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11/07/2022

"Les ouvriers sont plus proches de la Ligue, les travailleurs indépendants plus proches de Fratelli d’Italia."

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Italie. Revue de presse.

L’annonce de l’interruption de la fourniture de gaz depuis le gazoduc Nord Stream 1 par le Kremlin, ainsi que le plan italien pour faire face à la pénurie énergétique à partir de l’automne, font les gros titres de la presse italienne. Les commentaires soulignent la nécessité d’adopter des mesures de sobriété énergétique ainsi qu’un fonds pour aider les ménages et les entreprises : « Gaz russe, le risque d’une interruption totale » - L’alerte pour l’interruption des fournitures se répand en Europe, aujourd’hui le gazoduc Nord Stream 1 s’arrête. Paris et Berlin préviennent : il faut se préparer au pire. L’Italie mise sur le charbon et sur les économies de chauffage (La Repubblica), « Gaz, voici le plan d’austérité » - Le gouvernement prévoit des interventions graduelles sur la base des exigences énergétiques allant de la baisse du chauffage à la limitation nocturne de la fourniture d’électricité (Il Messaggero). Les tensions au sein de la majorité sur les sujets économiques, et notamment l’annonce du M5S de ne pas voter le décret sur les aides économiques au Sénat si le gouvernement ne devait pas donner des assurances sur le maintien du revenu de citoyenneté, sont aussi largement citées: « L’emploi et Conte, les deux épines pour Draghi » - La rencontre avec les syndicats est prévue pour demain, le Président du Conseil proposera un fonds pour les salaires et lance un ultimatum au M5S : s’ils quittent la salle lors du vote au Sénat, j’irai au Quirinal pour démissionner (La Stampa), « Charges salariales, une première baisse est prévue » - Les revenus les plus bas seront prioritaires et pourraient bénéficier d’un allègement fiscal. (Il Messaggero), « Selon le Corriere, les vrais problèmes viendraient du bonus pour la rénovation énergétique des habitations et du revenu de citoyenneté » (Fatto Quotidiano).

ARTICLE, La Repubblica, T. Mastrobuoni « Face à l’interruption de la fourniture du gaz, l’Europe prépare les rationnements » : « Le gazoduc qui assure la fourniture énergétique pour 26 millions de familles européennes restera fermé. L’explication officielle fournie par les Russes fait état de travaux de maintenance. La guerre de la Russie contre l’Ukraine s’enrichit d’une stratégie élaborée par le Kremlin pour augmenter la pression sur l’Europe. Si Poutine devait fermer complètement les robinets, l’Europe devrait alors se préparer à réduire ses consommations à hauteur de 15%. Poutine est en train de lentement étrangler le Continent. Berlin ne se fait pas d’illusion sur la réalité d’une reprise des fournitures dès le 21 juillet. Le ministre de l’économie R. Habeck l’a dit clairement : ‘’il faut se préparer au pire’’. Son homologue français, B. Le Maire, a expliqué que la nationalisation du colosse énergétique EDF servira, justement, à agir plus rapidement face à une crise qui risque de devenir ‘’un problème considérable, l’interruption totale de la fourniture de gaz [étant] le scénario le plus probable’’. Les mois qui nous séparent d’un hiver qui s’annonce rigoureux sont cruciaux, notamment du point de vue des provisions. En Italie, le secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil, R. Garofali, lance l’alarme sur une ‘’crise énergétique très grave’’ pouvant générer des ‘’risques très élevés pour l’hiver’’. L’Italie est en train d’accumuler rapidement les réserves : ‘’nous avons 16 milliards de mètres cubes de stock face aux 70% que nous consommons. Nous devons arriver à 90% avant le début de l’automne’’. »

ARTICLE, La Repubblica, R. Castelletti « Les jumelages de Poutine, l’argent des villes russes pour la reconstruction » : « Le président russe, en personne, a conçu un système de « parrainage » pour le Donbass. Un jumelage entre régions russes et villes ukrainiennes sous le contrôle de l'armée russe qui s'avère être un système de « mécénat » pour financer la reconstruction et fidéliser la nouvelle administration favorable au Kremlin. Si « au début, le mécénat était volontaire, aujourd'hui il est semi-obligatoire », a expliqué une source de l'administration Poutine à Meduza, un média russe basé à Riga. C’est « un moyen d'attirer l'attention du président et de faire preuve d'enthousiasme et de loyauté ». Ainsi, le gouverneur de Saint-Pétersbourg, Aleksandr Beglov, a proposé de reconstruire Marioupol, dans l'espoir de s'attirer les faveurs du chef du Kremlin. Alors que le programme ne couvre que le Donbass et exclut pour l'instant les zones occupées par les Russes dans les régions de Kharkiv, Kherson et Zaporizhzhia, il reste tout de même très onéreux. Les régions russes devront non seulement construire des logements, des routes et des écoles dans l'est de l'Ukraine, mais aussi envoyer de la main-d'œuvre aux fonctionnaires pour mettre en place des administrations fidèles au Kremlin. »

ARTICLE, La Repubblica, L. Pagni « Voici le plan italien : les réverbères éteints et deux degrés de moins dans les habitations» - voici le plan si Moscou devait fermer les gazoducs. L’étau se resserrera aussi sur les entreprises : « Des trois niveaux d’alerte prévus, l’Italie se situe, à ce stade, au premier. Toutefois, si la Russie devait suspendre de manière définitive les fournitures de gaz envoyées à l’UE, le gouvernement italien serait contraint de déclencher la phase d’urgence. Le plan prévoit une série d’interventions allant du ‘’rationnement’’ du gaz pour les entreprises énergivores (celles du ciment, de l’acier et celles produisant les vitrocéramiques) à une utilisation plus soutenue des centrales à charbon pour la production de l’électricité. Une politique d’austérité en matière de consommation serait également mise en place prévoyant une baisse du chauffage et des économies sur l’éclairage public. Les centrales à charbon ont déjà été mises en marche et couvrent actuellement 8% de la demande énergétique, soit quasiment le double par rapport aux années précédentes. Le gouvernement, par le biais de sa participation au capital d’ENI, s’est déjà assuré une série de fournitures alternatives. Cependant, cela pourrait ne pas suffire, raison pour laquelle le plan d’urgence prévoit une réduction sensible des consommations. L’austérité a déjà commencé : le chauffage, dans les bureaux publics, ne devra pas dépasser 19°C en hiver et la climatisation, 27°C, en été. L’exécutif est prêt à étendre ces mesures au secteur privé.  »

COULISSES, Il Corriere della Sera, M. Guerzoni : « La ligne de Draghi : sans le soutien du M5S, ce gouvernement ne sera plus » : « Les « réponses claires » que G. Conte attend, et qu’il fixe comme condition au maintien du M5S dans le gouvernement, devraient être données prochainement. En effet, la plupart des 9 points évoqués dans la lettre du dirigeant 5 Etoiles ‘’font partie de l’agenda du gouvernement’’. Toutefois, Draghi ne veut pas se laisser embarquer par la dynamique des ultimatums car cela donnerait l’impression que le gouvernement est prisonnier du chantage des partis. Une autre entrevue entre Draghi et Conte serait prévue d’ici jeudi. Ce qui compte pour Draghi, c’est l’aspect concret des mesures et leur adoption au vu de l’urgence imposée par la guerre et la pandémie. La semaine sera cruciale : une majorité déjà fissurée pourrait enclencher une crise de gouvernement, si les 5 Etoiles décidaient de retirer les trois ministres restés après la sécession de Di Maio. Contrairement à la Chambre, le vote du décret comprenant tous les points (y compris celui de l’incinérateur) se fera, au Sénat, lors d’un scrutin unique. Les 5 Etoiles pourraient déserter la salle. Ce serait un geste plein de conséquences. Toutefois, le Palais Chigi ne veut pas s’inquiéter et préfère expliciter l’importance d’adopter un décret allouant 23 milliards d’aides aux ménages et aux entreprises. Sans les 62 sénateurs du Mouvement, la confiance sera tout de même obtenue grâce aux voix des parlementaires qui ont suivi Di Maio – à condition que les partisans de Conte n’utilisent pas ce précédent pour affirmer que le gouvernement pourrait aller de l’avant sans eux. Sur ce point, Draghi ne veut pas transiger : c’est la raison pour laquelle il a déclaré que ‘’sans les 5 Etoiles ce gouvernement n’existe pas’’. Le Mouvement devra alors assumer la responsabilité de laisser un pays sans gouvernement dans un moment aussi difficile. »

PREMIER PLAN, La Repubblica, de S. Mattera, « Plus de 10 milliards d’euros mobilisés pour les salaires et les taxes ; le gouvernement compte sur des recettes supplémentaires imprévues » : « Le gouvernement italien devrait proposer un décret ‘’conséquent’’ d’ici la fin du mois de juillet afin de limiter les effets de l’inflation sur les familles et les entreprises. Une nouvelle réduction des taxes sur l’essence et une intervention sur les salaires sont attendues. Le gouvernement peut déjà compter sur 8 milliards de recettes supplémentaires par rapport à ce qui était initialement prévu, grâce à la dynamique positive du début d’année. Le financement de ce décret estival pourrait même aller au-delà des 10 milliards prévus, si les résultats du PIB (attendus dans les prochains jours) étaient effectivement meilleurs que prévu. Draghi recevra demain les représentants syndicaux pour discuter la question des salaires, à la lumière des dernières données sur l’augmentation de la pauvreté, y compris chez les travailleurs. Le gouvernement est déterminé à mener une action coordonnée pour soutenir le pouvoir d’achat grâce aux différents leviers à sa disposition : salaire minimum, charges sociales, revenu de citoyenneté, mesures pour encourager la natalité. Il faudra assurer la médiation entre les partenaires sociaux et une majorité de plus en plus divisée sur ces différents thèmes. Le ministre du Travail, Andrea Orlando, propose que les salaires minimums soient fixés au niveau des conventions collectives négociées par les syndicats. La proposition devrait rencontrer moins d’obstacles que celle des 5 Etoiles qui prévoit un tarif horaire à 9€. Pour le PD, la réduction des charges sociales doit, par ailleurs, permettre de dégager une mensualité supplémentaire pour les revenus bas et moyens. Une partie des mesures est attendue dès la fin du mois, notamment sur les prix de l’énergie et la hausse des factures. Le décret pourrait être plus ambitieux encore, tout dépendra de la croissance. » 

ARTICLE, La Repubblica, E. Lauria : « Les craintes de Salvini sur les élections de 2023 : “Ils pourraient travailler à un nouveau gouvernement technique” » : « Alors que l’on attend de découvrir les réactions du M5S sur le décret-loi sur les aides, le chef de la Ligue décide de faire monter la pression. S’il demande, avant tout d’instaurer une paix fiscale, la liste des requêtes adressées au gouvernement est encore longue : « D’ici la fin de l’année, déclare Salvini, nous devons dépasser l’injuste loi Fornero (…), puis mettre en place en une compensation efficace pour les professionnels libéraux, et avancer sur l’autonomie régionale, à laquelle il ne manque que le feu vert de Draghi. Dans un contexte de crise, je suis d’avis que prendre des mesures anti-libérales, comme limiter le paiement en liquide ou obliger à utiliser la carte de crédit, n’a pas de sens. » Comme annoncé, Salvini est prêt à livrer bataille contre le cannabis et le Jus scholae. Le leader de la Ligue dit qu’ « il y a, dans le parti, une intolérance croissante à l’égard de l’attitude de la gauche, mais aussi vis-à-vis de certains retards du gouvernement ». Elever la voix sert à empêcher Conte de monopoliser l’espace médiatique ainsi qu’à apaiser certains mécontentements internes après la défaite de la Ligue aux élections locales. Un groupe de militants de la vieille Ligue du Nord a lancé une bataille pour « décongeler » le parti et lui rendre une fonction politique, en l’utilisant comme un outil pour revenir à la ligne initiale des Lombards (mot d’ordre : autonomie) et en le relançant dans les compétitions électorales. » 

SONDAGE, Corriere della Sera, de N. Pagnoncelli, « Les ouvriers sont plus proches de la Ligue, les travailleurs indépendants plus proches de Fratelli d’Italia et le PD l’emporte auprès des employés » : « On observe aujourd’hui de profonds changements dans les tendances politiques des différentes catégories sociales. Les partis doivent prendre acte des mutations de leur électorat et on perçoit la difficulté à formuler des propositions et à mettre en place une stratégie de communication efficace. Le profil-type de l’électeur du Parti démocrate est un homme de plus de 50 ans, au niveau d’éducation élevé et aux revenus économiques moyens voire élevés. Un tiers de l’électorat démocrate est retraité, et les employés et les cadres sont plus nombreux que la moyenne alors que les ouvriers ou les chômeurs sont sous-représentés. Parmi les électeurs de Fratelli d’Italia, les hommes sont, là aussi, plus nombreux et les tranches d’âges centrales prévalent (entre 35 et 64 ans), le niveau d’éducation est légèrement plus élevé que la moyenne nationale et 35% des électeurs sont issus des classes moyennes, essentiellement des employés ou des travailleurs indépendants. Si les classes dirigeantes votent à 24,2% pour le PD, Fratelli d’Italia n’est pas très loin derrière avec 22,5% de leur suffrage, suivi par la Ligue et Forza Italia. Auprès des ouvriers, traditionnellement de gauche, c’est désormais la Ligue qui remporte le plus d’adhésion avec 23,1%, suivi de Fratelli d’Italia puis du M5S.  Chez les plus jeunes, 18-35 ans, le PD est en tête mais l’écart entre les partis est très réduit. L’abstention, qui atteint 42,5%, devenant ainsi le ‘’premier parti’’, concerne les personnes aux revenus économiques les plus bas (ou moyens), les femmes au foyer, les plus de 65 ans, la population du sud de l’Italie, les chômeurs et les personnes ayant fait moins d’études. Le facteur économique apparait donc déterminant pour l’abstention dans la mesure où les catégories les plus fragiles renoncent souvent à leurs droits de vote, après plus de 30 ans de politique italienne où se sont succédé toutes les formules de coalition et toutes les forces possibles. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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