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07/07/2022

"Le M5S se donne jusqu’à la fin juillet pour décider s'il restera dans la majorité."

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Italie. Revue de presse. 

La presse italienne titre largement sur la « trêve » dans la crise politique qui agite la majorité, après la rencontre entre le Président du Conseil M. Draghi et le dirigeant du M5S G. Conte qui menaçait de quitter la coalition. Pour plusieurs journaux,  « la crise est reportée », le M5S se donnant jusqu’à la fin juillet pour décider s'il restera dans la majorité en fonction des « signes » adressés par le président du Conseil, notamment sur le revenu de citoyenneté, réforme phare des 5 Etoiles. « Conte reporte la rupture » - Le dirigeant 5 Etoiles dresse une liste de neuf mesures à réaliser et réclame un changement de cap. Draghi se dit prêt à discuter mais n’acceptera pas qu’on lui dicte ses conditions. Le mécontentement règne dans le Mouvement (Corriere della Sera), « Une toute petite entente » - L’entrevue Conte-Draghi ne donne pas de résultats concrets. Le gouvernement décide d’engager la confiance sur le décret sur les aides économiques. La Ligue est en ébullition (La Repubblica), « La trêve de Conte divise le M5S » - Conte remet une liste d’objectifs à Draghi mais les élus 5 Etoiles penchent pour sortir de la majorité (La Stampa), « Des réponses sont attendues d’ici la fin de juillet » - Mais la communauté du M5S se considère déjà dans l’opposition (Fatto Quotidiano). Les tensions internes autour de Boris Johnson au Royaume-Uni, après le départ de plusieurs ministres et conseillers, sont aussi citées avec large couverture photographique en Une. 

COULISSSES, Corriere della Sera, de M. Guerzoni, « Draghi veut sauver cette majorité ; il est ouvert au dialogue sur le revenu de citoyenneté et le superbonus » : « Lors de la rencontre d’hier avec Mario Draghi, Giuseppe Conte a exprimé son mécontentement et exigé des réponses à ses propositions, mais sans pour autant rompre avec le gouvernement. Pour le Président du Conseil c’est bien l’important. ‘’Ca s’est bien passé’’ estime-t-il à l’issue de l’entretien au cours duquel il a voulu se montrer à l’écoute des revendications présentées point par point par Conte, et ouvert au dialogue afin de mitiger l’âpreté du leader 5 Etoiles. D’abord, il a une nouvelle fois dû démentir avoir demandé à Beppe Grillo de se défaire de lui, et la question serait désormais close. Sur les mesures proposées par le M5S, Draghi se veut pragmatique, il souhaite que le gouvernement dure. Il s’est dit prêt à les prendre toutes en considération - avec un seul bémol sur la question des impayés fiscaux - peut-être même d’ici la fin du mois. Mais attention, la majorité est large et il est attentif à ne pas éveiller les jalousies ou les appétits d’autres partis, en particulier de la Ligue qui menace aussi de se rebeller. Son objectif est donc de sauver la majorité, cette majorité-là, et il le partage avec Sergio Mattarella. Malgré le nombre confortable de députés au Parlement, Draghi a été clair : ‘’Sans le 5 Etoiles, ce gouvernement prendra fin’’. L’objectif est de diluer la crise au moins jusqu’en septembre, après quoi le M5S pourrait céder à la tentation de se présenter aux élections en Sicile ‘’les mains libres’’, comme parti d’opposition. Draghi a confirmé son intention de trouver une solution concernant le Superbonus en amendant le projet qui ‘’ne fonctionne pas en l’état’’. Sur le revenu de citoyenneté aussi Draghi semble disposer à faire des concessions au M5S. En revanche, Conte a surpris Draghi en ne mentionnant pas la question de l’envoi d’armes à l’Ukraine parmi les points soulevés. Mais le plus déstabilisant reste la variation incessante du ton adopté par Conte, qui continue à osciller entre conciliant et belliqueux même après l’entrevue d’hier. »

COULISSES, La Repubblica, T. Ciriaco « Personne ne nous écoute », La colère de l'avocat assiégé par les faucons » : « "La ligne du Conseil national est de rester dans le gouvernement, Président. Cependant...".Pause. "Mais Di Maio m'attaque et le palais Chigi laisse faire“. “Mais les réunions de consultation des représentants des partis ont disparu et elles doivent reprendre, sinon le Mouvement n'a pas de ministres qui participent à la décision. Cingolani est un technicien, il ne nous parle pas. On ne connait même pas l'heure du Conseil des ministres deux heures avant sa convocation...". Les revendications de Conte à Draghi laissent un sentiment étrange. N’avait-on pas parlé d'une éventuelle crise ? Draghi comprend que l'ultimatum redouté n’est plus. L'ancien banquier tend la main : "Il y a matière à trouver un point d'accord, à travailler dans la même direction“. Pour la deuxième fois en une semaine, Conte menace de catastrophe alors que le premier ministre est en mission à l'étranger. D'abord Madrid, maintenant Ankara : cela devient une habitude. Mais Draghi s’interroge : s'il ne veut pas de rupture, quel point de chute a-t-il en tête ? Cette histoire cache en fait une blessure brûlante : la scission de Di Maio.  Draghi observe Conte qui se plaint du ministre des affaires étrangères. "Il m'attaque, dit que je ne suis pas atlantiste, prétend des choses qui n'existent pas.“ Draghi rassure : "Nous ne pouvons pas penser à gouverner sans une force aussi importante que le Mouvement". “Nous voulons une nouvelle répartition des tranches d'imposition, Président“. Et Draghi : "Très bien, nous y travaillons, nous avons convoqué les partenaires sociaux pour cela aussi". Sur le superbonus, “Ce n'est pas facile, mais on peut trouver une solution", répond-il. Mais les faucons du M5S rodent : « Draghi doit nous donner de bonnes raisons de rester ». Heureusement qu’il n’a pas de voyage à l’étranger prévu prochainement ». 

ARTICLE, La Repubblica, G.Vitale « C'est le coup de froid entre le PD et le Mouvement 5 Etoiles. Conte : « De la loyauté, mais pas du suivisme ». Et le malaise monte chez les démocrates » : « Le Secrétaire du Parti Démocrate, Enrico Letta, demande à ses collaborateurs de ne pas hausser le ton, mais l'irritation se répand. Alors que Conte venait d'annoncer qu'il était prêt à dialoguer avec Draghi, la grande crainte ressentie en début de matinée a laissé la place à un arrière-goût amer d'embarras et d'agacement face à un allié « en proie à des convulsions qui ne s'arrêteront certainement pas là ». Ce n'est plus seulement l'exécutif qui est en danger maintenant, mais aussi l’alliance entre le Parti Démocrate et le Mouvement 5 Etoiles qui risque l'implosion. Plus personne ne fait confiance à personne, nous sommes dépendants des « caprices » des membres du Mouvement 5 Etoiles. « Nous devons au contraire faire preuve de plus de détermination : même au prix de la rupture d'une alliance qui commence à montrer toutes ses contradictions ». Un dilemme tourmente les parlementaires démocrates : que faire si le psychodrame sur le décret sur les Aides économique devait se répéter ? « Comme d'habitude, au sein de la DP, nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour stabiliser le cadre, mais il est impensable de le faire à chaque étape », conclut Orfini. » 

ARTICLE, La Repubblica, S. Folli « Un automne marqué par les mécontentements » : « A l’instar d’un mauvais livre noir, il est possible de comprendre dès le début comment l’histoire se terminera. L’entretien entre Draghi et Conte n’a pas donné de résultats, comme cela était prévisible. Seule une floue « rupture » a été évoquée, réflexe des vieilles habitudes de la Première République.  Les points les plus clivants qui auraient provoqué une crise – à savoir l’envoi d’armes à l’Ukraine et l’incinérateur – ont disparu de la liste de Conte. Ce qui signifie qu’il n’y aura pas d’obstacles lors de la confiance sur le décret sur les aides économiques. Il est possible de qualifier cela comme un rétropédalage de responsabilité. Conte sait très bien que son avenir et celui de ce qui reste du Mouvement dépendent de l’alliance avec le PD. Et la condition mise par les démocrates est de ne pas sortir de la majorité. Préparons-nous alors à une longue guérilla au Parlement. La trêve d’août arrivera bientôt. Mais en septembre, Conte devra montrer à ses électeurs que les 5 Etoiles ne sont ni inconsistants ni indécis. La préparation de la Loi de finances s’annonce difficile : alors que Draghi ne semble pas disposé à faire trop de concessions, le front du mécontentement, celui de Conte et de Salvini, sera en pleine campagne électorale et il fera en sorte que tous s’en aperçoivent. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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