18/07/2022
"Salvini : PD irresponsable, il vaut mieux voter."
Italie. Revue de presse.
La crise du gouvernement italien fait la Une des quotidiens nationaux qui titrent sur les possibles scénarios en vue de mercredi, jour où Mario Draghi se présentera devant le Parlement. Le Corriere della Sera titre « Gouvernement, appels et vetos croisés » en soulignant la position de Forza Italia et de Ligue excluant un nouveau pacte avec le M5S. La Repubblica et le Messaggero soulignent le débat interne au M5S « Nouvelle scission en vue », avec l'hypothèse d'une démission d'environ 35 parlementaires et les pressions en faveur des élections exercées par la Ligue « Salvini : PD irresponsable, il vaut mieux voter » (Repubblica). La Stampa titre sur les positions et la stratégie politique interne à la droite « Salvini et Berlusconi misent sur le vote », à la suite de la rencontre, hier, entre les deux leaders de la droite tandis que le Fatto Quotidiano souligne que « 1 Italien sur 2 ne veut plus de Draghi ».
Les grèves et les annulations dans le secteur du transport aérien sont également en premier plan sur Repubblica et la Stampa, tandis que le Sole 24 Ore titre sur la « Crise démographique, 2 millions de travailleurs en moins en 2030 » et que le Messaggero propose un focus sur le manque de travailleurs dans le secteur public.
A la veille du 30ème anniversaire de l'assassinat du juge Paolo Borsellino à Palerme, Domani titre : « Borsellino était resté seul lorsqu’il allait vers la mort. »
Les JT couvrent essentiellement la crise de gouvernement en Italie ainsi que les appels de nombreux politiques et maires adressés à Mario Draghi pour qu'il reste au Palais Chigi ; le voyage du Président du Conseil en Algérie pour signer de nouveaux accords sur les fournitures de gaz ; les prises de position des leaders de droite sur la crise de gouvernement ; la situation de la guerre en Ukraine ; le nouvel écroulement sur le glacier de la Marmolade où 11 personnes ont perdu la vie le 3 juillet.
Sur Twitter l'hashtag #Draghi, en référence à la crise politique en cours, domine.
PREMIER PLAN, La Stampa, F. Olivo « Centre-droit : soit Draghi soit Draghi » : « Face à face entre Berlusconi et Salvini : ‘soit un gouvernement sans les 5 Etoiles, soit des élections immédiates’, mais Forza Italia est divisée. Alors que Berlusconi arrive à Rome, le secrétaire de la Ligue affirme : ‘il vaut mieux voter’’. Matteo Salvini s'est envolé vers la Costa Smeralda pour resserrer les rangs avec Silvio Berlusconi, dictant à Mario Draghi des conditions qui rapprocheraient de fait les élections de l'automne. La stratégie tenue jusqu'à présent par la Ligue et Forza Italia sort renforcée du déjeuner en Sardaigne : ’’C'est nous ou le Mouvement 5 étoiles’’. Les ministres de Forza Italia, menés par Gelmini, l'ont remarqué, dénonçant, en public ou en privé, l'asservissement de leur parti aux dessins de Salvini. En réalité, les positions ne sont pas tout à fait identiques. Alors que Salvini veut voter immédiatement déclarant que ‘’les nouvelles déclarations de Conte confirment la rupture du pacte de confiance avec le sens habituel de la responsabilité qu'il était convenu d'attendre par rapport à l'évolution de la situation politique. Nous sommes prêts à nous soumettre, même à très court terme, au jugement des citoyens et à écarter la possibilité de gouverner avec les 5 étoiles en raison de leur manque de fiabilité et de leur incompétence’’. Le fondateur de Forza Italia est moins convaincu, il sait que la tendance électorale est propice, mais il ne peut rester indifférent aux appels qui lui sont adressés de toutes parts, en premier lieu de Gianni Letta, qui ne cesse de répéter qu'aller voter immédiatement plongerait le pays dans le chaos. "
PREMIER PLAN, Repubblica, M. Pucciarelli « Du mouvement à la « fête de Conte », Di Maio travaille sur une scission bis » : « Le chemin est étroit mais la tentative est forte. Immédiatement après les démissions de Draghi dans ses diverses déclarations publiques, Di Maio et les autres ex-membres de partis ont cessé de parler du Mouvement 5 Etoiles et l'ont appelé uniquement le "parti de Conte". Il ne s'agit pas d'un choix lexical anodin mais d'un message politique très précis : le mouvement qui avait soutenu le gouvernement il y a environ un an et demi n'existe plus, et s'il n'existe plus, alors la majorité qui peut soutenir le Premier ministre peut changer. En outre ce fait nouveau pourrait être le signal nécessaire pour convaincre Draghi de rester. L'objectif du ministre des affaires étrangères est de favoriser la sortie du Mouvement 5 Etoiles de l'aile gouvernementale 5 étoiles et de former un groupe de 35-40 députés menés par le chef de groupe Crippa. De fait, un transfuge du Mouvement 5 Etoiles a déclaré hier après-midi : « Pour que l'opération fonctionne, il faut arriver mercredi à la Chambre avec le fractionnement au sein du parti déjà établi ». Ce n'est pas une question de chiffres car, sur le papier, Draghi a déjà la majorité. L'annexion du Mouvement par le chef de groupe Crippa menant avec lui toute la direction de la Chambre des députés aurait une énorme importance symbolique. L'idée ne serait même pas celle d’une simple scission des mécontents, mais la création d'un autre groupe. Dès lors, Draghi officiellement supplié de rester par beaucoup ne devrait plus avoir besoin du soutien du soutien du Mouvement 5 Etoile, premier groupe parlementaire, car il ne le serait plus maintenant et si cette scission à lieu, la taille du Mouvement en serait encore réduite. »
COULISSES, Il Corriere della Sera, M. Guerzoni « Draghi ne voit pas de progrès : c’est aux partis de montrer que quelque chose change » : « L’appel d’un millier de maires italiens, les appels de Macron et des autres leaders européens, le « profond respect » de Biden, la pétition de Renzi, la pression des chefs d’entreprises et de très nombreux citoyens ont fait très plaisir à Draghi et ont contribué à affaiblir sa conviction que sa démission soit destinée à être irrévocable. Cependant, selon le Président du Conseil, « c’est aux forces politiques de montrer qu’un changement est en cours ». Le dernier ultimatum de Conte a été vu comme le prologue de la sortie du gouvernement du M5S. L’impression qui prévaut chez les partisans de Draghi est que le Président des Cinq-Etoiles avait décidé depuis longtemps de faire tomber la majorité afin de remonter dans les sondages et de se venger de son remplaçant au Palais Chigi. Si cela est vrai, pour les partisans d’une recomposition, le problème n’est plus Conte mais devient le duo Salvini et Berlusconi. Si les deux leaders optent pour les élections anticipées, le gouvernement Draghi sera conclu avant mercredi même. Si Berlusconi et Salvini devaient choisir la voie de la recomposition d’un gouvernement « bis », il ne manquerait à Draghi qu’un acte significatif au niveau parlementaire pour se soumettre à nouveau à un vote de confiance : une rupture incurable au sein du M5S avec, d’un côté, les partisans de la révolte et, de l’autre, ceux du gouvernement. Les partisans de Di Maio et de Letta essaient de se rallier aux forces pro-gouvernementales , en particulier le chef de groupe du M5S à la Chambre, Davide Crippa et, dans l’éventualité où ils y arriveraient, le périmètre de la majorité resterait plus ou moins le même. D’autres déçus pourraient voter la confiance à Draghi qui se verrait confier un nouvel exécutif, sans les partisans de Conte. D’Incà resterait aux Rapports avec le Parlement et, si Patuanelli venait à démissionner, Draghi récupérerait, par intérim, les dossiers du ministère de l’Agriculture. »
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, d’A. Arachi, “Plus de 1000 maires signent en faveur de Draghi ; Giorgia Meloni en colère dénonce une action éhontée » : « Une lettre appelant Mario Draghi à ‘’rester en poste’’ avait déjà été signée, dimanche à la mi-journée, par plus de mille maires italiens. Le maire de Pesaro affirme que d’après les retours qui leurs parviennent, Draghi aurait été très touché par les différents appels, dont celui des maires. Cette initiative déplaît en revanche fortement à Giorgia Meloni, à la tête du parti d’opposition Fratelli d’Italia, qui reproche à ces représentants des citoyens d’utiliser les institutions comme une tribune, comme si c’était des sections de partis politiques. Dario Nardella, maire de Florence et l’un des coordinateurs de l’initiative soulignent que plusieurs maires des rangs du centre-droit sont également signataires de la lettre, comme le maire de Venise ou encore de Gênes. Ils en appellent à ‘’la responsabilité, au sentiment d’appartenance et au sérieux’’. En revanche aucun maire sous étiquette Fratelli d’Italia n'est signataire. On observe par ailleurs que si certains léghistes, notamment dans le nord, ont préféré garder leurs distances, au sein de Forza Italia nombreux sont ceux qui se sont joints à l’appel collectif. Giorgia Meloni plaide quant à elle pour des élections immédiates, suscitant à son tour les réactions du Parti démocrate, de Piero Fassino à Stefano Bonaccini. Le maire de Milan, Giuseppe Sala explique qu’ils se font ainsi l’écho des attentes des citoyens qu’ils représentent qui sont désorientés et déçus face à cette crise politique. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli « Les (en)jeux derrière l’agonie du Mouvement Cinq-Etoiles » : « Il est évident que la crise a lieu sur deux plans, l’un interne, l’autre international. Sur ce dernier, Draghi a déjà bénéficié de la plus haute reconnaissance. Comme l’a écrit le New York Times, « la crise italienne redouble les inquiétudes européennes », faisant allusion à l’avantage que tirera la Russie d’un affaiblissement des démocraties sur le continent européen. Ce thème devrait également dominer la discussion interne, puisque la majorité de Draghi se définit comme une majorité « d’urgence ». Inversement, à Rome se poursuivent des rites politiques compréhensibles à quelques initiés seulement. A deux jours du débat au Parlement, tous tournent leurs regards vers le Président du Conseil et lui demandent de rester, mais c’est aux forces politiques de décider de ce qu’elles veulent faire. Si le centre-droit se dit prêt pour les élections anticipées, Salvini et Berlusconi ne tiennent pas les mêmes positions intransigeantes que Fratelli d’Italia. On comprend qu’à certaines conditions, ils continueraient à soutenir Draghi. Ils attendent que le parti de Conte se désagrège, qu’un nouveau contingent du Mouvement rejoigne les rangs de Di Maio, que le cycle du Mouvement prenne fin ou bien que Conte place ce qu’il reste du M5S dans la zone grise de « l’appui externe ». Devant la débandade des partisans de Conte, Draghi pourrait porter le gouvernement jusqu’à la loi de Finances. La droite pourrait demander des engagements sur quelques points, bien définis, du programme, tout comme le Partito democratico, qui pourrait commencer à compter sur lui-même en adoptant une position claire et réformiste. Ce serait la seule manière de se préparer aux élections qui, quel que soit le scénario, approchent. »
SONDAGES, Il Fatto Quotidiano, F. Sorrentino, « Draghi-bis ? Un Italien sur deux dit non : mieux vaut organiser des élections anticipées » : « Les Italiens auraient-ils tellement confiance en Mario Draghi qu'ils le voudraient encore au Palais Chigi ? Il est compliqué pour l'instant de quantifier si l'attrait des électeurs pour « Super Mario ». « C'est une période difficile pour faire des sondages », révèlent conjointement les sondeurs. Dans les sondages de ces derniers jours, une division presque parfaite se dessine entre les Italiens qui souhaiteraient un Draghi-bis et ceux qui voudraient au contraire retourner aux urnes. En particulier, révèle Izi Spa dans un sondage réalisé entre les 14 et 15 juillet et reporté par La Repubblica : « un peu plus de la moitié des Italiens (53%) seraient contre des élections anticipées ». Parmi ceux qui voudraient éviter un vote, beaucoup ne sont pas tant motivés par la confiance en Draghi que par l'impression que le recours aux élections ne serait « pas une bonne idée » car « qui sait ce qui se passerait ensuite ». Un sondage commandé par Affaritaliani.it et réalisé par Roberto Baldassari du Lab 21 confirme ce sentiment partagé par les Italiens : « le vote anticipé serait ici la solution préférée de 45,6% des Italiens, tandis que le 2 octobre serait la date la plus probable pour retourner aux urnes ». Pourtant, les demandes visant à maintenir Draghi au Palais Chigi se multiplient : Italia Viva lance une pétition, les maires des grandes villes écrivent un appel, le Vatican se dit préoccupé et invoque sa « responsabilité ». Le vote anticipé, en revanche, effraie, ce serait un saut dans le vide pour beaucoup. Le retour aux urnes serait toutefois « une aide pour le centre-droit », comme le démontre un récent sondage, réalisé par Youtrend et Cattaneo Zanetto & Co, à partir duquel Fratelli d'Italia, Lega et Forza Italia seraient en plein essor quelle que soit la coalition adverse, avec ou sans l'accord Dem-Grellini. Le périmètre des alliances est donc déterminant « il y a l'atomisation du centre mais Calenda, Renzi, Di Maio, +Europa et les Verts ne se fédèrent pas facilement » selon Pregliasco de Youtrend. »
ENTRETIEN, Il Corriere della Sera, de Matteo Renzi « “Un nouveau mandat de Draghi serait la solution la plus efficace : sans lui, il ne reste plus que les élections” » : « La pétition [en faveur du maintien de Draghi, ndlr] a eu beaucoup de succès. Alors que nous nous parlons, nous en sommes à 80 000 signatures. Je parle de « Draghi bis » car, ce serait, selon moi, la solution la plus efficace pour les dix mois à venir. L’important c’est que Draghi reste au Palais Chigi et qu’il vienne à la Chambre sans devoir se retrouver entraîner dans des négociations dignes de la Première République : ce doit être à prendre ou à laisser. J'attends de voir qui prend la responsabilité de faire tout tomber à l’eau. Soyons clairs : un nouveau gouvernement Draghi se fait si Draghi veut le faire et à ses conditions. Le départ d’Incà du M5S, en admettant qu’il s’avère, n’est presque qu’une question de folklore. Je suis en faveur d’un second mandat de Draghi, avec un sursaut de détermination et de responsabilité du Président du Conseil. S’il ne s’en sent pas capable – ce qui me déplairait beaucoup – il faut voter tout de suite [et non pas prolonger la législature jusqu’au vote de la loi de Finances, ndlr]. Il faut en finir avec cette comédie indécente. Soit un nouveau gouvernement Draghi soit les élections. »
PREMIER PLAN, La Repubblica, de S. Mattera et L. Pagni, « Le Président du Conseil se rend à Alger afin d’augmenter les achats de gaz ; davantage de ressources y compris pour l’Europe du Nord. »
PREMIER PLAN, La Repubblica, « L’Union Européenne défie Poutine : un plan d’urgence contre la réduction de l’approvisionnement en gaz. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
13:18 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.