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31/05/2022

"La stupeur face au plan de paix que Salvini voudrait porter à Moscou investit le Parlement et interpelle le Copasir."

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Italie. Revue de presse. 

L’accord sur le sixième paquet de sanctions incluant un embargo sur le pétrole russe lors du Conseil Européen d’hier fait les gros titres de la presse italienne. Les observateurs relèvent dans l’ensemble un « compromis » (Corriere) trouvé par les 27, « surmontant l’opposition de la Hongrie » (Repubblica). Les déclarations de M. Draghi sur la crise alimentaire sont également reprises : « Pétrole, l’UE trouve l’accord » - c’est la fin de 90% des importations de pétrole brut russe d’ici six mois. Draghi souligne : Poutine ne doit pas gagner cette guerre. Zelensky lance son appel. Un journaliste français tué. Biden freine sur l’envoi de missiles à longue portée (Corriere della Sera), « Pétrole, l’accord de l’UE pour l’embargo. Feu vert à des sanctions plus dures » - L’opposition de Orban a été surmontée dans la nuit avec un blocage immédiat des 2/3 des importations, puis à 90% d’ici la fin de l’année. Les oléoducs ont été exclus. Draghi tente la médiation sur le blocus du blé de Kiev : sous l’égide de l’ONU et avec des navires turcs. Erdogan négocie avec Poutine et Zelensky (La Repubblica), « Orban tient l’Europe en otage » - Bloqué par le gouvernement hongrois, l’UE se limite à interrompre l’importation de pétrole russe via la route maritime (La Stampa), « Sanctions et pétrole, l’UE demeure divisée » (Sole 24 Ore), « Pétrole, l’embargo concerne les navires » - Un accord a été trouvé pour éviter une rupture avec la Hongrie (Il Messaggero), « Biden décide de freiner sur l’envoi des missiles à Kiev » (Fatto Quotidiano), « Draghi défie Poutine : la crise alimentaire est de sa faute » (Il Giornale). La mort du journaliste français Frédéric Leclerc près de Lissitchansk lors d’une évacuation de civils est citée en Une de certains quotidiens, ainsi que la visite de la ministre des Affaires Etrangères C. Colonna à Kiev dans les pages intérieures.  

Les JT couvrent essentiellement l'accord trouvé à l'échelle de l'Union Européenne pour un blocage des importations de pétrole russe et les déclarations de U. von der Leyen et Mario Draghi se félicitant de cet ''important pas en avant'', les combats à Severodonetsk et la mort hier du journaliste français suivie de l'ouverture d'une enquête pour crimes de guerre par le gouvernement français, les déclarations de Joe Biden défavorable à l’envoi de missiles de longue portée en Ukraine, ainsi que la tentative de médiation du Président turc Erdogan.  

PREMIER PLAN, La Repubblica, « Sur le pétrole, l'UE conclut un accord. Arrêt de 90 % des importations de pétrole brut russe » : « L'Europe pousse enfin un soupir de soulagement. Au milieu de la nuit, les dirigeants du Conseil européen se sont mis d'accord sur l'embargo sur le pétrole russe. Pour répondre aux demandes de la Hongrie et de la République tchèque, seule l'importation de pétrole brut par bateau est bloquée, mais pas celle par l'oléoduc "Gruzhba". En fait, 90 % du carburant est acheminé en Europe par voie maritime contre seulement 10 % par pipeline. D'ici quelques mois, au moins deux tiers de "l'or noir" de Poutine seront bloqués, puis le pourcentage passera à 90 %. À quelques mètres de l'abîme, l'UE parvient donc à tirer le frein à main. La dernière version du sixième paquet prend en compte de nombreuses demandes de M. Orbán qui a finalement levé son véto hier, malgré ses deux principales craintes. D’abord, que Moscou, avec l'approbation du sixième paquet de sanctions, décide unilatéralement de couper les approvisionnements. Et puis Kiev pourrait, volontairement ou non, frapper l'oléoduc qui traverse presque toute l'Ukraine avant d'entrer en Hongrie. Les alliés - les Européens, mais aussi les États-Unis - s'engageront-ils à assurer la même quantité de pétrole ? Un message qui vise davantage Washington que Bruxelles. En outre, elle exige un soutien économique supérieur aux deux milliards fournis par le programme "RepowerEu". Nombreux sont ceux qui se demandent : en cas de choc énergétique à l'automne, ces garanties seront-elles maintenues ? Comment la concurrence commerciale est-elle protégée à ces occasions ? Quelles garanties Budapest fournit-elle concernant le risque que l'oléoduc Druzhba augmente les approvisionnements en pétrole et que la Hongrie revende les quantités excédentaires dans une sorte de dumping commercial qui contournerait également le sens des sanctions ? D’où la demande italienne d'un plafonnement des prix de l'énergie, qui peut constituer une base pour des garanties globales. Le feu vert à l'embargo est finalement devenu une question de vie ou de mort pour l'UE. »

ARTICLE, La Repubblica, T. Ciriaco « Une garantie par l'ONU et les navires turcs. Draghi pousse à un pacte sur le blé » : « Mario Draghi a déclaré qu’il est essentiel que Poutine ne gagne pas cette guerre. Mais la confrontation avec lui est nécessaire. En même temps, nous devons nous demander s'il peut être utile de lui parler. Je suis sceptique quant à l'utilité de ces appels téléphoniques, déclare le premier ministre, mais il y a des raisons de les passer. Ils montrent que c'est lui qui ne veut pas la paix : s'il n'y a pas de solution, il doit être clair que c'est lui le coupable". Essayer, en bref. Jusqu'à la fin. Même si la trajectoire est incertaine. Tout comme Emmanuel Macron et Olaf Scholz. Le Français et l'Allemand se retrouvent face à face dans une salle de l'Europa Building, seuls, vers 15 heures. Une demi-heure plus tard, ils accueillent Draghi. Un format à ne pas prendre pour acquis, une invitation à ne pas sous-estimer. Ensemble, ils réaffirment qu'un pacte pour le blé reste une priorité. Même au prix d'accepter l'option selon laquelle la Turquie fournirait les démineurs pour nettoyer le littoral d'Odessa. Même en soutenant le scénario selon lequel c'est Ankara qui garantit la navigation des cargos chargés de céréales. Et c'est aussi pour rassurer Poutine, qui semble avoir exprimé une condition : éviter les navires occidentaux en mer Noire, qui pourraient, selon lui, être tentés d'apporter de nouveaux armements en Ukraine. Mais ce n'est pas suffisant. La France, l'Allemagne et l'Italie savent que l'ONU prendra de nouvelles mesures à l'égard de Moscou dans les prochaines heures. Elle se présentera comme garante d'un accord et tentera d'arracher à Poutine la promesse de ne pas bombarder les dragueurs de mines et les cargos civils ukrainiens. Draghi n'est certainement pas hostile à un rôle des Nations unies, mais il prévient : "Elles peuvent jouer un rôle important dans la résolution de la crise, mais nous avons le devoir de nous demander comment nous pouvons aider. Comment accélérer, pour ne pas être en retard". Il craint les retards, il craint que l'ONU n'ait pas le temps d'organiser des opérations par elle-même. C'est pourquoi il est d'accord lorsque Scholz promet d'engager également le G7 sur cette crise.  Et la médiation de la Turquie n'est pas pour déplaire aux Européens. Au contraire, elle présente certains avantages : par exemple, elle annule le risque d'un accident à l'issue imprévisible entre la marine russe et les frégates des pays de l'UE (Italie, Allemagne, France, Espagne, Grèce) qui seraient disposés à participer à la mission. En fait, tout ne semble pas clair en ces heures. En particulier, les chancelleries s'interrogent sur un point : pourquoi Poutine devrait-il aider l'Occident à éviter une crise alimentaire et, par conséquent, alléger une pression migratoire africaine qui pourrait devenir une urgence ? Et d'un autre côté, Kiev ne fait pas confiance à l'ennemi non plus. Odessa est le port central pour les céréales, mais aussi une ville qui symbolise la résistance. C'est pourquoi Zelensky insiste pour obtenir d'Erdogan - mais aussi de l'ONU et des Européens - les garanties nécessaires pour que la ville portuaire ne soit plus une cible de la guerre russe. »

COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli « L’après-Salvini a déjà commencé » : « On ne comprend pas pourquoi Matteo Salvini, au lieu de se concentrer sur la campagne pour les référendums sur la justice du 12 juin, a fini par se lancer dans une aventure aussi imprudente qu’un projet de mission à Moscou. L’impression est que le dirigeant de la Ligue a déjà compris que le quorum pour les référendums ne sera pas atteint, lui qui était pourtant l’un des principaux promoteurs de cette consultation. Il est clair qu’il ne s’agissait pas d’un engagement stratégique pour la Ligue mais d’une simple manœuvre de diversion. L’affaire russe, sur laquelle il a voulu faire un investissement politique exclusif, s’est révélée comme un double désastre. D’abord à l’égard de l’image même du gouvernement, puisqu’un parti important de la majorité a tenté de jouer une partie sans s’accorder avec le Palais Chigi. Mais c’est surtout un mauvais coup pour la Ligue. L’amateurisme est une faute impardonnable en politique. Aujourd’hui, la Ligue a un problème de leadership. En temps normal, il y aurait déjà eu un remplacement. Déjà l’histoire du t-shirt pro-Poutine avait soulevé des doutes sur la lucidité de Salvini. Aujourd’hui, l’accident est bien plus grave et sérieux. Dans la Ligue il y a de bons administrateurs, tels Fedriga et Zaia, mais il manque un leader en mesure de mettre en minorité Salvini. L’idée de laisser le « capitaine » à la tête de la direction pendant encore dix mois préoccupe les ténors du parti. Il faudrait avoir le courage du désespoir pour prendre une telle décision. »

RETROSCENA, Corriere della Sera, M. Guerzoni « L’autorité pour la sécurité de la République pourrait ouvrir une enquête sur le voyage en Russie » : « La stupeur de la Farnesina, du Palais Chigi et du Quirinal face au plan de paix que Salvini voudrait porter à Moscou investit le Parlement et interpelle le Copasir, le Comité pour la Sécurité de la République, qui pourrait ouvrir une enquête sur Antonio Capuano, le conseiller diplomatique de Salvini. Capuano qui a agi avec l’ambassade russe pour organiser la mission. Par ailleurs, au Vatican il y aurait une forte irritation pour avoir été mis en cause dans une médiation d’autrui, alors que le Pape François avait déjà dit dans un entretien au Corriere vouloir se rendre à Moscou pour parler à Poutine. Au Palais Chigi, il y a plutôt un sentiment d’étonnement, que l’on veut garder caché par prudence et par pragmatisme. Ce qui compte le plus pour Draghi maintenant, engagé dans une médiation difficile entre Moscou et Kiev, est de ne pas affaiblir son gouvernement en vue du Conseil Européen du 23 juin et du G7. Notamment dans la perspective de la motion contre l’envoi d’armes à Kiev que le M5S présentera en espérant compter sur le soutien de la Ligue. Car la cible est bien Mario Draghi. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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