse.

Le discours de Mario Draghi devant le Sénat italien ce matin, qui sera suivi en fin de journée par un vote de confiance, fait la Une de la presse italienne. Les quotidiens soulignent les tensions internes au gouvernement et aux partis qui se poursuivaient hier encore. « Draghi au Sénat, entre tensions et espoirs » Aujourd’hui l’intervention au Sénat puis le vote de confiance. Les exigences de Salvini et les conditions du Président du Conseil (Corriere della Sera), « Draghi au Sénat, l’inconnue Salvini » Le Président du Conseil a préparé deux discours, il est prêt à recommencer mais sans l’approbation des partis il démissionnera ; le centre-droit est tenté par les élections anticipées mais après les entrevues au Palais Chigi ils exigent un ‘’gouvernement sans Conte’’. Le Mouvement 5 Etoiles ne se prononce pas sur la confiance. (La Repubblica), « Draghi, la confiance ou la démission » Les 5 Etoiles sont scindés en deux. La Ligue et Forza Italia ne veulent plus d’eux au gouvernement. Enrico Letta se veut optimiste. (La Stampa). « La voix des maitres a ordonné ‘’Draghi doit rester’’ » (Il Fatto Quotidiano), « Crise de gouvernement, l’inconnue du Mouvement 5 Etoiles demeure » (Il Messaggero), « Les agences de notation sonnent l’alerte ‘’sans Draghi les réformes ne seront pas menées à bien’’ » (Sole 24 Ore).  

 Les JT couvrent essentiellement la crise politique italienne en se concentrant sur l’allocution de Draghi au Sénat de ce matin, sur le vote de confiance de ce soir ainsi que sur les incertitudes au sein des partis. Les incendies qui dévastent l’Europe (en France, en Espagne, au Portugal et en Italie) ainsi que la canicule en France et au Royaume-Uni sont abondamment commentés. L’arrestation de la députée démocrate américaine, Alexandria Ocasio-Cortez, pour avoir manifesté contre la fin du droit à l’avortement aux Etats-Unis et le sommet au sujet de la crise du blé entre Poutine, Erdogan et Raisi à Téhéran sont également couverts.

Sur Twitter le hashtag #Draghi domine suite au discours du Président du Conseil au Sénat et en vue du vote de confiance attendu aujourd'hui.

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de M. Guerzoni, « Rencontres, disputes et coups de téléphones » : « Draghi prononcera son discours aujourd’hui devant le Sénat, s’ensuivra le vote de confiance des sénateurs. Les 5 Etoiles de Giuseppe Conte pourraient sortir de la majorité alors qu’une vingtaine de parlementaires pourraient rompre avec le Mouvement afin de soutenir le Président du Conseil. La Ligue et Forza Italia sont tourmentés mais devraient se résoudre à soutenir Draghi, à condition que les élections soient organisées en mars 2023 et non en mai : Salvini et Berlusconi ne veulent pas laisser à Letta le temps de réorganiser le centre-gauche. Nous avons retracé la journée d’hier. Dario Nardella espérait rassembler 2000 signatures de maires en soutien à Draghi et le Premier ministre espagnol exprime lui aussi son soutien dans la presse. Draghi est sensible à ces témoignages. Salvini a réuni les ténors de la Ligue et réitéré son opposition à un ‘’gouvernement avec le M5S’’. Le matin, Enrico Letta a rendu visite à Mario Draghi au Palais Chigi pour sonder son état d’esprit et à l’issue de la rencontre il se voulait positif. Le Président du Conseil s’est ensuite rendu au Palais présidentiel pour le premier face à face avec Mattarella depuis l’annonce de sa démission jeudi dernier. Il aurait laissé le Président de la République dans l’incertitude. Dans l’après-midi Salvini et Berlusconi expriment leur mécontentement suite au face-à-face entre Draghi et Letta, faisant craindre une remise en cause du faible espoir de négociation. Le centre-droit s’inquiète d’un possible pacte passé entre les deux hommes et Matteralla. Berlusconi convie les leaders et autres ténors du centre-droit, à l’exception de Toti qui plaide pour le maintien de Draghi sans retenue et sans conditions, pour 5 heures de discussions au total. En parallèle, plusieurs membres du M5S annoncent qu’ils voteront la confiance mais ce n’est pas non plus l’hémorragie attendue. En revanche, pour Di Maio, Conte ‘’ne votera pas la confiance’’ mais Davide Crippa devrait voter ‘oui’ à la Chambre. Mario Draghi, informé de leur irritation, invite Berlusconi, Salvini, Tajani et les autres. Salvini mise finalement sur le remaniement mais fait monter les enchères : il veut notamment récupérer le portefeuille de l’Agriculture aux dépends du 5 Etoiles Patuanelli. Draghi a également parlé avec Zelensky et réitéré son soutien à l’Ukraine contre la guerre de Moscou. » 

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de F. Verderami, « L’ouverture du Président du Conseil ; le discours et les priorités mais aussi les conditions vis-à-vis des partis » : « L’enchainement de rencontres avec les leaders de la majorité peut être lu comme un signe que Draghi cherche à trouver un moyen de revenir sur sa démission. Mais c’est surtout l’appel téléphonique avec le Président Zelensky qui montre que le Président du Conseil veut avant tout éviter de rompre les équilibres internationaux dont il est le garant auprès des autres leaders internationaux. C’est la volonté de respecter les engagements géopolitiques pris au nom de l’Italie aux côtés des partenaires qui le pousse à trouver une solution à la crise. Ainsi, si le paysage politique italien tente d’imposer ses règles au chef du gouvernement, Draghi proposera aux partis de rester à la tête de l’exécutif jusqu’aux élections en mars 2023 avec un programme et une série de priorités exposées très clairement ce matin et sur la base desquelles la coalition devra accepter ou non de mener la législature à son terme. Le problème est que le chef du gouvernement voit bien comment sa majorité, au cours de ces derniers jours de réflexion, a continué de s’effilocher plutôt que de se ressouder. Les intérêts de chaque parti à l’approche des élections desservent le projet du Président du Conseil. Letta semble persister à vouloir laisser une porte ouverte à Conte, considérant le M5S comme un allié indispensable pour pouvoir défier le centre-droit aux élections. Outre le centre-droit, la rencontre entre Draghi et Letta d’hier matin a été jugée inadaptée par certains démocrates et a irrité les dissidents 5 Etoiles ainsi que le ministre Di Maio. Salvini et Berlusconi craignent quant à eux une ‘’politicisation’’ de Draghi qui pourrait même l’amener à se présenter aux prochaines élections. Ils ont formulé à leurs tours de nouvelles requêtes. En somme, la journée d’hier a en partie confirmé les difficultés qui pourraient paver le chemin de Draghi jusqu’aux prochaines élections en mars. Draghi semble toutefois résolu à trouver une solution, pour ne pas manquer aux engagements pris avec les partenaires occidentaux. » 

PREMIER PLAN, La Repubblica, S. Mattera « Le jour le plus long : Draghi à l’épreuve de la question de confiance au Sénat » : « La réunion des chefs de groupe du Sénat, hier à la mi-journée, a donné aux parlementaires l’indice d’une tentative de réconciliation à travers la décision de ne pas limiter le débat : l’allocution du Président du Conseil est prévue à 9h30, le vote de confiance un peu avant 19h. Cela laisse le temps de négocier et d’éviter que Draghi n’ait à prendre acte de l’absence d’entente. Letta est le principal sponsor de la continuité. Après avoir parlé avec Conte lundi soir, il a rendu visite à Draghi hier matin : ‘’Poursuivons l’agenda du gouvernement’’ leur a-t-il dit à tous les deux. Letta aurait perçu chez Draghi l’ouverture tant espérée. Salvini et Berlusconi, réunis à la Villa Grande, avec Tajani, Lupi et Cesa apprennent avec irritation l’entretien de Letta et de Draghi, déplorant une ‘’négociation déséquilibrée au profit de la gauche’’. Salvini, Tajani, Lupi et Cesa demandent alors à Draghi un changement de méthode et de posture de la part du gouvernement et, surtout, l’exclusion de Conte de la majorité. Ils ne semblent pas vouloir prendre la responsabilité d’un vote anticipé mais ils veulent que le barycentre de la majorité se déporte vers la droite. Toutefois, ils ne réitèrent pas le souhait formulé en public de faire remplacer Luciana Lamorgese, ministre de l’Intérieur, et Roberto Speranza, ministre de la Santé, jugé inacceptable par Draghi. Le Palais Chigi y voit un signe d’ouverture. Conte, quant à lui, se tait. Selon Di Maio ‘’il a déjà décidé de ne pas voter la confiance’’. Tout son parti ne le suivrait pas : ‘’si Draghi se montre ouvert sur les thèmes qui nous sont chers, ne pas voter est injustifiable’’ affirme le chef de groupe Cinq-Etoiles à la Chambre, Davide Crippa. Mais, si le M5S faisait marche arrière et revenait dans la majorité, le front à droite se réactiverait. Rien n’est joué d’avance. »

PREMIER PLAN, La Repubblica, G. Casadio, « Les pronostics au Sénat et au Parlement, les voies en faveur du gouvernement seraient de toute façon majoritaires » : « Bien que Draghi ne soit disposé à rester à la tête du gouvernement qu'avec une majorité efficace et bipartisane, la résolution qu'il présentera, d'abord au Sénat puis à la Chambre, pour demander la confiance, peut en théorie compter sur un certain consensus. L'épreuve la plus difficile sera celle du Sénat. Au total, 206 sénateurs accorderaient la confiance à Draghi sur les 315 plus les 6 sénateurs à vie, ce qui est bien supérieur aux 161 nécessaires pour atteindre la majorité. Au total, les membres du Mouvement 5 Etoile occupent 62 sièges, constituant le premier groupe au Sénat. Si l'ordre de Conte était de ne pas voter la confiance, Draghi passerait de 268 à 206 voix en sa faveur. Autre scénario : si les 62 sénateurs 5 Etoiles votent pour et les 61 sénateurs de la Ligue contre, on comptabilisera 207 sénateurs votant la confiance à Draghi. Au Sénat, il y a 21 sénateurs de Fratelli d'Italia, 13 d'Alternativa et un autre petit groupe ‘mixte’. A la Chambre, le seuil de la majorité est fixé à 316 voix, or avec cette configuration on pourrait compter sur 451 voix en faveur d'un gouvernement Draghi. Si Conte, en revanche, décide d'être favorable, on pourrait atteindre les 555 députés favorables, à moins que, à ce moment-là, les 131 membres de la Ligue ne décident de voter contre et de rejoindre Meloni et Fratelli d'Italia dans l'opposition. Dans l’attente du vote, tous les signaux venant des partis politiques sont scrutés. Mais, selon ces chiffres établis, la confiance devrait l’emporter dans les deux chambres. 

PREMIER PLAN, La Stampa, F.Olivo, « Salvini met en garde le premier ministre : Pas de 5 Etoiles, ‘’ils nous empêcheront de faire des réformes’’ » : « La Ligue fait monter les enchères, et les ministres Speranza et Lamorgese se retrouvent dans son collimateur. Forza Italia et la Ligue ne savent toujours pas comment ils vont se positionner dans l'hémicycle aujourd'hui. La Ligue continue de songer aux élections anticipées, mais exige en même temps du gouvernement une ‘’discontinuité’’ tant dans la composition des ministres que dans l'agenda. En bref, toutes les voies sont ouvertes. Pour les deux partis, la présence du Mouvement 5 Etoiles est décisive, ‘’c'est nous ou Conte’’ ont-ils répété ces derniers jours, y compris hier soir devant le chef du gouvernement. A ce stade, personne ne peut répondre à la question de fond : le M5S restera-t-il dans la majorité ».  Toute la journée d'hier, la Ligue a focalisé l’attention contre les ministres Roberto Speranza et Luciana Lamorgese, que Draghi ne voudra probablement pas sacrifier. Dans ce cas, le centre-droit pourrait exiger une compensation, par exemple un remaniement.  Le sujet du remaniement entre donc dans les négociations, notamment parce qu'en cas d'adieu du M5S, trois ministres devraient être remplacés et le centre-droit pourrait alors conquérir un rôle moteur au sein du nouveau gouvernement.  La coalition est à la croisée des chemins et ne sait toujours pas quelle direction prendre. Les deux directions présentent des avantages et comportent des risques. L'instinct, surtout celui de Salvini, le pousse à aller aux urnes, en profitant des divisions des adversaires et en se libérant du poids de gouverner avec des ennemis. Le sens des responsabilités, cependant, dit autre chose : les deux dirigeants ne peuvent vraiment pas se permettre d’être considérés comme coupables de la crise. Salvini s'est fait rappeler à l'ordre par les présidents de région qu'il a rencontrés hier matin et qui auraient également fait part de leurs craintes. Luca Zaia et Massimiliano Fedriga ont demandé de ne pas abandonner Draghi. » 

COMMENTAIRE, La Repubblica, S.Folli, « Mario Draghi, un Président du Conseil un peu plus politique » : « Il est désormais difficile de trouver quelqu'un prêt à croire qu'aujourd'hui (mercredi 20 juillet) au Sénat ou demain (jeudi 21 juillet) à la Chambre, Mario Draghi sortira de scène. Il est clair que le premier intérêt de Draghi est de préserver l’image d'intransigeance et de sérieux à la base de sa réputation internationale. Et il ne s'agit pas d'un intérêt personnel, mais d'un intérêt institutionnel, dans la mesure où le crédit du Premier ministre sur la scène mondiale coïncide aujourd'hui avec le crédit de l'Italie. Et vice-versa. Le Premier ministre doit concilier différents aspects. D'une part, la cohérence avec son histoire et ce qu'il représente dans le pays et dans l'UE. De l'autre, les besoins des parties. Draghi lui-même avait parlé au début de la crise d'une majorité impossible sans le Mouvement 5 Etoiles. Puis il y a eu les scissions et une nouvelle vision a émergé. Mais un discours du premier ministre trop dur vis-à-vis du Mouvement 5 Etoiles et de leurs revendications mettrait Letta en difficulté, qui envisage toujours une alliance avec le Mouvement 5 Etoiles. A l’issue du vote de confiance, un autre gouvernement naîtra en fait, en fonction de la manière dont se déroulera la session au Parlement : peut-être un peu moins « technique » et un peu plus politique. » 

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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