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26/04/2022

"Salvini, isolé, cherche la fusion avec Forza Italia et une entente avec le PPE."

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Italie. Revue de presse. 

L’agression russe en Ukraine et notamment les frappes ukrainiennes sur deux dépôts de pétrole en Russie font les gros titres de la presse italienne. Les tensions dans la région séparatiste de Transnistrie sont également citées, les observateurs soulignent la crainte d’un élargissement du conflit « Etats-Unis et Russie, c’est le défi total » - Washington veut maintenant affaiblir Moscou. Des frappes ukrainiennes contre Poutine. Des tirs de roquettes aussi dans la région de la Transnistrie (Corriere della Sera), « Des frappes contre Poutine » - Kiev attaque deux dépôts de pétrole en Russie, Moscou répond en attaquant les lignes ferroviaires pour bloquer la fourniture d’armes. L’attentat en Transnistrie risque d’élargir le conflit en Moldavie (La Repubblica), « Des bombes en Transnistrie, voici le nouveau front » (La Stampa), « La guerre arrive en Russie » - Des explosions et des incendies sur le territoire russe laissent penser à un sabotage interne (Il Messaggero). Les célébrations pour la Fête de la Libération, ainsi que les propos du Président de la République S. Mattarella, établissant un parallèle entre la résistance italienne de 1943-1944 et celle ukrainienne d’aujourd’hui, sont largement citées dans les pages intérieures.

 

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de M. Guerzoni, « Luigi Di Maio travaille à un plan avec Ankara » : « Luigi Di Maio évoque une ‘’voie diplomatique étroite et difficile’’, mais le ministère des Affaires étrangères continue à œuvrer pour un plan italien en vue de rétablir la paix. Le ministre a évoqué avec ses équipes deux axes auquel le gouvernement italien travaillerait en étroite collaboration avec les ambassadeurs à Kiev et à Moscou. Les gouvernements russe et ukrainien doivent savoir que l’Italie est pleinement disponible pour réactiver la voie des négociations. ‘’Il faut des négociations immédiates entre les parties et les Nations unies afin d’obtenir un cessez-le-feu’’ insiste Di Maio à huis clos, ‘’ce serait le signal que Moscou est disposé à trouver un accord de paix’’. Mais le ministre a pour ambition parallèle d’établir une seconde table des négociations, cette fois entre ‘’la Russie, l’Ukraine et les pays garants’’, où Ankara aurait un rôle central. Le ministre italien des Affaires étrangères estime en effet que la Turquie est ‘’fondamentale’’, étant le pays membre de l’OTAN qui dialogue le plus avec la Russie de Poutine et que ce canal de communication doit absolument être maintenu. Le ministre et le Président Draghi collaborent étroitement pour consolider les relations avec la Turquie et les contacts entre les deux pays sont de plus en plus intenses. Par ailleurs, Erdogan doit téléphoner aujourd’hui à Poutine afin de le convaincre d’un cessez-le-feu. La Farnesina prépare également le délicat voyage de Draghi à Kiev, difficile à la fois sur le plan logistique et de la sécurité. Di Maio a par ailleurs exprimé son soulagement quant à la victoire d’Emmanuel Macron sur Marine Le Pen qui représente ‘’un phare y compris pour l’Italie face à une guerre qui efface les valeurs démocratiques […] or le souverainisme ne ferait que nous isoler et serait dévastateur’’. Quant aux sanctions contre la Russie, le ministre confirme la ligne dure ‘’l’Italie n’opposera pas son véto à l’embargo sur le gaz russe’’. Avec Draghi, ils continuent à demander un plafonnement des prix du gaz russe. Enfin, il a cœur le défi de mettre fin au ‘’mécanisme archaïque’’ du vote à l’unanimité des 27, estimant que ce ‘’blocage de décisions historiques à cause d’un seul pays n’est plus acceptable’’.

COMMENTAIRE, La Repubblica, d’I. Diamanti, « Vers la Sixième République » : « L’issue des élections présidentielles françaises a été un soulagement pour de nombreux citoyens et observateurs, en France mais pas uniquement. Le Rassemblement National de Marine Le Pen est l’héritier du Front National fondé par son père Jean-Marie et occupe l’extrême-droite du paysage politique français. Le parti a récemment revu ses positions pour le moins critiques concernant l’UE afin de se rendre plus crédible en Europe et en France. Une orientation semblable à celle de Matteo Salvini et de la Ligue, qui était notamment passée de ‘’parti du Nord’’ à ‘’parti national’’. Le résultat obtenu par l’extrême-droite est considérable, notamment par rapport aux précédentes élections. Symétriquement, Macron l’emporte mais ce n’est pas un triomphe comme en 2017. Il a perdu le consensus des jeunes, des classes populaires, des zones péri-urbaines, des plus petites villes et des zones rurales. Il faudra attendre pour voir si Macron parviendra vraiment à gouverner le pays puisque cette fois il a surtout été élu pour ‘’faire barrage à Le Pen’’, comme il l’a reconnu lui-même. Il convient de réfléchir au profond changement du système démocratique français en quelques années, qui porte à établir un parallèle avec l’Italie, comme le souligne volontiers Marc Lazar. Tout d’abord, les partis qui ont guidé et orienté la politique au cours de la V° République ont presque disparus, les actuels Républicains et Parti socialiste. L’histoire de la V° République semble destinée à s’achever. Bien que les règles électorales et la Constitution n’aient pas changé, une sorte de Sixième République se dessine, dans laquelle, comme en Italie, le désenchantement politique mis en évidence par l’abstention, atteint son plus haut niveau depuis 1969. La défiance vis-à-vis de l’Etat et de la politique est devenue déterminante et l’on ‘’vote désormais par défaut’’, comme l’a dit le journaliste Francesco Maselli. En sommant les résultats de Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Éric Zemmour, le vote anti-système a nettement dépassé les 50%. Le laboratoire italien a donc fait école et il est désormais difficile d’envisager l’avenir en France aussi. »

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, d’A. Cazzullo, ‘’Le vote pro-européen de la France et les ambiguïtés des souverainistes » : «Bien que le score de Marine Le Pen soit de plus en plus haut, une majorité des Français sait bien que l’Europe est son destin, qu’elle est le seul moyen de donner à la France un rôle d’envergure mondiale, de financer la dette publique, de négocier les fournitures de vaccins ou de gaz avec plus de force, ou encore de faire face aux flux migratoires. Mais il n’est pas certain que les souverainistes italiens l’aient compris eux aussi. Or les sondages prévoient leur victoire dans quelques mois, contrairement à Marine Le Pen. Avec les centristes de Berlusconi, ils auront la majorité au Parlement. Pourtant, en Europe, ce ne sont pas les souverainistes qui commandent. Parmi les trentenaires, la génération de la précarité, Marine Le Pen a prévalu et ce sont les plus de 65 ans qui ont fait la différence, qui s’inquiètent de la montée de l’extrême-droite. C’est une génération qui a peur de rouvrir la plaie de la collaboration de Vichy et de l’Algérie française. Marine Le Pen tient ces questions à l’écart, contrairement à son père et à Zemmour, mais cela pèse quand même. Matteo Salvini et Giorgia Meloni devraient en tirer les leçons : s’ils aspirent à être à la tête du premier parti d’Italie, ils doivent rompre tout lien avec ceux qui ne partagent pas les fondements de la République, comme la Libération du nazi-fascisme fêtée hier. Dans ces élections, Marine Le Pen a soulevé les bonnes questions mais donné les mauvaises réponses : sans l’Europe, les économies vaudraient encore moins, les prix seraient encore plus élevés, sans l’Europe, la France compterait moins et Poutine représenterait une menace encore plus grave. Les souverainistes italiens semblent encore entre deux eaux, entre européisme et euroscepticisme, même si Giorgia Meloni a spécifié que Marine Le Pen ne la représentait pas. Giuseppe Conte lui-même, allié du PD depuis des années, refuse de choisir (contrairement à Luigi Di Maio, rapidement passé des gilets jaunes à Macron).  Quelle ligne la Ligue et Fratelli d’Italia choisiront pour la campagne électorale ? Quel gouvernement formeraient-ils, européen ou lepéniste ? Dialogueraient-ils avec Macron ou avec Orban ? Le numéro deux de la Ligue soulignait hier combien le PPE est en crise un peu partout. Pour remporter les élections et gouverner, la droite européenne est amenée à s’unir et à se refonder. Deux piliers ne peuvent toutefois pas être remis en cause : la fidélité à l’OTAN, pour le bras de fer avec la Russie et peut-être demain avec la Chine, et la construction européenne, pour mettre en sécurité la dette publique, l’épargne privée, la croissance liée au plan de Relance.  Autrement, ce serait une erreur impardonnable de l’Italie. »

ARTICLE, La Repubblica, par E. Lauria « Marine Le Pen battue ; Salvini, isolé, cherche la fusion avec Forza Italia et une entente avec le PPE » : « ll a porté le T-shirt de Poutine puis le masque de Trump, a soutenu Marine Le Pen jusqu'au bout et l'a félicitée pour sa défaite honorable : "En avant ensemble". Les incursions de Matteo Salvini de l'autre côté de la frontière n'ont pas été particulièrement heureuses jusqu'à présent. Mais le dirigeant de la Ligue continue à représenter une droite souverainiste et populiste que ses alliés italiens ont abandonnée. Giorgia Meloni, leader d'un nouveau parti conservateur qui vise à rompre avec l'extrémisme, a déclaré très tôt que Le Pen ne la représentait pas. Silvio Berlusconi, pour sa part, n'a jamais caché qu'il soutenait Macron, et ses fidèles ont d'ailleurs immédiatement exprimé leur enthousiasme pour la reconduction du président français. L'issue de la course à l'Elysée, si elle confirme les divisions du centre-droit italien, place le leader de la Ligue dans une condition d'isolement. Et devant à un carrefour. Avec la défaite de Marine Le Pen, il doit abandonner le projet d’un regroupement unique de la Droite au Parlement européen et devra se replier sur une option modérée, reposant sur une alliance avec le PPE. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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