24/01/2022
Berlusconi renonce à se porter candidat à la présidence de la République.
Italie. Revue de presse.
L’élection du Président de la République, dont le premier scrutin aura lieu cet après-midi, fait les gros titres de la presse italienne. Les observateurs relèvent dans l’ensemble l’absence d’entente préalable entre les différentes coalitions, laissant augurer que ce premier vote ne donnera pas de résultats clairs. « Quirinal, vers le scrutin sans une entente » - Salvini rencontre Berlusconi pour dresser une liste de candidats. Letta s’oppose à l’hypothèse de voter pour des candidats venant des bancs du centre-droit (Corriere della Sera), « Un scrutin des uns contre les autres » - Le premier scrutin pour l’élection du Président de la République se tient aujourd’hui. Salvini rejette la candidature de P.F. Casini et insiste sur un nom issu du centre droit. Le PD annonce voter blanc. E. Letta revient sur la candidature de Draghi ou une réélection de Mattarella. Conte (M5S) annonce une consultation en ligne en cas de formation d’un nouveau gouvernement (La Repubblica), « Quirinal, un premier scrutin à l’aveugle » - Dans un climat de confusion, les grands électeurs s’apprêtent à choisir le nouveau Président de la République. Probable « fumée noire » pour aujourd’hui. E. Letta insiste sur la candidature de M. Draghi mais M. Salvini s’y oppose. Le M5S évoque le nom d’E. Belloni (La Stampa), « Salvini-Letta, test d’entente » - Le premier scrutin se tient aujourd’hui, les deux coalitions devraient voter blanc. Le PD et la Ligue négocient sur le gouvernement (Il Messaggero), « Le centre gauche propose A. Riccardi » - Salvini s’oppose aux candidatures de Draghi et de Casini (Fatto Quotidiano), « Salvini exclut la candidature de Draghi » - Après le retrait de Berlusconi, le centre droit s’oppose à un transfert du Palais Chigi au Quirinal. Draghi devient à son tour clivant. Casini est le favori (Il Giornale).
Les JT couvrent essentiellement le premier scrutin pour l’élection du Président de la République, la rencontre entre les dirigeants E. Letta (PD) et M. Salvini (Ligue) prévue pour aujourd’hui ; les déclarations du directeur Europe de l’OMS sur une fin ‘’plausible’’ de la pandémie, l’entrée en vigueur du pass sanitaire renforcé en France, et la crise ukrainienne.
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, d’Adriana Logroscino, « Aucune entente n’a été trouvée pour le moment, on s’attend à des bulletins blancs aujourd’hui ; une rencontre Letta-Salvini est également prévue pour débloquer la situation » : « Avec le retrait de la candidature de Berlusconi, une digue a été rompue. Si le centre-gauche est soulagé, chaque force politique doit se repositionner à quelques heures du premier scrutin qui aura lieu aujourd’hui à 15h. Depuis hier, c’est l’effervescence, le PD, le M5S et Leu sont en contact permanent, Berlusconi et Salvini se sont entretenus longuement au téléphone (le second ayant remercié le premier), sans toutefois parvenir à une conclusion. A ce stade, il n’y a donc pas d’entente entre les forces politiques sur un candidat commun et on s’attend à beaucoup de bulletins blancs pour ce premier scrutin, de la part du centre-droit au centre-gauche, et jusqu’au Mouvement 5 Etoiles. Le secrétaire du Parti démocrate insiste, ‘on ne peut pas se permettre de perdre Draghi comme possible candidat, c’est une ressource trop importante pour le pays’, il n’abandonne pas non plus l’idée que Mattarella puisse rester à la tête de l’Etat pour un deuxième mandat. La Ligue de son côté écarte la candidature de Pier Ferdinando Casini au nom du centre-droit. Enrico Letta espère toutefois qu’un consensus pourra être trouvé d’ici mardi ou mercredi tout au plus. Letta et Salvini doivent se rencontrer aujourd’hui, Letta compte notamment revenir sur la possible accession de Draghi à la présidence de la république refusée par le centre-droit. Le leader de la Ligue s’engage quant à lui sur la cohésion de la coalition de centre-droit, qui devra voter de façon soudée du début à la fin. Avec le retrait de Berlusconi, on a cependant vu qu’aucun groupe politique ne pourra élire le futur président seul. »
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de M. Cremonesi, « La Ligue élargit les possibilités pour le centre-droit, pour Salvini, il est risqué de changer de Président du Conseil’ » : « L’unité du centre-droit est mise à l’épreuve et la position de Matteo Salvini est particulièrement délicate. Berlusconi ayant renoncé à se porter candidat à la présidence de la République, Salvini devra démontrer qu’il existe bien un centre-droit uni, qu’il peut le fédérer et le guider vers une solution commune. Dans les prochaines heures, le leader de la Ligue devrait officialiser la liste des candidats à la présidentielle proposés par le centre-droit. Certains ont déjà été évoqués lors des dernières semaines (Casellati, Moratti, Pera…) mais il se peut que de nouveaux noms s’ajoutent à cette liste, en particulier la directrice du renseignement italien, Elisabetta Belloni, ou encore l’ancien ministre Franco Frattini. Salvini écarte toutefois une possible candidature de Pier Ferdinando Casini, en tous cas dans un premier temps. Le chef de la Ligue, qui semble donc mandaté pour porter les propositions de tout le centre-droit, rencontrera aujourd’hui Enrico Letta lors d’un face à face qui pourrait être décisif. Le secrétaire du Parti démocrate entend lui parler notamment de la ‘solution parfaite’, qui serait une reconduction du mandat de Mattarella, jugée particulièrement confortable également par 95% du Parlement, c’est-à-dire par tous à l’exception de Fratelli d’Italia. Letta veut également discuter de la ‘solution Draghi’ mais pour Salvini, il serait dangereux qu’il ne soit plus à la Présidence du Conseil. Mais les rencontres et les consultations avec les différents acteurs se poursuivront, signe qu’il faudra encore plusieurs jours avant que le nouveau Président de la République ne soit élu. Les membres de Fratelli d’Italia avaient rendez-vous ce matin, de même que ceux d’Italia Viva et de Forza Italia. Si certains incluent les proches de Renzi parmi les forces de centre-droit, ce n’est en réalité pas le cas, car un bloc centriste, qui peut compter sur 80 électeurs, entend bien jouer un rôle clef, aussi bien pour l’élection du Chef de l’Etat que, plus tard, lors des prochaines élections parlementaires. Ainsi, sans aucun candidat clairement identifié, le compte à rebours est lancé : jeudi, la majorité qualifiée ne sera plus nécessaire et 505 voix suffiront. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli « Le test de crédibilité pour Salvini et ses alliés » : « C’est le grand jeu pour le Quirinal qui s’ouvre cet après-midi. Si le climat d’incertitude actuel ne représente pas une nouveauté dans l’histoire de notre république, la nouvelle donne est que le monde politique apparait aujourd’hui affaibli et à l’écart. Le centre droit, grâce à sa dot d’environ 450 voix, devrait faire le premier pas et ouvrir à une négociation - authentique et pas seulement médiatisée – avec le centre gauche. Il est vrai aussi qu’E. Letta n’attribue pas au centre droit ce « droit d’initiative », c’est-à-dire qu’il n’acceptera pas un nom venant des rangs de la droite. Il s’agira alors de vérifier s’il y a une volonté de négocier et, le cas échéant, sur quels noms. Renzi a souhaité qu’il y ait une « initiative politique », ce qui pourrait se traduire en une proposition du centre droit d’un nom prestigieux et transversal. Pour le chef de la Ligue, ce serait l’occasion d’un test de crédibilité attendu depuis longtemps. Tout dépendra de ses choix. Avec la crise ukrainienne, c’est le contexte international qui joue aussi, et le paramètre de la capacité à rassurer les alliés et les partenaires européens pèse également. Sur le plan national, la priorité du Président de la République est la stabilité : comme celle assurée par Mattarella, notamment pendant sa dernière partie de son mandat, avec le soutien de Draghi. C’est le moment de faire ce pas, avant qu’il ne soit pas trop tard. Tous devront nécessairement renoncer à quelque chose pour qu’il y ait un résultat « partagé ». La réunion commune proposée par E. Letta pourrait aider, à condition que chacun se présente avec les idées claires. »
PREMIER PLAN, Repubblica, de T. Ciriaco, « Belloni Présidente du Conseil. Les négociations qui peuvent ouvrir la voie à Draghi. » : « Non seulement il s’agirait de la première femme présidente du Conseil, mais ce serait également la première fois qu’un chef des services secrets accède à cette charge. Dans tous les cas, pour y parvenir, il faudrait que les forces de la majorité donnent leur feu vert, mais également qu’il y ait une entente pour élire Draghi au Quirinal. L’actuelle directrice générale du Département des informations pour la sécurité peut se prévaloir d’un CV qui lui a permis de côtoyer plusieurs ‘poids lourds’ du monde politique. Elle a été à la tête de l’unité de crise de la Farnesina, a conduit le cabinet du responsable de l’époque, Paolo Gentiloni, et a également occupé le poste de secrétaire générale de ce même ministère. Elle est une figure transversale capable de recueillir les faveurs du centre-gauche ainsi que de FdI ou de la Ligue. Dans tous les cas, pour lui permettre d’accéder à ces fonctions, il faudrait que Draghi soit élu au Quirinal, ce qu’il ne faut pas donner pour certain. La confusion est encore forte. D’Amato et Mattarella restent les figures les plus transversales tandis que Casini doit faire face à l’hostilité du centre-gauche et de Salvini. Salvini poursuit sa stratégie – hier, il a renouvelé sa ferme opposition à l’ancien directeur de la BCE comme président de la République – et il semble miser toujours plus pour pouvoir imposer ses conditions lors de la formation du prochain exécutif. C’est sur le Viminal que Salvini concentre ses ambitions, sans doute pour le confier à l’actuel vice-ministre Nicola Molteni. Or, pour éviter que Salvini n’accède au ministère de l’Intérieur, le PD serait même capable de demander que l’on procède aux élections anticipées. »
PREMIER PLAN, Repubblica, de M. Pucciarelli, « Conte complique la course du Président du Conseil. ‘’Un référendum du M5S sur le nouveau gouvernement’’ » : « Aujourd’hui, les 234 électeurs 5 étoiles devraient – du moins officiellement – voter blanc, respectant ainsi l’accord pris avec le PD et LEU. Or, c’est sans doute surtout parce que Conte étudie une stratégie pour imposer le nom d’Andrea Riccardi, fondateur de la communauté de Sant’Egidio, au moment du quatrième scrutin. Mais tout pourrait arriver d’ici trois jours. En effet, l’ancien président du Conseil continue de ne pas exclure une entente avec le centre-droit et il est évident que Riccardi ne peut pas être un candidat partagé. Quant au destin de Draghi, c’est également sur ce sujet que le M5S apparait divisé : si Conte se limite à déclarer que le gouvernement doit poursuivre son action, tous connaissent la ligne de Di Maio qui pousse pour que Draghi soit élu au Quirinal, une fois établi un pacte pour assurer la stabilité du gouvernement jusqu’en 2023. Enfin, les fermes partisans d’un Mattarella bis continuent de résister au sein du M5S : ‘’ce sont des élus ou des délégués régionaux qui votent et non les leaders. Le meilleur choix pour le pays est que Mattarella reste à sa place’’ confie un parlementaire 5 étoiles. ».
RETROSCENA, Corriere della sera, de C. Bozza et M.T. Meli, « Letta engagé pour l’élection du Président du Conseil. Mais il discute avec Casini. » : « Malgré les rencontres à coups de selfie et tweets, le PD et le M5S avancent de façon autonome. Dès le début, Letta s’est abondamment exprimé en faveur de Draghi, mais conscient de la situation, il s’est entretenu hier avec Casini, soutenu par une partie du PD qui ne veut pas de Draghi au Quirinal. Parmi les démocrates favorables à la candidature de Casini, figurent Franceschini et Orlando ainsi que Goffredo Bettini. L’ancien président de la Chambre n’est pas le candidat idéal de Letta, mais il est pratiquement impossible pour ce dernier de s’y opposer. Dans les jours à venir, la coalition de centre-gauche devrait entamer les discussions avec le centre-droit et c’est à ce moment que pourrait officiellement apparaitre le nom de Casini. Du côté des 5 étoiles, la partie s’est dès le début annoncée plus complexe. Il est clair que Draghi n’occupe pas la première place dans l’agenda du leader des 5 étoiles bien qu’il ait tenu à rappeler que ‘’notre seule condition est que le gouvernement aille de l'avant’’. Enfin, s’assurer un véritable contrôle sur les 234 électeurs 5 étoiles parait impossible en raison de la profonde fragmentation du mouvement. ».
ENTRETIEN, La Repubblica, d’Antonio Tajani, vice-président de Forza Italia « Berlusconi a voulu éviter les divisions. Le centre droit proposera des noms venant de ses rangs, puis nous verrons par la suite » : « ‘’Le choix de Berlusconi de retirer sa candidature a été pris en pensant à l’intérêt du pays : c’est un acte de grande générosité. Il n’y a aucune maladie en cours : Berlusconi suit des contrôles de manière régulière, après son opération au cœur et le Covid qu’il a contracté. Ce n’est pas non plus un retrait en raison d’un manque de voix nécessaires : je ne peux pas révéler les négociations ni les noms mais il y avait un climat de soutien venant aussi d’une partie de la coalition opposée. Berlusconi a dû attendre avant de se prononcer car il est le candidat de centre droit le plus prestigieux, en raison du soutien du PPE, d’un grand nombre de citoyens et des poids lourds de la politique, y compris du camp adversaire. Il a agi en homme d’Etat, c’est une leçon d’attachement à l’Italie et à ses institutions. Berlusconi veut absolument jouer ce match avec ses alliés et il pense, comme tout Forza Italia, que nous avons le droit de proposer des noms venant du centre droit. Il n’est pas possible de répondre par une opposition par principe, comme l’a fait E. Letta, c’est un concept illibéral, qui va contre la démocratie : nous avons des représentants de très haut niveau, des institutionnels, des personnes qui ont de la valeur. Nous ne nous opposons pas par principe à la candidature de Draghi mais il est préférable qu’il reste au Palais Chigi car il est le seul à pouvoir garder une majorité telle que celle qui existe actuellement, pouvant soutenir un gouvernement d’unité nationale, une condition indispensable pour affronter jusqu’à la fin de la législature une crise pandémique et économique et pour respecter les engagements pris pour le Plan national de Relance. Le centre droit présentera sa liste de noms, puis nous verrons par la suite.’’ »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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