15/03/2022
"La nouvelle centralité de la politique étrangère."
Italie. Revue de presse.
Les bombardements sur Kiev, la crise humanitaire des réfugiés de Marioupol et l’annonce de l’adoption d’un nouveau paquet de sanctions européennes contre la Russie, fait les gros titres de la presse italienne. Les observateurs jugent que les discussions entre Chine et Etats-Unis sont dans « l’impasse » à l’issue de la rencontre de haut niveau, hier à Rome, entre les représentants de Washington et de Pékin. « Entre réunions et missiles, Kiev tremble » - La réunion entre Américains et Chinois s’est déroulée dans un climat de soupçons réciproques. De nouveaux missiles ont été lancés contre Kiev (Corriere della Sera), « L’enfer de Marioupol » - Témoignage des réfugiés en fuite de la ville-martyr. Les troupes de Biélorussie s’approchent de la frontière. L’UE adopte de nouvelles sanctions (La Repubblica), « Sans pitié » - Les négociations sont enlisées, encore un massacre de civils à Donetsk et à Kiev (La Stampa), « La fuite sous les bombes » - Des missiles sur les immeubles de Kiev, l’exode désespéré de Marioupol. Les Américains préviennent la Chine : il y aura de graves conséquences en cas d’aide à la Russie (Il Messaggero), « Poutine se vend à la Chine » - Moscou, en difficulté économique et militaire, demande de l’aide à la Chine et utilise le Yuan comme réserve de valeur. La décision du gouvernement italien de limiter la flambée du prix des hydrocarbures en jouant sur les taxes est aussi citée « Carburants, une réduction des prix est prévue » (Sole 24 Ore), « Factures et essence, des coupes sont bientôt prévues » - Le gouvernement anticipe pour demain le décret prévoyant une réduction des impôts sur les hydrocarbures (Il Messaggero).
ARTICLE, La Repubblica, T. Ciriaco « Les Etats-Unis préviennent la Chine ‘’un soutien à l’invasion aura des conséquences’’ » - Une réunion de sept heures s’est tenue hier à Rome entre J. Sullivan et Y. Jechi sur la question du soutien chinois à Moscou.
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Gaggi « Etats-Unis-Chine, le test le plus difficile » : « La guerre déclenchée par Poutine oblige-t-elle l’Amérique de Biden à se concentrer à nouveau sur l’Europe et à miser une bonne partie de son capital politique dans un nouvel dialogue avec le géant asiatique afin d’éviter que le ‘’partenariat sans limites’’ avec la Russie se concrétise ? Et surtout, la Chine va-t-elle soutenir la guerre de Poutine ou préférera-t-elle plutôt sauvegarder ses relations commerciales avec les Etats-Unis et l’Europe ? C’est autour de ces deux questions que s’est tenu hier à Rome un moment public important avec la rencontre entre les grands sherpas de la politique étrangère des deux superpuissances. La situation est difficile, inutile de le cacher. Et cela pas uniquement parce que le conflit risque de s’élargir ou en raison de ses conséquences économiques pour tous. L’agression de Poutine a renforcé les liens du monde occidental et a redoré les valeurs libérales et démocratiques. La suprématie économique américaine n'existe plus, mais la suprématie technologique est restée (même si la Chine n'est plus qu'à un pas) tout comme l'attrait de la vie dans des pays libres, démocratiques et respectueux des droits de leurs citoyens. Par ailleurs, Xi a lui aussi besoin de consensus interne et doit soutenir une économie déjà fortement impactée par le retour de la Covid. »
ARTICLE, La Repubblica, S. Folli « La nouvelle centralité de la politique étrangère » : « Depuis le début du conflit, le gouvernement Draghi est entré dans une phase de stabilité en raison des nouvelles circonstances exceptionnelles. Si les problèmes demeurent, la situation a, elle, changé. Nul doute sur le fait que la politique étrangère est à nouveau l’élément crucial de la vie publique comme au début de la République italienne, quand la Guerre Froide avait divisé en deux blocs séparés les partis de majorité et ceux de l’opposition. Aujourd’hui, cette crise est destinée à refaçonner la cohabitation civile et donc aussi le débat politique. La ligne à tenir envers la guerre de Draghi a obtenu un large consensus au Parlement. Le Président du Conseil s’est même adressé à Fratelli d’Italia, de manière peu habituelle ‘’je voulais remercier tous les partis politiques, notamment ceux de l’opposition, pour la grande preuve d’unité et d’esprit constructif dans cette crise’’. C’est un geste qui confirme la nouvelle centralité de la politique étrangère et qui voit aussi une preuve de maturité offerte par Giorgia Meloni. Cela signifie que l’ancien populisme-souverainisme est destiné à être laissé dans un tiroir, maintenant que le champion du souverainisme Poutine a pratiquement déclaré la guerre à l’Occident. On peut même dire que le parti de G. Meloni a fait des choix justes (qu’il faudra confirmer à l’avenir) alors que les contradictions et le flou demeurent chez Salvini. A gauche, l’atlantisme du PD de Letta oblige les 5 Etoiles – sans racines historiques - à marcher dans le sillage tracé par l’allié. Bref, les deux premiers partis, le PD et FdI, ont été les plus rapides à tirer une leçon politique du drame en cours à l’Est et se préparent à être les protagonistes des prochaines élections. Mais tous les deux devront affronter les ambiguïtés de leurs alliés respectifs ».
ENCADRE, La Repubblica, « Luigi Di Maio ‘’déconseille aux parlementaires les missions en Ukraine’’ » : « Dans une lettre adressée aux présidents du Sénat et de la Chambre, Elisabetta Casellati et Roberto fico, Luigi Di Maio ‘’déconseille’’ aux parlementaires de se rendre en mission en Ukraine. Le ministre des Affaires étrangères a formulé cette recommandation suite à la mission proposée par la Communauté Pape Jean XXIII aux députés et sénateurs. ‘’Je le déconseille, écrit Di Maio, a fortiori à un groupe conséquent et visible de parlementaires et de journalistes, qui pourraient constituer une cible sensible. Leur présence pourrait être instrumentalisée à des fins belliqueuses ou de désinformation.’’ »
ARTICLE, Repubblica « L'Italie ouvre ses portes : "L'État va maintenant aider ceux qui accueillent des réfugiés". »
SONDAGE, La Stampa, d’A. Ghisleri, « L’Italie dit oui aux réfugiés » : « Depuis le début de la guerre en Ukraine et de la crise internationale qui s’ensuit, les intentions de vote des Italiens et le consensus vis-à-vis des forces politiques évoluent. Le recul du parti de Matteo Salvini, actuellement crédité de 15,8% des intentions de vote, se confirme : -1,1% d’opinions favorables en presque un mois. Le Parti démocrate et le Mouvement Cinq Etoiles se situent quant à eux respectivement à 22% et 13,4%. Concernant l’opinion, une majorité d’Italiens, les deux tiers, se dit opposée à une intervention militaire directe. De même, 64,8% de la population estime que le fort durcissement des sanctions vis-à-vis de la Russie et de Poutine est juste, même si cela devait avoir pour conséquence une augmentation significative des prix du gaz, de l’essence et de l’énergie. 58,2% des interrogés est convaincu que l’Italie devrait accueillir les réfugiés ukrainiens fuyant des zones de conflit et les intégrer dans la société. Les Italiens les plus dubitatifs à cet égard sont les électeurs du centre-droit et plus particulièrement de Fratelli d’Italia. Les Italiens semblent prisonniers de récits contradictoires et divergents parce qu’ils peinent à faire la synthèse de tous les récits qui leurs sont proposés sur les combats entre la Russie et l’Ukraine (intérêts géopolitiques, intérêts économiques, mobilisation des militaires, considérations d’ordre humanitaire…). Cela alimente notamment un sentiment de grande confusion au sein de l’opinion publique directement liée à une forme d’incohérence entre les sentiments exprimés et les comportements qui en découlent. Le sentiment d’être désorienté est diffus car il n’y pas de point de repère précis et cela accentue la sensation de fragilité interne et d’incertitude quant à l’identité en tant qu’Union Européenne. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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