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12/07/2022

"Tensions entre le Président du Conseil Mario Draghi et Giuseppe Conte, le leader du M5S."

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Italie. Revue de presse. 

Les tensions au sein de la majorité font toujours les gros titres de la presse italienne. Les commentaires soulignent notamment la grande incertitude politique qui a poussé Mario Draghi à consulter le Chef de l’Etat, en vue de la question de confiance qui sera posée, au Sénat, jeudi, au sujet des aides économiques aux ménages et aux entreprises. Le M5S pourrait s’abstenir et provoquer ainsi une crise de gouvernement. « Après la rupture du M5S, Draghi se rend au Quirinal » - La Chambre adopte le décret sur les aides mais les 5 Etoiles désertent la salle. Le Palais Chigi ne cache pas son irritation. Berlusconi demande une vérification de la solidité de la majorité (Corriere della Sera), « Les conditions de Draghi » - Le Président du Conseil se rend au Quirinal, les hypothèses pour aller de l’avant prévoient une ouverture sur le salaire minimum mais l’incertitude au Sénat demeure (La Repubblica), « Draghi se rend au Quirinal, un vent de crise se lève » - Le Président du Conseil veut éviter une rupture et fait des concessions à Conte sur les salaires et sur le fonds pour la rénovation énergétique des habitations (La Stampa), « Draghi se rend au Quirinal et trouve 15 milliards pour convaincre Conte » (Fatto Quotidiano). 

 

Les JT couvrent essentiellement les dégâts et les victimes des bombardements russes en Ukraine, en particulier à Kherson, ainsi que les tensions au sein de la majorité à la suite de la décision des députés du Mouvement 5 Etoiles de ne pas participer au vote de confiance, à la Chambre, hier, au sujet du décret d’aides prévu par le gouvernement. Le lancement de la campagne de vaccination pour la quatrième dose contre la Covid-19 à destination des personnes de plus de 60 ans est aussi abondamment commenté. 

Sur Twitter, les hashtags #iostoconDraghi e #crisidigoverno en référence aux tensions entre le Président du Conseil Mario Draghi et Giuseppe Conte, le leader du Mouvement 5 Etoiles appartenant à la majorité, dominent.

COULISSES, La Repubblica, S. Cappellini, « Le Président du Conseil veut éviter l’affrontement mais il ne transigera pas sur la question de confiance » : « Mario Draghi ne sait pas si cette crise peut être désamorcée mais il ne souhaite pas qu’elle se produise et ne compte pas l’encourager. Pour autant, il ne pourrait pas non plus faire semblant de rien si, jeudi, au Sénat, le M5S décidait de ne pas voter la confiance sur le décret des aides de l’Etat. Conte doit avoir conscience qu’il s’agirait là d’un point de non-retour. La rupture peut-elle encore être évitée ? Le Président du Conseil estime que c’est possible. Hier, lorsqu’il s’est rendu au Palais présidentiel pour s’entretenir avec Sergio Mattarella, il n’a pas laissé transparaitre ses intentions. Toutefois, Mattarella, lui-même, ne se contentera pas d’assister passivement aux événements : l’expérience de cette législature montre que le Président de la République est toujours prêt lorsque les tournants décisifs se profilent. Draghi, quant à lui, sait bien ce qu’il ne fera pas pour éviter la crise : il n’ouvrira pas de négociations parallèles avec le M5S, ni avant ni après le vote de jeudi. C’est peut-être une de ses limites mais Draghi n’est pas un politique et n’entend pas le devenir d’ici la fin de son mandat. Par-dessus tout, il ne veut pas lancer de message délétère aux autres forces de la majorité en laissant penser qu’il suffit de menacer le gouvernement d’une crise pour obtenir ce que l’on veut. D’autre part, le gouvernement travaille à plusieurs mesures qui ne peuvent que donner satisfaction aux 5-Etoiles, comme le salaire minimum ou encore la réduction des charges sociales. Draghi, comme Enrico Letta, en contact étroit avec le Palais Chigi ces derniers jours, espèrent que cela pourra les contenter. Le Président du Conseil ne veut pas réduire à néant les efforts faits jusqu’à présent ni laisser le pays sans gouvernement dans une période pareille. Il ne peut pas faire comme si la sortie des 5 Etoiles n’allait pas radicalement le périmètre de la majorité ainsi que son centre de gravité politique, la dotant d’un exécutif composé d’un centre-droit élargi au Parti démocrate et lui faisant subir un déplacement des équilibres très difficile à gérer. Ce serait là le pire des scénarios. Toutefois, la majorité serait préservée au Parlement et il est difficile d’imaginer que Draghi refuse de rester à la tête de cet exécutif si le Président de la République le lui demandait. »

COULISSES, Il Corriere della Sera, M. Breda « L’encouragement du Quirinal et la porte de sortie possible » : « Que faut-il faire pour mettre chacun devant ses responsabilités et redonner au gouvernement la cohésion et la perspective dont il a besoin ? Comment agir pendant que Forza Italia et la Ligue désirent vérifier la bonne tenue de la majorité par une motion de confiance alors que plusieurs questions inquiètent le Quirinal, à commencer par la pandémie, le Plan de relance et la guerre en Ukraine ? Tous ces aspects ont été évoqués hier au Quirinal et la solution du problème est entre les mains du Président du Conseil. En effet, le Chef de l’Etat, Mattarella, n’interviendra pas avant une éventuelle la crise. Cela a toujours été sa position. D’après Mattarella, d’ici jeudi, beaucoup d’événements peuvent encore se produire. Aujourd’hui, par exemple, Draghi rencontrera les syndicats au sujet des politiques sociales du gouvernement, discussion de laquelle il espère voir naître une ouverture du côté des 5 Etoiles. Le Chef de l’Etat a encouragé Draghi à maintenir une position d’ouverture et de dialogue. Reste à voir si cela suffira à éviter que les 5 Etoiles ne persistent dans leur dessein d’affaiblir l’exécutif. Si les 5 Etoiles devaient décider de ne pas voter la confiance, les choses se compliqueraient et Draghi serait obligé de se rendre au Quirinal même si, techniquement, son exécutif tiendrait grâce à un nombre de voix suffisant. Draghi pourrait remettre son mandat entre les mains de Mattarella et ce dernier l’inviter à se représenter devant les Chambres, en vue de la « vérification » politique, apparue aujourd’hui comme une des options les plus probables. »

ARTICLE, Corriere della Sera, E. Buzzi « Conte attend un geste d’ouverture pour éviter la crise mais dix de ses sénateurs sont prêts à voter contre le décret sur les aides » : « Malgré un climat de nervosité et d’attente, parmi les 5 Etoiles, le mot crise n'est pas même mentionné, pas plus que la possibilité d’un remaniement. Giuseppe Conte attend un signal de Mario Draghi, tandis qu'un groupe de sénateurs est sur le pied de guerre et pense, « quoi qu’il advienne », à ne pas soutenir le décret sur les aides économiques. Le président du M5S espère un geste au sujet du salaire minimum (ou d’une réduction des charges sociales), l'un des points que les 5 Etoiles ont mis sur la table du Président du Conseil. La rencontre entre Draghi et les syndicats prévue dans les prochaines heures pourrait être l'occasion pour Conte de saisir ce signal d'"écoute" de l'exécutif. Ce serait un premier pas qui pourrait servir à calmer la situation dans le groupe (de plus en plus difficile à contrôler) en vue du passage au Sénat du décret, jeudi prochain. Ce n'est pas une coïncidence si, au sujet du salaire minimum, Beppe Grillo a insisté de nouveau, en répétant sur son blog : "Nous avons besoin de toute urgence d'un salaire minimum. Maintenant". Or, au sein du groupe il y a un climat de révolte : environ 10 ou 12 sénateurs (sur 62) pourraient décider de ne pas voter la confiance. Pour Conte, qui doit faire face au front interne, à ses alliés et au gouvernement, c’est un triple défi qui se joue et le résultat est incertain. »

ARTICLE, Corriere della Sera, G.A. Falci « Le jour J d’Enrico Letta » : « Depuis qu’il est à la direction du Parti démocrate, Enrico Letta aura vécu, hier, sa journée la plus longue : rupture, d’abord, du M5S sur le décret concernant les aides économiques, demande, ensuite, de Forza Italia et de la Ligue de vérifier la tenue de la majorité, entrevue, enfin, entre le Président du Conseil et le Président de la République. Les premiers propos de Letta ont été les suivants : « Les Italiens savent qu'ils peuvent compter sur le parti le plus soucieux de garantir la stabilité et la continuité des réformes, c’est-à-dire le PD. Le pays est notre boussole. Et le pays a aujourd'hui besoin d'un gouvernement qui mène les réformes et utilise l'argent européen du Pnrr. Dans le même temps, tout doit se dérouler dans une transparence totale. Comme il se doit". Des mots qui confirment une certaine inquiétude de la part de Letta face aux fibrillations qui secouent l'exécutif et à une crise qui n'est plus à exclure. Dans le même temps, le secrétaire démocrate reste convaincu que le fil ne se rompra pas et que le gouvernement ne tombera pas. Toutefois, ne pas voter la confiance au Sénat impliquerait non seulement la fin du gouvernement Draghi mais aussi la fin de la relation entre le PD et les Cinq Etoiles. Et peut-être la partie réformiste et depuis toujours sceptique à l’égard du M5S n’attend-elle que ça. Ce n'est pas un hasard si hier, Andrea Marcucci a attaqué les « grillini » en ces termes : "Le choix politique du M5S est grave. Affaiblir ou mettre en danger le gouvernement maintenant est ignoble. C’est là une considération qui s'applique à Conte mais aussi à Salvini et à tous ceux qui remettent en cause l'exécutif de Draghi" ».

ENTRETIEN, Il Sole 24 Ore, de Giorgia Meloni (FdI), par B. Fiammeri : « C’est le moment de faire des choix : il faut concentrer les ressources sur le travail » : « C’était inévitable. Il est en train de se passer ce que Fratelli d’Italia répète depuis le début de ce mandat législatif : il faut retourner au vote le plus vite possible pour donner à l’Italie un gouvernement fort, cohérent et, surtout, voulu par les Italiens. C’est le moment de faire des choix : il est impensable de continuer à affronter la période la plus complexe et dramatique de l’après-guerre avec une majorité qui se dispute sur tous les sujets tandis que les citoyens doivent subir, quotidiennement, l’augmentation vertigineuse des factures et la baisse de leur pouvoir d’achat. Nous avons toujours été favorables à réduction des charges sociales parce que le travail est, pour nous, une priorité. Confindustria a proposé de réduire les charges sociales de 16 milliards (dont deux tiers au bénéfice des travailleurs et un tiers à celui des entreprises) : c’est également notre proposition. Je crains, cependant, qu’encore une fois le gouvernement n’en fasse une énième mesure inutile. Il ne peut pas y avoir de tergiversations au sujet du choix de soutenir, de manière déterminée et aux côtés de nos alliés occidentaux, l’Ukraine. Dans un futur gouvernement de centre-droit, FdI apporte cette garantie. Mais, il faut, de la même manière, soutenir la création immédiate d’un fonds de compensation pour affronter les effets de cette crise. Cette dernière doit être financée non seulement par l’Europe, mais aussi par les autres partenaires occidentaux, Etats-Unis compris. Si nous n’agissons pas rapidement, la tension sociale s’accentuera et la solidarité envers l’Ukraine faiblira. Il s’agit d’une conséquence politique très dangereuse, une victoire pour Poutine et Xi Jinping qui regardent bien au-delà de l’Ukraine. Nous subissons aujourd’hui le chantage de la Russie car nous ne nous sommes pas rendus indépendants en termes d’énergie et nous dépendons de la Chine pour tout ce qui est électrique. Nous avons négligé - et nous continuons à le faire – les chaînes de production. Je crois beaucoup en la transition écologique mais c’est autre chose que de choisir idéologiquement d’accélérer le passage aux voitures électriques. Rien qu’en Italie, cela met en danger le futur de 700 000 travailleurs et – surtout – cela renforce notre dépendance vis-à-vis de Pékin. Il nous manque une stratégie, une politique industrielle ainsi qu’une politique extérieure et une défense [communes]. L’Europe s’est présentée impréparée à son rendez-vous avec l’Histoire et nous en payons, maintenant, les conséquences. »

PREMIER PLAN, La Repubblica, T. Mastrobuoni « Le gaz russe est coupé en Italie et en Autriche. L'UE prépare un plan d'urgence » : « Hier matin, Nord Stream 1 a cessé de pomper du gaz vers l'Europe. Vladimir Poutine utilise de plus en plus le gaz comme arme. De plus, la crise énergétique a été exacerbée hier par les réductions soudaines d'un tiers et de plus de deux tiers du gaz fourni, respectivement, par Moscou, à l'Italie et à l'Autriche. La nouvelle a incité le Commissaire chargé des affaires économiques, Paolo Gentiloni, à mettre en garde contre une éventuelle récession en cas d'arrêt total des fournitures du gaz en provenance de Russie. Il s'agit du « scénario économique pessimiste qui a été envisagé il y a quelques mois comme une hypothèse possible, mais qui risque maintenant de se réaliser ». La Commission s'apprête à présenter un plan d'urgence le 20 juillet. Les lignes directrices du plan anti-crise seraient triples : reconstituer les stocks à 80 % d'ici l'hiver, élaborer des stratégies d'économie de la consommation d'énergie et de rationnement, et prévoir une politique de solidarité entre partenaires européens. L'Italie pourrait faire partie des « donateurs » et profiter de cette position pour relancer un thème cher à Draghi : le plafonnement du prix du méthane. La situation est si exceptionnelle que la Commission pourrait augmenter les plafonds autorisés dans le cadre temporaire de la crise « sur les aides d'État pour soutenir les entreprises et les secteurs les plus touchés par les prix élevés de l'énergie exacerbés par la guerre en Ukraine ».

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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