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24/05/2022

"Le retour du populisme qui inquiète le Palais Chigi."

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Italie. Revue de presse.

L’invasion russe en Ukraine fait toujours les gros titres des principaux quotidiens italiens. Les observateurs soulignent notamment la possibilité que le plan de paix présenté par l’Italie puisse avoir une chance de favoriser la reprise des négociations : « A Davos, Zelensky lance sa pique »  - Le dirigeant ukrainien demande à cesser toute sorte de commerce avec Moscou. Première condamnation pour crimes de guerre pour un soldat russe ayant tué un civil (Corriere della Sera), « Ukraine, Moscou étudie le plan de paix italien » - Des espoirs diplomatiques depuis le Kremlin même si Kiev fait savoir que la Crimée et le Donbass sont intouchables. Le Danemark enverra à l’Ukraine des missiles antinavires. Biden prévient la Chine : nous sommes prêts à défendre Taïwan (La Repubblica). Le débat politique interne à la suite des recommandations de l’UE sur les déficits publics à l’Italie est toujours rapporté, les commentateurs mettant en exergue les frictions au sein des partis de la majorité « Bruxelles dit stop au nouveau déficit » (Sole 24 Ore), « L’Italie est surveillée de près par l’UE, c’est la guerre de tous contre tous dans le gouvernement » - Le dirigeant du PD déplore les attaques contre Bruxelles et assure : de cette manière il est difficile d’aller de l’avant (La Stampa), « Le rappel de l’UE sur l’enlisement des réformes » - Bruxelles revient sur la nécessité de baisser le coin fiscal et de mettre à jour le cadastre (Il Messaggero).

EDITORIAL, Corriere della Sera, A. Panebianco « Le parti poutinien d’Italie » : « Au XIe siècle, un délégué du Pape avait réussi à convaincre les guelfes et les gibelins de gouverner ensemble la ville. On pourrait se demander si aujourd’hui il est possible de convaincre les deux principaux partis, le PD et FdI, de faire la même chose. Par ailleurs, leurs deux dirigeants, en raison de leur intelligence et de leur courage, ont adopté la même posture « occidentale », claire et sans réserves, face à la guerre en Ukraine. Au-delà des paradoxes, au lendemain des élections qui les verraient gagnants, les deux partis seront poussés à se poser une question : comment faire en sorte que le front hétéroclite pro-Poutine (Ligue, M5S, Forza Italia) aille dans l’opposition ? Car ce sont les conflits internationaux à déterminer le sort des régimes politiques, y compris pour les démocraties. E. Letta et G. Meloni devraient commencer à y réfléchir vite car il n’y a pas beaucoup de temps à disposition. Du coup, l’idée d’un retour à un système électoral proportionnel commence à se frayer un chemin : à ce stade, cela apparait comme la seule voie possible. Cela permettrait de laisser ouverte la possibilité qu’une coalition, avec une unité d’intention en politique étrangère, puisse se former par la voie parlementaire. »

COULISSES, La Repubblica, de S. Mattera, « Draghi prévient les partis, ‘’sur la réglementation de la concurrence, la réforme fiscale et la ligne de l’Union européenne il n’y a pas de marge de négociation’’ » : « La réforme du système fiscal italien et de la concurrence ainsi que la politique étrangère et le plein alignement de l’Italie avec le reste de l’UE sont les trois limites que pose Mario Draghi et sur lesquelles le gouvernement italien n’est pas disposé à négocier. C’est ce que rapporte la délégation de centristes reçue hier au Palais Chigi. Le chef de groupe Coraggio Italia, Giovanni Toti et d’autres sénateurs de centre-droit ont décidé de former un groupe au Sénat. Ils s’engagent à soutenir Draghi face à la Ligue et Forza Italia s’ils entravent ces décisions. Mario Draghi est bien déterminé à réaliser d’ici fin juin les 45 objectifs du Plan de Relance sur lesquels l’Italie s’est engagée, et d’ici là la feuille de route du gouvernement est serrée. Le gouvernement s’attelle également à la réforme du cadastre, à la simplification de l’administration ou encore à la réduction des délais judiciaires. Les difficultés liées au contexte international et à la forte inflation ne manquent pas. Il ne s’agit pas uniquement de respecter les engagements pris par l’Italie mais, comme l’a souligné Roberto Garofoli, le Plan de relance est un antidote contre la récession, un instrument pour mieux faire face aux crises actuelles et futures. Le sous-secrétaire à la Présidence du Conseil s’attend à une croissance, revue à la baisse, mais à une croissance tout de même, à condition que le PNRR soit bien mis en œuvre. Or cela relève de la responsabilité des partis. Par ailleurs, même si elles ne sont pas commentées, les déclarations anti-européistes de Salvini inquiètent les ministres en ce qu’elles rappellent la campagne électorale. Pour le gouvernement, les réformes indiquées par l’UE répondent aux attentes des Italiens. En tous cas, Draghi peut compter sur le nouveau bloc centriste au Sénat, assure Giovanni Toti. »

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco « Le retour du populisme qui inquiète le Palais Chigi » : « Le cocktail mélangeant la pandémie, la guerre et l’inflation est en train de provoquer un retour du populisme antieuropéen qui est à la fois prévisible et inquiétant. Le coté de la prévisibilité s’explique par un escamotage indirect pour critiquer le gouvernement de Mario Draghi et l’alignement avec les institutions de Bruxelles et avec l’Otan. L’aspect inquiétant et troublant est que ces attaques sont adressées contre une Europe qui est en train de nous donner des financements très importants. Par ailleurs, les coryphées de cet euroscepticisme (la Ligue, le M5S et une partie de Forza Italia) vont mal dans les sondages et semblent donc chercher désespérément une cible sur laquelle déverser les responsabilités de cette hémorragie électorale. D’où la recherche à s’identifier avec un malaise diffusé. Ce comportement est destiné à s’intensifier pendant les élections locales en juin et encore plus dans la perspective des élections législatives prévues dans un an. Ce qui engendra une prolifération de tensions avec le Palais Chigi et au sein même de la majorité. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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