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14/06/2022

"Plusieurs victoires du centre droit et notamment de Fratelli d'Italia au détriment de la Ligue."

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Italie. Revue de presse. 

Les résultats du premier tour des élections municipales, qui se démarquent par plusieurs victoires du centre droit et notamment de Fratelli d'Italia au détriment de la Ligue font les gros titres des quotidiens italiens. Les commentaires mettent également en exergue les faibles scores du mouvement Cinq étoiles et les bons résultats du Parti démocrate, considéré comme le « premier parti » du pays. « Le centre droit s'impose aussi grâce à Meloni » - FdI devance la Ligue dans le Nord. Meloni invite ses alliés à sortir de la majorité. La Ligue perd du terrain et le M5S s'écroule (Corriere della Sera), « Salvini et le M5S sont en chute libre » - FdI devance la Ligue même dans ses bastions. Mais Meloni ne réalise pas d'exploit et invite ses alliés à quitter le gouvernement. Le PD est le premier parti et doit revoir ses alliances face à la défaite des 5 Etoiles (La Repubblica), « Meloni défie Salvini et les 5 Etoiles disparaissent » - Le centre droit gagne à Gênes, Palerme et L’Aquila ; le PD s'impose à Vérone et à Lodi. (Stampa), « Meloni est le moteur du centre droit. Le PD est le premier parti, le M5S s’effondre » - Salvini doit désormais se défendre ; les 5 Etoiles ne franchissent pas la barre des 10% ; Azione (centre/centre gauche) et Italia Viva (centre/centre gauche) progressent (Il Messaggero), « Les grands perdants sont Conte et Salvini » - Les deux dirigeants expliquent leur perte de popularité en raison du soutien au gouvernement Draghi (Fatto Quotidiano), « Le centre droit l'emporte et le M5S disparait » (Il Giornale). 

Sur Twitter, le hashtag #Salvini en référence à l’échec du référendum sur la justice porté par le leader de la Ligue, aux scores limités du parti aux municipales et à l’affaire du voyage à Moscou payé par l’ambassade russe en Italie, fait tendance.

PREMIER PLAN, La Repubblica, de C. Vecchio, « L’effondrement de la Ligue, Fratelli d’Italie passe devant ; le PD est le premier parti » : « Malgré les villes conquises par le centre-droit, ces élections municipales attestent du recul de la Ligue y compris dans des villes traditionnellement considérées comme des fiefs du parti de Salvini, en particulier dans le Nord de la Péninsule. A un an des élections politiques, ce scrutin apparait donc comme un test et c’est Giorgia Meloni qui prend le dessus. On voit s’ouvrir un nouveau chapitre qui pourrait changer le destin de la coalition. Les démocrates quant à eux ont de quoi se réjouir même si les alliances n’ont pas toujours fonctionné et que le Mouvement 5 Etoiles est en crise, ne remportant que 2,1% des voix. Giuseppe Conte est bien contraint d’admettre la défaite. Enrico Letta devra donc revoir sa stratégie et élargir l’alliance du côté du centre, comme beaucoup le lui conseillent. Les listes du Parti démocrate restent celles qui ont obtenu le plus de voix : 17,2% devant Fratelli d’Italia (10,3%) et la Ligue (6,7%). Ces résultats font du PD le premier parti d’Italie mais dans les chefs-lieux la coalition de droite obtient 46,2% des voix en tout contre 44,3 pour le centre-gauche. On note en revanche les bons résultats de Azione, le parti de Carlo Calenda alors que Forza Italie tourne autour de 4-5%, exception faite de Palerme. Matteo Salvini et Giuseppe Conte restent les deux grands perdants de ce 1er tour. » 

PREMIER PLAN, La Repubblica, de L. De Cicco, « Meloni, la nouvelle cheffe du centre-droit, ‘’nous sommes prêts à gouverner’’ » : « Giorgia Meloni se targue, avec Fratelli d’Italia, d’être désormais la ‘’force motrice de la coalition [de centre-droit]’’ et se pose déjà en leader de cette coalition, notamment lorsqu’elle appelle Forza Italia et la Ligue à sortir du gouvernement. Elle s’appuie surtout sur la conquête de municipalités dans le nord-est de l’Italie. Fratelli d’Italia entend bien y revendiquer davantage de poids et pense aussi aux régionales en Lombardie l’année prochaine. ‘’Nous ne pouvons plus être considérés comme un parti secondaire’’ souligne le co-fondateur de FdI, Ignazio La Russa. ‘’C’était un test local certes mais les grandes villes sont un très bon indicateur de tendance’’ insiste-t-il. « Dans ce contexte, elle aborde avec confiance les élections législatives ’’nous sommes prêts à gouverner, mais pas à n’importe quel prix, avec le centre-droit’’. Elle continue à rejeter un changement de loi électorale et refuse la proportionnelle, appelant à ‘’défendre le système à la majorité’’. Elle compte bien également continuer à faire valoir la règle selon laquelle le leader du parti qui l’emporte est le candidat à la Présidence du Conseil. » 

PREMIER PLAN, Il Corriere della Sera, M. Cremonesi : « Salvini : “Ceux qui nous tiennent pour morts se trompent”. La pression sur le gouvernement commence » : « il y a peu de raisons de se réjouir pour la Ligue même si Salvini rappelle : “On nous donne pour morts mais nous avons 20 maires et j’espère que ce chiffre passera à 27 au deuxième tour”. Le problème, c’est que Fratelli d’Italia gagne du terrain, y compris au nord, et arrive même à battre la Ligue sur son territoire. La victoire à Milan qui avait échappé d’un cheveu à FdI l’année dernière est remportée aujourd’hui à Vérone, Padoue et Gênes et complique beaucoup les négociations pour les régionales en Sicile, où Giorgia Meloni entend reconfirmer Musumeci qui déplaît à la Ligue. La percée de Fratelli d’Italia ne complique pas seulement les affaires internes du centre-droit : elle pousse Salvini à se remettre en selle en mettant la pression au gouvernement. Le leader de la Ligue a déjà commencé : avant même le début du dépouillement, il a demandé à ses fidèles de mettre au point une « résolution de majorité » à présenter le 21 juin après le discours de Draghi. Il demande surtout que « d’ici une quinzaine de jours » soient prêts tous les dossiers à porter à la table du palais Chigi, tandis qu’il annonce que la Ligue maintiendra ses amendements à la loi sur la réforme de la justice de Cartabia. Il demande également au ministre de l’Economie de prolonger les réductions du prix de l’essence. Enfin, il relance fortement ce qu’il avait ébauché il y a quelques jours, à savoir « l’adaptation des salaires et des retraites au coût de la vie » tout en s’autorisant à envoyer une ou deux piques à Mario Draghi. Tout ça pour dire que la Ligue s’apprête à faire tomber le gouvernement ? Que l’appel de Meloni sera écouté ? Salvini coupe court aux spéculations : “l’emporter à Belluna, ce n’est pas comme affronter les grands problèmes auxquels le gouvernement doit faire face (…) mon objectif c’est le que le centre-droit l’emporte en 2023”. »

COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli : « Les équilibres qui ont changé à droite comme à gauche » : « La date du 12 juin sera peut-être rappelée comme celle du tournant où certaines illusions et ambiguïtés de notre politique se sont heurtées définitivement à la réalité. Et où l’outil du référendum d’initiative populaire pourrait être considéré comme mort, tué par l’indifférence générale ou par le cynisme de ceux qui l’ont lancé comme un signal de détresse pour ensuite tenter de le maintenir en vie en entamant une campagne tardive. C’est aussi la journée marquée par le fort taux d’abstention non seulement pour les référendums mais aussi pour les élections municipales. Toujours est-il que les résultats sont destinés à modifier les équilibres politiques, à droite comme à gauche. Le dirigeant de la Ligue semble être arrivé à la fin de son aventure. L’alliance qui était née pendant cette législature en plaçant Meloni dans un rôle secondaire doit faire face à une réalité toute nouvelle. De l’autre côté il y avait la « grande coalition » d’Enrico Letta qui reposait sur l’entente privilégiée avec le M5S de Conte. Or, les 5 Etoiles sortent très marginalisés de ce rendez-vous électoral, que ce soit dans les villes où la gauche a perdu ou gagné. Salvini ne doit pas uniquement faire face au drame de la défaite électorale qui a vu les listes de Fratelli d’Italia l’emporter un peu partout sur celles de la Ligue, mais aussi aux ombres qui planent sur ses relations avec Poutine et la tentative maladroite de la visite à Moscou qui a ensuite échoué. Il faudra comprendre si, le moment venu, les électeurs des régions du Nord accepteront d’être guidés jusqu’aux élections de 2023 par un leader amoindri. Quant à l’autre grand perdant, Giuseppe Conte, il pourrait continuer l’alliance avec le PD uniquement s’il accepte de jouer un rôle subordonné. Or le caractère imprévisible de l’ancien premier ministre et de celui qui le conseille (Grillo) pourraient le pousser à modifier sa stratégie et tenter l’aventure solitaire. Ce qui compte, c’est que la réflexion sur le résultat de ces élections et les décisions à prendre relèvent d’Enrico Letta et du Pd. Si la « grande coalition » semble une illusion perdue, il y a d’autres voies : Azione de Calenda et +Europa et parfois Italia Viva ont montré d’être en mesure d’obtenir un certain consensus électoral, peut-être pas suffisant mais assez pour représenter une hypothèse qu’il ne faudra pas écarter a priori. »   

ENTRETIEN, Il Corriere della Sera, d’Enrico Letta, secrétaire du Parti Démocrate, par R. Grassi : « Le PD est la première force politique. On ne peut battre la droite qu’en restant unis, il n’y a pas de plan B » : « Le PD est la première force politique en Italie. C’est le fruit d’une ligne claire et de l’unité du parti. Ce n’était pas le cas il y a un an. Il s’agit du résultat du soutien constructif et sérieux apporté au gouvernement Draghi, sans ambiguïté sur l’Ukraine et avec l’idée d’une vaste alliance au niveau des villes. Il n’y a pas d’autre solution que la recherche de l’unité : en raison de la loi électorale à la majorité et de la réduction des parlementaires, ou bien la victoire reviendra à l’alliance démocratique et progressiste ou bien au centre-droit. Nous ne pouvons battre la droite qu’en nous alliant. Je le dis surtout à Carlo Calenda qui a plusieurs fois été élu avec l’appui du PD. La droite est forte et compétitive. Nous vaincrons seulement si nous sommes unis. Pour l’emporter, il faut créer une alliance guidée par un grand parti. Être aujourd’hui les premiers est la récompense du travail immense que nous avons réalisé. Nous voulons collaborer avec Calenda. Il enregistre de bons résultats à certains endroits, nous dans tout le pays. Il nous faut un projet commun pour l’emporter, il n’y a pas de plan B. C’est vrai qu’il y a des coalitions qui peuvent avoir du mal mais regardez ces élections municipales : il s’agit toujours du centre-droit contre le centre-gauche. Rien d’autre. Les ambitions centristes ont un sens si elles vont vers l’union, sans schémas idéologiques ou logiques de partis. Construisons une coalition gagnante sur les grands thèmes : le travail, la compétitivité, la justice sociale, les opportunités pour les jeunes, l’environnement, le droit. C’est vrai : on ne s’allie pas seulement “contre”, mais aussi au nom d’une vision d’avenir et de valeurs communes. »

ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Carlo Calenda, fondateur d’Azione (centre/centre gauche) « Il y a un mouvement réformateur qui pousse les gens à voter » : « Il y a une grande partie de l’électorat qui rejette ces deux grandes coalitions hétéroclites qui n’arrivent plus à inciter les citoyens à voter. Azione a obtenu un score important, allant de 10 à 25% selon les villes. Nous avons récupéré des voix du centre droit et du centre gauche qui, sans nous, auraient été perdues dans l’abstention. Nos candidats ont des caractéristiques semblables : ils ont un sens civique affirmé, sont équilibrés et pragmatiques. Le PD suit une stratégie myope en continuant à miser sur le populisme des 5 Etoiles. Cela portera inévitablement le PD à une perte de consensus. Dans un système super-bipolarisé, il y a l’espace pour un troisième pôle. Notre objectif est de pouvoir avoir un gouvernement de large coalition, excluant les extrémismes et pouvant continuer avec Draghi. » 

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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