13/07/2022
"Salvini et Berlusconi contrattaquent : une crise ne pourrait que nous être favorable."
Italie. Revue de presse.
La presse italienne titre largement sur la conférence de presse du Président du Conseil, annonçant d’une part un « pacte social » avec les partenaires sociaux face à la flambée des prix de l'énergie et accédant d’autre part à certaines demandes du dirigeant du M5S en vue de l’adoption du décret pour les aides économiques pour les ménages et les entreprises prévue ce jeudi. A cette occasion, Mario Draghi a prévenu que si le M5S devait sortir de la majorité, il démissionnerait aussitôt : « Draghi écarte les ultimatums » - Le Président du Conseil fait des concessions au M5S mais plusieurs sénateurs proches de Giuseppe Conte seraient tentés par une rupture. Le gouvernement propose aux syndicats un pacte social sur les salaires et les retraites (Corriere della Sera), « Une majorité suspendue à [la volonté de] Conte » - Le Mouvement décidera aujourd’hui de sa position lors du vote sur le décret sur les aides économiques au Sénat. Le risque d’une crise se concrétise (La Repubblica), « Draghi s’oppose à l’idée d’un gouvernement des ultimatums » - Le Président du Conseil prévient qu’il n’est pas disposé à gouverner avec une majorité sans le M5S. Le gouvernement propose la réduction des charges salariales et un salaire minimum, les syndicats sont divisés (La Stampa), « Draghi : je ne travaille pas avec les ultimatums » (Il Messaggero), « Draghi ouvre le chantier sur le salaire minimum » (Sole 24 Ore), « La proposition inexistante d’un gouvernement inexistant » - Draghi déçoit les syndicats et le M5S (Fatto Quotidiano). La hausse des nouveaux cas de Covid-19 et le début de la campagne de vaccination pour les personnes âgées de plus de 60 ans sont largement cités dans les pages intérieures.
Les JT couvrent essentiellement l’annonce par Mario Draghi d’un nouveau pacte social pour soutenir économiquement les familles et les entreprises en difficulté ainsi que son ‘’avertissement’’ contre les ultimatums posés au gouvernement notamment par le Mouvement Cinq-Etoiles. La contre-attaque ukrainienne à Kherson, le « Sommet sur le blé » à Istanbul ainsi que l’envoi d’un milliard d’euros à l’Ukraine par l’Union Européenne sont également abondamment commentés. L’augmentation des cas de Covid atteignant un chiffre record depuis janvier et l’accélération de la campagne vaccinale sont également couverts.
Sur Twitter, le hashtag #Conte, en référence à la réunion du M5S prévue aujourd’hui dans le but de déterminer la position qui sera adoptée lors du vote de confiance sur le décret des aides de l’Etat, domine.
COMMENTAIRE, Il Corriere della Sera, R. Gressi : « Draghi et la majorité, un signal explicite pour tous » : « Le Président du Conseil a rencontré les syndicats et s’est montré ouvert à leurs requêtes pour venir en aider à la part la plus en difficulté de la population. Il l’a fait en annonçant une nouvelle mesure pour la fin juillet tout en promettant de convoquer à nouveau les syndicats avant son entrée en vigueur. Au cœur de la mesure, la protection des retraites et des salaires, y compris en prévoyant la mise en place de salaires minimums dans les conventions collectives, ainsi que des interventions sur les charges sociales. On voit donc bien qu’il ne s’agit pas là d’un moyen de gagner du temps. En réalité, le gouvernement compte bien être encore en place dans deux semaines, afin de poursuivre son action pour protéger le pays des différentes crises. A l’issue du long entretien de Draghi et du Président de la République lundi soir, une ‘’entente de responsabilité’’ serait possible en dépit des agitations qui secouent une classe politique focalisée sur les prochaines élections. Hier, le Président du Conseil a été encore plus explicite : il refuse de continuer dans de telles conditions, sous les menaces de ruptures et les ultimatums. C’est un avertissement qui vaut pour tous, Conte et Salvini compris. L’action actuelle du gouvernement vise à répondre à des situations d’urgence mais, d’ici les prochaines élections, il y aura également le temps de mettre en place des mesures plus structurelles, à commencer par la loi de Finances. Il revient aux partis et à leurs dirigeants de décider s’ils entendent continuer en collaborant vraiment ou bien rester dans l’équivoque permanente. A moins que, dans un coup de poker insensé, d’aucuns ne veuillent profiter de la nécessité – la loi budgétaire étant imminente – de ne pas dissoudre la Chambre pour continuer à tirer, chacun, la corde de son côté. Mais il devrait y avoir une limite même au festival de l’irresponsabilité. »
ARTICLE, La Repubblica, E. Lauria « Salvini et Berlusconi contrattaquent : une crise ne pourrait que nous être favorable » : « Matteo Salvini accueille avec stupeur et sentiment d’injustice les critiques du Président du Conseil, notamment son appel à tirer au clair les intentions de chacun adressé à ceux qui montrent une certaine ‘’gêne’’ vis-à-vis du gouvernement, à ceux qui menacent et qui affaiblissent l’exécutif avec les ultimatums. Le dirigeant de la Ligue ne s’y attendait pas mais affirme publiquement que ‘’depuis un an et demi nous sommes responsables et loyaux, les déchirures, je les laisse aux autres. Ce n’est pas nous qui adressons des lettres au Père Noël comme le font certains, en attendant que quelque chose se passe’’. Salvini ne se limite pas à renvoyer la balle dans le camp du M5S ‘’je ne ferai pas de commentaires sur les propos de Draghi au sujet des ultimatums’’. Il relance aussi une liste de demandes à Draghi. Il évoque l’effacement des impayés fiscaux et la réforme des retraites. Puis il s’en prend directement au Président du Conseil ‘’j’ai lu que Draghi s’oppose à un nouvel endettement budgétaire, mais moi j’ai un avis complètement différent. Il faut mettre 50 milliards dans les mains des Italiens, sinon il sera difficile d’affronter l’automne’’. C’est le retour du Salvini « à l’assaut », qui annonce des proptestations si les Chambres devaient reprendre les travaux sur le cannabis et la réforme de la citoyenneté. Enfin, de manière inattendue, il revient sur la Russie soulignant une situation selon lui paradoxale ‘’c’est celui qui décide de mettre des sanctions souffre et celui qui les subis qui y gagne’’. Hier, Salvini a eu un entretien téléphonique avec S. Berlusconi. Les deux dirigeants ont évoqué à nouveau la nécessité de demander une vérification de la majorité si les 5 Etoiles décidaient de ne pas voter pour le décret sur les aides aux Sénat. Puis, ils se sont mis d’accord sur la stratégie à suivre. La balle est dans le camp du M5S. Le centre droit attend pour mieux contrattaquer. Si une crise de gouvernement devait survenir, il y aurait alors deux scénarii : soit la formation d’un nouveau gouvernement où l’apport du centre-droit serait bien plus déterminant, soit des élections anticipées où la coalition de droite est donnée comme gagnante par tous les sondages. »
ENTRETIEN, ll Messaggero, de Davide Crippa, chef de groupe du Mouvement Cinq-Etoiles à la Chambre des députés : « Sur les salaires et les charges sociales, nous évaluerons les mesures. Le dialogue évite les fractures » : « Au Parlement, il est possible de distinguer la confiance accordée au gouvernement de l’approbation des mesures particulières, ce qui n’est pas le cas au Sénat. Nous en parlerons en Conseil National, y compris à la lumière des dernières déclarations de Draghi. Notre critique concerne la méthode : la décision d’insérer une norme sur l’incinérateur au sein d’une mesure qui avait d’autres finalités est un passage en force. Penser qu’il est possible de traiter la question – très grave – de l’énergie en trois heures au Parlement n’aide pas à trouver de solution. Il manque des mesures structurelles et la capacité de concentrer les aides en faveur des plus fragiles. Nous avons promu avec force les questions de salaire minimum et de réduction des charges fiscales et cela ne date pas d’aujourd’hui. Nous sommes guidés par l’intérêt des citoyens. Nous avons écoutés les premiers mots de Draghi sur les points listés par notre Président, Giuseppe Conte. Nous attendons, maintenant, des mesures concrètes. Quand nous les aurons sous les yeux, nous les évaluerons. Certaines forces de gouvernement emploient de vieilles recettes inadaptées à la situation d’urgence que nous vivons. Il nous faut des actions fortes avec un large soutien parlementaire pour donner des réponses concrètes. Chercher la médiation signifie, en somme, discuter dans l’intérêt des citoyens et du Mouvement. [Interrogé sur son rôle de médiateur dans la crise entre Conte et Di Maio et dans celle qui oppose ceux qui veulent quitter la majorité et ceux qui veulent y rester, ndlr] C’est en dialoguant que l’on pourra conjurer de nouvelles fractures. »
ARTICLE, Corriere della Sera, E. Marro « Charges salariales et baisse des impôts, une rallonge de 10 milliards est prévue contre la flambée des prix » : « Après la rencontre d'hier entre le Président du Conseil et les dirigeants syndicaux de la CGIL, de la CISL et de l'UIL, les techniciens et les ministres sont au travail pour élaborer le décret-loi de fin juillet, dont Mario Draghi lui-même a dit qu'il sera " très substantiel ". Pour cette raison, on parle déjà d'une dotation de 10 à 12 milliards, en comptant aussi sur les bonnes nouvelles qui pourraient arriver le 29 juillet de la part de l'Istat avec une révision à la hausse du PIB pour le deuxième trimestre, permettant renforcer encore le décret. Outre de nouvelles mesures de soutien aux familles et aux entreprises, avec notamment la lutte contre la hausse des factures et la réduction des taxes sur les carburants (s’agissant d’un prolongement, un décret ministériel suffira), il y aura très probablement aussi une nouvelle réduction du coin fiscal sur les bas et moyens salaires. Elle s'ajoutera à la baisse de 0,8 point des cotisations sociales sur les salaires jusqu'à 35 000 euros bruts, décidée dans la dernière loi de finances et qui sera en vigueur pour toute l'année 2022 pour un coût de 1,5 milliard. Plusieurs hypothèses sont sur la table et seront discutées en profondeur la semaine prochaine, lorsque le ministre de l'économie, Daniele Franco, sera de retour du G20. Une autre proposition vient du PD et prévoit une intervention sur les salaires ne dépassant pas les 10 000 € annuels et qui se traduirait en une décontribution totale impliquant environ 5 millions de salariés. Cette mesure couterait 2 milliards pour cette année et 11 milliards pour 2023. Toujours pour protéger le pouvoir d'achat, le Président du Conseil et le ministre du Travail, Andrea Orlando, ont promis une intervention pour introduire une sorte de salaire minimum. La proposition avancée par Orlando n'envisage pas un chiffre minimum, comme les 9 euros bruts de l'heure réclamés par les 5 étoiles, mais un mécanisme qui étendrait le « Tec », le Traitement économique global établi par les contrats de catégories signés par les associations les plus représentatives, également aux travailleurs appartenant à la même catégorie mais non couverts par le contrat : soit 2,5 à 3 millions de travailleurs, d’après Orlando. L'innovation pourrait s'accompagner de l'exclusion de toute forme de soutien public pour les entreprises qui n'appliqueraient pas ces Tec. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
14:15 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.