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14/07/2022

"Le M5S ne votera pas la confiance, le gouvernement va vers la crise."

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Italie. Revue de presse. 

La presse italienne titre largement sur la décision du M5S de quitter le Sénat pendant le vote de confiance sur le décret devant allouer les aides économiques pour les ménages et les entreprises. Les commentaires mettent en avant la possibilité concrète d’une crise gouvernementale, l’exécutif de Mario Draghi ne disposant plus de la même majorité. Plusieurs scénarii sont évoqués, allant d’un exécutif Draghi soutenu par une nouvelle majorité à la possibilité d’élections anticipées en octobre. « Le M5S ne votera pas la confiance, le gouvernement va vers la crise » - Après un long entretien téléphonique avec Draghi, Conte décide avec ses parlementaires de sortir du Sénat pendant le vote d’aujourd’hui. Pour Salvini, après la rupture du M5S il ne peut y avoir que des élections anticipées (Corriere della Sera), « Draghi, le grand refus du M5S » - Après une longue journée de rencontres et de bras-de-fer, le Mouvement décide de ne pas voter la confiance prévue aujourd’hui au Sénat. Draghi décidera s’il démissionne ou s’il se présentera devant le Parlement pour vérifier qu’il y dispose toujours de la majorité (La Repubblica), « Conte ouvre la crise, Draghi est prêt à démissionner » (La Stampa), « Gouvernement, le M5S ouvre la crise » - Conte qualifie d’ « insuffisantes » les garanties données par Draghi sur les mesures sociales. Pour Letta, la coalition avec les 5 Etoiles est finie (Il Messaggero), « Conte ne se laisse pas convaincre, Draghi menace de démissionner » - Draghi formule ses promesses par téléphone mais les 5 Etoiles ne signeront pas de chèque en blanc (Fatto Quotidiano), « Le [roi] Conte est nu » - Le dirigeant du M5S se retrouve dans une impasse et reste isolé (Il Giornale). Dans les pages intérieures, la réunion d’experts militaires à Istanbul sur le blocage des exportations de céréales en Ukraine et la hausse du taux de contagion de Covid-19 sont aussi largement citées.

Sur Twitter, le hashtag #crisidigoverno, en référence à la possibilité que le Président du Conseil puisse démissionner à l’issue du vote de confiance d’aujourd’hui au Sénat, domine.

COULISSES, Corriere della Sera, F. Verderami « La stratégie de Draghi est d’écarter la possibilité de diriger un gouvernement amoindri » : « Le coup de fil entre Draghi et Conte n’a pas permis comprendre si le leader 5 Etoiles s'efforçait réellement de convaincre son peuple in extremis d'accorder sa confiance au gouvernement, ou s'il s'agissait simplement d'une tactique. Et comme "plus que les mots, c'est le comportement qui compte", Draghi était déterminé à attendre l'issue du vote d'aujourd'hui au Sénat. Si le Mouvement donne suite à sa décision de quitter le Sénat et ne vote pas avec le reste de la majorité le décret sur les aides, le Président du Conseil se rendra au Quirinal et démissionnera, officialisant ce qu'il avait déjà annoncé à Mattarella. Draghi rejette l'idée de diriger un "non gouvernement", de se transformer en Président d'un exécutif transitoire, exposé dans les derniers mois de son mandat à de nouvelles embuscades et à de nouveaux ultimatums. D'autre part, il est conscient d'être vu par sa majorité comme un obstacle. On ne sait pas encore comment se terminera la mandature, si le chef de l'État demandera à M. Draghi de rester au Palais Chigi pour gérer l’administration courante avant les élections. Mais autant le Président du Conseil pense que les forces politiques ne sont pas encore prêtes pour les élections, autant il n'a pas calculé à quelle vitesse elles se manifestent quand leur survie est en jeu. En effet, les partis ont déjà commencé à envisager l'ère post-Draghi, alors que ce dernier n'a pas démissionné. Des discussions informelles avaient déjà eu lieu au sein du PD, au cours desquelles le secrétaire Letta espérait arriver aux élections "au moins après l'adoption de la loi de finances", tandis que pour d'autres il valait mieux "aller au vote plus tôt, pour catalyser le consensus". Sachant qu'ils ont peu de chances de gagner, ils essaient au moins de tirer au sort. Au point que même le courant démocrate qui a toujours été hostile au Président du Conseil murmure que "si Draghi joue bien, il peut revenir après les élections". Les cadres plus proches de Meloni se sont mis à compter les circonscriptions, tandis que les dirigeants de centre-droit - comme par magie - après une année de querelles furieuses, ont harmonisé leurs déclarations. Hier, la différence entre Salvini et Berlusconi sur les développements de la crise n'était que tactique. Si Silvio Berlusconi a déclaré à la presse qu'il était favorable à un autre gouvernement Draghi sans le M5S, c'est parce qu'il voulait tendre un piège aux partisans du Mouvement : les pousser à rompre avec le gouvernement, leur faire croire qu'ils n'en paieraient pas le prix dans les urnes, et se tourner ensuite vers le vote. Ce qui, après tout, est la solution souhaitée par toutes les forces de la coalition. Quant au M5S, il semblerait que personne de l’aile dure n’ait évalué l’impact de la crise sur les marchés et sur les équilibres géopolitiques dans ce contexte international particulièrement difficile. Il est aussi difficile de le faire comprendre aux partenaires européens – comme nous le dit une source proche du Palais Chigi –jusqu’à hier après-midi ‘’ils ne s’étaient pas rendus compte de la gravité de la situation politique à Rome’’. Au PD, on espère que Bruxelles et Washington puissent faire pression sur Draghi pour qu’il reste au Palais Chigi afin d’assurer les engagements pris sur le Plan de Relance. »

ARTICLE, Corriere della Sera, M. Breda « Le Quirinal est prêt à mettre les partis devant leurs responsabilités » : « Si aujourd'hui, comme annoncé hier, les sénateurs de Giuseppe Conte, irrités et divisés, décident de s'abstenir ou de quitter la salle lors du vote de confiance sur le décret d'aide, ce sera à Draghi de décider du chemin à suivre. Va-t-il faire semblant de rien malgré l’atteinte portée à la coalition d'unité nationale née il y a un an et demi sous sa direction ? Renoncera-t-il à sa crédibilité et son intransigeance, se contentant d'une majorité (il y en aurait une de toute façon) sans ce parti qui, avant la scission de Luigi Di Maio, était le premier aux élections de 2018 ? Ou bien rendra-t-il visite sans tarder au Chef de l'État, pour démissionner ? Au Quirinal, on est évidemment prêt à faire face à toute hypothèse, tout en gardant une réserve absolue. C’est là un choix compréhensible, qui fait partie du jeu des parties, engagées jusque tard dans la nuit dans d'âpres négociations. C’est un choix qui repose sur un point ferme, connu de tous : même pour Mattarella, il s'agit du dernier gouvernement de la législature. Par ailleurs, c'est Mattarella lui-même qui l'a qualifié de dernier recours pour faire face aux urgences du pays. Dans le cas d'un Draghi paralysé par la vérification de confiance au Sénat, le président le renverrait au Parlement. Mais - attention - non pas comme un test d'appel à la coalition pour raccommoder in extremis un tissu qui vient d'être déchiré, mais pour obliger les partis à assumer solennellement leurs responsabilités devant le pays. En exprimant publiquement leurs positions respectives, sans les mascarades tactiques et les relances continuelles auxquelles nous avons assisté. Puis, le cas échéant, une fois consultés les partis politiques et le nombre de voix disponibles, il prendra une décision. Va-t-il demander à Draghi de faire un nouveau sacrifice ? »

COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli : « La législature en miettes » : « La carte jouée par Salvini a contribué à changer le scénario de la crise. Selon le chef de la Ligue, si les Cinq-Etoiles quittent la majorité, la porte est ouverte aux élections anticipées. Cela démontre qu’il n’y a pas d’entente secrète entre Conte et Salvini. Ils poursuivent tous deux des objectifs différents : le premier voudrait repasser dans l’opposition pour reconquérir les voix perdues mais sans provoquer la chute de Draghi et sans élections anticipées. Le second n’a pas d’intérêt à se laisser emprisonner dans une majorité qui ne répondrait plus à une urgence ou ne serait plus de quasi union nationale et qui assisterait à la revitalisation du populisme des Cinq-Etoiles. Salvini préfère donc les élections. Ainsi, dans les dernières heures, une convergence partielle et imprévue a-t-elle vu le jour. Draghi, quant à lui, veut éviter de devenir la cible d’une guérilla parlementaire de droite et de gauche. Le gouvernement d’urgence est issu d’une certaine logique et ne pourra pas changer de nature avec un remaniement ou un deuxième mandat, affaibli, de Draghi. Le Mouvement ne peut pas quitter la majorité sans faire tomber le gouvernement. Salvini l’affirme, Letta le craint, Draghi ne le veut pas, au vu du rôle de premier plan qu’il joue en matière de défense et politique extérieure, rôle essentiel dans l’équilibre euro-atlantique. Aujourd’hui les Cinq-Etoiles peuvent faire marche arrière et voter avec le reste de la majorité. Cela n’empêche pas un automne difficile mais évite au pays une piètre figure sur le plan international. Dans le cas contraire, il est probable que Mattarella demande à Draghi d’aller au Parlement pour vérifier si la majorité le soutien encore ou si elle peut être recomposée. Il reviendra alors au Président du Conseil de décider quoi faire. Il pourrait également décider d’abandonner les Cinq-Etoiles à leur propre sort, peu importe le destin de la législature. »

PREMIER PLAN, La Repubblica, G. Casadio : « Letta défend Draghi et isole son allié : ‘’Il ne faut pas entraver le gouvernement sinon on va vers des élections anticipées’’ » : « Si les Cinq-Etoiles quittent le gouvernement, il faudra un nouveau vote : voilà la ligne de Letta, qui appelle à la responsabilité, y compris parce que « ceux qui obtiendront le plus de voix seront ceux qui réussiront à apporter des réponses aux citoyens ». « Si une force politique, importante comme les Cinq-Etoiles, sort du gouvernement, affirme Letta, ce n’est pas pour exercer un chantage ni pour se venger que le PD dit que le gouvernement va tomber et qu’il faudra revoter : c’est l’ordre des choses. » Conte est, de fait, isolé. « Nous avons noté l’ouverture de Draghi et entrevu la possibilité concrète d’un tournant social afin que les neuf prochains mois soient marqués par une réponse du gouvernement à la crise ». Il faut donc « accélérer l’action du gouvernement, non pas l’entraver ». Letta invoque l’histoire : « Attention, je ne voudrais pas qu’avec les distinguos, on finisse comme avec le coup de pistolet de Sarajevo qui a entraîné la Première Guerre Mondiale ». Le risque d’un geste dont les conséquences peuvent sembler limitées et qui provoque, en revanche, des réactions incontrôlables : c’est l’autre message adressé aux Cinq-Etoiles. « Nous avons gagné les élections locales d’octobre, puis celles de juin, notre parti est fort, solide, attirant. Comme le dit Prodi, c’est un parti granitique. Les Italiens savent qu’ils peuvent nous faire confiance ». Pour le PD, cependant, la voie sur laquelle s’engagent les Cinq-Etoiles après la scission de Di Maio est chaotique : la ligne de l’alliance avec Conte au sein d’un front progressiste est forcément remise en cause. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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